Le Chili est reconnu comme un précurseur dans le domaine de l’électricité : en 1982, il a été l’un des premiers pays à adopter une loi pour déréglementer et privatiser ce secteur. La vague de privatisation des services publics qui a suivi explique d’ailleurs la nature de plus en plus commerciale du secteur chilien de l’électricité et la multiplication des occasions d’exportation et d’investissement pour les entreprises étrangères.
Les occasions dans le secteur de la production d’électricité au pays sont rentables grâce aux ventes aux enchères pour l’énergie. Le Chili occupe actuellement le quatrième rang de l’indice d’attractivité des pays pour les énergies renouvelables d’EY, une montée notable par rapport à 2011, quand il se trouvait au 34e rang. Cette avancée fait suite à plusieurs années de croissance impressionnante de la production d’électricité renouvelable, les capacités éoliennes et solaires du pays ayant quadruplé dans les cinq dernières années.
Les secteurs du transport et de la distribution d’électricité sont aussi de plus en plus favorables à l’expertise et aux investissements des entreprises étrangères, particulièrement du côté du développement d’infrastructures et de l’implantation de technologies de réseau électrique intelligent et de systèmes de compteurs avancés. Les récentes politiques énergétiques ont fixé des objectifs ambitieux en matière de conservation et de gestion de la demande, augmentant du coup le besoin de technologies liées à l’efficacité énergétique et à la gestion énergétique.
Comprendre ce qui favorise les débouchés
Dans les dernières années, le secteur chilien de l’électricité a connu de nombreux défis. Sécheresses ayant entravé la production hydroélectrique à la fin des années 1990, crise du gaz en Argentine, énorme tremblement de terre de 2010, nouvelle sécheresse de cinq ans : les crises se sont succédé. Cette série d’événements a accru la dépendance du pays aux combustibles fossiles étrangers pour la production d’énergie et fait monter en flèche les coûts de l’électricité. Cette hausse a d’ailleurs été aggravée par les lacunes du réseau de transport d’électricité, qui éprouve des problèmes de congestion en raison d’une incapacité à répondre à l’offre et à la demande.
Pour remédier à la situation et créer un réseau électrique durable, le Chili a lancé en 2016 le plan d’action Energía 2050. Le pays continue de voir les énergies renouvelables comme un moyen de combler la demande locale et de réduire les prix. Cette conviction se reflète dans les objectifs ambitieux du plan, notamment celui de produire 70 % de l’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2050.
Le plan comprend aussi un objectif général de 20 % en matière d’efficacité énergétique. Celle-ci revêt une importance croissante au Chili, surtout étant donné que les avancées en matière de production et de transport n’ont pas suivi la croissance de l’économie nationale et de la demande énergétique. C’est pourquoi le plan d’action chilien sur l’efficacité énergétique 2012-2020 encourage le secteur minier et les consommateurs industriels à adopter des mesures d’efficacité énergétique, comme la mise en place de systèmes électriques intelligents.
Outre cet engagement clair dans ses politiques, le Chili a instauré des prêts à bas taux d’intérêt pour les énergies renouvelables, des garanties de capital, des fonds de capital-risque, un fonds de technologies propres et une taxe sur le carbone. Le pays a la meilleure cote de crédit en Amérique latine grâce à sa stabilité macroéconomique et à son intégration au marché de capitaux mondial. Et il s’agit d’une destination intéressante pour l’investissement direct étranger en raison de ses processus simples et de ses impôts peu élevés. Malgré ces politiques avantageuses et ces incitatifs, les entreprises qui souhaitent vendre sur le marché sont tout de même confrontées à certains défis.
Bas prix, concurrence et grandes entreprises
En août 2016, le gouvernement chilien a publié les résultats de son dernier appel d’offres (le plus important à ce jour), qui concernait un approvisionnement de 12 430 GWh d’électricité pour des clients réglementés à partir de 2021. En moyenne, le tarif gagnant fut de 47,60 USD/MWh, et le moins élevé (29,10 USD/MWh) est revenu à un projet d’énergie solaire. Il s’agit d’un des plus bas tarifs au monde pour la production d’électricité renouvelable.
Par ailleurs, la chute rapide des coûts de l’électricité renouvelable, bien qu’elle favorise l’adoption de ce type de technologie, nuit aux promoteurs. En effet, les clients hésitent à signer des contrats à long terme.
D’autres défis découlent de la concurrence féroce entre les entreprises locales et étrangères, ainsi que de la présence d’entreprises assez importantes. Par exemple, 90 % du marché de la production et de la commercialisation d’électricité est contrôlé par seulement quatre entreprises : Endesa (Espagne), AES Gener (États-Unis), E-CL (France) et Colbún (Chili).
Voici un aperçu visuel du secteur.
Le transport, un goulet d’étranglement
Le système de transport d’électricité du Chili n’a pas suivi la croissance de la demande et de la capacité, ce qui a entraîné des congestions et des restrictions inquiétant les promoteurs d’énergies renouvelables.
Une lacune fondamentale du système est qu’il comprend quatre réseaux distincts. La capacité solaire du Chili se concentre surtout dans le nord du pays, mais 90 % de la population et la majorité des industries se trouvent dans la région centrale. Ainsi, bien que l’offre d’électricité renouvelable augmente, les goulets du système de transport font en sorte que les marchés sont souvent inaccessibles. Par conséquent, dans certaines régions du pays, le prix du disponible est couramment nul – une tendance inquiétante pour les promoteurs qui cherchent du financement et les centrales qui risquent de subir des pertes.
En juillet 2016, le gouvernement a adopté une loi pour corriger ces problèmes. Celle-ci vise à permettre une planification à long terme plus efficace, à développer le réseau électrique, à garantir son plein accès et à créer un exploitant unique indépendant. À l’heure actuelle, on ne sait pas à quel point ces mesures favoriseront les occasions d’exportation et d’investissement dans le secteur chilien de l’énergie; elles représentent toutefois un premier pas prometteur.
Le Chili reste malgré tout un marché intéressant pour les entreprises canadiennes. Les bonnes relations que le pays entretient avec le Canada, de même que la facilité d’y faire des affaires, ont poussé nombre d’entre elles à s’y établir. Pensons notamment à Mainstream Renewable Power, Finning, Methanex, Brookfield et SNC-Lavalin. Les éco-entreprises canadiennes sont bien placées pour exploiter les occasions que recèle le secteur chilien de l’énergie, et exporter leurs technologies et expertises sur ce marché émergent.
Pour découvrir d’autres observations sectorielles et une analyse approfondie du marché d’exportation, consultez le rapport Going Global Chili 2016 de l’Advanced Energy Centre.
L’Advanced Energy Centre est un partenariat public-privé ayant comme objectif de favoriser l’adoption des innovations énergétiques du Canada. Au moyen de programmes internationaux, il élimine les obstacles pour les éco-entreprises canadiennes entrant sur les marchés émergents. De plus, en collaboration avec ses partenaires chiliens, il repère et développe les occasions sur le marché et aide les entreprises à exporter avec succès. Pour en savoir plus sur les efforts déployés au Chili et sur d’autres marchés émergents, communiquez avec Pallavi Roy (proy@marsdd.com).