Même si le Canada est une nation commerçante par nature, l’essentiel de ses exportations a toujours convergé vers un seul marché : les États-Unis.
« Le Canada est une nation commerçante. Bien que nous représentions 0,5 % de la population du globe, nous comptons pour environ 2,3 % du commerce mondial », déclarait François-Philippe Champagne, ministre du Commerce international, dans une entrevue accordée à Politico en mars, durant son passage au Chili.
Aujourd’hui, ce partenariat économique a évolué en une relation commerciale exceptionnelle, la plus importante au monde, avec des échanges bilatéraux annuels s’élevant à 690 milliards de dollars, soit 2,4 milliards chaque jour.
Le Canada est le client numéro un des États-Unis. L’an dernier, nous y avons acheté pour plus de 338 milliards de dollars américains en biens et services. C’est donc dire que nous achetons plus des Américains que toute autre nation, les 28 pays de l’Union européenne y compris. Nous sommes de surcroît la première destination des exportations de 35 États américains.
Cependant, un nombre croissant d’entreprises canadiennes, dans le sillage de la grande récession provoquée par la crise financière de 2007 à 2010 aux États-Unis, qui a fait reculer les exportations canadiennes de 30 %, portent leur regard au-delà du 49e parallèle pour dénicher de nouveaux débouchés partout sur la planète.
Comme l’explique Todd Winterhalt, vice-président, Commerce international d’EDC, la diversification atténue les risques.
« Les entreprises qui diversifient leurs marchés sont moins à la merci des ralentissements au sein des économies régionales et de l’effet des cycles conjoncturels. Les produits dont la courbe naturelle des ventes est en déclin sur un marché donné peuvent s’écouler rapidement sur un autre où ils n’ont jamais été offerts auparavant. »
Quand on cherche à diversifier ses marchés d’exportation, il est tout naturel de considérer d’abord les pays signataires d’un accord de libre-échange (ALE) avec le Canada. En effet, le Canada a conclu 11 ALE avec 15 pays au total.
Éliminer les obstacles au commerce et créer de nouveaux débouchés. Bien que la suppression des droits de douane soit leur objectif premier, ces accords peuvent aussi régir d’autres aspects des échanges, notamment les contingents, les normes applicables aux produits, la main-d’œuvre et la propriété intellectuelle.
Pour reprendre les mots du premier ministre Justin Trudeau, « le commerce libre et équitable se traduit par une réduction des délais et des formalités administratives à nos frontières pour les transactions internationales ».
Le commerce libre et équitable se traduit par une réduction des délais et des formalités administratives à nos frontières pour les transactions internationales.
Faciliter la conduite des affaires à l’étranger a de quoi réjouir les entreprises canadiennes. Le défi, c’est de trouver comment faire travailler l’accord à son avantage sur le marché du pays partenaire.
La plupart des accords de libre-échange créent des conditions de concurrence équitables pour les entreprises dans les deux pays. Par exemple, avant l’entrée en vigueur en 2015 de l’Accord de libre-échange Canada-Corée du Sud (ALECC), les produits industriels vendus sur le marché sud-coréen de l’aéronautique étaient taxés à la frontière.
Les accords de libre-échange ont aussi d’autres avantages :
Procédures douanières
Simplification des procédures douanières, ce qui réduit les coûts liés aux activités commerciales.
Certification des produits
Facilitation de la certification locale des produits par les autorités canadiennes.
Formalités d'entrée
Allègement des formalités d’entrée au pays pour le personnel de l’entreprise.
Protection accrue
Protection accrue des investisseurs internationaux, ce qui rend les investissements dans le pays partenaire plus stables et prévisibles.
Marchés publics
Possibilité de soumissionner pour les marchés publics du pays partenaire.
L’existence d’un accord de libre-échange n’est qu’un facteur parmi tant d’autres à considérer dans la sélection d’un nouveau marché. Le principal, c’est de savoir si le marché convient ou non à votre entreprise. Pour ce faire, il faut réaliser une étude du marché, notamment pour sonder l’intérêt des consommateurs pour vos produits, trouver des partenaires locaux potentiels et établir la stratégie d’entrée idéale.
Beaucoup d’entreprises canadiennes poursuivent activement cette stratégie. Selon une étude récente de la Société internationale Livingston de Toronto, le nombre d’entreprises qui tirent parti d’au moins deux accords de libre-échange augmentera de 63 % dans les 12 à 24 prochains mois, principalement sous l’effet de l’intensification du commerce avec l’UE.
Quand on cherche à diversifier ses marchés d’exportation, il est tout naturel de considérer d’abord les pays signataires d’un accord de libre-échange (ALE) avec le Canada. En effet, le Canada a conclu 11 ALE avec 15 pays au total.
Surnommé le « Wayne Gretzky des accords commerciaux », l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne donnera aux entreprises canadiennes accès à un bassin de plus de 500 millions de consommateurs. Son entrée en vigueur, prévue cet été, éliminera 98 % des tarifs douaniers sur les marchandises circulant entre le Canada et l’UE.
Dans l’ensemble, l’AECG représente une porte d’entrée vers le deuxième marché mondial et une mine d’occasions pour les entreprises désireuses de diversifier leurs destinations d’exportation. Mais l’accord ne porte pas uniquement sur les tarifs : il encadre aussi l’harmonisation de la réglementation et la reconnaissance mutuelle des qualifications et des normes – si bien qu’on en parle comme « la référence pour les futurs accords commerciaux ».
Cela dit, les entreprises canadiennes ne doivent pas oublier que l’élimination des barrières tarifaires a pour corollaire l’intensification de la concurrence sur le marché intérieur, ce qui vaut pour tous les accords de libre-échange. Malgré le climat d’incertitude qui règne au sud de la frontière, bon nombre d’entreprises européennes chercheront à utiliser le Canada comme porte d’entrée pour s’immiscer dans les chaînes d’approvisionnement américaines.
Les débouchés qui découlent de l’AECG apporteront aussi leur lot de nouveaux défis, dont des subtilités totalement inédites pour bien des entreprises habituées au marché américain.
Voici quatre points auxquels les entreprises canadiennes désireuses de profiter de l’AECG ont intérêt à réfléchir :
- Langues et cultures : Bien qu’on puisse objecter que les États-Unis sont loin d’être homogènes, l’UE est incontestablement marquée par une plus grande diversité de langues et de cultures. Les entreprises doivent être attentives aux préférences culturelles et linguistiques locales, en plus de faire des recherches approfondies pour s’assurer que leurs produits ont ce qu’il faut pour remporter un succès durable dans un ou plusieurs pays en particulier. De plus, des poches de résistance contre l’AECG et le commerce mondialisé subsistent encore dans certains pays de l’UE, qui restent fermement déterminés à défendre bec et ongles leurs industries nationales.
- Conformité : Même si 98 % des dispositions de l’AECG pourraient entrer en vigueur dès mai 2017, d’autres ne prendront effet qu’à sa ratification par 27 des 28 États membres de l’UE. Les entreprises de toutes tailles auront donc intérêt à travailler avec leurs fournisseurs de services de commerce pour s’assurer que leur produit est conforme aux exigences de l’AECG, de manière à éviter les éventuels retards à la frontière et les perturbations consécutives de leur chaîne d’approvisionnement. Cette précaution vaut aussi bien pour les importateurs que pour les exportateurs.
- Perturbation : Comme mentionné plus haut, certains peuples européens demeurent fermement opposés à l’AECG, et plus particulièrement à son système de protection des investissements. S’il est courant qu’un accord commercial établisse un mécanisme de règlement des différends, compte tenu des disparités entre des régimes de droit des différents pays, celui de l’AECG, baptisé « système juridictionnel des investissements », a marqué les esprits. Ce mécanisme demeure une pomme de discorde entre certains pays de l’UE, qui lui reprochent d’accorder des pouvoirs démesurés aux grandes sociétés. Les entreprises doivent impérativement travailler avec leurs fournisseurs de services pour se préparer à réagir rapidement en cas de changement de politique, au cas où ces factions protectionnistes commenceraient à perturber la libre circulation des marchandises.
- Transport maritime : Comparativement à l’ALENA, l’AECG entraînera une hausse des volumes de marchandises transportées par mer. Or, l’industrie mondiale du transport maritime est actuellement dans une phase de consolidation majeure, aggravée par la récente faillite de Hanjin Shipping. Les entreprises canadiennes auront donc tout intérêt à collaborer avec leurs partenaires en matière de services commerciaux pour élargir leur bassin de transporteurs afin d’être en mesure de rectifier le tir sans délai en cas de perturbation du trafic maritime.