La reconstruction de l’Ukraine après les destructions causées par l’invasion russe sera sans doute « La reconstruction du siècle » dont les coûts s'élèveront à plus de 400 milliards d'euros, a annoncé récemment la Banque mondiale lors d’une conférence à Londres.
Fruit d’une collaboration entre le Royaume-Uni et l’Ukraine, la Conférence sur le rétablissement de l’Ukraine (Ukraine Recovery Conference ou URC 2023) a réuni des dirigeants politiques, des chefs d’entreprise, des organismes de crédit à l’exportation ainsi que des investisseurs de 60 pays, venus discuter des manières dont la communauté mondiale peut aider l’Ukraine à se remettre des dégâts considérables qu’elle a subis et ouvrir la voie à son avenir économique à long terme.
À chaque bombardement, les coûts augmentent et, selon certaines estimations, l’économie du pays pourrait avoir besoin de plus de 1 000 milliards de dollars en investissements pour la reconstruction. Même si de nombreux gouvernements, dont celui du Canada, se sont engagés à soutenir ces efforts, il est indéniable que le secteur privé devra se mobiliser.
Partenariats public-privé
La Société financière internationale (SFI, aussi connu sous son acronyme anglais IFC) estime que plus de 140 milliards de dollars pourraient provenir du secteur privé au cours des dix prochaines années, tout en soulignant l’importance d’établir des partenariats public-privé (PPP) en Ukraine pour atteindre cet objectif.
Une opinion analogue a été exprimée par le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, en décembre 2022. « Avec IFC, nous œuvrons à l’instauration de conditions permettant de stimuler le flux d’investissements privés dans notre économie, notamment par le biais de PPP. Ensemble, nous espérons lancer des projets de qualité dédiés au redressement de l’Ukraine. Nous sommes reconnaissants envers nos partenaires pour ce soutien », a déclaré M. Chmyhal dans un communiqué de presse de la SFI portant sur la nécessité d’accroître les investissements du secteur privé.
L’Ukraine a un besoin criant d’investissements pour renforcer sa capacité de production dans tous les secteurs afin de satisfaire à la demande de plus en plus pressante de reconstruction des infrastructures essentielles et de soutenir le rétablissement global du pays à long terme.
Pour permettre des investissements à plus grande échelle, il faut réduire les risques. À ce chapitre, des organismes multilatéraux, notamment Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), British International Investment (BII), l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) et la Société de financement du développement international des États-Unis (DFC), ont dirigé les efforts mondiaux en matière d’assurance contre les risques de guerre, une démarche que le Canada appuie activement.
« Afin de maintenir les relations commerciales qui soutiennent le commerce transfrontalier de l’Ukraine, la DFC, BII et la MIGA ont l’intention de partager les risques liés aux échanges extérieurs de la SFI, ce qui fera passer la capacité de son programme de financement du commerce mondial en Ukraine de 200 millions de dollars à près de 300 millions de dollars. Grâce à ce soutien, la SFI et ses partenaires seront en mesure d’offrir l’accès à une enveloppe pouvant atteindre 1 milliard de dollars pour le financement d’importations et d’exportations au cours des trois prochaines années », peut-on lire dans un communiqué de la SFI (en anglais seulement) de juin 2023.
Besoins par secteur
Les dirigeants présents à la conférence de juin ont toutefois clairement indiqué que l’argent n’était pas le seul enjeu. L’expertise, les compétences, les connaissances et le soutien technologique sont tout aussi importants.
Voici certains besoins spécifiques selon les secteurs d’activité :
- Agroalimentaire :
- Le déminage des terres. On estime que 30 % du territoire ukrainien a été miné.
- De la machinerie pour remplacer le matériel détruit et du matériel neuf pour accroître l’efficacité, notamment dans le domaine de la transformation alimentaire.
- De nouvelles installations de stockage de céréales.
- Énergie :
- Des technologies plus vertes et plus propres, y compris : énergies renouvelables, bioénergie et hydrogène.
- De l’énergie nucléaire.
- L’intégration dans les réseaux de l’Union européenne pour permettre l’exportation.
- Infrastructures :
- De nouveaux réseaux d’aqueducs et d’égouts.
- Construction de chemins de fer.
- Ports et aéroports.
- Construction résidentielle.
- Infrastructures des services de santé, y compris : hôpitaux et centres de réadaptation, matériel et ressources pour les soldats et les citoyens.
Accords de libre-échange modernisés
Les entreprises canadiennes bénéficient depuis longtemps de l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine (ALECU), qui est entré en vigueur en août 2017. Cet accord a éliminé les droits de douane pour de nombreux groupes d’exportations et amélioré l’accès au marché dans de grands secteurs, comme l’agroalimentaire, les infrastructures, l’énergie, les technologies propres, les métaux et les mines, ainsi que les technologies de l’information et des communications.
L’ALECU a été modernisé en avril 2023 afin d’inclure des chapitres sur l’investissement, les services, l’autorisation de séjour temporaire pour les gens d’affaires, les services financiers, le commerce numérique, les règles d’origine permettant le cumul de matières provenant de partenaires de libre-échange communs, le commerce et les questions de genre et, pour la première fois, un chapitre sur le commerce et les peuples autochtones.
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Pour les entreprises qui souhaitent participer au rétablissement de l’Ukraine, il est important de bien cibler les efforts pour qu’ils soient véritablement fructueux. L’établissement de partenariats et d’alliances, que ce soit avec des entreprises locales ou des consortiums internationaux, est un bon point de départ.
Ces partenariats seront importants, car ils vous procureront des connaissances locales essentielles et une compréhension de la réalité des affaires en Ukraine. Avoir une personne de confiance dans votre équipe qui parle la langue du pays, même si ce n’est pas une condition préalable, aide énormément.
Maintenir l’engagement
Exportation et développement Canada (EDC) continue de surveiller de près la situation sur le terrain en Ukraine, de travailler avec les exportateurs canadiens et les investisseurs qualifiés intéressés par le marché et de fournir du soutien grâce à sa gamme de produits.
EDC reste également en contact avec ses partenaires gouvernementaux pour explorer de nouvelles façons de soutenir les échanges commerciaux canado-ukrainiens et de fournir une aide supplémentaire aux entreprises canadiennes qui cherchent à faire des affaires en Ukraine.
Les entreprises canadiennes intéressées peuvent également participer à des événements spéciaux consacrés à la reconstruction de l’Ukraine. La deuxième édition de l’expo-conférence internationale ReBuild Ukraine aura lieu à Varsovie, en Pologne, les 14 et 15 novembre prochains.
Pour de plus amples renseignements, consultez le site du Centre aide-export d’EDC, où vous trouverez toutes les mises à jour pertinentes. Vous pouvez également communiquer avec notre équipe spécialisée, à l’adresse EDCUkraine@edc.ca.
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