Une entreprise canadienne de biométrie perfectionne sa technologie d’identification afin d’aider des gens du monde entier à retourner au travail et à reprendre leurs loisirs en toute sécurité.

Juste avant le début de l’année 2020, Invixium était une entreprise en pleine ascension.

Basée à Toronto, cette entreprise était spécialisée dans la technologie biométrique qui balaie et mesure le visage et les empreintes digitales (ou le réseau veineux des doigts) afin de fournir un moyen sûr, rapide et fiable d’identifier des personnes, un peu comme les fonctions de reconnaissance du pouce ou du visage que l’on trouve sur les téléphones.

L’avantage concurrentiel d’Invixium résidait dans sa facilité d’utilisation, sa conception, son expérience client et sa disponibilité sur Internet. À l’instar d’Apple avec l’iPhone, son approche consistait à prendre une technologie existante, comme un lecteur d’empreintes digitales, et à la rendre plus esthétique, plus intelligente et plus connectée, puis à faire appel à un marketing énergique et créatif pour faire connaître le produit.

L’approche a fonctionné. Au cours des quatre dernières années, la société a enregistré un taux de croissance annuel composé de 40 % dans un secteur dont le taux de croissance moyen est de 15 %. Son succès était également mondial, car ses exportations vers des marchés comme l’Inde, le Moyen-Orient et les États-Unis représentaient 99 % de son chiffre d’affaires.

La majorité de ces ventes ont été réalisées avec la gamme de produits d’identification par empreintes digitales, qui est l’application la plus courante de biométrie pour le contrôle d’accès.

Ainsi, lorsque la COVID-19 a frappé, l’entreprise en pleine croissance était confrontée à un problème.

« Tout à coup, les gens ne voulaient plus toucher à rien, explique le fondateur et PDG d’Invixium, Shiraz Kapadia. Le marché des empreintes digitales s’est immobilisé. Nous avons alors réalisé qu’il serait difficile de convaincre qui que ce soit de toucher quoi que ce soit à nouveau. Il nous a donc fallu transformer notre produit phare en un produit sans contact. »

Heureusement, Invixium avait déjà amorcé cette transition. En 2018, la société avait mis au point un produit de reconnaissance faciale sans contact appelé IXM TITAN, qui répondait à l’époque à la tendance croissante de l’industrie vers un accès sans contact. Cela allait leur donner une longueur d’avance dans leur adaptation commerciale, catalysée par la pandémie. Par ailleurs, en 2020, la société a compris que sa technologie pouvait être utilisée à d’autres fins que le simple contrôle d’identité. Elle pouvait aussi vérifier le bien-être.

« Nous avons rapidement pu ajouter des contrôles de température corporelle élevée à nos appareils et nous assurer qu’ils ne soient pas intrusifs. Non seulement l’appareil TITAN pouvait effectuer une reconnaissance faciale en une seconde, il pouvait également vérifier la température sans que l’individu n’ait à enlever son masque », explique M. Kapadia.

Une femme masquée regarde dans le capteur de reconnaissance faciale d’Invixium


C’est cette innovation qui a permis à Invixium de poursuivre sa trajectoire ascendante en 2020. Selon M. Kapadia, il s’agira d’un secteur d’activité important dans un marché post-pandémique.   

« Après avoir passé tant de temps à travailler de la maison et à pratiquer la distanciation physique, nous ne nous attendons pas à ce que les travailleurs retournent dans des lieux de travail remplis de gens au premier signe d’amélioration de la pandémie, déclare M. Kapadia. Les employeurs devront mettre en place des mesures qui donneront à leurs employés un sentiment de sécurité et de confort. »

Investissements d’EDC

C’est l’innovation d’Invixium qui a attiré l’attention du programme d’investissement de contrepartie d’EDC, lancé en 2020 dans le cadre d’une intervention économique plus large du Canada face à la COVID-19.

Le programme fournit des capitaux aux petits et moyens exportateurs en injectant un montant équivalent aux investissements provenant de capital-risque, de capital-investissement et de partenaires d’investissement (jusqu’à 5 millions de dollars). Invixium a été l’une des premières entreprises à recevoir un financement dans le cadre de ce programme, EDC ayant entamé un cycle de financement de 3 millions de dollars aux côtés de McRock Capital, BDC Capital et Connecticut Innovations.  

« Invixium est un exemple de l’innovation canadienne qu’EDC cherche à appuyer, surtout en cette période de crise où nous nous efforçons d’injecter des liquidités sur le marché, explique Carl Burlock, vice-président directeur et chef de la direction des affaires commerciales d’EDC. Lorsque la COVID-19 a frappé, Invixium s’est tournée vers un produit qui permettrait d’assurer la sécurité des gens sur leur lieu de travail. Nous sommes impatients de travailler avec l’entreprise à mesure qu’elle prend de l’expansion et qu’elle bénéficie de notre programme d’investissements de contrepartie. »

Ce n’était pas la première fois qu’EDC travaillait avec Invixium. En 2015, EDC a indirectement investi dans la société par l’entremise de son investissement dans le fonds McRock Capital. Elle a également fourni à Invixium une garantie en 2018 pour faciliter une transaction particulièrement complexe aux Émirats arabes unis : en effet, la société avait reçu une commande de 1,7 million de dollars, l’une des plus importantes à ce jour (à l’époque). Pour pouvoir honorer une commande de cette taille, Invixium avait besoin d’un paiement anticipé de son acheteur et, pour l’obtenir, elle avait besoin d’une garantie de paiement anticipé de sa banque. Pour obtenir une telle garantie, Invixium aurait dû mettre de l’argent liquide en garantie, ce qui aurait immobilisé une partie importante de son fonds de roulement. EDC a pu apporter son aide en fournissant une garantie à la banque d’Invixium, ce qui a éliminé l’exigence de nantissement en espèces et permis à Invixium d’exécuter la commande.

La suite

Selon les experts, des événements comme la pandémie de COVID-19 pourraient devenir plus fréquents à l’avenir. Ils évoquent comme principales raisons des facteurs tels que l’augmentation des déplacements dans le monde, la densité urbaine, les changements climatiques et la diminution des frontières entre les humains et la faune. Pour cette raison, M. Kapadia croit que la surveillance en santé continuera à jouer un rôle important dans la biométrie et le contrôle d’accès.

« Nous avons l’intention de continuer à élargir notre gamme de produits sans contact, en ajoutant des fonctions de vérification du bien-être comme le niveau d’oxygène et de la respiration, afin de nous assurer que les problèmes soient bien dépistés avant que les gens entrent dans un lieu », déclare M. Kapadia.

« Nous allons également plus loin que seulement l’accès au lieu de travail et nous examinons de plus près l’accès de visiteurs dans des lieux comme des stades et des cinémas. De la même manière que les gens hésiteront à retourner au travail sans contrôle de santé, ils ne voudront pas non plus assister à des concerts ou à des événements d’envergure. Nous cherchons à adapter notre technologie et nos logiciels à ces utilisations. »

Deux conseils du fondateur et PDG d’Invixium, Shiraz Kapadia, pour les exportateurs

Fondateur et PDG d’Invixium, Shiraz Kapadia
  1. Au début, vous devez dépenser de manière très responsable et adopter une approche ciblée. Vous devez savoir sur quels marchés vous voulez vous concentrer, car des occasions peuvent se présenter partout et vous ne voulez pas vous éparpiller. Une fois que vous disposez d’un capital suffisant à la banque, vous pouvez saisir plus d’occasions, mais seulement à ce moment‑là.
  2. Lorsque vous pénétrez de nouveaux marchés, sachez qu’il n’existe pas d’approche unique. Si vous faites des affaires en Inde, par exemple, vous devez absolument vous associer à des entreprises locales et avoir des alliés sur le terrain qui connaissent le marché. Votre stratégie nord-américaine ne fonctionnera pas bien là-bas, pas plus qu’elle ne fonctionnera dans des endroits comme l’Europe et le Moyen-Orient. Vous devez avoir une approche régionalisée du commerce international.