À moins que vous viviez caché dans une grotte, vous avez probablement entendu parler des accords commerciaux lors de la diffusion de bulletins de nouvelles. L’ALENA, l’AECG… ça vous dit quelque chose?
Le commerce international a été malmené ces derniers temps, et on remet maintenant en question les avantages des accords mondiaux.
Depuis la crise financière mondiale qui s’est déclenchée en 2007 – entraînant une augmentation du taux de chômage et un ralentissement de la croissance économique dans de nombreux pays –nous observons une montée inquiétante du protectionnisme un peu partout dans le monde. Il s’agit d’un mode de pensée dangereux, qui traduit un manque de vision à long terme.
Le Canada a toujours été une nation commerçante. Depuis sa fondation, son histoire est étroitement liée au commerce, qui a commencé à l’époque des coureurs des bois et des voyageurs pratiquant la traite des peaux de castor avec les Britanniques.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, mais le Canada jouit toujours d’une réputation de nation commerçante. Et avec raison. Nous avons beaucoup à offrir au monde :
- le Canada est un marché sécuritaire et un partenaire commercial fiable;
- le secteur bancaire y est vigoureux et solide;
- les ressources naturelles abondent;
- la main-d’œuvre est qualifiée;
- sa situation géographique privilégiée permet l’accès à de nombreux marchés.
De nos jours, les affaires se brassent à l’échelle mondiale, et les chaînes d’approvisionnement s’étendent partout sur la planète. En général, les nations sont plus prospères et croissent plus rapidement quand elles s’ouvrent au commerce et permettent la libre circulation transfrontalière. Les accords commerciaux servent à établir les règles encadrant le commerce entre nations, qui peuvent ainsi rivaliser à armes égales grâce à des règles définies et gagnantes pour tous. Les accords de libre-échange ont permis aux entreprises canadiennes d’accéder à certains des plus grands marchés mondiaux, tant pour les importations que pour les exportations.
Dans la sphère commerciale, exportations et importations vont de pair. Au Canada, de multiples matériaux importés entrent dans la composition de la plupart des produits finis. Et les accords de libre-échange sont là pour répondre aux besoins des importateurs et des exportateurs.
Pour les Canadiens, l’avantage des accords de libre-échange réside moins dans l’économie sur les droits de douane que dans l’accès aux marchés. La réduction de ces droits est assurément un avantage, mais le gouvernement conclut ce type d’accord d’abord et avant tout pour donner aux entreprises canadiennes un accès privilégié aux marchés concernés. Et la stratégie a fait ses preuves.
Selon une étude de l’Institut Fraser, les exportations représentaient 31,5 % du PIB canadien en 2015; il s’agit d’une hausse considérable par rapport au 25 % que le Canada affichait avant 1988, année où il a commencé à conclure des accords de libre-échange. Avant que le monde entre en récession en 2008, les exportations comptaient même pour 36 % du PIB. Et les importations ne sont pas en reste : en 2015, elles totalisaient 33,8 % du PIB. Parmi tous les biens importés au Canada, un peu plus de 25 % entrent dans la fabrication de produits.
À ce jour, le Canada a signé et mis en œuvre des accords de libre-échange avec le Chili, la Colombie, la Corée du Sud, le Costa Rica, le Honduras, Israël, la Jordanie, le Panama, le Pérou et l’Ukraine. Bien entendu, il y a aussi l’ALENA et l’AECG.
Le Canada a signé le Partenariat transpacifique (PTP), mais l’accord est toujours en cours de révision depuis le retrait des États-Unis. De plus, le gouvernement canadien a entamé des pourparlers ou des négociations avec de nombreux autres pays, notamment la Chine, et les pays du Mercosur et de l’Alliance du Pacifique. Le fédéral a accompli un travail colossal pour permettre aux entreprises canadiennes d’accéder à des marchés étrangers, mais c’est à nous, les gens d’affaires, d’en tirer profit.
Les entreprises doivent prendre le temps de comprendre les nombreux accords commerciaux à leur disposition et d’en tirer parti. Nous devons également apprendre à mettre à profit d’autres accords que l’ALENA.
Les États-Unis sont depuis longtemps le plus grand partenaire commercial du Canada, et pour cause : nous sommes voisins, parlons la même langue et avons des pratiques d’affaires semblables, sans compter qu’il s’agit d’un marché énorme. Des données de Statistique Canada montrent qu’en 2016, les trois quarts des exportations canadiennes étaient destinés aux États-Unis et que les deux tiers de nos importations provenaient de notre voisin.
Nous avons été mis en garde plus d’une fois contre les dangers de mettre tous nos œufs dans le même panier : d’abord avec la débâcle financière de 2007, véritable signal d’alarme, alors que les États-Unis entraînaient le Canada dans une crise économique; et plus récemment, avec les renégociations de l’ALENA.
Les entreprises canadiennes doivent diversifier leurs activités, non seulement pour leur propre santé financière, mais également pour la vigueur de l’ensemble de l’économie canadienne. Comme l’issue des renégociations de l’ALENA est incertaine, le moment est tout indiqué pour qu’elles diversifient leurs activités et tirent parti d’autres accords de libre-échange conclus par le Canada. C’est ce qu’on appelle atténuer le risque, une pratique judicieuse en affaires.
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Joy Nott is the President of the Canadian Association of Importers and Exporters (IE Canada), a non-profit organization representing importers and exporters and committed to ensuring that trade regulations, policies and processes allow business to import and export efficiently.