Les petites et moyennes entreprises (PME) sont des acteurs incontournables de la réussite du Canada sur la scène du commerce international. Pourtant, à l’heure où la réglementation climatique se multiplie, ce segment vital est mal outillé pour réduire ses émissions carbone.
La plupart des analyses sur la transition carbone des entreprises s’intéressent aux secteurs actifs dans la sphère du commerce et à forte intensité d’émissions. Ces industries regroupent principalement de grandes entreprises – notamment de la filière pétrogazière – et seraient les plus touchées par les nouvelles réglementations destinées à réduire les émissions. Or, il existe des données limitées sur les défis et les occasions qui se présentent aux PME alors qu’elles négocient la transition complexe vers la carboneutralité.
Chaque PME produit de faibles émissions carbone, mais collectivement ce segment fait figure de grand émetteur. À preuve : les PME canadiennes contribuent à hauteur d’environ 30 % des émissions nationales, un taux supérieur aux émissions annuelles réunies du Québec, du Manitoba, de la Saskatchewan et des provinces de l’Atlantique.1
En mettant en place des mesures d’atténuation et d’adaptation à l’échelle individuelle, les PME pourraient considérablement aider le Canada à se rapprocher de son objectif de carboneutralité. Par ailleurs, la facilité avec laquelle les PME réussissent à composer avec les exigences prescrites et les pénalités liées au non-respect des émissions fixées dans le cadre d’activités commerciales se répercutera sur leur capacité à rester concurrentielles, ici et à l’international.
Dans ce contexte, Exportation et développement Canada (EDC) et le Conference Board du Canada ont récemment uni leurs efforts pour réaliser un sondage auprès des PME canadiennes, qui a mené à la publication du document Parcours vers la carboneutralité – Résultats du sondage mené auprès des PME canadiennes. Les deux rapports de sondage, qui s’appuient sur la participation de 381 entreprises répondantes, nous renseignent sur leur degré de connaissance des programmes de réduction des émissions, des initiatives qu’elles lancent dans ce domaine et de leurs priorités stratégiques.
Un premier constat se dégage d’entrée de jeu : il n’est pas simple de mesurer le progrès des PME en matière de transition, surtout en raison du manque d’uniformité des données à l’échelle macro et d’entreprise. Pour combler cette lacune, nous avons élaboré un cadre énonçant, de manière séquentielle, les cinq niveaux de maturité en matière de transition. Le cadre propose une évolution claire allant de la prise d’initiatives occasionnelles à l’intégration de changements axés sur des objectifs précis de réduction des émissions carbone.
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Notre sondage révèle que la plupart des PME interrogées, peu importe la région ou la province où elles sont actives, se trouvent au début de leur parcours carbone. Près de 90 % des PME sondées se situent dans les deux premiers niveaux de maturité en matière de transition. À peine 18 % d’entre elles font le suivi de leurs émissions carbone et seulement 15 % ont défini des cibles de carboneutralité. Et même parmi celles qui font le suivi de leurs émissions, il y a une importante variation à l’intérieur et entre les taux d’émission des champs d’application 1, 2 et 3 mesurés. La majorité des mesures prises par les entreprises sondées se concentrent principalement sur le recyclage et l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Pour les PME, les principaux obstacles à la mise en œuvre de stratégies de réduction des gaz à effet de serre (GES) sont les coûts ainsi que le manque de personnel. Une connaissance insuffisante de la marche à suivre pour se plier aux exigences réglementaires actuelles a aussi été citée par les PME interrogées. Ces dernières sont d’avis que le meilleur moyen de les aider à mettre en place une stratégie de réduction des émissions de GES est de leur donner accès à du soutien financier de même qu’à des formations axées sur la conformité à la réglementation liée aux GES.
Cela dit, les PME ayant participé au sondage semblaient généralement réceptives à la nécessité de réduire leurs émissions, et 46 % d’entre elles ont exprimé leur intention de commencer à faire le suivi de leurs émissions. Malgré les faibles niveaux de maturité et la présence de certains défis de taille, les entreprises sondées s’accordent sur ce qui suit : réduire leurs émissions carbone leur permettrait de renforcer leur compétitivité et de saisir de nouveaux débouchés.
Conclusion?
Les PME canadiennes sont à l’origine de près de la moitié de nos exportations de marchandises et, à ce titre, elles jouent un rôle prépondérant dans la réussite de notre pays dans l’arène du commerce international. Toutefois, au moment où la réglementation climatique se resserre et que les entraves commerciales liées aux émissions s’accentuent, nos PME – véritable locomotive de notre dynamisme économique – restent mal outillées pour réduire leurs émissions carbone. Pour épauler les PME au fil de leur parcours carbone, il faudrait privilégier une approche stratégique et coordonnée qui faciliterait l’accès aux capitaux, aux connaissances et aux ressources dont elles ont besoin pour être concurrentielles dans l’économie de demain.
1 Smart Prosperity Institute
Nous tenons à remercier chaleureusement Prerna Sharma, économiste principale au Centre d’information économique et politique d’EDC, ainsi que Jennifer Topping, directrice des études de marché, de leur contribution à la présente édition. Nous remercions également le Conference Board du Canada de son partenariat.
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