Alors que les restrictions COVID-19 commencent à se relâcher, les entreprises du monde entier passent en mode de récupération pour reconstruire leurs revenus et planifier pour l'avenir. Aujourd'hui, nous rencontrons deux Canadiennes du métier qui ont affronté leur propre adversité et découvrons les clés de leur succès.
Quand il est question d’égalité des sexes en commerce, Jennifer Cooke ne mâche pas ses mots.
« Le monde serait bien meilleur si le milieu des affaires et du travail comptait plus de femmes », a affirmé la responsable nationale de la stratégie pour les femmes dans le domaine du commerce d’Exportation et développement Canada.
« Si autant de femmes que d’hommes détenaient ou dirigeaient des entreprises dans le monde, l’économie mondiale augmenterait de 3 à 6 %, environ, soit de 2 500 à 5 000 milliards de dollars », a-t-elle précisé, citant une récente analyse du Boston Consulting Group.
Pourtant, seulement 16 % des PME canadiennes sont détenues par des femmes, et parmi elles, seulement 11 % exportent, s’est désolée Mme Cooke.
Ce n’est pas tout : toujours au Canada, les femmes n’occupent que 20 % des postes de direction d’entreprise, soit un sur cinq.
Mary Ng, ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international du Canada, est résolue à changer la donne en égalisant les chances d’accès au monde des affaires et du commerce.
Son but? Doubler le nombre d’entreprises détenues ou dirigées par des femmes d’ici 2025, ce qui pourrait ajouter 150 milliards de dollars à l’économie nationale.
EDC, pour montrer son engagement envers les entrepreneures et aider plus de femmes à conquérir des marchés étrangers, a annoncé en février l’ajout de 50 millions de dollars à son Programme d’investissement pour les femmes en commerce, ce qui porte l’enveloppe disponible à 100 millions de dollars.
Lauren Greig et Ella Louise Allaire sont deux clientes d’EDC qui ont fait une percée inspirante dans des secteurs dominés par les hommes. Curieux de connaître les défis auxquels les entrepreneures canadiennes font face et ce qu’il faut pour réussir à l’étranger, nous leur avons demandé de nous raconter leur histoire.
Changement de voie
Lauren Greig dirige l’exploitation de Miovision, une entreprise de SaaS (logiciel en tant que service) à la croissance fulgurante située à Kitchener, qui conçoit des solutions technologiques pour améliorer la fluidité de la circulation routière.
La comptable agréée a rejoint l’équipe de Miovision il y a environ 10 ans, alors que la jeune entreprise n’avait que 25 employés. Aujourd’hui, elle en compte presque 250. A janvier, l’entreprise a signé une transaction de financement de 120 millions de dollars avec Telus Capital de risque, en partenariat avec EDC, pour poursuivre sa saine croissance.
En tant que femme leader, Mme Greig a vécu des moments de doute, mais attribue sa réussite à trois facteurs.
- Parrainage. On m’a fortement encouragée à briguer des postes pour lesquels je n’étais pas toujours sûre d’être prête. Ces appuis étaient comme une petite voix dans ma tête qui m’a donné confiance quand je n’étais pas dans ma zone de confort ou que je doutais d’avoir ce qu’il fallait pour réussir.
- Résilience. Une carrière est parsemée de défis et d’échecs parfois difficiles à surmonter. Je ne sais pas si c’est parce que je suis une femme ou à cause de ma personnalité, mais je fais de chaque échec une affaire personnelle. Il faut apprendre que c’est normal de faire des erreurs, que ce sont des occasions d’apprentissage. Tout le monde peut se tromper.
- Direction diversifiée. Une équipe diversifiée apporte de la variété dans une organisation, c’est-à-dire différents points de vue, différentes idées, plus de créativité. J’ai aussi remarqué qu’on se met un peu plus au défi parce qu’on a plus tendance à remettre en question le statu quo.
De la musique aux marionnettes
À l’époque où elle a fondé Monlove en 2005, Ella Louise Allaire travaillait à Las Vegas pour le Cirque du Soleil. « J’ai décidé de travailler exclusivement pour mon propre compte », a confié la musicienne, compositrice et parolière primée.
Son studio de production montréalais offre tous les services, mais se spécialise en musique de théâtre intégré, de comédies musicales et de films.
L’Ère de glace a été la première adaptation hollywoodienne de l’entreprise, en 2011. Le spectacle de marionnettes grandeur nature a engrangé 125 millions de dollars. Cette année, Monlove a acheté à Warner Brothers les droits de production de Scooby-Doo et prévoit des recettes de 150 millions de dollars.
Mme Allaire, qui a composé de la musique de films destinés au grand écran tels qu’Avatar, Le Roi Scorpion 2 et Voyage au centre de la Terre, admet que ce n’est pas toujours facile d’être une femme dans l’industrie du divertissement. Voici ce qu’elle conseille aux autres femmes d’affaires :
- Poursuivez votre rêve. L’important n’est pas de viser un grand rêve, mais plutôt votre rêve à vous. Je ne m’attarde jamais au fait que je suis une femme. Vous avez une idée? Allez de l’avant! N’attendez pas le moment parfait, parce qu’il ne viendra peut-être jamais.
- Confiance et compétence. Si votre travail est inspirant et bien organisé, vous attirerez les gens. La qualité, c’est si important. En réunion, montrez que vous avez confiance en vous et que vous connaissez votre sujet sur le bout des doigts : vous capterez l’attention.
- Assumer pleinement son rôle. Personne ne vous donnera le poste de chef de la direction sur un plateau d’argent. Vous devez travailler fort pour réaliser vos objectifs et vos aspirations.