Préparez-vous : dans moins d’un mois, on connaîtra les données du produit intérieur brut (PIB) du Canada pour le deuxième trimestre de 2020. Pourquoi la mise en garde? Parce que les résultats seront décevants. Les dernières données couvrent l’intervalle de trois mois le plus impacté par la pandémie. Le rouge sera donc omniprésent, et il faudra sans doute s’attendre à une réaction immédiate des marchés. Il faudra garder à l’esprit que ces données retracent le chemin parcouru par l’économie. Le fait que ces données sont sur une base trimestrielle voilera une performance plus éclatante dans les mouvements mensuels. Ça tombe bien parce que nous sommes justement en mal de bonnes nouvelles. Alors, quels éléments du tableau sont positifs?

Statistique Canada nous donne un aperçu du mouvement des données. Vendredi dernier, les chiffres mensuels du PIB ont été publiés. Même si cette information n'est pas aussi actuelle, elle permet de formuler des observations essentielles qui nous aideront à nous préparer à la publication des chiffres des trimestres à venir. 

  • Le premier constat important est que l'économie a atteint son niveau le plus bas pendant ce trimestre. Le mois d'avril a été le plus éprouvant.
  • La quasi-totalité des secteurs a amorcé une remontée en mai grâce à un rebond de 4,5 %. 
  • L’Estimation éclair de juin dresse un portrait encore plus favorable : on y trouve les signes précurseurs que l’activité économique a gagné à nouveau 5 % et a commencé le troisième trimestre à un niveau de quelque 4,8 % supérieur à la moyenne du deuxième trimestre. Et tout renforcement de la croissance viendra appuyer cette lancée. 

Une croissance de cette ampleur est une excellente nouvelle à cette étape-ci; mais quel est son impact?

  • Les données d’avril montrent que l’activité économique était de plus de 18 % inférieure au pic d’avant la crise de la COVID-19, après correction de l’inflation.
  • Les résultats de mai ont montré une progression, mais ils sont restés tout juste en deçà de 15 % des niveaux d’avant la pandémie. 
  • L’élan s’est accéléré en juin, à tel point qu’il reste à regagner 10 % pour effectuer un « retour à la normale ». En fait, il y a encore du chemin à parcourir avant de revenir à la réalité que nous connaissions. 

En passant, il s’agit d’une performance moyenne qui oscillera entre le meilleur et le pire. Que nous disent les données sur le parcours effectué par les divers secteurs? En avril, au pire de la crise, le secteur des services a durement écopé. Les services d’hôtellerie et de restauration ont vu s’évaporer les deux tiers de leur activité, et la situation n’a guère été plus enviable pour les secteurs des arts et du divertissement, du transport, de l’entreposage, du détail et des autres services. 

Quels secteurs s’en sortent le mieux? La filière agricole a été à peine touchée; ce fut aussi le cas des finances et de l’assurance; quant aux services publics, il a suivi de près. La construction, la fabrication et le groupe des services, qui englobent la santé et l’éducation, figuraient quant à eux en milieu de peloton.  

Quels secteurs sont les fers de lance de la reprise? 

  • En mai, la construction et le secteur du détail ont tous deux fait un bond dans les deux chiffres par rapport à la part de production perdue depuis le pic d’avant la pandémie, et ils se sont hissés tous les deux tout juste au-dessus de la moyenne. 
  • Par ailleurs, les secteurs des finances et de l’assurance ont été les moins affectés pendant le mois, tandis que les secteurs de l’agriculture primaire et des services publics ont maintenu leur position dominante. 
  • Les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ont orchestré une remontée respectable, mais leur chute a été si nette en avril qu’ils demeurent de loin les plus affectés, devançant les arts et le divertissement. 
  • Signe probable des difficultés traversées par le secteur des exportations, les sous-secteurs du transport et de l’entreposage ainsi que de la fabrication se sont retrouvés dans le palmarès des secteurs les plus touchés. 

Il est encore plus difficile de commenter les chiffres du mois de juin : nous avons une estimation de la croissance totale, certes, mais pas beaucoup plus. Si nous présumons qu’il existe des tendances semblables à l’ensemble des secteurs, tout comme ce fut le cas en mai – ce qui est sans doute une exagération –, on peut affirmer que les secteurs producteurs de biens seront dans une meilleure situation que la plupart des secteurs de services. 

Le même raisonnement vaut pour la construction, les finances, l’assurance et l’agriculture, qui remontraient dès juin au niveau d’avant la pandémie. Les secteurs de l’immobilier, des services publics et du commerce de détail suivront de près. 

De l’autre côté du spectre, sans surprise, les secteurs des arts et du divertissement ainsi que de l’hôtellerie et de la restauration maintiendront des niveaux d’activité représentant en moyenne 50 % de ceux d’avant la pandémie, et cette situation persistera sans doute en 2020. Les exportateurs devraient prendre note que les secteurs de la fabrication et du transport, de même que ceux du transport et de l’entreposage continueront à éprouver des difficultés : leur activité restera par conséquent inférieure à la moyenne des secteurs qui sont sur la voie de la reprise.

Dans le cas du secteur de la fabrication, cela dépendra beaucoup de la tenue du sous-secteur en question. En effet, la production et la machinerie pâtissent en raison du resserrement des dépenses des entreprises. Le secteur du transport profite du retour rapide de la production dans l’industrie automobile. Enfin, les secteurs du textile et des métaux primaires semblent aussi se retrouver en fin de peloton. Les aliments, les boissons, les produits chimiques, les meubles et les appareils ménagers sont en ce moment les étoiles du secteur de la fabrication.

Conclusion?

Les données publiées précédemment continuent de dresser un tableau inquiétant. Pourtant, en examinant les détails, on détecte les signes d’une véritable reprise. À vrai dire, le contexte évolue de façon si rapide et radicale que les détails n’ont jamais été aussi importants. Ces détails nous indiquent que l’économie remonte la pente, et nous permettent de déterminer les secteurs en difficulté et ceux dont les affaires s’améliorent.