Cette politique diminuera l’avantage concurrentiel des exportations provenant de pays qui sont dépourvus de système de tarification du carbone et qui investissent moins pour abaisser leurs émissions carbone. À l’inverse, les exportateurs de pays imposant une tarification carbone élevée ou déployant des efforts pour atténuer leurs émissions auront tout à gagner à exporter vers l’UE où les acteurs seront sur un pied d’égalité. Cette nouvelle donne pourrait considérablement modifier les échanges commerciaux vers la région.
La politique du MACF viendra rebattre les cartes en ce qui concerne les avantages pour les exportateurs. De plus, elle s’accompagnera de nouveaux défis et de nouveaux coûts liés aux exigences de déclaration et de vérification. Les producteurs à faible intensité carbone devront effectuer le suivi et la vérification de leurs émissions pour faire reconnaître leurs procédés de production plus écologiques. Ces exigences additionnelles risquent d'être fastidieuses et coûteuses pour les producteurs de plus petite taille.
Quelles seront les répercussions du MACF sur les exportateurs canadiens? Grâce à son système relativement sophistiqué de tarification du carbone, le Canada profitera de réductions substantielles des droits d’importation appliqués par l’UE. Par ailleurs, plusieurs des principaux concurrents du Canada sur le marché européen (la Russie, la Chine et les États-Unis, par exemple) ne disposent pas d’un tel système et devront acquitter des droits supplémentaires aux termes de la nouvelle politique climatique.
Au Canada, le réseau de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables offre de nombreuses possibilités d’intensifier la décarbonation des procédés de production. Voilà qui pourrait aider les exportateurs canadiens à bénéficier d’un avantage concurrentiel encore plus grand. Dans l’ensemble, la mise en place de politique de l’UE ouvre de vastes débouchés pour les exportateurs canadiens actifs dans des industries névralgiques, à condition qu’ils y soient préparés. Fort heureusement, il n’est pas trop tard pour s’atteler à cette tâche.
Dans le contexte de l’application du MACF, les exportateurs canadiens seront exposés à des risques majeurs, notamment :
- les nouveaux coûts à assumer pour se conformer à la politique;
- le temps investi pour évaluer les occasions à l’échelle organisationnelle;
- les investissements requis pour étoffer leurs capacités et répondre à de nouvelles demandes.
Pour faire face à ces risques, les entreprises canadiennes se doteront des ressources nécessaires pour déclarer leurs émissions carbone et, dans le même temps, chercheront sans doute à accroître leurs capacités de production. Malgré ces efforts, nos entreprises pourraient continuer d’avoir du mal à tisser des liens avec les importateurs de l’UE, qui devront réévaluer leurs fournisseurs à la lumière du nouveau mécanisme.
Conclusion?
Une fois en place, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE aura deux effets manifestes : il viendra accroître l’incertitude et multiplier les difficultés pour les fournisseurs à l’échelle mondiale. Toutefois, les exportateurs canadiens sont dans une position unique qui leur permet de tirer de ce changement. À moins de trois ans de l’entrée en vigueur de la nouvelle tarification, ils doivent impérativement planifier et prendre des mesures pour renforcer leurs capacités afin d’être en mesure de répondre aux demandes en constante évolution du marché européen.
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le MACF, nous vous invitons à parcourir notre rapport en vous rendant sur EDC.ca.
Nous tenons à remercier chaleureusement William Thomas, chercheur adjoint au Service de recherche et d’analyse d’EDC, pour sa contribution à la présente édition.
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