Le nombre de nouvelles infections au coronavirus est en recul à l’échelle mondiale. C’est là une première depuis la longue odyssée commencée il y a un an, si on exclut quelques brèves améliorations. La tendance actuelle, résolument à la baisse, se poursuit depuis la mi-janvier. La fin de la pandémie est-elle en vue ou est-ce plutôt le prélude d’une nouvelle vague d’infections?

Les prédictions faites de part et d’autre s'étant révélées fausses, les analystes craignent maintenant de se prononcer. Rappelons-nous : la fin de cette crise était annoncée pour la mi- 2020, puis en septembre, puis à la fin de l'année. Chaque fois, pourtant, on a fait fausse route. Le recul anticipé du nombre de cas s’est invariablement transformé en une nouvelle vague encore plus dévastatrice que la précédente. L'année s'est terminée par une double flambée : la hausse d'avant les Fêtes a laissé place à une détente du nombre de cas, puis à une nouvelle augmentation presque aussi forte après ce congé. Si on fait abstraction de la baisse du nombre de cas pendant le temps des Fêtes, aucun épisode de toute la série ne se compare à la diminution actuelle.

Comment expliquer notre extrême difficulté à prévoir ces différentes vagues? Sur ce front, la gouvernance est un facteur décisif : la réouverture fait grimper le nombre d'infections, ce qui incite les gouvernements à prendre des mesures en vue d'un confinement partiel ou total, selon le pays et le contexte qui y prévaut. Les progrès face à la crise sont d’ordinaire mesurés en fonction du degré de réussite à « aplanir la courbe ». Or, chaque réouverture fait repartir à la hausse le nombre de cas et perpétue ce cycle. L’activité économique, quant à elle, suit ces fluctuations.

La tendance actuelle est encourageante et se démarque tant par l’ampleur que par la durée de la baisse du nombre de cas. Cette fois, la donne aurait changé. Et si la tendance se maintient, le nombre de nouvelles infections atteindrait le zéro absolu d’ici le 24 mars, ce qui semble presque trop beau pour être vrai. 

Les gouvernements sont confrontés à un problème concret aux multiples facettes : comment relancer l'économie sans provoquer une nouvelle vague d'infections? Comment nous protéger des nouveaux variants encore plus virulents provenant du Royaume-Uni, de l'Afrique du Sud et du Brésil? Une autre question incontournable se pose : pendant encore combien de temps peut-on mettre en veilleuse l'activité économique et accroître la dette publique pour traverser cette pandémie?

Par chance, la situation semble différente cette fois. Plusieurs vaccins ont été approuvés et leur production à grande échelle devance largement les projections initiales. Le recul actuel du nombre d’infections survient bien avant l’effet escompté des vaccins récemment administrés, et ce repli est principalement attribuable aux confinements. Si les vaccins sont efficaces, le nombre de nouveaux cas devrait s’orienter à la baisse; il y aurait donc d’autres bonnes nouvelles sur ce front. L’avenir serait prometteur. 

Mais comment refaire tourner à pleine vapeur la locomotive économique? Pour y parvenir, il sera essentiel de relancer les secteurs les plus éprouvés, notamment l'activité touchant les restaurants, les cinémas ainsi que la tenue d'événements sportifs et artistiques. Le secteur du voyage sera également au cœur de cette relance, mais il ne sera pas facile de faire revenir dans les aéroports une population hésitante face à la menace du coronavirus. Les problèmes de ce genre sont bien connus et nous savons que les forces du marché peuvent y remédier. Au début, on pourra venir à bout de ces hésitations en consentant des rabais – et certains voyageurs se laisseront forcément tenter. D'autres constateront qu'il est à nouveau sécuritaire de voyager et voudront aussi en profiter. Pour que cette dynamique s’installe, le nombre de cas doit continuer de diminuer. 

Par la suite, de nouveaux défis se présenteront. Les gouvernements retireront progressivement puis totalement les programmes de soutien en réponse à la COVID-19. Les banques adopteront des politiques moins tolérantes et commenceront à resserrer leurs portefeuilles. Enfin, les agences de notation procéderont sans doute à une évaluation complète de la dette publique qui a explosé au cours de la dernière année dans bon nombre de pays. On pourrait bénéficier d'un sursis : en effet, si le rebond est suffisamment robuste, ces mesures pourraient fort bien être remises à plus tard.

Conclusion?

La pandémie a éprouvé les économies de la planète de façons innombrables et inédites. Voilà pourquoi triompher de la pandémie ne sera pas une mince tâche. Une chose apparaît avec clarté en analysant les vagues d’infection : mal gérées, elles paralysent la reprise et accentuent la propagation du virus. Face à la présente vague, nous pouvons compter sur une accélération des programmes de vaccination. Sortir victorieux de cet épisode apporterait un immense réconfort. Garder la cadence avec le sursaut de la croissance pourra être l’autre défi qui nous attend. Espérons que ce soit le cas!