Aujourd’hui, la circulation en heure de pointe fait malheureusement partie intégrante de nos vies. Freiner à un feu rouge, attendre désespérément que celui-ci passe au vert, pour finalement s’arrêter à un nouveau feu rouge. Au-delà d’être une nuisance quotidienne, ce ballet incessant de freinage, de marche au ralenti et d’accélération prend une dimension plus inquiétante lorsque l’on considère les émissions de gaz à effet de serre (GES) dont il est responsable.
D’après une estimation du Programme des Nations Unies pour l’environnement, les villes sont responsables de 75 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) mondiales, avec comme grands coupables le transport et les immeubles.
Diminuer la congestion, rendre les rues plus sûres et réduire les émissions des véhicules, telles sont les missions de Miovision. L’entreprise du secteur des technologies propres basée à Kitchener a imaginé un ensemble de solutions de transport adaptables et intelligentes qui ont conquis près de 1 500 clients dans plus de 60 pays. Alors que les villes et les pays du monde entier cherchent des solutions pour réduire leurs émissions, Miovision a fait de la lutte contre la pollution son cheval de bataille.
Au-delà du simple respect des normes environnementales, sociale et de gouvernance, l’entreprise a intégré la pensée ESG au cœur de ses activités, soutenant ainsi une croissance durable, mais aussi la création d’occasions et de profits tout au long du processus.
Des carrefours inspirants
Miovision est née d’une inspiration de son actuel chef de la direction, Kurtis McBride, alors qu’il n’était qu’un étudiant de l’Université de Waterloo. Dans le cadre d’un emploi d’été, il était chargé de récolter manuellement les tendances de circulation aux carrefours, ce qui l’a poussé à chercher un moyen plus efficace d’analyser le trafic.
Au lancement de l’entreprise en 2005, l’objectif initial des trois membres fondateurs était de développer une solution logicielle qui réglerait les problèmes de congestion et de sécurité. Selon M. McBride, « il est vite apparu que la principale problématique des gestionnaires municipaux reposait sur la collecte de données. Nous avons alors mis au point une gamme de dispositifs portatifs, entièrement connectés, et permettant de recueillir des données et de gérer la synchronisation des feux de circulation existants en tout temps ».
Réduction des émissions : une valeur de marque
Les clients de Miovision sont des municipalités, ce qui implique un processus de vente en deux étapes avant la signature d’un contrat. La première étape consiste à convaincre un utilisateur (un directeur des travaux publics ou de l’ingénierie de la circulation) de l’efficacité de la technologie. Ensuite, il faut prouver à un acheteur ayant une autorité financière (un haut fonctionnaire ou un élu, par exemple) que le produit peut l’aider à réaliser les objectifs de politique publique de la ville. Ces objectifs peuvent varier considérablement d’un marché à l’autre.
Généralement, l’image de marque portée sur la réduction des émissions est populaire auprès des instances politiques au vu des retombées positives évidentes sur l’environnement. Compte tenu du contexte climatique et de la nécessité de réduire les émissions de GES, les municipalités revoient leurs priorités, et considèrent les solutions comme celles de Miovision non plus comme un atout, mais bien comme un incontournable.
Tout ceci s’inscrit dans la tendance grandissante d’évaluation des retombées environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui est devenue prioritaire dans l’élaboration des politiques et les décisions d’achat des instances publiques. Il en va de même sur les marchés financiers, où les principes ESG sont au cœur du virage vers l’investissement responsable.
« Il est évident que cette tendance représente une énorme occasion pour nous et qu’elle a le potentiel de nous donner un avantage concurrentiel certain », a déclaré Adelaide Denison, gestionnaire de produits et responsable de la durabilité à Miovision.
Les principes ESG, qu’est-ce que c’est?
Il s’agit d’un cadre que s’imposent les entreprises pour la gestion et la production de rapports concernant les risques et les occasions liés à leurs retombées sur la population et l’environnement. Ces dernières années, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à regarder au-delà des chiffres et à évaluer la valeur d’une entreprise sur la base de ses politiques responsables. À Exportation et développement Canada (EDC), nous croyons que de bonnes pratiques ESG sont essentielles pour une croissance et une réussite au long cours, car elles permettent d’atténuer le risque, de créer des occasions, de faciliter l’innovation et d’attirer les meilleurs talents. En savoir plus au sujet des facteurs ESG à EDC.
Solutions sur le terrain
Des années durant, la gestion de la circulation visait la fluidité et la rapidité d’un trafic très dense. Les villes, petites et grandes, étaient principalement préoccupées par la congestion quotidienne de certains couloirs de circulation et par les plaintes des usagers qui en résultaient.
Mais les politiques publiques étant de plus en plus soucieuses des répercussions environnementales et sociales de la mobilité urbaine, on observe une nette évolution. « Les villes adoptent aujourd’hui une approche plus globale. Par exemple, lorsqu’une municipalité opte pour une “vision zéro”, c’est-à-dire qu’elle vise l’absence totale de blessés ou de décès sur la route, elle doit prendre en compte tous les usagers et réfléchir à la manière dont ils interagissent sur l’ensemble du réseau routier », explique M. McBride.
La mobilité urbaine a un coût environnemental important, que les villes du monde entier cherchent à minimiser par de nombreux moyens. Selon Miovision, une mauvaise coordination des feux de circulation peut obliger les véhicules à s’arrêter et redémarrer plus fréquemment, entraînant une hausse des émissions de GES. Un réglage efficace des feux grâce aux solutions de l’entreprise pourrait signifier une diminution des émissions de GES pouvant atteindre 200 tonnes par intersection, par année (l’équivalent des émissions annuelles de 44 voitures).
Par ailleurs, de nombreuses municipalités ont mis en place des initiatives de transport actif, facilitant les déplacements à pied ou à vélo pour les trajets plus courts. Cependant, ces initiatives doivent s’appuyer sur des données de référence qui permettent de déterminer si les gens se déplacent effectivement davantage à pied ou à vélo et, le cas échéant, quelles sont les conséquences sur le trafic automobile. Miovision propose des données multimodales détaillées sur la circulation dont les ingénieurs et les planificateurs ont besoin pour prendre des décisions en fonction des données.
« On ne peut améliorer que ce qu’on peut mesurer, renchérit M. McBride. À mesure que la mobilité urbaine prend en compte les problématiques de sécurité et d’environnement, les villes sont à la recherche de données et d’analyses détaillées pour mieux gérer l’ensemble de leur réseau routier ».
Croître en période de crise financière ou de pandémie
Ce n’est pas la première fois que le sens de l’anticipation de Miovision l’a aidée à surmonter des obstacles qui ont stoppé d’autres entreprises dans leur élan. Comme si la création d’une entreprise n’était pas assez difficile, il a fallu que la crise financière de 2008 vienne mettre son grain de sel. Là où d’autres entreprises auraient simplement déploré le ralentissement des ventes en Amérique du Nord, Miovision a fait le pari d’un redressement plus rapide dans d’autres marchés. C’est alors que l’entreprise a ouvert un bureau à Cologne, en Allemagne, pour les marchés de l’Europe et du Moyen-Orient.
Et en janvier 2020, Exportation et développement Canada (EDC) a fait un important placement en actions dans l’entreprise pour faciliter les acquisitions à l’étranger. Malgré le ralentissement actuel, Miovision dispose des capitaux nécessaires pour croître à l’international.
Voir plus loin avec EDC
« Outre son soutien financier, EDC nous a beaucoup aidés en nous poussant à revoir notre façon de penser et à voir les choses en grand, explique M. McBride. Nous savons qu’EDC sera à nos côtés lorsque nous prendrons décisions qui s’imposent pour vraiment propulser nos ventes à l’étranger. »
D’après Rami Gabriel, vice-président, Entreprises en croissance du marché intermédiaire à EDC, il était crucial de bien comprendre la dynamique de vente de Miovision. « L’équipe de prestation des solutions a beaucoup appris sur les contraintes financières qui empêchaient ses clients de passer de grosses commandes, un obstacle de taille puisque son produit est plus intéressant s’il est utilisé à grande échelle. Nous avons pu proposer une solution pour permettre à ses clients de passer une commande plus complète dès le départ. »
Cela a tout changé.
La solution financière d’EDC nous a permis de modifier notre dynamique de vente. La question du prix pose moins problème. À présent, nous pouvons nous concentrer sur l’impression du client et l’utilisation qu’il prévoit. Le fait de pouvoir mettre en œuvre nos solutions à plus grande échelle les rend certainement plus efficaces pour nos clients.
Si l’aspect financier est crucial, il ne faut pas pour autant négliger l’importance d’un bon réseau. C’est pourquoi EDC développe des relations avec des entités gouvernementales sur les marchés mondiaux axés sur les solutions de villes intelligentes et présente Miovision sur de nouveaux marchés.
Intégration des normes ESG
Bien que la réalisation des objectifs environnementaux des clients soit un aspect des solutions proposées par Miovision, l’entreprise s’attelle également à respecter son propre programme en matière de normes ESG. Elle est devenue membre d’un programme instauré par Sustainable Waterloo Region (SWR), un organisme à but non lucratif dont la mission est d’aider les entreprises à réduire leur empreinte environnementale. En profitant de l’expertise de SWR, Miovision cherche à quantifier et à réduire le GES émis par ses propres activités (achat d’électricité, chauffage et climatisation, consommation de carburant et d’eau, et production de déchets).
Miovision s’est également associée à Diversio pour renforcer ses initiatives en matière d’inclusion, de diversité et d’équité. À l’instar des avantages qui découlent des améliorations environnementales, l’entreprise reconnaît que de solides pratiques en la matière peuvent lui conférer des avantages concurrentiels sur tous les fronts.
Saisir les occasions de changement
S’il y a bien une chose dont M. McBride est certain en ces temps troublés, c’est qu’il faut saisir toutes les occasions qui se présentent à nous. Il évoque ainsi le modèle qui s’est répété tout au long de l’histoire de l’humanité et avec l’évolution du capitalisme : les choses qui devaient initialement avoir un coût nul se sont avérées avoir un coût associé, qui a finalement été intégré dans la valeur marchande.
Le lien entre les chlorofluorocarbones (CFC) et l’appauvrissement de la couche d’ozone en est un parfait exemple. Selon la Rapid Transition Alliance, l’utilisation des CFC est aujourd’hui interdite dans 197 pays, et les scientifiques s’accordent à dire que la couche d’ozone se reconstitue lentement.
M. McBride explique : « Notre gestion actuelle des transports urbains entraîne des coûts importants, auxquels il faut rajouter la perte de temps lié aux embouteillages, les complications liées aux accidents de voiture qui sont parfois mortels et les retombées négatives sur l’environnement. L’accumulation de ces facteurs à un réel impact sur les citoyens. »
« C’est donc une occasion rêvée pour les entreprises qui peuvent contribuer à réduire ces coûts environnementaux et sociaux et, en fin de compte, améliorer la qualité de vie dans les villes du monde entier. »
En savoir plus sur les pratiques ESG à EDC