Ashley Kanary, directeur de la stratégie agroalimentaire à Exportation et développement Canada, s’y connaît en alimentation. Ancien cadre supérieur dans l’industrie, il est derrière certaines des marques et certains des produits les plus connus au Canada, du chili de Tim Hortons au jus de pomme Allen’s.
« Je suis convaincu que vous avez dans vos armoires des produits que j’ai créés », affirme celui qui possède plus de 30 ans d’expérience dans le secteur de l’épicerie. « J’ai créé le jus de pratiquement toutes les marques maison qu’on trouve sur le marché : du Choix du président, à Metro, en passant par Sobeys et Walmart. J’ai créé des produits alimentaires pour Tim Hortons, dont des soupes en boîte, et pour Primo, Oasis et Rougemont. Sans cette expérience professionnelle, je ne pourrais pas faire mon travail à EDC. »
Celui qui a obtenu un certificat spécialisé en stratégie à la Harvard Business School attribue sa réussite au fait d’avoir gravi les échelons et d’avoir étudié tous les aspects de cette industrie. Né à Toronto, il a grandi aux côtés de ses trois frères, qui ont tous travaillé comme cadres supérieurs dans des sociétés du secteur alimentaire, dont Kraft, Cadbury/Motts et Old Dutch. « Ma mère était actrice de cinéma. Elle a joué de seconds rôles toute sa vie. Mon père était professeur d’université. Ils m’ont beaucoup inspiré. Mes frères ont tous bien réussi et ont gravi les échelons professionnels. »
Fort de toutes ses connaissances dans le secteur de l’alimentation et des marques maison, il a passé beaucoup de temps ces deux dernières années à rencontrer des entreprises de taille moyenne, qui lui ont parlé de leurs besoins. Il a ainsi pu créer une bonne stratégie pour le volet agroalimentaire d’EDC. Il se concentre sur trois grands domaines de croissance :
- les protéines végétales;
- les produits de marque maison;
- l’innovation.
Ashley Kanary s’est donné pour mission de repousser les limites en alimentation −comme un saumon végétalien fait de carottes et d’algues, des grillons comme source de protéines et l’impression de « viande » en 3D, possiblement à base de soya, de protéines de pois, de pois chiches et de betteraves.
« Ça vous semble dégoûtant? Eh bien, j’ai mangé de la “viande” imprimée en 3D récemment et je n’ai pas vu de différence entre cet aliment et un steak. C’était tout à fait délicieux. À l’arôme et au goût, on aurait dit un steak cuit à point, mais il était entièrement d’origine végétale. Ça se passait en Europe, mais le Canada investit aussi dans ces technologies par l’entremise de sociétés de financement par capitaux propres. C’est ça l’innovation : créer du nouveau.
« J’ai passé ma vie à créer des nouveautés. Je vois naturellement l’innovation. Je me suis entraîné à ne chercher que ça », explique avec passion le cadre supérieur.
Ashley Kanary d’EDC (à g.) participe à une foire commerciale sur l’alimentation aux États-Unis.
Il ne fait aucun doute que l’agriculture et l’agroalimentaire sont des industries d’importance au Canada. Ces dix dernières années, nous nous sommes classés au cinquième rang des plus grands exportateurs de produits agricoles au monde et au onzième rang des plus grands fournisseurs de produits agroalimentaires. Ce secteur représente environ 7 % de notre produit intérieur brut (PIB) et fait travailler 2,1 millions de Canadiens.
Selon une récente édition du rapport Secteurs en vedette produit par les Services économiques d’EDC, les perspectives des exportations agroalimentaires canadiennes sont très bonnes cette année. L’exportation des récoltes de 2022 va se poursuivre durant la première moitié de 2023 et si les conditions météorologiques permettent une autre bonne saison de croissance, nos producteurs devraient pouvoir compenser une partie du manque à gagner qu’a entraîné la guerre en Ukraine. L’accroissement de la production est de bon augure pour les transformateurs canadiens, puisque cela leur permet de mettre sur le marché du blé, du canola et d’autres produits agricoles indispensables. On s’attend à ce qu’en 2023, les exportations agroalimentaires canadiennes augmentent encore de 16 %, après avoir connu une croissance de 13 % en 2022.
Ross Prusakowski, directeur du Centre d’information économique et politique d’EDC, souligne que ce secteur est un élément crucial de l’offre commerciale du Canada, mais qu’il est aussi très vulnérable aux événements qui se produisent dans le monde.
« La guerre en Ukraine, l’imposition de tarifs douaniers ou de contrôles à l’exportation dans d’autres pays et même le coût de l’expédition peuvent rapidement avoir un effet sur les perspectives de nos exportations agroalimentaires. Voilà pourquoi le travail du Centre d’information économique et politique consiste entre autres à bien comprendre ces événements et leurs répercussions sur le Canada pour que nous puissions mieux informer les clients et les partenaires d’EDC », explique-t-il.
L’agroalimentaire au Canada vaut quelque 83 milliards de dollars en exportations, indique Ashley Kanary. « Notre ambition est d'augmenter considérablement ce chiffre d'ici 2030. Ce secteur pourrait combler jusqu’à 27 % du déficit commercial du Canada, voilà pourquoi il constitue l’une des grandes priorités de la stratégie 2030 d’EDC, qui vise à faire croître les exportations canadiennes. »
EDC est là pour prêter main-forte aux entreprises
Pour répondre à une telle demande, il faut un effort collectif. EDC a mis en place sa stratégie et possède les connaissances nécessaires. Ashley Kanary se concentre donc sur la création d’un canal de communication privilégié au sein du secteur agroalimentaire d’EDC pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde.
EDC a les connaissances et l’expertise qu’il faut pour aider les entreprises à croître ici, à percer le marché des États-Unis et à démystifier tout ce qui touche l’exportation à l’extérieur de l’Amérique du Nord.
Durant son enquête, Ashley Kanary s’est rendu compte que 85 % des clients d’EDC souhaitaient exporter vers les États-Unis, mais n’étaient pas à l’aise à l’idée de percer d’autres marchés dans un horizon de trois à cinq ans. Son équipe cherche à aider les exportateurs à accélérer leurs activités et à explorer d’autres régions du globe, comme l’Indo-Pacifique et l’Europe.
« Des clients nous disent souvent avoir de la difficulté à expédier leurs produits en Chine et à comprendre les règles et les lois en Europe. Ils ne savent pas à qui s’adresser et ignorent s’ils respectent bien les exigences. En outre, ils perçoivent les coûts comme un obstacle. Si nous pouvons répondre à leurs questions pour les aider à exporter plus rapidement, c’est une grande victoire pour nous. »
Dans les deux prochaines années, Ashley Kanary et son équipe entendent publier 50 vidéos sur les médias sociaux pour diffuser notre message en ce qui concerne l’agroalimentaire et faire connaître notre désir de trouver des innovations et rapporter ces idées au Canada pour que le pays demeure concurrentiel à l’échelle mondiale. EDC souhaite s’associer à des entreprises canadiennes, à des associations du secteur, aux provinces, aux institutions financières et à des partenaires fédéraux.
Les grands défis
Ashely Kanary discute régulièrement avec des dirigeants d’entreprise. Il a ainsi appris que parmi leurs principales préoccupations figurent :
- la main-d’œuvre et l’automatisation;
- la compétitivité;
- le fonds de roulement.
« Selon la taille de l’entreprise, il faut une méthode sur mesure pour chaque client, parce que chaque cas est différent. Vous devez donc développer les capacités nécessaires. Il y a beaucoup d’excellentes sociétés alimentaires dans le monde. La question est de savoir si nous pouvons fabriquer nos produits plus rapidement que nos concurrents américains et européens. Pouvez-vous surpasser les Suisses dans le domaine du chocolat ou les États-Unis dans le domaine des conserves? La réponse est oui. C’est par l’innovation et l’automatisation que nous pouvons y parvenir. »
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Les répercussions de la guerre en Ukraine
Le Canada est l’un des plus grands exportateurs de potasse, de canola, de graines de lin, de blé et d’orge. Nous pourrions donc être en mesure de combler le manque causé par la guerre en Ukraine. Selon Ashley Kanary, le Canada devrait toujours se tenir prêt à réagir à la prochaine catastrophe ou au prochain phénomène météorologique.
« Il y aura toujours un événement qui se produira quelque part dans le monde. En ce moment, c’est la guerre en Ukraine. La question est de savoir comment, en tant que pays, nous préparer à la prochaine crise et comment nous allons la traverser. En 2021, mère Nature n’était pas de notre côté et les récoltes en ont souffert – elles étaient environ 30 % inférieures à la moyenne. Mais les choses sont revenues à la normale. Nous sommes mieux placés aujourd’hui pour combler le manque causé par la guerre en Ukraine et pour planifier l’avenir. Mais nous devons trouver le moyen de mieux nous préparer à faire face au prochain événement majeur et à la croissance de la population. »
L’importance des relations
Ashley Kanary estime que le nouveau partenariat avec l’association des fabricants de marques maison aux États-Unis s’est avéré fructueux pour EDC, qui est encore mieux en mesure d’aider ses clients. « Cette adhésion nous donne accès à des données, nous informe sur les tendances aux États-Unis et sur toutes sortes de choses dans toutes les catégories du commerce du détail. Nous comprenons donc mieux comment fonctionnent les marques maison. »
« À mes débuts à EDC, il y a plus de deux ans, nous n’avions qu’une épicerie partenaire aux États-Unis alors que 87 % des entreprises souhaitaient exporter vers ce marché. L’un de nos grands objectifs consiste donc à élargir notre réseau pour que nos clients puissent y vendre leurs produits et exploiter la force de ce réseau », conclut Ashley Kanary.
Pour en savoir plus, consultez le profil d’Ashley Kanary ou communiquez avec Exportation et développement Canada (EDC). Faites appel à nos solutions pour trouver des renseignements sur le marché, obtenir des conseils, trouver des débouchés à l’étranger, atténuer les risques et plus encore. Pour parler à l’un de nos conseillers en exportation, consultez notre Centre aide-export.