L’agroalimentaire en Europe
Voici un fait important : l’Europe figure au troisième rang des plus grands importateurs de produits agroalimentaires, après les États-Unis et la Chine. En 2021, le total de ses importations avoisinait les 171 milliards de dollars canadiens. Malheureusement, la part du Canada ne représentait que 2 % de ce total. Mais pour les entreprises canadiennes ingénieuses, cela veut seulement dire que les possibilités de croissance abondent.
De la ferme à l’usine et de l’usine au consommateur, l’agroalimentaire en général demeure l’un des plus importants secteurs de l’économie de l’Europe. Il génère déjà un chiffre d’affaires annuel de 1 600 milliards de dollars, et si l’Europe souhaite relever le défi de la sécurité alimentaire dans les prochaines années, elle doit absolument le développer.
Cela dit, seulement 1,7 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Europe provient de ce secteur, et comme il y a peu de terres agricoles disponibles, il est difficile de faire croître les activités agricoles. Ajoutons que comparativement à d’autres secteurs, les entreprises agroalimentaires et les producteurs de cette région ont mis du temps à adopter de nouvelles méthodes.
Par conséquent, beaucoup de gouvernements et de sociétés en Europe investissent massivement dans les technologies agroalimentaires. Songeons à la Stratégie de la ferme à la fourchette (en anglais seulement) de l’Union européenne, qui présente un investissement de 135 milliards de dollars en faveur du virage vert qui englobera des pratiques durables en matière de transformation et de distribution alimentaires.
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Lisez ce rapport des Services économiques d’EDC sur les défis et les débouchés de ce marché en plein essor.
Tendances dans l’agroalimentaire et facteurs déterminants
Le paysage agroalimentaire de l’Europe se transforme rapidement, en partie à cause de la guerre en Ukraine, mais aussi en raison des habitudes de consommation et des politiques gouvernementales qui évoluent. Voici les principales tendances et les facteurs qui en sont à l’origine.
- La guerre en Ukraine
Avant la guerre, l’UE se procurait 57 % de son maïs, 20 % de son blé tendre et près de 25 % de ses huiles végétales en Ukraine. Elle importait également 30 % de son engrais de la Russie. Or les combats nuisent au secteur agroalimentaire de l’Europe, surtout en causant du tort aux chaînes d’approvisionnement.
De façon générale, la guerre a des répercussions sur la disponibilité des céréales, du maïs, du poisson, des produits de la mer et de l’engrais, et elle a provoqué l’augmentation du cours de ces produits de base. Il en résulte de fortes pressions inflationnistes, bien qu’une pénurie alimentaire ne soit pas à prévoir dans l’immédiat. Le risque de pénurie pourrait tout de même augmenter, car les chaînes d’approvisionnement suivent difficilement la cadence de la demande en produits de base.
- Importance de la sécurité alimentaire
Les gouvernements, les producteurs et les consommateurs prennent conscience de la nécessité de préserver l’approvisionnement alimentaire pour leur population. Les changements climatiques et les événements géopolitiques régionaux ont favorisé cette prise de conscience, qui pousse à accroître la production intérieure et à diversifier les sources d’approvisionnement, qu’on peut garantir par le commerce et les investissements.
- Hausse du coût des aliments et achats sélectifs
Les contraintes dans l’expédition des marchandises de l’Asie vers l’Europe conjuguées à l’incroyable augmentation des prix de l’énergie et à la guerre en Ukraine ont provoqué une hausse marquée du prix des aliments. À la recherche de rabais, les consommateurs européens se tournent vers les marques maison, qui offrent la qualité des grandes marques, mais à moindre coût. Le Canada est très fort dans ce domaine.
- Évolution des habitudes de consommation
Ces habitudes évoluent rapidement et continueront de le faire. L’inflation, la sensibilisation aux pratiques durables et le souci de manger sainement font partie des facteurs à l’origine de cette tendance. Plus précisément :
o De plus en plus de consommateurs recherchent les produits durables et biologiques, comme les aliments végétaliens et végétariens, les produits de substitution à la viande ainsi que la viande et les produits de la mer issus de pratiques durables.
o La demande pour les produits à base de protéines est à la hausse, surtout les protéines végétales comme les lentilles.
o L’augmentation du prix de ces produits ne décourage pas les consommateurs. Ils évitent par contre les épiceries bios pour se tourner vers les magasins au rabais et les marques maison
Accords de libre-échange conclus par le Canada et les marchés européens
Si vous explorez les débouchés en agroalimentaire en Europe, sachez que les entreprises canadiennes disposent d’un avantage de taille : nos accords de libre-échange avec le Royaume-Uni et l’UE.
- Conformément à l’AECG, l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, 98 % des marchandises canadiennes importées en UE sont exonérées des droits de douane. L’AECG garantit également que les entreprises canadiennes et celles des pays membres de l’UE qui investissent et exercent des activités dans la zone euro sont traitées sur un pied d’égalité. Ainsi, une entreprise canadienne peut soumissionner aux appels d’offres pour les marchés publics dans les pays de l’UE ou s’associer à une entreprise locale qui soumissionne à l’un de ces appels d’offres. Cet accord facilite en outre la mobilité de la main-d’œuvre et donne aux professionnels spécialisés canadiens la possibilité de travailler temporairement en UE.
- Le Canada a conclu un accord semblable avec le Royaume-Uni. Entré en vigueur en avril 2021, l’Accord de continuité commerciale Canada–Royaume-Uni s’inspire largement de l’AECG.
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Minéraux critiques, agroalimentaire et foresterie : les occasions et les risques pour les entreprises canadiennes
Débouchés dans le secteur agroalimentaire européen
Bien des secteurs et sous-secteurs offrent des débouchés aux entreprises canadiennes. Songeons aux technologies propres, par exemple, qui favorisent la production alimentaire selon des pratiques durables et facilitent l’amélioration de la gestion de l’eau et le traitement des eaux usées. Il y a aussi la numérisation, sur laquelle reposent l’agriculture fondée sur les données, l’automatisation et la robotique.
Parmi les principaux débouchés :
Technologies agricoles
Elles englobent par exemple le sous-secteur des technologies agricoles intelligentes et les pratiques durables, notamment :
Numérisation et agriculture intelligente
- agriculture fondée sur les données
- surveillance des données agricoles
- IA dans la gestion des semis, le dépistage des maladies et l’utilisation de l’équipement agricole
- automatisation et robotique
- technologies des drones
- véhicules autonomes
Principaux joueurs : les fabricants d’équipement agricole. Ce marché devrait atteindre 3,2 milliards de dollars en 2026.
Agriculture de nouvelle génération
- agriculture urbaine
- agriculture verticale et hydroponique
- phytotechnie
- technologies de régulation de la température
- serres intelligentes
- agriculture de précision
- nanofertilisants
- nanotechnologies
- imagerie aérienne
- télécapteurs
Principaux joueurs : les fabricants d’équipement et les sociétés du secteur des sciences de la vie et de la bio-ingénierie. Ce marché devrait atteindre 2,7 milliards de dollars en 2028.
Pratiques durables
- agriculture régénératrice
- technologies de bioproduction
- produits biochimiques
- bio-ingénierie s’appuyant sur l’activité microbienne
- recyclage
- réutilisation des résidus agricoles
- gestion de l’eau
Principaux joueurs : les entreprises du secteur des sciences de la vie et les fabricants de produits chimiques. On s’attend à ce que d’ici 2030, les producteurs de pesticides européens investissent 5,4 milliards de dollars dans la création de biopesticides.
Technologies alimentaires
Les nouvelles habitudes de consommation, la numérisation et la réduction de l’empreinte environnementale pourraient ouvrir des débouchés aux entreprises canadiennes spécialisées dans ces domaines :
Habitudes de consommation
- aliments à base de cellules
- protéines de remplacement
- aliments fonctionnels
- sciences alimentaires
- aliments et boissons
- biotechnologies
- technologies d’édition génique CRISPR
Principaux joueurs : les fabricants d’équipement, les entreprises du secteur des sciences de la vie et les producteurs d’aliments et de boissons. Ce marché devrait atteindre 36,5 milliards de dollars en 2028.
Numérisation et réduction de l’empreinte environnementale
- transformation intelligente des aliments
- technologies de pointe
- nanotechnologies
- automatisation et robotique
- emballages
- logistique
- réduction des déchets
- amélioration de la durée de conservation
Principaux joueurs : les entreprises de transformation des aliments, les fabricants d’emballages et les entreprises en contact direct avec la clientèle. La Stratégie de la ferme à la fourchette mise en œuvre par l’UE présente un investissement de 135 milliards de dollars en faveur du virage vert, de 2021 à 2027.
Il devient évident que les possibilités dans l’agroalimentaire européen ne se limitent pas à la vente d’équipement agricole et d’aliments. L’agroalimentaire en général évolue en UE. Les secteurs liés à la production alimentaire auxquels on ne penserait pas de prime abord, comme l’IA et les nanotechnologies, prennent de plus en plus de place, si bien que les entreprises canadiennes de différents secteurs et sous-secteurs ont maintenant accès à de nombreux débouchés, plus particulièrement dans le domaine de la numérisation, des technologies propres, de la fabrication de pointe, des pratiques durables, de la gestion de l’eau et des eaux usées et des produits de marque maison.
Est-ce que votre entreprise fait partie de l’un ou l’autre de ces domaines? Pour examiner les possibilités, communiquez avec Exportation et développement Canada (EDC). Nos solutions peuvent vous aider à vous renseigner sur les marchés, à obtenir des conseils, à trouver des débouchés en Europe, à gérer les risques et plus encore. Pour joindre un conseiller à l’exportation d’EDC, consultez notre Centre aide-export.