Tout peut changer en quelques mois.

L’été dernier, l’équipe des Services économiques d’Exportation et développement Canada (EDC) a constaté que l’économie mondiale était résolument en mode relance – une relance toutefois inégale. L’écart grandissant entre les économies avancées et les économies développées, d’ailleurs noté dans notre plus récente édition des Perspectives économiques mondiales, devient encore plus manifeste au cours du présent trimestre.

Malgré les préoccupations entourant la montée de l’inflation, les contraintes constamment exercées sur les chaînes d’approvisionnement et le marché de l’emploi, de même que la crise de l’énergie qui frappe une bonne partie de l’Asie et de l’Europe, la notation des risques commerciaux à court terme des Services économiques d’EDC semble s’être stabilisée et prend maintenant du mieux. Cette situation est presque exclusivement observée dans les économies riches qui ont profité, d’une part de formidables programmes de relance budgétaires et monétaires mis en œuvre par les gouvernements lors de la pandémie et, d’autre part, de campagnes de vaccination de plus grande ampleur.

Bien entendu, il faut mettre le tout en perspective. Depuis le début de l’année, plusieurs marchés ont bénéficié d’une notation revue à la hausse, mais il reste beaucoup à faire pour contrebalancer les diminutions de notation qui ont eu lieu au pic de la pandémie en 2020. Les perspectives s’annoncent plus encourageantes cette année et l’an prochain pour les entreprises, mais les progrès seront tout sauf linéaires. En effet, la fin des aides publiques pourrait déclencher une vague de faillites. Qui sont les plus à risques? Les secteurs et les pays les plus endettés aux premiers jours de la pandémie et ceux qui ont augmenté leur endettement durant cette crise planétaire.


La tendance pour les risques à court terme est positive. Qu’en est-il des perspectives pour les risques pays à moyen et à long termes? Après une envolée d’un an et demi de la dette souveraine dans nombre de pays, de faibles augmentations sont désormais constatées. Le risque souverain semble s’être stabilisé, mais nous ne sommes pas pour autant encore complètement tirés d’affaire. À vrai dire, un plus grand nombre de défauts souverains étaient attendus pendant la pandémie. Néanmoins, l’effet conjugué des faibles taux d’intérêt et de la suspension du service de la dette pour les marchés en difficulté a amorti ce choc. Certains pays pourraient tout de même se trouver en situation de défaut advenant une hausse des taux d’intérêt et la fin des aides bilatérales.

Étant donné que les banques centrales, et en particulier la Réserve fédérale américaine, devraient commencer à relever leur taux l’an prochain, les gouvernements devraient assumer des coûts d’emprunt accrus. Les banques centrales sur de grands marchés émergents comme le Brésil, la Russie et le Mexique ont déjà commencé à augmenter les taux afin de réduire les tensions inflationnistes. À la différence des perturbations causées par le retrait de l’assouplissement quantitatif en 2013, depuis le début de 2021, les mouvements de capitaux vers les marchés émergents semblent demeurer stables. 

L’indice Emerging Market Bond Spread est un indice global qui permet d’évaluer le risque systémique. Cet indice se situe en ce moment près de sa moyenne sur dix ans et se trouve à un niveau nettement inférieur par rapport à celui des moments les plus sombres de la pandémie en 2020.

Concernant les trois risques politiques auxquels les Services économiques d’EDC attribuent une notation – soit les risques de violence politique, d’expropriation ainsi que non-transfert et de non-convertibilité –, on observe plus de bonifications que de dégradations des notations par rapport au dernier trimestre. Les améliorations sont en grande partie attribuables à l'amélioration des notations du risque de non-transfert et de non-convertibilité. Ce risque évalue la possibilité qu’un débiteur soit incapable de convertir des fonds en monnaie locale en devises et de les transférer hors d’un pays donné. Sur ce front, les marchés émergents ont mené la charge, en particulier les pays du Golfe, qui sont de grands bénéficiaires d’un embellissement des perspectives pour le secteur du pétrole. Encore une fois, le contexte ici a toute son importance : depuis le début de la pandémie de COVID-19, le rapport des dégradations aux améliorations, du moins en ce qui a trait aux risques politiques, est environ de 3 à 1. Il faudra donc du temps avant d’espérer un retour à la normale.

Malgré un nombre légèrement supérieur d’améliorations que de dégradations de la notation des risques de violence politique – qui est attribuable à des facteurs propres à chaque pays –, la tendance générale est une progression croissante de l’agitation sociale. D’après l’Institute for Economics and Peace, avant la pandémie, les manifestations de masse s’étaient accentuées à l’échelle du globe par un facteur de 2,5 entre 2011 et 2019. Les enjeux à l’origine de la violence politique – les inégalités salariales, l’inefficacité de l’État et la présence de régimes pratiquant la répression, entre autres – se sont aggravés pendant la pandémie. Le mécontentement est particulièrement fort dans les pays à revenu moyen, notamment le Brésil et la Thaïlande qui ont affiché les pires bilans en matière de gestion de la pandémie

Conclusion?

Même s’il subsiste des risques majeurs de dégradation – risques qui entretiennent des liens toujours plus serrés –, le tableau de la relance de l’économie mondiale se précise peu à peu. Après un intervalle prolongé ponctué de révisions à la baisse en raison du choc de la pandémie, l’évolution des notations au dernier trimestre révèle que les risques pays se sont stabilisés et que la situation s’améliore. Voilà une bonne nouvelle. Cependant, si on fait abstraction de notre perception teintée par la morosité de la pandémie, nous constatons que plusieurs pays sont plus vulnérables qu’il y a deux ans.

Sur ce, je vous invite à consulter l’Analyse trimestrielle des risques pays pour être au fait de l’évolution la plus récente des marchés qui revêtent le plus d’intérêt pour votre entreprise.