Quand les investisseurs et les exportateurs aux quatre coins du globe lorgnent la région indo-pacifique, l’Inde sort à coup sûr du lot en raison de l’ampleur et du dynamisme de son marché. Et cela n’a rien de surprenant : le pays compte environ 1,5 million d’habitants et une économie dont la valeur est estimée à 4 000 milliards de dollars américains. L’Inde s’est hissée au rang des cinq premières économies de la planète – éclipsant au passage le Royaume-Uni en 2022 – et a doublé sa contribution au produit intérieur brut (PIB) mondial depuis l’année 2000.
L'économie indienne, imposante, se modernise et se tourne de plus en plus vers les marchés mondiaux, le tout en privilégiant une approche calibrée en matière de commerce. À l’image des bazars aux épices à l’activité bourdonnante, les exportateurs canadiens constateront que ce marché a beaucoup à offrir de par sa diversité, son dynamisme et ses immenses possibilités.
Au cours des dernières années, l’Inde s’impose comme la grande économie à la croissance la plus rapide : depuis 2016, son PIB affiche chaque année une croissance moyenne de 5,8 %, un taux supérieur aux autres pays membres BRICA (à savoir le Brésil, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud). Son émergence est marquée par un essor porté par la consommation, un secteur des services robuste et un engagement à mener des réformes et à libéraliser l’économie.
Parallèlement, le pays présente de solides fondamentaux macroéconomiques, des tendances démographiques favorables, un bel élan du côté des réformes et une filière florissante des technologies de pointe. Tous ces éléments aideront l’Inde à réaliser une croissance moyenne de 6,2 % au cours des cinq prochaines années – soit nettement supérieure à celle des autres grandes économies. Ce taux est parmi les plus élevés projeté pour les marchés émergents. Fait digne de mention, le PIB par habitant de l’Inde a été multiplié par deux depuis 2008. Le pays est donc en bonne voie de décrocher le statut d’économie au revenu intermédiaire supérieur à l’horizon 2032 et celui d’économie développée à revenu supérieur d’ici 2047.
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Débouchés d’exportation en Inde : les entreprises canadiennes doivent saisir la balle au bond
Le Canada et l’Inde entretiennent des relations bien établies. Nos deux pays cultivent des liens interpersonnels solides, qui sont renforcés par le fait qu’environ 5 % des Canadiens sont d’origine indienne. Pareils liens contribuent à la stabilité des interactions économiques. Pour preuve : en 2024, l’Inde était la dixième destination des exportations de bien du Canada et la deuxième pour les services. L’investissement direct canadien en Inde a plus que doublé – passant de 2,5 G CAD en 2018 à 5,6 G CAD en 2024 –, les secteurs les plus porteurs étant les technologies, les mines ainsi que les produits chimiques et industriels. Fait toutefois moins connu, l’Inde est également la deuxième destination en importance des placements effectués par les caisses de retraite canadiennes dans l’Asie-Pacifique.
Il y a néanmoins une ombre au tableau. Les parts de marché du Canada pour ce qui est des importations de biens, qui s’élèvent à environ 1 %, restent essentiellement inchangées depuis 2017. En clair, ce marché en plein essor présente un potentiel substantiel pour les exportateurs canadiens.
Montée en puissance de la classe moyenne indienne : une manne pour nos exportateurs
En raison de ses tendances démographiques et de sa taille, l’Inde recèle l’un des marchés de consommation des plus attractifs du globe. Pays le plus populeux de la planète, l’Inde abrite une population où l’âge médian se situe à 29 ans, et où 42 % des habitants ont moins de 25 ans. Sa classe moyenne en rapide croissance devrait représenter 50 % de la population d’ici 2030 et 67 % à l’horizon 2047.
L'urbanisation rapide et la hausse du revenu alimentent la demande pour des biens de qualité supérieure ainsi que des services en matière de santé et d’éducation. Les dépenses de la classe moyenne de l’Inde devraient dépasser celles de la Chine d’ici 2038, celles de l’Europe d’ici 2042 et celles des États-Unis d’ici 2045. Voilà qui est annonciateur de débouchés considérables et pérennes pour les exportateurs canadiens.
Infrastructure et énergie : l’expertise du Canada trouvera preneur en Inde
L’urbanisation et la croissance démographique exerceront des tensions sur les infrastructures et les ressources énergétiques de l’Inde. Depuis 2015, le gouvernement a pratiquement multiplié par six ses dépenses en immobilisation – qui ont atteint 134 milliards de dollars américains – afin de moderniser les installations routières, ferroviaires et aéroportuaires, mais aussi investir dans le développement urbain et l’énergie. Selon les estimations de la Banque mondiale, l’Inde devra injecter 800 milliards de dollars américains d’ici 2036 dans ses infrastructures urbaines. Ces sommes aideront le pays à se doter de villes intelligentes, de sources fiables d’électricité et de réseaux de transport efficaces.
Pour se hisser d’ici 2030 au classement des 25 marchés mondiaux en matière de logistique commerciale, l’Inde devra disposer du savoir-faire nécessaire pour construire des routes, des réseaux ferroviaires et des ports. Ces besoins ouvriront des débouchés additionnels aux entreprises canadiennes qui possèdent l’expertise pertinente.
L’Inde nourrit de grandes ambitions : porter à 50 % la contribution des énergies renouvelables pour répondre à ses besoins en énergie d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité à l’horizon 2070. Pour réaliser ces objectifs, l’Inde devra tirer parti de la chaîne de valeur des énergies renouvelables : des minéraux critiques et du cuivre en passant par la production et le transport d’électricité, le stockage par batteries et les solutions d’efficacité énergétiques. Soulignons qu’au cours des cinq années ayant précédé 2023, l’Inde a attiré des investissements de plus de 60 milliards de dollars américains dans cette filière. D’autres investissements sont aussi attendus pendant les cinq prochaines années.
Pour améliorer la qualité de vie des citadins, il faudra s’attaquer à la pollution. Il y a fort à parier que l’Inde fera appel à l’expertise du Canada dans les domaines du traitement de l’eau, du contrôle des émissions et du captage du carbone – un marché de 100 à 150 milliards de dollars américains d’ici 2050. L’adoption rapide des technologies pour les véhicules électriques éperonnera sans doute la croissance dans les infrastructures de chargement. Encore là, les entreprises canadiennes profiteront de belles occasions de soutenir la transformation durable de l’Inde en mettant à disposition leur expertise et leurs technologies.
Économie numérique : l’élan dans les technos et l’innovation annoncent des partenariats pour le Canada
En Inde, l’économie numérique est source d’autres débouchés. Elle pèse déjà pour 12 % du PIB, soit environ 400 milliards de dollars américains, et ce taux devrait grimper à 20 % d’ici 2030. Au pays, on recense pas moins de 1,2 milliard d’abonnés à la téléphonie mobile et 945 millions d’internautes. Le pays peut se targuer de posséder le deuxième réseau Internet en importance à l’échelle mondiale. Résultat : la demande pour des solutions de TI de pointe sera appelée à se raffermir.
Les initiatives gouvernementales comme Digital India, le déploiement de la 5G et l’aménagement d’infrastructures reposant sur l’IA impulsent la croissance dans les domaines de la cybersécurité, les services infonuagiques, la technologie financière et l’Internet des objets. De même, l’essor du commerce électronique, des paiements numériques et des centres de données multiplient les occasions sur ce marché. On trouve en Inde un écosystème dynamique pour les jeunes entreprises (start-ups) qui se démarque par ses capacités d’innovation et la présence de plus d’une centaine de licornes. Il s’agit d’un marché tout désigné pouvant se prévaloir de l’expertise et des partenariats du Canada dans le numérique.
Agroalimentaire et technologie agricole : la modernisation synonyme de belles occasions
Malgré un contexte réglementaire complexe – modifications aux droits de douane, aux règles à l’importation et aux exigences de conformité –, le marché agroalimentaire de l’Inde est prometteur pour les exportateurs . Même si le Canada continue de se démarquer dans la filière des légumineuses (notamment les pois et les lentilles), la technologie agricole et la transformation alimentaire présentent d’abondantes possibilités.
Les initiatives de modernisations menées par les gouvernements stimuleront la demande pour ce qui est de l’agriculture de précision, de l’irrigation de pointe, de l’entreposage frigorifique et des plateformes numériques faisant le pont entre les exploitations agricoles et le marché. La consommation accrue d’aliments emballés est synonyme d’une augmentation des débouchés pour l’expertise canadienne (équipement de transformation, automatisation et systèmes de contrôle de la qualité). Ces technologies et ces solutions de logistique constituent des créneaux stratégiques pour percer ce marché en pleine expansion.
Exporter en Inde : surmonter les difficultés posées par les tarifs, la conformité et la concurrence
Pour les exportateurs d’ici, le marché indien peut sembler intimidant, vu la complexité et l’imprévisibilité du contexte tarifaire. Ils doivent aussi affronter une concurrence féroce de la part des entreprises indiennes et des acteurs mondiaux. De plus, d’autres éléments peuvent accentuer le risque opérationnel : un cadre réglementaire complexe, la conformité sur le plan de la fiscalité, la piètre application des dispositions pour protéger la propriété intellectuelle, un droit du travail restrictif et des infrastructures lacunaires. De surcroît, en raison de la nature fragmentée de la gouvernance entre les États et de la pluralité des préférences du consommateur, il faut développer des stratégies agiles et faire appel à des conseillers chevronnés pour les défis que pose ce marché en effervescence.
La conclusion : l’Inde est un marché d’intérêt pour les exportateurs canadiens
L’Inde offre d’intéressants débouchés aux exportateurs et aux investisseurs canadiens en raison de la taille de son marché, de sa trajectoire de croissance robuste et de la progression du pays sur le front des réformes. Pour y prospérer, il faut de l’ambition, certes, mais aussi être déterminé, agile et prêt à composer avec la complexité.
Et l’expertise canadienne peut répondre aux besoins de l’Inde dans divers secteurs. De ce fait, les entreprises d’ici ont tout intérêt à se mobiliser, à bien se positionner, à faire des investissements stratégiques et à s’implanter sur l’un des marchés les plus dynamiques du globe. Rappelons que l’Inde est un marché prioritaire pour Exportation et développement Canada (EDC) et le gouvernement du Canada. EDC a ouvert une représentation à Mumbai afin de fournir les renseignements, les réseaux de relations et le soutien qui aideront les exportateurs et les investisseurs canadiens à saisir les occasions et à triompher des difficultés que présente le marché indien.
Nous tenons à remercier chaleureusement Nadeem Rizwan, économiste principal aux Services économiques d’EDC, pour sa contribution à la présente chronique.
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