Alors que le monde prend des mesures radicales mais nécessaires pour endiguer la propagation de la COVID-19 et sauver des vies, les premiers indicateurs montrent que ces mesures – et leurs incidences sur les entreprises – affectent durement l’économie mondiale. Le sondage mené auprès du Panel de recherche d’Exportation et développement Canada (EDC) révèle que peu d’entreprises sont épargnées par la crise.
Les répercussions économiques de cette pandémie restent largement inconnues. Si les statistiques officielles accusent un retard par rapport aux développements rapides qui surviennent dans l’économie, les sondages permettent de mesurer promptement l’impact d’une conjoncture sur les marchés. À ce titre, le sondage d’EDC nous donne un aperçu de la manière dont la pandémie affecte les entreprises canadiennes exerçant des activités sur le marché intérieur et à l’international.
Répercussions : Les résultats du sondage confirment l’ampleur des bouleversements économiques. Une poignée d’entreprises déclarent ne pas subir les contrecoups de la pandémie; toutefois, les trois quarts des répondants affirment que la crise a fait chuter leurs ventes.
Et cette chute est brutale. En effet, dans l’ensemble, les répondants font état d’une diminution d’environ 15 % de leurs ventes de janvier à la mi-avril, le recul étant légèrement plus marqué pour les ventes à l’exportation que les ventes sur le marché intérieur. Notons que ces répercussions sont très concentrées chez plus d’un répondant sur trois dont les ventes ont fléchi de plus de 50 % depuis janvier.
Dans ce contexte, une question se pose : combien de temps cela va-t-il durer? La plupart des entreprises sondées s’attendent à ce que les impacts de la COVID-19 sur leurs ventes persistent jusqu’à l’automne, et 40 % pensent même que ces impacts perdureront jusqu’en 2021.
Bon nombre d’entreprises ont des besoins pressants en matière de financement – et plus l’économie tarde à redémarrer, plus ces besoins augmentent. Près d’un cinquième des répondants indiquent qu’ils devront combler des besoins additionnels dans ce domaine d’ici la mi-mai, tandis que 58 % estiment que cela se produira d’ici le mois de juillet. Ces chiffres mettent en évidence l’importance de plusieurs des programmes gouvernementaux qui sont rapidement déployés pour répondre aux besoins essentiels des entreprises.
Ce n’est sans doute pas une surprise : les petites entreprises sont généralement les plus durement touchées au niveau des ventes et possèdent les coussins financiers les plus minces; elles représentent donc le segment où les besoins financiers sont les plus urgents.
À la question demandant aux répondants d’exprimer leur « principale préoccupation », plus d’un répondant sur cinq désigne la COVID-19 comme une menace à l’existence de son entreprise et fait part de ses craintes de devoir fermer boutique dans six mois.
Réactions : Les entreprises composent avec les effets du virus de diverses façons : elles réduisent leur production, pas moins de 29 % des répondants ayant cessé leurs activités à ce chapitre; elles diminuent le nombre d’heures de travail et les salaires de leurs employés; enfin, elles recourent au licenciement, trois plus de répondants ayant procédé à des mises à pied temporaires plutôt que permanentes.
Comme on l’a vu lors des guerres tarifaires et commerciales, les entreprises savent faire preuve de résilience et d’ingéniosité en des temps difficiles. Nous avons tous lu ces récits d’entreprises ayant réorienté leur production pour fournir des produits en forte demande. Par exemple, des fabricants de pièces automobiles produisent de l’équipement de protection personnel; des acteurs du secteur du vêtement confectionnent des masques stylisés; et des distilleries se convertissent dans la production de désinfectant pour les mains. Ces « réorientations » ressortent dans notre sondage. De fait, pas moins de 16 % des entreprises sondées déclarent avoir déjà réorienté leur production et environ le même pourcentage envisagent de faire de même.
La COVID-19 engendre une autre conséquence : elle accélère des tendances à long terme qui sont plus lentes à se développer. À l’heure de la distanciation sociale et de la fermeture des locaux des entreprises, plusieurs transactions doivent s'effectuer en ligne – et cette situation avantage des entreprises. C’est notamment le cas de certaines brasseries qui ont amélioré leurs résultats d’affaires, les consommateurs se tournant vers les fournisseurs locaux et les achats en ligne afin de gagner du temps et d’éviter d’être exposés au virus. Notre sondage révèle que la plupart des répondants sont en mesure de réaliser une partie de leurs ventes en ligne, et qu’un quart d’entre eux peuvent effectuer la totalité de leurs ventes en ligne. Cependant, un cinquième des entreprises interrogées affirment ne pouvoir réaliser aucune vente en ligne; à l’évidence, ces entreprises seront les plus durement touchées.
Le commerce international pâtit de l’annulation des contrats, des retards d’expédition causés par l’incertitude entourant les dates de livraison, de la suspension des activités des fournisseurs, des restrictions en matière de déplacement ainsi que des difficultés à entretenir des relations avec des clients et des fournisseurs se trouvant dans d’autres pays. Il semble donc que la COVID-19 oblige les entreprises à modifier leurs chaînes d’approvisionnement en temps réel. Certaines des entreprises sondées ont déjà changé de fournisseurs (6 % sur le marché intérieur; 9 % sur les marchés mondiaux), et elles sont deux fois plus nombreuses à envisager de modifier leurs chaînes d’approvisionnement.
Conclusion?
La pandémie mondiale a profondément changé notre quotidien. Il faudra des mois avant d’obtenir les statistiques économiques officielles. Or, les sondages nous donnent un aperçu de la conjoncture à un moment particulier. Le sondage d’EDC révèle qu’à la mi-avril les entreprises canadiennes ont souffert des impacts de la COVID-19, même si certaines entreprises ont réussi à adapter leur modèle d’affaires pour tirer leur épingle du jeu dans ce nouveau contexte.
EDC continuera de suivre de près l’évolution de la situation en s’appuyant sur le sondage qu’elle mène auprès du Panel de recherche et sur son sondage de l’indice de confiance commerciale, et ce, tout en continuant d’offrir ses services d’information sur les marchés et de financement. Il reste à espérer que les résultats du sondage du mois prochain montrent des d’améliorations. D’ici là, restez en sécurité!