Stuart Bergman

Exportateurs canadiens de produits de la mer : voguer vers de nouveaux marchés

Les poissons et les produits de la mer du Canada sont réputés pour leur qualité et leur goût, et donc très prisés partout sur la planète. Malgré cette renommée, les producteurs d’ici tendent à se limiter à deux marchés. En effet, l’an dernier, près de 84 % des exportations canadiennes de ce secteur – dont la valeur atteint 8,1 milliards de dollars – ont pris la direction des États-Unis (68 %) et de la Chine (16 %).

En raison de leur taille respective, les marchés américain et chinois resteront prédominants pour le Canada. Toutefois, pour résister à la vague soulevée par les droits de douane américains de 25 % et l’incertitude commerciale persistante chez nos voisins au Sud de la frontière, les exportateurs canadiens de cette filière doivent développer des stratégies de diversification commerciale. Afin de mieux les épauler dans leurs efforts, les Services économiques d’Exportation et développement Canada (EDC) ont effectué une analyse pour déterminer le degré de diversification de cette industrie.


Notre analyse a ciblé les 25 marchés les plus prometteurs pour le Canada répertoriés dans une étude menée par EDC en 2025. Nous nous sommes intéressés aux produits de la mer pour lesquels le Canada profite d’un avantage comparatif révélé par rapport à ses pairs. Notre objectif était alors de cerner les occasions de diversification en fonction des produits de la mer, puis d’établir un classement des marchés se fondant sur les éléments suivants :

1. l’avantage comparatif du Canada par rapport au marché cible;
2. la capacité concurrentielle du Canada sur le marché cible;
3. le potentiel de croissance des importations sur le marché cible.

Aux termes de cet exercice, nous avons désigné les quatre produits offrant les meilleures occasions de diversification commerciale :

· le homard vivant/frais/superréfrigéré;
· le homard congelé (queue et homard entier cuit);
· le homard préparé/préservé (chair de homard);
· le crabe congelé.

En guise de méthodologie, nous avons passé en revue les plus grands pays importateurs pour chacun des produits tout en prenant en compte la consommation actuelle des produits de la mer sur ces marchés et l’évolution des préférences. Parallèlement, nous avons réalisé des entrevues de nature qualitative avec des spécialistes du secteur, ce qui nous a permis d’accéder à une expertise des marchés absente des données.

Le Canada a exporté près de 4,4 milliards de dollars en 2024 pour les quatre produits que nous venons de citer, les États-Unis et la Chine contribuant entre 78 % et 95 % des ventes totales, selon le produit. Par ailleurs, notre analyse a montré que plusieurs marchés offrent d’excellentes occasions de diversifier ses marchés.

Produits de la mer : les débouchés en Europe et au Royaume-Uni

Homard vivant, frais ou superréfrigéré : Il existe un potentiel d'exportation dans l’Union européenne (UE),  la France, l'Italie et l'Espagne trônant au palmarès des importateurs de homard vivant de l'UE. Notons que ces pays ont pesé pour 4 % des exportations de homard vivant du Canada en 2024. Le Canada et les États-Unis se hissent au rang des trois principales sources d'importation des marchés de l'UE pour la même espèce de homard. Des tensions accrues entre les États-Unis et l'UE pourraient cependant faire grimper le coût des importations et plomber la demande dans l'UE pour le homard vivant provenant des États-Unis. Signataire de l’Accord économique et commercial global (AECG), le Canada est bien placé pour saisir des parts de ce marché.

Homard transformé, les tendances : L’imposition possible de tarifs douaniers américains risquerait de pénaliser la demande américaine pour le homard vivant du Canada et, par le fait même, de créer une offre trop abondante. Pareil scénario ferait alors chuter le prix homard vivant et augmenter la part du homard transformé et exporté, avec comme résultat une diminution des prix à l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement du homard.

L’offre d’un homard transformé meilleur marché pourrait stimuler la demande sur des marchés de l’UE sensibles aux prix. Pour ce qui est du homard congelé, l'Espagne, la France et le Royaume-Uni sont des marchés porteurs : tout d’abord, parce qu’ils sont les pays de l’UE qui importent le plus de homard congelé; ensuite, parce que le Canada occupe une position concurrentielle enviable à titre de premier fournisseur sur ces marchés. Quant au homard préservé ou préparé, le Royaume-Uni, l’Italie et la France se présentent comme des marchés prometteurs vu l’ampleur de la demande d’importations et le classement du Canada parmi les quatre principaux marchés d’exportation (en faisant abstraction des États-Unis et de la Chine) l’an dernier.

Produits de la mer : occasions de croissance dans l’Indo-Pacifique

Parmi les 25 pays les plus friands des produits de la mer – soit où la consommation annuelle par habitant oscille entre 41 et 56 kilogrammes –, le Japon, la Corée du Sud et le Vietnam recèlent le plus fort potentiel. Voilà pourquoi les exportateurs canadiens de cette filière seront appelés à intensifier leur présence dans la région de l'Indo-Pacifique.

Le potentiel d’exportation du crabe (des neiges)  vers le Japon et la Corée du Sud : Le Japon est le deuxième importateur mondial de crabe congelé;  la Corée du Sud et le Vietnam figurent également au top 5. Dans ce segment, la Russie est le principal rival du Canada en raison de sa proximité et de ses coûts de transport maritime moins élevés. Toutefois, l’application éventuelle de droits de douane par les autorités américaines visant le crabe congelé canadien pourrait perturber la dynamique des prix et accroître la demande de la part de marchés indo-pacifiques d’ordinaire sensibles aux prix, surtout le Japon et le Vietnam.

La demande pour le homard transformé : On note au Japon et en Corée du Sud une demande substantielle pour le homard congelé ainsi que le homard préparé ou préservé. À l’échelle mondiale, ces deux pays se classent parmi les cinq principaux importateurs de homard congelé et parmi les dix grands importateurs de homard préparé ou préservé. Fait à noter, le Canada est le premier fournisseur de homard congelé et de homard préparé ou préservé au Japon et en Corée du Sud.

Produits de la mer : de nouvelles occasions aux Émirats arabes unis

Croissance des exportations de homard préparé ou préservé : À l’international, les Émirats arabes unis sont le sixième importateur de homard préparé ou préservé. Sur ce marché, les importations progressent chaque année, comme l’atteste la croissance d’environ 54 % entre 2018 et 2023. Depuis 2021, le Canada a vu ses ventes s’envoler de près de 70 %.

La conclusion : le monde est friand des exportations de produits de la mer du Canada

Un peu partout sur la planète, les produits de la mer du Canada trouvent preneur. Profitant de la hausse du revenu disponible et d’un appétit accru pour les produits de la mer, les fournisseurs canadiens du secteur voient se dessiner de multiples occasions de se diversifier sur d’autres marchés que les États-Unis et la Chine. Tendre ses filets vers d’autres marchés peut se révéler intimidant, mais ce voyage d’outre-mer peut contribuer à atténuer la volatilité des marchés et les risques présents dans certains pays. Les acteurs canadiens de cette filière voulant renforcer leur résilience gagneraient donc à nouer d’étroites relations dans plusieurs régions du globe.

EDC est là pour leur prêter main-forte en leur proposant sa gamme de solutions. Il s’agit notamment d’EnListe, une liste vérifiée de transitaires dans les domaines du transport aérien et maritime, qui aide les exportateurs à trouver des moyens de transport fiables pour l’envoi de biens périssables. Nos produits financiers peuvent aussi aider à répondre aux besoins de trésorerie des exportateurs de produits de la mer et à réduire les risques liés à la conduite des affaires avec de nouveaux clients ou sur de nouveaux marchés.

Enfin, notre Programme de jumelage d'affaires peut procurer aux exportateurs de produits de la mer les ressources dont ils ont besoin pour mettre le cap sur les marchés mondiaux.

 Nous tenons à remercier chaleureusement Marina Malcheva et Karicia Quiro pour leur contribution à la présente chronique. N’oubliez pas que votre avis est très important pour les Services économiques d’EDC.

Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à les communiquer à l’adresse reconomics@edc.ca et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future.


 

Date de modification : 2025-06-12