Le taux de change constitue l’un des principaux risques pour les entreprises canadiennes qui ont des activités internationales et pourtant, c’est un risque que plusieurs d’entre elles ignorent.
Cette attitude me surprenait, mais au fil de mes discussions avec des exportateurs, j’ai compris qu’elle reflétait simplement une sorte d’optimisme inhérent à la nature humaine. Les entrepreneurs savent bien que la fluctuation des taux de change peut être coûteuse, mais ils se disent secrètement que toute fluctuation sera à leur avantage, et dès lors, par crainte de ne pas profiter d’un éventuel taux de change plus avantageux, ils refusent de fixer le taux de change au moment de la vente.
Le problème, comme je l’explique plus loin, est qu’il y a des coûts cachés à ne pas gérer votre taux de change, et ce, même si ce dernier évolue à votre avantage.
Le taux de change exprime la valeur d’une monnaie par rapport à une autre. Par exemple, alors que j’écris ce blogue, il en coûte 1,30 $ CAD pour se procurer un dollar américain et 1,50 $ CAD pour se procurer un euro. Le principal défi avec lequel doivent composer les cambistes est le fait que le taux de change entre les diverses monnaies varie constamment.
Supposons que vous vendez pour 100 000 € d’équipement à un client situé en France et qu’il dispose de 90 jours pour vous payer. Avec un taux de change de 1,50 $ CAD pour un euro, vous vous attendez donc à recevoir 150 000 $ CAD lorsque le client vous payera.
Mais qu’arrive-t-il si, entre le moment de la vente et celui où vous recevez le paiement, la valeur de l’euro tombe à 1,40 $ CAD ? Vous ne recevrez alors que 140 000 $ CAD. On le voit, la fluctuation du taux de change peut réduire ou même complètement annihiler votre profit sur une vente.
Bien sûr, il est tout aussi possible que l’euro s’apprécie durant cette période et qu’il passe à 1,60 $ CAD. Alors, vous augmenterez votre profit de 10 000 $! Il est donc tentant de ne rien faire, en se disant que vous serez parfois gagnant, parfois perdant, mais qu’au bout du compte, tout s’équilibrera.
De nombreux éléments sont susceptibles d’influencer le taux de change d’une devise, dont l’inflation, les taux d’intérêt, l’état de l’économie, la balance commerciale entre les pays et l’instabilité politique pour n’en nommer que quelques-uns. Mais ce sont tous là des éléments sur lesquels vous n’exercez aucun contrôle, et un taux de change peut varier à tout moment, et parfois de façon importante.
Ne pas gérer ce risque peut faire mal à votre entreprise, même si la fluctuation du taux de change tourne à votre avantage. En ne vous préoccupant pas de ces pertes ou de ces gains potentiels, votre entreprise évolue en permanence dans un environnement incertain. Pour les petites entreprises surtout, il est donc impossible de prévoir quels seront les profits sur chaque transaction ni de savoir quel sera le flux de trésorerie dont elles disposeront pour honorer le prochain contrat. Cette incertitude peut peser lourd et faire en sorte que votre compagnie soit moins concurrentielle et que sa croissance soit freinée parce que la faiblesse du flux de trésorerie empêchera l’entreprise de remplir des contrats ou de profiter de nouvelles occasions, sans oublier bien sûr le stress qui accompagne un tel niveau de risque.
La garantie de facilité de change est le moyen le plus simple et le plus rentable de gérer le risque associé au taux de change. Les banques canadiennes offrent trois types de garantie de facilité de taux de change. Le troisième l’option, ou dérivé, est un outil complexe que n’utilisent généralement pas les petites et moyennes entreprises et dès lors, je mettrai plutôt l’accent sur le taux au comptant et les contrats à terme.
Taux au comptant : Le taux au comptant permet de fixer la valeur d’une devise à un moment précis. Ainsi, même si le taux de change fluctue entre le moment où vous fixez la valeur d’une devise et le moment où vous serez payé, vous savez exactement quel montant vous recevrez et vous pouvez donc planifier en conséquence. N’hésitez pas à négocier le taux qu’affiche votre banque, car les frais des banques pour ce service sont actuellement à la baisse.
Contrat à terme : Un contrat à terme permet de fixer le taux de change à un moment précis dans l’avenir, et ce taux n’est pas nécessairement celui en vigueur au moment de conclure l’entente. Cette option peut être intéressante si on prévoit que la valeur d’une monnaie fluctuera de façon importante. Toutefois, il importe de noter qu’à la date déterminée dans le contrat, la banque est tenue d’acheter la devise étrangère de vous et que vous devez la lui fournir. Il y a ici un risque additionnel, puisque si votre client tarde à payer (ou fait défaut de payer), vous êtes redevable à votre banque et devrez payer une pénalité si vous n’êtes pas en mesure de lui fournir la devise étrangère au moment requis.
En offrant une garantie de facilité de taux de change, les banques exigeront un bien en contrepartie. Pour la plupart des grandes devises, la règle générale est d’exiger 10 % de la valeur de vos contrats. Ainsi, si vos ventes atteignent 50 millions de dollars, vous devrez immobiliser en garantie la somme de cinq millions dans un compte. Vous ne pourrez donc utiliser cette somme pour remplir d’autres contrats ou assurer la croissance de votre entreprise.
Pour éviter cette situation, la première chose à faire est de communiquer avec Exportation et développement Canada. EDC pourra en effet offrir à votre banque une garantie de facilité de change en votre nom, ce qui vous permettra de protéger votre taux de change sans être obligé d’immobiliser des sommes importantes.
S’informer des tenants et aboutissants de la garantie de facilité de change est la première chose à faire pour commencer à gérer le risque associé à la fluctuation des devises et, pour protéger encore plus votre entreprise, il convient ensuite d’élaborer une politique sur le taux de change. Pour ce faire, téléchargez le document Élaborer une politique de change et créez un programme sur mesure pour répondre aux besoins de votre entreprise.