Vous êtes préoccupé par ce que nous réserve 2022? Vous n’êtes pas le seul. Pourtant, malgré l’incertitude persistante engendrée par la pandémie, les craintes entourant l’inflation, l’état lamentable des chaînes d’approvisionnement et la pénurie de main-d’œuvre, une réalité s’impose : l’élan de la croissance est robuste. Voilà, me direz-vous, un constat semblable à celui de l’an dernier, alors que les données de décembre ne sont toujours pas publiées. Le point de départ de 2022 est un élément déterminant pour la trajectoire de la croissance cette année, et les données les plus récentes sont à cet égard remarquables. Dans ce contexte, quelles perspectives se dessinent pour les exportations en 2022?
Le point de départ. Les exportations canadiennes ont enregistré deux mois consécutifs de croissance, en octobre et novembre. La poussée de l’activité dans des secteurs particuliers y a contribué, mais pendant ces deux mois, huit groupes de secteurs sur onze ont participé à cet élan. Lorsque ce genre de progression est si répandue, on est en présence d’un dynamisme réel et durable. Ce dynamisme nous révèle que la situation de l’économie est meilleure que celle décrite dans les grands titres plutôt moroses de l’actualité – ou encore celle perçue par les chefs d’entreprise ou les dirigeants des nations du globe –, d’où les pénuries passagères constatées un peu partout.
Quelle est l’ampleur de l’amélioration? Dans l’attente de la publication des données de décembre 2021, nous savons déjà que la croissance des exportations en début d’année s’élève à 11 %. Ainsi, même si chacun des autres mois de l’année affichait une croissance nulle, la croissance demeurerait à 11 %. Tout le reste serait en prime…
Cette croissance annonce donc une activité intense pour les exportateurs qui devront cependant continuer de composer avec les contraintes actuelles. Cette conjoncture avantagera les entreprises disposant d’un surplus de main-d’œuvre et de capacités matérielles.
Est-ce que tous le secteurs profitent de la conjoncture favorable? La plupart des secteurs ont surmonté les écueils posés par la pandémie, et leurs exportations sont revenues au niveau d’avant la crise planétaire. La filière de l’énergie est en tête, propulsée par la fermeté de la demande et l’envolée des cours induite par la pénurie. Le secteur canadien de l’énergie peut revendiquer le titre de « catégorie d’exportations s’étant le plus améliorée », ses exportations étant passées d’une chute de 70 % à une remontée de 50 % au niveau d’avant la crise de la COVID-19. Cette réalité dérange, mais le bond de la demande en énergie montre la vitesse d’accélération de l’économie mondiale et les difficultés d’un complexe énergétique international pris au dépourvu. Le retour à la normale est attendu dans le courant de l’année – après tout, la capacité excédentaire est considérable –, mais pour l’heure, la ruée vers les intrants énergétiques est le signe d’une économie mondiale en marche.
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Les exportations de marchandises soutenant la production industrielle sont aussi en nette progression. Les exportations minières se situent à plus de 40 % au-dessus de leur niveau d’avant la pandémie, et celles du secteur des produits chimiques et des plastiques suivent de près. Pour leur part, les exportations de produits forestiers ont le vent dans les voiles, portées par l’effervescence du secteur américain de la construction résidentielle et la vivacité de la demande mondiale de papier d’emballage (notamment alimentée par les livraisons à domicile et les emballages durables). Les exportations de biens de consommation et agroalimentaires sont aussi les bénéficiaires de cette croissance.
Les progrès sont cependant inégaux, dictés pour ainsi dire par une reprise en forme de K. Des secteurs habituels, comme l’aéronautique et le matériel de transport, se retrouvent au bas du classement. Les activités liées au tourisme et au voyage recèlent un fort potentiel, mais elles restent en berne, ce qui mine la performance des exportations de services. Les perspectives sont grandement tributaires de la gestion du variant Omicron et de la réponse de chaque pays à de nouvelles éclosions.
Le secteur automobile est une autre industrie dominante qui se trouve au bas du classement. À la différence du secteur du voyage, la filière automobile et des pièces automobiles n’est pas pénalisée par une demande léthargique, mais plutôt par une pénurie persistante de l’offre, et plus précisément des semi-conducteurs, même si les constructeurs ont promis ces dernières semaines que l’approvisionnement augmenterait en début d’année, et ce, plus tôt que prévu. La demande de véhicules est très robuste; ce faisant, dès que de nouveaux véhicules seront disponibles, la demande comprimée devrait contribuer à une augmentation immédiate des ventes aux États-Unis. De tous les secteurs, c’est celui qui se voit accoler les perspectives à court terme les plus éclatantes : il pourrait donc se hisser à nouveau au sommet en un temps record.
La croissance effrénée actuelle devrait profiter de l’ascension constante des secteurs déjà dynamiques et du redémarrage prochain des secteurs à la traîne. Le resserrement des capacités a été un trait marquant de 2021. En 2022, le trait marquant ce sera sans doute la hausse très attendue de l’investissement, à mesure que les exportations canadiennes intensifient leurs activités pour répondre aux véritables demandes du marché.
Conclusion?
La nouvelle année est déjà marquée par l’impulsion surprenante de la croissance de l’économie mondiale observée l’an dernier. Ce dynamisme est évident dans les dernières données publiées sur les fronts de la main-d’œuvre, des prix et de la capacité; il est aussi visible dans l’activité commerciale récente et à venir du Canada. À vrai dire, ce n’est pas une surprise à la lumière des fondamentaux, qui ont constamment signalé un fort regain de l’activité. Hélas, les fondamentaux de l’économie ont été éclipsés – temporairement – par le pessimisme qui accompagne la pandémie. Il est réconfortant de savoir que lorsque la situation sanitaire s’améliorera, le moteur économique tourne déjà.