Sheertex : faire un trou dans les bas-culottes jetables

Après avoir créé et vendu deux entreprises prospères avant l’âge de 30 ans, Katherine Homuth a décidé de réaliser l’impensable : révolutionner l’industrie des bas en rendant les bas-culottes indestructibles.

« Les collants sont probablement la dernière chose dans laquelle je pensais me lancer », raconte l’entrepreneure en série ayant allié technologie innovante et science des matériaux pour inventer des bas-culottes confortables, extensibles et dix fois plus résistants que l’acier.

« Mes entreprises précédentes étaient spécialisées dans le matériel intelligent et les logiciels de commerce électronique. Par ailleurs, je me suis rendu compte qu’un grand nombre des produits sur lesquels je travaillais, même s’ils permettaient de connecter une chose ou une autre à Internet, semblaient souvent n’être que des outils purement technologiques », explique l’ancienne propriétaire de ShopLocket, un site de commerce électronique sur lequel les entreprises en démarrage pouvaient vendre leurs produits rapidement et facilement, et de Female Funders, une plateforme de soutien en ligne pour les investisseuses.

En 2017, elle a lancé SRTX, une entreprise basée à Montréal fabriquant les bas-culottes Sheertex à partir des polymères les plus résistants au monde. Finies les déchirures et les mailles après les avoir portés une ou deux fois. Ces collants ultra-résistants sont à l’épreuve des balles. En fait, pas tout à fait, mais ils sont fabriqués à partir des mêmes fibres durables que les gilets pare-balles et l’équipement d’escalade robuste.

Il s’agit aussi de la marque la plus vendue aux États-Unis, avec un chiffre d’affaires de près de 50 millions de dollars en 2023, soit dix fois plus que les 5 millions de dollars enregistrés en 2019.

Katherine Homuth a toujours été une personne qui s’emploie à résoudre les problèmes. Elle s’est donc employée à trouver une façon de débarrasser le monde des bas de nylon jetables et de mauvaise qualité. Même si la dernière innovation dans l’industrie des bas remonte aux années 1950 avec l’invention de l’élasthanne (le fameux « spandex » en anglais), elle ne s’est pas découragée et a poursuivi ses efforts.

« Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que nous pourrions utiliser les nouvelles technologies et les appliquer aux vêtements et créer non seulement de meilleures expériences pour les consommateurs, mais aussi, espérons-le, rendre plus durable un produit qui était en définitive jetable », explique l’entrepreneure avisée qui a remporté le Prix du Gouverneur général pour l’innovation en 2020 et qui a été nommée l’une des 100 femmes les plus influentes au Canada.

« Depuis le premier jour, la création de bas-culottes durables et générant moins de déchets a constitué notre principale motivation. Nous contribuons activement à faire de la mode éphémère une chose du passé. »

Exporter sa marque révolutionnaire aux États‑Unis a toujours fait partie de son plan de match.

« Nous savions dès le départ que les États-Unis allaient devenir notre premier marché », précise M^me Homuth, qui avait ciblé ce pays en raison de ses similitudes avec le marché canadien. Le fait qu’elle ait obtenu du soutien de Y Combinator, un accélérateur d’entreprises technologiques en démarrage basé en Californie, s’est aussi révélé un atout.

Elle a conclu que si Sheertex pouvait acquérir des clients aux États-Unis, d’autres acheteurs internationaux emboîteraient le pas.

Lancée au départ en tant qu’entreprise de vente directe aux consommateurs, Sheertex propose maintenant des bas-culottes haut de gamme qui se vendent entre 39 $ et 135 $ la paire, sont maintenant offerts chez de grands détaillants, comme H&M et Costco, et sont exportés à des acheteurs de l’Union européenne, du Royaume-Uni et de l’Australie.

Depuis 2017, le personnel de SRTX est passé à plus de 180 employés et deux nouveaux produits ont vu le jour :

• Watertex, un tricot hydrofuge prêt à révolutionner l’industrie des maillots de bain;
• Cortex Software, une plateforme qui permet d’automatiser les opérations de fabrication afin de réduire les répercussions sur l’environnement.
   

« Ce fut vraiment un long cheminement. Les tout premiers prototypes ressemblaient davantage à de la gaze qu’à des bas-culottes. Ils étaient blancs, non extensibles et ne ressemblaient à rien. Nous ne disposions pas des technologies nécessaires pour les assembler correctement », ajoute-t-elle.

Nous avons eu aussi des problèmes avec les collants qui s’accrochaient aux ongles, qui présentaient une couleur inégale et dont la ceinture élastique était mal ajustée.

Puisque les machines traditionnelles ne pouvaient pas fonctionner avec ce tricot robuste, l’entreprise avait besoin de sa propre installation de production à la fine pointe de la technologie. Toutefois, accéder au financement nécessaire à la construction d’une installation de 300 000 pieds carrés à Montréal n’allait pas être chose facile, surtout en période de pandémie mondiale. C’est là que nous avons sollicité Exportation et développement Canada (EDC) en vue d’obtenir un soutien financier.

En 2020, en collaboration avec RBC, l’institution financière de M^me Homuth, EDC a procuré à SRTX une Marge pour garanties de cautionnements bancaires, en soutien au cautionnement, ce qui a permis à RBC de dégager un fonds de roulement pour permettre à SRTX d’étendre ses activités. Lorsque SRTX a été prête à étendre davantage son nouveau siège mondial, la même Marge a été plus que doublée.
 

Grâce à un prêt direct d’EDC, SRTX a été en mesure de financer du nouvel équipement pour son usine, là où tout est fait à l’interne, de la production des bas-culottes jusqu’à leur expédition sur les marchés internationaux. « Je suis assise dans l’usine où presque tout l’équipement a été financé par EDC », a indiqué M^me Homuth lors de notre récent webinaire intitulé Bien démarrer 2024 : obtenir un prêt pour croître à l’étranger.

« Sans fournisseurs externes, les émissions liées au transport seront réduites, ce qui fera de SRTX une entreprise plus écoresponsable », explique M^me Homuth au sujet de son modèle d’entreprise entièrement vertical. « Il s’agit d’un énorme coup de pouce, d’un investissement considérable, et nous sommes vraiment convaincus que cela nous donne un avantage unique et distinctif dans l’industrie du vêtement, mais aussi dans le monde des matériaux. »

« Je ne pourrais être plus reconnaissante de l’appui et des conseils inégalés qu’EDC m’a prodigués tout au long du parcours de croissance de SRTX », affirme M^me Homuth, cette investisseuse providentielle chevronnée qui a réuni plus de 150 millions de dollars en capital-risque pour son entreprise. « Depuis son premier investissement, EDC a été un véritable partenaire », ajoute-t-elle. 

Écoutez le Balado anglais d’EDC Export Impact le 1^er mai, dans le cadre duquel Katherine Homuth partagera son parcours d’exportation avec notre animateur, Joe Mimran.