Après une année de manchettes percutantes, d’échéances ratées et de menaces de tarifs par les États-Unis, la renégociation réussie de l’ALENA est de très bon augure pour les exportateurs canadiens.
Le nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) constitue un accord important qui actualise les règles de base du commerce en Amérique du Nord au 21e siècle. Il introduit entre autres de nouvelles règles pour faciliter le commerce en ligne, des dispositions pour favoriser la percée de petites entreprises sur les marchés internationaux et des règles plus costaudes sur le travail et l’environnement.
La réussite des négociations formelles atténue une des grandes incertitudes pour des milliers de compagnies nord-américaines présentes sur les marchés internationaux ou engagées indirectement dans l’activité transfrontalière.
Les entreprises n’aiment pas l’incertitude, car elle peut perturber les marchés. C’est pourquoi nous tentons de la mesurer. Un outil adopté récemment suggère qu’au Canada l’incertitude sur les politiques économiques (surtout la politique commerciale américaine) est grande depuis l’élection du président Trump (graphique ci-dessous). Cela importe, car les recherches universitaires alimentées par ce même outil démontrent que l’incertitude profonde sur les politiques nuit à l’embauche et davantage aux investissements.
Source: Haver; EconomicPolicyUncertainty.com
Pendant plus d’une année, la renégociation de l’ALENA figurait régulièrement comme la principale préoccupation dans mes discussions auprès des entreprises du pays. Ainsi, malgré la force de l’économie nord-américaine et les bons résultats commerciaux des derniers trimestres, on a raison de croire que la politique commerciale des É.-U., et surtout les discussions sur l’ALENA, ont avivé l’incertitude au Canada. Et celle-ci a probablement réduit l’activité économique, particulièrement en matière d’investissements en capital.
Selon le plus récent Indice de confiance commerciale d’EDC, plus de 25% des exportateurs canadiens disent que la saga de l’ALENA a nuit à leurs activités au Canada, et près de 20% avouent que la renégociation a miné leurs projets d’investissement.
Pendant les négociations, il semblait régulièrement que de nouvelles règles étaient sur le point d’être adoptées. Dans ce contexte en constante évolution, certaines entreprises ont, logiquement, retardé des investissements dans l’attente d’une éclaircie. En fait, notre sondage montre que 6 % des exportateurs canadiens ont reporté leurs investissements vu l’incertitude aigüe sur l’ALENA. Ce pourcentage semble petit, mais les exportateurs ayant plus tendance à investir que les autres entreprises, son impact peut être plus important qu’on ne le croit.
La réussite des négociations permet de prévoir une augmentation des investissements et de l’activité économique au Canada au cours des prochains trimestres. Le nouvel AEUMC dissipe l’incertitude et, soudainement, clarifie les règles du commerce sur le continent. Les investissements en veilleuse peuvent maintenant profiter à l’économie canadienne. Le Canada y trouve vraiment son compte.