L’escalade des tensions commerciales et l’incertitude grandissante entourant l’évolution de l’économie mondiale sont devenues des sources de stress et d’anxiété – au quotidien. Au cours des deux dernières années, l’indice mondial des expériences négatives de l’institut Gallup a enregistré son pire résultat depuis le lancement du sondage en 2006. Afin d’aider les exportateurs à déterminer s’ils ont des raisons de s’inquiéter et à se préparer à ce contexte, l’équipe des Services économiques d’Exportation et développement Canada a publié son classement des dix risques mondiaux qui guettent le Canada dans un horizon de cinq ans.
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Ce guide d’EDC se veut un classement des principaux risques qui guettent les exportateurs et les investisseurs canadiens sur les marchés mondiaux, notamment le Brexit, une récession mondiale et l’isolationnisme des États-Unis.
Le premier risque de notre classement, l’Amérique d’abord, est la plus sérieuse menace à la prospérité à long terme du Canada, surtout si les États-Unis continuent de remettre en cause les institutions multilatérales et les accords commerciaux. Nous croyons que le Canada se trouverait dans une posture plus défavorable si le système de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce était remplacé par des mécanismes bilatéraux, ou encore si les pays ayant la plus grande influence géopolitique recevaient un traitement préférentiel pour leurs exportateurs, au détriment possible des entreprises canadiennes.
La possibilité d’une récession mondiale est le deuxième risque de notre classement. Les analystes redoutent que le cycle économique ait atteint un pic, et que par le fait même nous soyons sur le point de connaître un ralentissement de l’activité économique mondiale. Selon nous, ce scénario pourrait se réaliser si des faux pas sont faits dans la sphère des politiques et non en raison de piètres fondamentaux économiques. Les gouvernements et les banques centrales disposeraient alors de moyens limités pour relancer l’activité économique.
Un facteur pourrait déclencher cette récession, soit la crainte soulevée par notre troisième risque : le protectionnisme mondial. La brouille commerciale entre les États-Unis et la Chine mine la confiance aux quatre coins du globe. Par exemple, bon nombre de fabricants asiatiques de machineries et de composantes de pointe utilisés en Chine pour produire des biens exportés vers le marché américain ont vu leurs exportations suivre une trajectoire descente en 2019, ce qui a mis un frein à la croissance. Les désaccords commerciaux entre l’Amérique et d’autres grandes économies, notamment l’Union européenne, demeurent un risque et pourraient inciter des pays a augmenté de part et d’autre les tarifs douaniers, ce qui refroidirait l’intérêt des investisseurs. Cette conjoncture aurait comme conséquence de diminuer la demande mondiale pour les biens et les services canadiens.
Le quatrième risque de notre classement est l’isolationnisme des États-Unis à l’origine d’un vide géopolitique. L’administration Trump a ouvertement critiqué plusieurs alliés traditionnels des États-Unis comme le Japon, des pays membres de l’OTAN et des monarchies du golfe qui auraient « profiter » de l’aide militaire américaine pour les protéger de menaces extérieures. Le retrait américain de partenariats bien établis pourrait accroître l’instabilité et le risque de conflits dans la partie orientale de l’Asie, l’Europe occidentale et le Moyen-Orient – ce qui n’annoncerait rien de bon pour les perspectives du commerce extérieur du Canada.
La surabondance de pétrole est le cinquième risque de notre classement. Selon ce scénario, les avancées technologiques dans l’exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis abaisseraient les coûts et feraient grimper la production pétrolière américaine de 11 millions à 17 millions de barils par jour au cours des prochaines années. Cette situation serait défavorable aux sociétés canadiennes du secteur de l’énergie et à l’économie de plusieurs provinces – et pourrait même nuire aux investissements dans l’énergie verte.
Le risque d’une crise du crédit et financière en Chine occupe le sixième rang de notre classement. La raison? Le niveau d’endettement des entreprises et des entités régionales a rapidement augmenté, ce qui a amplifié le risque de turbulences financières et le risque d’un fléchissement de la croissance – ou les deux. Le gouvernement chinois a d’abord pris des mesures pour encourager ces acteurs à réduire leur endettement, mais les autorités ont par la suite assoupli ces mesures face au repli de la croissance. Vu la taille de l’économie chinoise, une crise financière aurait une incidence considérable sur la croissance mondiale et l’essor des entreprises canadiennes.
Le septième risque de notre classement est la possibilité d’un Brexit désordonné. Ce scénario fait référence à une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans qu’un accord ait été conclu d’ici le 31 janvier 2020 – ou plus tard en cas de nouveau report de la date butoir – ce qui aurait comme conséquence de fortement perturber les échanges commerciaux entre ces deux économies. Le Canada en ressentirait certainement les effets, le Royaume-Uni étant son quatrième marché pour l’exportation de marchandises et la principale destination de l’investissement direct canadien en Europe.
La possibilité d’une vague montante de défauts souverains sur les marchés émergents se place au huitième rang de notre palmarès des risques. Selon ce scénario, les gouvernements et les entreprises sur les marchés émergents contractent encore plus de dettes en devises étrangères en raison des faibles taux d’intérêt. Cependant, cette stratégie tourne mal quand les taux repartent à la hausse puisque ces débiteurs se retrouvent incapables de refinancer la dette venant à échéance en raison de la montée des coûts associés au service de cette dette. Ce contexte pourrait pénaliser les exportations canadiennes.
Le retour de la polarisation occupe la neuvième place de notre classement. Ce risque fait référence à la division des pays du globe en deux camps opposés qui s’allient avec les États-Unis ou avec la Chine. Ces deux forces rivales pourraient obliger d’autres pays à choisir leur camp advenant des conflits commerciaux ou technologiques. Pour les sociétés canadiennes, cette dynamique pourrait limiter l’accès au marché chinois. De plus, cette polarisation briderait l’élan économique parce qu’elle perturberait les chaînes d’approvisionnement et les progrès technologiques.
Le risque d’une guerre entre États termine notre palmarès des dix risques mondiaux. Selon nous, les principaux foyers potentiels de conflit sont la région du golfe, la mer de Chine méridionale, l’Europe orientale et la péninsule coréenne. Les répercussions de tels conflits varieraient en fonction de ceux qui se transforment en guerre entre États. Par exemple, une guerre avec la Corée du Nord et une alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud feraient augmenter le coût du matériel électronique essentiel et de biens destinés à l’industrie lourde.
Conclusion?
C’est indéniable : la conjoncture que nous traversons est marquée par des turbulences. Anticiper les risques susceptibles d’avoir des conséquences notables est une démarche qui peut aider votre entreprise, si ces risques se matérialisent. Se doter de plans de secours afin d’atténuer les risques financiers mondiaux – la spécialité d’EDC – est une bonne façon de s’y préparer. Bien entendu, nous espérons tous n’avoir jamais besoin de recourir à de tels plans.