Ayant grandi sur une ferme laitière au Québec, Martin Beaudoin Nadeau a appris très tôt que « l’on ne peut pas seulement profiter de la terre; il faut aussi en prendre soin ».
En 2015, cet ingénieur forestier fonde Viridis Terra, une entreprise canadienne du secteur des technologies climatiques qui se spécialise dans les solutions durables pour redonner vie aux terres dégradées en raison des changements climatiques, de l’exploitation minière, de la déforestation, de la surexploitation agricole et d’autres dommages environnementaux.
Ses projets d’envergure au Canada, au Pérou, en Haïti et en Afrique de l’Ouest visent non seulement à restaurer et à assainir des millions d’hectares afin rendre les terres à nouveau productives, mais également à sensibiliser les propriétaires terriens locaux, les grandes sociétés, les gouvernements et les investisseurs à l’importance de la restauration et de la protection de nos ressources naturelles, à la réduction de leur empreinte carbone et à une bonne gestion de l’utilisation des terres.
Exportation et développement Canada (EDC) a retenu Viridis Terra (« terre verte » en latin) parmi les entreprises les plus innovantes à surveiller cette année dans le secteur canadien en pleine croissance des technologies propres.
Depuis 2012, EDC se concentre sur ce secteur. En effet, nous avons offert plus de 28 milliards de dollars en soutien financier à plus de 400 entreprises afin qu’elles puissent développer des technologies novatrices et viables pour lutter contre les changements climatiques. L’appui aux entreprises de technologies propres fait partie intégrante de notre Stratégie 2030 et est essentiel à l’atteinte de notre objectif de carboneutralité d’ici 2050.
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Cette année, la Semaine de l’exportation des technologies propres se déroule sous le thème Favoriser la collaboration et accélérer le progrès : les technologies propres canadiennes dans la course vers la décarbonation. Cet événement, qui en est à sa septième édition, aura lieu du 30 octobre au 6 novembre et se tiendra en personne à Ottawa (et diffusé en direct partout au pays), à Toronto, à Montréal et à Vancouver.
« Dans la mesure où la lutte contre les changements climatiques se fait de plus en plus pressante, le Canada et ses technologies propres jouent un rôle d’autant plus crucial. Réduire les émissions de carbone, c’est ouvrir la voie à un air plus pur, à des écosystèmes plus sains et à une planète plus résiliente », fait valoir Sophie Dumoulin, directrice, Technologies propres à EDC.
« La Semaine de l’exportation des technologies propres est l’occasion de participer à des discussions essentielles et de tisser des liens pour accélérer le processus vital de décarbonation, ajoute-t-elle. Vous découvrirez également l’écosystème de soutien qui peut aider les entreprises du secteur à atteindre tout leur potentiel et notre pays à faire la transition vers une économie sobre en carbone. »
Pour lancer l’édition 2023 de sa Semaine de l’exportation des technologies propres, EDC a sélectionné trois étoiles de l’exportation et deux entreprises à surveiller pour leurs incroyables réalisations. Elles ont toutes la même mission : réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde afin de créer un avenir plus vert, plus propre et plus sain.
Les étoiles de l’exportation 2023
Bus.com
Siège social : Montréal, Québec
L’entreprise : Bus.com est l’un des principaux chefs de file dans les services de transport collectif en Amérique du Nord. Elle utilise des technologies de pointe pour faciliter la location d’autobus et les services de navettes pour le transport de groupes partout au Canada et aux États-Unis. C’est un moyen de transport en commun pratique, abordable et écologique.
Le produit : Bus.com n’est pas propriétaire des autobus. L’entreprise fait plutôt affaire avec des fournisseurs pour offrir un vaste choix de véhicules pour transporter des groupes vers un même endroit, y compris des lieux de travail, un aéroport ou un événement sportif. Ses solutions personnalisées sont conçues pour améliorer l’expérience du client et réduire les temps d’attente. Elle offre même la possibilité de passer chercher les passagers.
Les retombées : « Jusqu’à 47 % des émissions de GES sont attribuables au transport, souligne Maxie Lafleur, PDG de Bus.com. « On pense souvent que les voitures électriques représentent l’avenir, mais il n’y a pas assez de lithium pour construire suffisamment de voitures pour tout le monde. Les VE font partie de la solution, mais ne sont pas la seule solution. Et même avec une voiture électrique, il reste le problème de la circulation et du stationnement. »
Depuis 2014, Bus.com a permis d’éviter l’émission de près de 60 000 tonnes de GES en réduisant grandement le nombre de véhicules sur les routes. « Quand on change d’optique pour devenir plus inclusif et répondre aux besoins de la classe moyenne – et non pas viser uniquement les gens qui n’ont pas de voiture – on obtient d’excellents résultats », fait observer Maxie Lafleur. Plus de dix millions de personnes ont profité des services de Bus.com depuis sa création.
Les défis : Tout le secteur du transport en commun a été très durement touché par la pandémie. « Notre chiffre d’affaires est tombé à zéro », se souvient Maxie Lafleur. La rigueur des réglementations régissant le transport représente un autre obstacle de taille, surtout aux États‑Unis. « Chaque État a ses propres réglementations. Les choses peuvent vite devenir extrêmement compliquées lorsqu’il s’agit de contrats de plusieurs millions de dollars ».
Soutien à la croissance : « EDC a été un partenaire formidable et nous a fourni des capitaux pour nous aider à obtenir de nouveaux contrats aux États-Unis. EDC nous a par exemple fourni une marge de crédit et des cautionnements d’exécution. Sans cette aide, nous n’aurions pas pu décrocher des contrats en Californie totalisant 100 millions de dollars, explique Maxie Lafleur. D’autres partenaires plus traditionnels dans leur pensée auraient eu du mal à nous faire confiance et à nous donner la chance de nous mesurer aux grands joueurs. »
La Banque de développement du Canada (BDC), une autre institution visionnaire, fait aussi partie des principaux investisseurs de Bus.com.
CarboNet
Siège social : Vancouver, Colombie-Britannique
L’entreprise : Elle assainit et recycle les eaux usées au moyen de substances chimiques « non traditionnelles » qu’on appelle la plateforme NanoNet.
Le produit : L’entreprise crée des formules chimiques à partir de « floculants », qui s’attachent à des contaminants précis – pétrole, boues et autres polluants – qui se trouvent dans l’eau. Ainsi, ils remontent à la surface et on peut alors les retirer facilement.
CarboNet collabore avec des sociétés des secteurs du pétrole et du gaz, des pâtes et papiers, de l’exploitation minière et de l’agriculture au Canada et aux États-Unis pour traiter de grandes quantités d’eaux usées. Comparativement aux produits pétrochimiques utilisés habituellement, ses produits chimiques adaptatifs contiennent moins de polymères, ils agissent rapidement, ils sont écologiques et les produire nécessite moins de main‑d’œuvre spécialisée.
Les retombées : « Dans un contexte où l’eau douce se fait de plus en plus rare et que son utilisation est de plus en plus réglementée, les sociétés de différents secteurs - énergie, exploitation minière, alimentation ou beauté - se tournent vers CarboNet pour réduire la quantité d’eau qu’elles utilisent et recycler et assainir l’eau dont elles ont besoin » pour fabriquer leurs produits ou offrir leurs services, explique Amielle Lake, qui a cofondé l’entreprise en 2016.
Chaque année, CarboNet traite en moyenne 33 milliards de gallons d’eau et prévient l’émission 4 600 tonnes de carbone. « Nous sommes très contents des possibilités qu’offre notre technologie », ajoute-t-elle.
Les défis : Puisqu’il s’agit d’un simple mélange de produits chimiques, Mme Lake reconnaît que CarboNet n’a pas eu à relever de grands défis pour transporter et exporter sa technologie partout en Amérique du Nord. L’entreprise lorgne maintenant l’Europe.
Soutien à la croissance : Grâce à l’Assurance crédit d’EDC, qui protège l’entreprise contre le risque de non-paiement, et aux investisseurs en capital de risque, CarboNet a pu étendre ses activités aux États-Unis en toute confiance, conclut Mme Lake.
Silfab Solar
Siège social : Mississauga, Ontario; deux usines aux États-Unis, où une troisième doit ouvrir en 2024.
L’entreprise : Elle fabrique des panneaux solaires résidentiels et commerciaux à haute efficacité spécifiquement pour le marché nord‑américain. Elle exporte surtout aux États‑Unis, mais aussi à Porto Rico, aux Bahamas et au Mexique.
Le produit : Silfab fabrique ses panneaux solaires à partir des matériaux de la plus haute qualité et utilise la robotique de pointe dans son processus de fabrication entièrement automatisé.
Les retombées : « Nous avons pour objectif d’agir concrètement pour réduire les émissions de carbone dans le monde et faciliter l’accès à une énergie propre grâce à nos modules », fait valoir Paolo Maccario, président et chef de la direction de Silfab. « Depuis notre création en 2011, nos panneaux solaires auraient permis de prévenir l’émission de 6,6 mégatonnes de carbone. Notre plus grande contribution en faveur d’un avenir durable est d’avoir fait de l’énergie solaire une réalité. »
« Pour nous attaquer aux problèmes environnementaux, il ne suffit pas de produire des panneaux solaires dans le monde d’aujourd’hui; il faut aussi que les procédés de fabrication soient les plus écologiques possible. Nous avons pour objectif de produire les panneaux solaires comportant les plus faibles émissions intrinsèques du secteur et d’être carboneutres d’ici 2040 », explique Ted Ferguson, directeur ESG chez Silfab.
Les défis : « La loi Inflation Reduction Act (IRA) aux États‑Unis découle d’une politique environnementale, industrielle et énergétique qui favorise la relocalisation de la fabrication de matériaux et de composants critiques, et récompense l’approvisionnement et la fabrication nationaux dans toute la chaîne de valeur. Ainsi, le consommateur et le fournisseur profitent d’incitatifs qui n’existent pas en Ontario », fait remarquer M. Maccario.
« C’est pourquoi nous fabriquons maintenant nos panneaux surtout dans nos usines aux États‑Unis. Pour équilibrer les règles du jeu en ce qui concerne les coûts de fabrication, il faudrait que le Canada crée un crédit d’impôt à la production, semblable à celui prévu dans la IRA pour les fabricants de panneaux solaires. Chez nous, les mesures visant à inciter à la diminution des émissions de carbone se limitent à une réduction unique des coûts en capital, ce qui n’encourage pas autant la production manufacturière que les crédits d’impôt à la fabrication », explique-t-il.
Soutien à la croissance : « EDC a aidé Silfab à élargir sa clientèle aux États-Unis et, pendant la pandémie, elle nous a fourni une assurance crédit pour nos nouveaux clients », souligne M. Maccario. Il ajoute que la Banque de développement du Canada (BDC) et le ministère du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce de l’Ontario ont accordé des prêts et des subventions pour que Silfab puisse procéder à sa première expansion nationale. Il conclut en disant que « les encouragements fiscaux pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE) du gouvernement du Canada sont toujours utiles aux entreprises fortement axées sur l’innovation ».
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Entreprises à surveiller
Viridis Terra
Siège social : Québec, Québec
L’entreprise : Elle développe des technologies écologiques innovantes et durables pour restaurer, assainir, végétaliser et reboiser rapidement de vastes terres dégradées.
Le produit : L’entreprise fournit des capitaux, des technologies et du soutien technique aux propriétaires de terres dégradées pour favoriser une restauration durable et la bonne gestion des forêts. Sa technologie comprend des formules biologiques et des biofertilisants naturels de pointe qui peuvent parfois jusqu’à doubler la productivité des forêts et des cultures sur des terres dégradées, et aident les grandes sociétés à atteindre leurs objectifs en faveur de la nature et de l’élimination complète des émissions. Sa plateforme numérique automatise toutes les activités de restauration sur le terrain, ce qui permet à l’entreprise de collaborer avec des milliers de propriétaires terriens, investisseurs et groupes de défense de l’environnement partout dans le monde.
Les retombées : « Environ le quart des émissions de gaz à effet de serre sont attribuables à la déforestation ainsi qu’à la dégradation et aux changements d’affectation des terres. Ces phénomènes ont une incidence sur les populations », explique le fondateur de l’entreprise, Martin Beaudoin Nadeau, titulaire d’une maîtrise en agroforesterie. L’intégration d’arbres et d’arbustes dans les systèmes agricoles et d’élevage permet de favoriser les retombées sociales, économiques et environnementales.
« C’est là où nous pouvons jouer un rôle important afin de créer de la richesse pour les prochaines générations », ajoute-t-il.
« Nous cherchons à bâtir un avenir meilleur pour les générations actuelles et futures; nous avons pour but d’offrir aux gouvernements, aux entreprises et aux sociétés civiles des solutions durables pour faire face aux graves problèmes environnementaux et aux menaces auxquelles est actuellement confrontée l’humanité : dégradation des terres, perte de la biodiversité, changements climatiques, surexploitation des ressources et pénurie d’eau. Nous croyons que pour assurer le bien‑être de notre planète, nous devons protéger ses terres », insiste-t-il.
Les défis : Convaincre les propriétaires terriens, les gouvernements et les investisseurs qu’il est urgent de travailler ensemble afin de restaurer et de protéger nos ressources naturelles. Il faudra du temps pour rentabiliser ce type d’investissement, mais « à long terme, la restauration des terres sera payante », soutient-il.
« Particuliers, entreprises ou investisseurs institutionnels, tout le monde peut devenir carbonégatif, réduire ses émissions et créer de la richesse pour tous. Notre but est que la lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement soient accessibles à tous », fait-il valoir.
Soutien à la croissance : EDC a joué un rôle essentiel en aidant Viridis à obtenir un important contrat auprès d’une société du palmarès Fortune 500 avec le gouvernement du Pérou pour la réalisation d’un projet de reforestation en Amazonie. « Le fait d’avoir un partenaire stratégique comme EDC, qui nous offre différents produits de garantie, y compris en ce qui concerne notre marge de crédit, a représenté un atout majeur », conclut Martin Beaudoin Nadeau.
RVE
Siège social : Laval, Québec
L’entreprise : Elle conçoit des technologies logicielles et matérielles pour la recharge des véhicules électriques (VE) à domicile, pas seulement dans le but de faciliter l’adoption des VE, mais aussi pour réduire les émissions de carbone en Amérique du Nord.
Le produit : RVE (qui signifie « recharge des véhicules électriques ») ne vend pas de bornes de recharge pour VE. Elle offre plutôt des systèmes de gestion de l’énergie à installer dans un immeuble existant, une nouvelle maison unifamiliale, une maison en rangée ou un immeuble multilogements pour les rendre entièrement prêts pour les VE.
« Nous faisons en sorte que ceux qui doivent composer avec certaines limites associées à l’infrastructure de l’immeuble ou à la puissance électrique puissent utiliser leur borne sans nuire à l’état de leur résidence », explique le cofondateur David Corbeil, qui a passé deux ans aux côtés de son père, Pierre, à mener des recherches et à développer un système appelé contrôleur de charge DCC.
« Ce système permet la connexion d’une borne de recharge là où ce ne serait normalement pas possible », précise M. Corbeil.
« Le meilleur moyen de faciliter l’accès aux VE en Amérique du Nord est de miser sur la recharge à la maison. C’est la façon la plus simple et la plus pratique de recharger un VE. Offrir cette possibilité aux personnes qui vivent dans un immeuble multilogements, c’est-à-dire environ 30 % des Canadiens et des Étatsuniens, constitue un grand pas vers le transport carboneutre », souligne-t-il.
Les retombées : Les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) attribuables au transport proviennent des véhicules personnels », affirme David Corbeil, un électricien agréé qui a démarré RVE avec sa sœur, Marie-Pier, en 2015. Pourtant, « au Canada et aux États-Unis, environ 5 % des maisons et 70 % des immeubles multilogements n’ont pas suffisamment de puissance électrique pour alimenter plusieurs bornes de recharge en plus de répondre aux autres besoins en électricité », fait-il valoir.
« Chez RVE, ce qu’on fait, on le fait d’abord pour avoir un impact positif sur la réduction des GES en Amérique du Nord. C’est pourquoi nous offrons une solution logicielle et matérielle unique au Canada et aux États-Unis qui vise à améliorer l’accès à la recharge résidentielle pour les électromobilistes. »
Les défis : « L’un des plus grands défis de l’entreprise est d’obtenir l’approbation des gouvernements locaux au moment d’exporter nos produits. Il s’avère également difficile de comprendre la logistique de l’expédition et de la vente de produits dans un autre pays », explique David Corbeil.
Soutien à la croissance : M. Corbeil reconnaît le rôle d’EDC et de ses partenaires commerciaux de confiance dans le succès de l’entreprise à l’étranger. « Ils nous ont fourni des renseignements et des ressources fiables pour mieux comprendre le fonctionnement du commerce international. »
En juillet 2023, EDC a aussi investi 2,4 millions de dollars au titre de son Programme d’investissement de contrepartie pour soutenir RVE dans ses activités de recherche et de développement ainsi que dans son expansion aux États‑Unis. Cette somme faisait partie d’un investissement total de 7,2 millions de dollars offert en collaboration avec Investissement Québec.
Pour de plus amples renseignements, des ressources et des conseils concernant le soutien qu’offre le gouvernement du Canada dans le secteur des technologies propres, consultez le site du Carrefour de la croissance propre.