Le premier anniversaire de l’Accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne approche à grands pas. Le 21 septembre 2017, l’Accord économique et commercial global (AECG) entrait en vigueur provisoirement, entraînant notamment une forte baisse des tarifs douaniers en Europe. Avant l’adoption de l’accord, seul le quart des biens canadiens en étaient exempts; aujourd’hui, la presque totalité des biens le sont (98 %).
Il s’agit de l’un des accords de libre-échange les plus ambitieux du Canada, et ce n’est pas uniquement une question de tarifs douaniers. Il établit en effet des normes enfin dignes du 21e siècle pour le commerce des biens et des services, lève les obstacles non tarifaires et couvre les investissements, les contrats gouvernementaux, l’environnement et la coopération en matière réglementaire. L’accord régit l’une des plus importantes relations commerciales du Canada, couvrant des biens et services d’une valeur totale d’un billion de dollars! L’Union européenne est le deuxième partenaire commercial du Canada après les États-Unis. Elle compte pour 30 % des investissements canadiens à l’étranger, 26 % des activités des filiales étrangères et 11 % de nos activités commerciales bilatérales.
Au bon moment…
L’AECG est arrivé bien à point. En effet, depuis l’élection de Donald Trump, les relations diplomatiques entre le Canada et les É.-U. souffrent. De plus, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium incitent les entreprises canadiennes à diversifier leurs activités commerciales et leurs investissements ailleurs qu’aux États-Unis.
À l’automne 2017, lorsque l’AECG entrait en vigueur, EDC a fait un sondage auprès de 1 000 exportateurs canadiens pour établir son Indice de confiance commerciale et leur a demandé comment ils réagissent devant les nouvelles occasions d’affaires qui s’offrent à eux. Environ le quart d’entre eux (26 %) ont affirmé qu’ils accordaient plus d’importance au marché européen en raison de l’AECG. Près d’un sur cinq (18 %) indiquaient qu’ils étaient à concevoir de nouveaux produits ou services, ou de nouveaux processus de production afin de percer sur le marché européen.
L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne étaient les principaux pays mentionnés par ceux qui visaient le marché européen. Quinze pour cent des entreprises sondées ont dit qu’elles augmentaient leur production destinée à l’Europe. Enfin, 11 % ont indiqué qu’elles comptaient importer ou importaient déjà plus de fournitures d’Europe.
Possibilité de croissance du commerce des biens
Le commerce bilatéral entre le Canada et l’Union européenne atteint près de 110 milliards de dollars par an.
Il est encore trop tôt pour déterminer avec certitude les effets de l’accord sur les flux commerciaux. À ce jour, nous n’avons pas constaté une augmentation notable des exportations canadiennes vers l’U.E. Mais selon des rapports préliminaires portant sur des infrastructures utilisées pour le commerce, le port de Montréal (le deuxième en importance au Canada après celui de Vancouver) a connu une augmentation de 8 % du nombre de conteneurs manutentionnés au cours des sept premiers mois de 2018 par rapport à la même période l’année précédente, la plus grande part de cette augmentation venant de l’Europe.
Dès le début de l’entente, des gains
En fouillant dans les données sur les transactions à haute fréquence, on constate que, pour les exportations, les gains les plus importants par rapport à l’année dernière touchent :
- les produits énergétiques au Royaume-Uni
- les produits énergétiques, les métaux et les minéraux aux Pays-Bas
- les biens de consommation en Italie
- les avions et les pièces d’avion en Allemagne
- les biens de consommation en Belgique
Pour ce qui est des importations, les gains les plus importants à ce jour sont dans les secteurs et territoires suivants :
- les biens de consommation, les avions et autres équipements de transport en provenance de Belgique
- la machinerie industrielle en provenance de l’Allemagne
- les biens de consommation en provenance d’Italie
- les avions et pièces d’avion en provenance de France
Les services canadiens en Europe
Le commerce des services entre le Canada et l’U.E. atteint environ 45 milliards de dollars, soit près de 30 % du commerce bilatéral annuel. Le Royaume-Uni est actuellement la principale destination des exportations canadiennes de services, absorbant environ le tiers de nos exportations totales de services. La France et l’Allemagne constituent également des marchés importants.
Investir à l’étranger
Les investissements directs étrangers (IDÉ) bilatéraux atteignent plus de 575 milliards de dollars. Les investissements canadiens dans l’U.E. représentent 26 % de nos investissements étrangers totaux alors que les IDÉ européens au Canada comptent pour environ 35 % des investissements étrangers chez nous.
La plus grande partie du flux des IDÉ entre le Canada et l’Union européenne se fait avec trois pays : le Royaume-Uni, le Luxembourg et les Pays-Bas. On doit toutefois noter qu’une certaine proportion de ces investissements transite par des pays comme le Luxembourg ou les Pays-Bas, qui ne sont pas nécessairement les pays d’origine de ces investissements.
Il y a de subtiles différences selon la direction des investissements. En 2017, par exemple, les principales destinations des IDÉ canadiens en Europe étaient le Royaume-Uni (36 % de la valeur comptable totale), le Luxembourg (27 %) et les Pays-Bas (11 %). L’investissement de capitaux canadiens en Europe se fait souvent dans les secteurs de la finance et des assurances, ainsi que dans l’immobilier, la location et le crédit-bail.
La même année, les principales sources des IDÉ européens au Canada étaient les Pays-Bas (32 % du total), le Luxembourg (17 %), le Royaume-Uni (16 %) et la Suisse (14 %). Ces investissements sont faits principalement dans la fabrication et le commerce de gros. On ignore quelle proportion de ces investissements au Canada est liée aux chaînes d’approvisionnement et a comme destination finale le marché américain.
Ventes des filiales à l’étranger : un élément important, mais négligé
Élément important, mais souvent négligé des échanges commerciaux, les ventes des filiales étrangères ont totalisé en 2015 près de 450 milliards de dollars. Tout comme pour les statistiques sur les investissements dont nous avons parlé précédemment, il faut faire certaines nuances. En effet, Statistique Canada a récemment tenté de faire la distinction entre le pays d’origine des filiales étrangères (pays « propriétaire ») et le pays d’où proviennent les revenus de ces ventes à leur dernier point d’entrée international.
Cette distinction a son importance. Une part plus importante des revenus des filiales étrangères provient des Pays-Bas et du Luxembourg que des pays où ont lieu les activités commerciales. Le plus gros des activités des filiales étrangères européennes au Canada provient du Royaume-Uni, d’Allemagne, des Pays-Bas, de France et d’Italie.
Les ventes de filiales canadiennes à l’étranger ont été réalisées principalement au Royaume-Uni (30 % du total), en Allemagne (12 %), en Suède (7 %), en France (7 %) et en Autriche.
La persistante question du Brexit
Les données précédentes confirment l’importance du Royaume-Uni dans les relations commerciales du Canada avec l’Union européenne. Actuellement, on ignore quelles seront les conséquences du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne et quelles seront alors les nouvelles règles commerciales tant entre le Royaume-Uni et l’U. E. qu’entre le Canada et le Royaume-Uni.
Consultez notre webinaire organisé à l’occasion du premier anniversaire de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange Canada-Europe pour voir pourquoi l’AECG vous ouvre un marché de quelque 500 millions de consommateurs européens et comment :
- appliquer des stratégies efficaces pour percer sur les marchés de l’U.E.
- d’autres compagnies ont réussi à s’imposer en Europe
- profiter des possibilités commerciales lucratives dans quatre secteurs clés, soit l’aérospatiale, les fruits de mer, l’agroalimentaire et l’automobile