Ces temps-ci, les exportateurs ne trouvent pas beaucoup de réconfort dans les nouvelles diffusées dans les médias. Les problèmes persistants des chaînes d’approvisionnement, la pénurie de main-d’œuvre, la hausse du coût des intrants et la guerre en Europe orientale dominent l’actualité – et laissent leur marque sur les résultats de l’indice de confiance commerciale (ICC) d’Exportation et développement Canada.

Au début de 2022, les exportateurs canadiens étaient très optimistes, bien qu’un peu moins que lors des pics atteints à pareille date l’an dernier en raison de l’incertitude entourant le repli causé par la pandémie. L’avenir s’annonçait prometteur, malgré de multiples défis, et des perspectives positives appuyaient un regain continu de l’activité. 

Les plus récents résultats du sondage sur l'ICC, publiés le 6 juin, illustrent le sentiment général de confusion et d’agitation qui gagnent les entreprises canadiennes, qu’elles exportent ou non. L’indice global a chuté une deuxième fois de suite, perdant près de 8 points, pour s’établir à 69,1 – soit bien en deçà de sa moyenne historique de 73,2. 

Vu la portée mondiale des défis actuels, cette chute est observable dans toutes les régions, chez toutes les tailles d’entreprise et dans tous les secteurs, sauf les industries extractives où la montée des cours pour les principales matières premières industrielles semble faire souffler un vent d’optimisme. 

Tous les éléments de notre indice ont contribué au déclin : les ventes d’exportation, les ventes sur le marché intérieur, la situation économique mondiale et les occasions d’affaires internationales. Les répondants se disent également très préoccupés par le contexte économique mondial. 

Les exportateurs interrogés font état d’importants vents contraires provenant de diverses sources. Le conflit actuel en Ukraine, l’envolée de l’inflation, les difficultés des chaînes d’approvisionnement mondiales et les déséquilibres sur le marché du travail ont tous un impact sur les marges bénéficiaires et les stratégies à court terme. Dans leurs réponses concernant leurs projets, les répondants considèrent la manière dont les banques centrales comptent s’attaquer à l’inflation et éviter des attentes inflationnistes prolongées. Dans cette édition de mi-année, plus de 40 % des répondants appréhendent une dégradation des conditions de financement, ce qui est une nette hausse par rapport à notre dernier sondage de décembre.


Les conditions économiques générales ne font pas que voiler les perspectives à court terme. En fait, la majorité des entreprises canadiennes estiment que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les tensions inflationnistes auront des effets à plus long terme. Plus de la moitié des répondants s’attendent à ce que les difficultés des chaînes d’approvisionnement persistent en 2023 et près de 70 % s’attendent à que les tensions inflationnistes perdurent après avril 2023. Cette situation influera sur le coût des intrants, la capacité concurrentielle, la capacité de retenir les talents en vue de répondre aux demandes des consommateurs et, enfin, la planification des activités commerciales.

Les crises économiques de cette ampleur obligent d’habitude les entreprises à se diversifier. Or, le contexte mondial incertain, les attentes d’un maintien de l’inflation et les incidences sur les chaînes d’approvisionnement incitent bon nombre de répondants à réduire leurs projets d’exportation ou d’investissement à l’étranger. 

Seulement 64 % des répondants (contre 78 % lors de notre sondage de la fin de 2021) prévoient maintenant exporter vers de nouveaux pays, et surtout vers des marchés traditionnels de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest. Sur le front de l’investissement, à peine 21 % prévoient investir à l’étranger, ce qui représente une diminution de quatre points de pourcentage.

Moins d’entreprises comptent investir à l’international, mais les répondants affirment vouloir encore investir, pour le moment du moins, et 37 % ont toujours l'intention d'accroître leurs investissements à moyen terme. Cela dit, les intentions du côté de l’embauche se sont un peu modérées dans un contexte d’incertitude, les répondants affirmant avoir encore de la difficulté à recruter de la main-d’œuvre qualifiée.

Conclusion?

Notre sondage révèle que l’incertitude grandissante mondiale rend les exportateurs canadiens moins optimistes au sujet des perspectives commerciales. À l’heure actuelle, leurs activités avec les États-Unis restent robustes, ce qui est en accord avec nos perspectives économiques. Près de 90 % des répondants notent que leurs commandes américaines sont en augmentation ou stables, et qu’ils entendent poursuivre sur leur lancée de l’an dernier. Pour sa part, la production continue de reprendre une partie du terrain perdu : chez 26 % des répondants, les niveaux de production ont dépassé ceux d'avant la pandémie, une hausse de trois points de pourcentage par rapport à la fin de 2021.

À mesure que les tensions engendrées par la guerre en Ukraine diminuent, que la logistique des chaînes d’approvisionnement s’améliore et que la politique monétaire se resserre, nous pouvons espérer que le retour à la stabilité à l’échelle mondiale renforcera la confiance, et que ce regain sera visible dans notre prochain sondage de l’ICC, en décembre 2022.

Tous nos remerciements à Prerna Sharma, qui fait ses débuts comme économiste principale à EDC, pour sa contribution à la présente édition. Nous te souhaitons la plus chaleureuse des bienvenues et sommes ravis de te compter parmi nous.

Les Services économiques d’EDC vous invitent à leur faire part de vos commentaires. Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à nous les communiquer (Economics@edc.ca) et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future du Propos.