
À l’heure de l’incertitude économique et des bouleversements géopolitiques, les entreprises canadiennes en quête de diversification devraient écouter les enseignements de ce proverbe colombien : « Las cuentas claras y el chocolate espeso » (que les choses soient claires et le chocolat épais). Cette devise exprime de façon imagée l’importance de faire preuve de transparence et de communiquer avec clarté dans la sphère financière.
La Colombie, pays de 54 millions d’habitants, doit sa prospérité à sa transparence et à sa réglementation claire dans la conduite des relations commerciales. Les entreprises sur ce marché ont assurément un goût pour les rendements généreux et le « chocolat épais ». Les politiques et la réglementation prévisibles sont donc des ingrédients essentiels à leur réussite.
Grand producteur mondial de cacao, la Colombie est reconnue pour son chocolat exquis et sa culture dynamique, mais aussi pour ses ressources naturelles abondantes, sa population jeune, sa classe moyenne en plein essor, son emplacement stratégique et son statut de carrefour commercial régional.
Les atouts économiques et culturels de la Colombie
La Colombie est devenue membre de l’Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE). Cette adhésion atteste de la stabilité de la croissance économique du pays, de sa gestion prudente des facteurs macroéconomiques, de la solidité de ses institutions démocratiques ainsi que de ses politiques favorables aux investisseurs. Malgré certaines déconvenues en matière de gouvernance, la Colombie fait plutôt bonne figure par rapport aux autres pays de la région.
Sur le plan structurel, la Colombie présente un profil attrayant pour les investisseurs. Il n’est donc pas surprenant que bon nombre d’entreprises canadiennes lorgnent depuis déjà un moment la Colombie puisqu’elle est une destination de choix pour l’investissement direct étranger et un partenaire commercial stable. L’Accord de libre-échange Canada-Colombie témoigne de la vigueur de nos liens commerciaux, et cette vigueur est gage de stabilité et de prévisibilité pour les exportateurs et les investisseurs canadiens.
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L’incertitude bouscule l’échiquier politique et l’action gouvernementale
Or, la croissance économique en berne des dernières années a bloqué le programme législatif du gouvernement ce qui a, du coup, mis à mal la discipline budgétaire et mené à la perte de la cote de solvabilité de première qualité. Pays de tradition conservatrice, la Colombie a orchestré un virage politique en portant au pouvoir un gouvernement de gauche, ce qui n’a pas manqué d’aviver les inquiétudes au sujet de la prudence macro-budgétaire.
L'instabilité touchant les politiques a plombé les dépenses des entreprises et abaissé le taux d’investissement de capital fixe à un niveau inférieur aux besoins de remplacement du capital. La décision controversée de mettre à l’arrêt l’exploration des carburants fossiles pour privilégier les projets soutenant la transition énergétique a soulevé des préoccupations entourant la sécurité énergétique de même que ses répercussions économiques et budgétaires.
La tenue d’élections générales début 2026, la polarisation grandissante dans l’arène politique, la dégradation de la situation sécuritaire ainsi que les appels du président Gustavo Petro à organiser des manifestations et à tenir des consultations populaires ont accentué l’incertitude. Les entreprises canadiennes seraient en droit de se demander si la Colombie est en train de renoncer à son approche traditionnelle qui s’inspire de son proverbe « que les choses soient claires et le chocolat épais ».
Au lendemain de la pandémie, la Colombie a dû composer avec l’augmentation des demandes de nature socioéconomique, un contexte qui a favorisé les parties de gauche. Par ailleurs, le pays a été le théâtre d’un regain de la polarisation politique et de la fragmentation législative. Cette toile de fond complexe a miné l’efficacité du gouvernement, mais aussi fait obstacle à tout changement radical.
En Colombie, l’électorat a une prédilection pour les changements progressifs. Cette préférence donne sans doute un coup de pouce aux partis centristes. Chose certaine, il y a fort à parier que le prochain gouvernement, peu importe son allégeance politique, conservera et même peaufinera la recette traditionnelle du succès de la Colombie.
La conclusion : ce marché recèle des débouchés pour les exportateurs canadiens
L’économie colombienne se relève peu à peu et devrait inscrire une croissance se stabilisant autour de 2,5 % au cours des prochaines années. De même, le pays devrait profiter d’une décrue de l’inflation et d’une détente des taux d’intérêt. L’incertitude mondiale demeurera certes un aléa. Malgré tout, la Colombie devrait tirer parti de la rivalité concurrentielle entre la Chine et les États-Unis.
Une fois l’incertitude dissipée, la demande comprimée pourrait donner une impulsion aux entreprises en quête de nouveaux débouchés. On s’attend à ce que la Colombie suive les préceptes de son célèbre proverbe... Voilà une bonne nouvelle pour les exportateurs et les investisseurs canadiens voulant goûter à ce marché dynamique.
Nous tenons à remercier chaleureusement Daniel Benatuil, analyste principal des risques pays pour l’Amérique latine, pour sa contribution à la présente chronique.
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