Chef de file mondial des technologies agricoles, Terramera utilise un procédé chimique vert dont elle facilite l’application au moyen de plateformes numériques qui, ensemble, contribuent à réduire considérablement la dépendance aux pesticides synthétiques nocifs et à lutter contre les changements climatiques.
Nous voulons transformer l’agriculture pour la rendre plus saine, plus productive et plus durable. Nous avons tellement confiance en notre technologie brevetée que nous avons établi des objectifs audacieux (« Big Hairy Audacious Goals » en anglais, un terme tiré de l’ouvrage Last: Successful Habits of Visionary Companies de Jim Collins et Jerry Porras). Par là, nous voulons dire que nous avons fixé des cibles à long terme attrayantes qui stimuleront toute l’entreprise.
Nous visons ainsi à réduire de 80 % l’utilisation mondiale de pesticides synthétiques d’ici 2030, tout en augmentant la productivité et la rentabilité des exploitations agricoles.
L’idée de fonder Terramera (« notre terre ») a germé dans mon esprit après une dispute avec un ami en 2009. J’étais à l’école de droit et bien investi dans l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver. Mon ami affirmait que les Jeux olympiques avaient de nombreux effets pervers sur l’environnement. Il a mentionné que les punaises de lit étaient à peu près inconnues en Australie avant les Jeux olympiques d’été de 2000, à Sydney. Les athlètes et les touristes les ont fait entrer dans la ville, et le fléau s’est propagé.
Bon nombre de pesticides chimiques synthétiques ne font plus effet sur ces punaises, qui ont développé une résistance aux pesticides. Mon ami ajouta qu’il n’existait aucune solution naturelle efficace contre ces bestioles. Il ne m’en fallait pas plus pour qu’au cours de ce même été, je me mette à chercher une solution naturelle pour le détromper en utilisant mes connaissances en génétique et en biotechnologie.
Je me suis mis à étudier l’huile de margousier, un composé naturel qui semblait efficace sur les insectes comme les punaises de lit. Cette huile est couramment utilisée en médecine naturelle, particulièrement en Inde, où le margousier fait office de « pharmacie du village ». Elle est moins connue en Occident, mais se retrouve tout de même dans différents produits de santé naturels, comme des crèmes pour le corps et autres produits de beauté.
On savait déjà qu’on pouvait asperger les insectes d’huile de margousier pour les combattre, mais avec une efficacité inégale. Des études subséquentes ont ensuite examiné l’idée d’injecter l’huile de margousier dans les insectes… vous vous en doutez, ce n’était pas une solution réaliste à grande échelle. Toutefois, c’est à ce moment que j’ai eu un éclair de génie : « Et si le problème n’était pas l’efficacité de l’huile de margousier, mais la façon dont on l’utilise? »
Quand on a mal à la tête, on ne va pas se doucher avec de l’eau imprégnée d’aspirine. Bon, si vous le faites, vous absorberez peut-être éventuellement assez d’ingrédients actifs par la peau pour que votre mal de tête se dissipe, mais ce n’est pas efficace. Sans compter que la plupart de l’aspirine va se retrouver dans l’environnement. C’est essentiellement ce qui se produit avec tous ces produits chimiques dont on arrose les champs.
Dans un laboratoire installé dans mon sous-sol, j’ai donc commencé à chercher des façons d’augmenter le degré d’absorption de l’huile de margousier par les punaises de lit en la combinant à d’autres molécules naturelles. Les punaises de lit ont une carapace épaisse; j’étais déterminé à trouver une molécule naturelle qui maintiendrait ouverts leurs canaux respiratoires pour y injecter l’ingrédient actif. Cette approche a donné naissance à la première génération de notre technologie brevetée, Actigate™, qui améliore l’efficacité et l’uniformité des ingrédients actifs en augmentant leur pénétration et en les injectant directement dans les organismes visés.
À la fin de 2010, le United States Department of Agriculture (USDA) a eu vent de nos travaux. Mandatée par le Congrès américain pour trouver des solutions biologiques efficaces contre les punaises de lit, elle nous a invités à leur en parler. L’agence a été si impressionnée qu’elle nous a autorisés à utiliser ses laboratoires et à faire appel à ses partenaires pour la mise à l’essai. L’agence nous a aussi aidés à comprendre le système réglementaire américain pour faire approuver rapidement notre produit.
Nos tests ont démontré que notre produit était invariablement efficace à 100 % pour éliminer les punaises de lit et leurs œufs. Lorsque nous avons présenté ces résultats à l’U.S. Environmental Protection Agency (EPA), on nous a dit que l’agence n’avait jamais vu ni approuvé un produit – qui plus est, un produit naturel – affichant des résultats aussi efficaces et constants. Ayant reçu l’approbation de l’agence au début de 2012, nous avons lancé notre produit, le CIRKIL®, destiné aux professionnels en contrôle de la vermine, la même année. Nous avons ensuite lancé le produit PROOF® pour la population générale.
Grisés par ce succès, nous nous sommes tournés vers notre plus grand marché potentiel : les agriculteurs. En 2018, nous avons reçu l’approbation de l’EPA pour mettre le RANGO™ sur le marché. Ce produit a été conçu pour contrôler différentes espèces d’insectes, mites et champignons qui nuisent à de nombreuses cultures d'importance. Nous avons obtenu 1,9 million de dollars de Technologies du développement durable Canada (TDDC) pour mettre au point ce produit, qui a été bien accueilli et continue de se vendre.
Tout en mettant au point des technologies qui soutiennent notre gamme grandissante de produits, nous avons acquis un large éventail de propriétés intellectuelles basées sur notre technologie d’absorption brevetée, Actigate™. Plutôt que d’engager une équipe de scientifiques pour tester, une par une, différentes combinaisons d’ingrédients actifs, nous avons conçu des logiciels et des outils d’apprentissage machine qui nous aident à mieux comprendre la chimie derrière chaque combinaison et à trouver la meilleure. Nous avons maintenant plus de 200 brevets et demandes de brevet protégeant des technologies que nous pouvons ensuite fournir sous licence à d’autres fabricants.
Le marché mondial des pesticides chimiques représente plus de 80 milliards de dollars par année. Plus de 90 % de ces pesticides sont synthétiques. Nous estimons que Terramera pourrait faire augmenter de façon exponentielle l’utilisation de biopesticides au détriment des pesticides chimiques, notamment en octroyant des licences partout dans le monde. Par exemple, nous avons récemment annoncé notre partenariat avec un fabricant californien de produits durables pour la protection des cultures concernant la technologie Actigate™.
Nous avons fait appel à EDC en 2014 dans le cadre du programme Accélérateurs technologiques canadiens pour New York d'Affaires mondiales Canada. L’expertise et les conseils d’EDC nous ont aidés à comprendre ce qu’il nous fallait pour nous implanter aux États-Unis.
Après avoir subi des défauts de paiement, nous avons souscrit l’Assurance crédit d’EDC pour assurer nos comptes clients aux États-Unis. Assurer nos commandes de détaillants et de distributeurs américains nous a procuré la tranquillité d’esprit dont nous avions besoin pour continuer à approfondir nos relations dans ce pays.
En 2016, EDC a investi dans Terramera, ce qui nous a permis de commercialiser notre produit populaire, le RANGO™. En 2019, elle a réitéré son investissement, ce qui nous a permis d’adapter notre plateforme technologique, Actigate™ à d’autres usages.
Grâce aux outils d’apprentissage machine que nous avons conçus pour comprendre et optimiser la chimie derrière notre technologie Actigate™, nous pouvons schématiser et estimer les modalités d’application les plus efficaces de nos produits pour faciliter l’absorption de l’ingrédient actif dans la membrane cellulaire de l’organisme ciblé. La prochaine étape consistera à appliquer cette technologie pour maximiser l’efficacité des autres molécules essentielles à la santé des plantes et des sols.
Grâce au financement de TDDC et du gouvernement de la Colombie-Britannique, nous pouvons travailler avec des agriculteurs du Canada et des États-Unis pour concevoir des outils technologiques qui aideront ces derniers à comprendre ce qui se passe dans leurs champs au niveau moléculaire, et à ainsi améliorer leurs bilans économiques et écologiques. L’utilité de notre technologie à cet égard repose sur deux piliers :
- Encourager des pratiques régénératives : En montrant aux agriculteurs l’ensemble du processus (eau, niveaux de sucre et de protéines des plantes et des sols), nous les aidons à déterminer quels produits chimiques ou quelles substances utiliser ainsi qu’à évaluer l’incidence de ceux-ci sur la santé des plantes et des sols.
- Quantifier la séquestration du carbone dans le sol : En aidant les agriculteurs à estimer et à mesurer les effets de leurs pratiques sur la quantité de carbone atmosphérique dans leurs champs, nous les aidons à faire en sorte que ce carbone revienne en plus grande quantité dans les sols. On arrive ainsi non seulement à améliorer la santé des sols et les conditions de croissance, mais aussi à réduire la quantité d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour lutter contre les changements climatiques.
En fournissant aux agriculteurs un outil pratique pour mesurer le carbone séquestré dans le sol, on pourrait créer une nouvelle source de revenus pour ces personnes, par l’octroi de crédits carbone aux entreprises émettrices de carbone. Ainsi, des outils qui quantifient les pratiques agricoles régénératives procureraient aux agriculteurs une nouvelle source de revenus par des méthodes plus saines pour les cultures, les plantes et l’environnement.