À la lumière des premiers indicateurs, nous savons maintenant que les mesures de confinement visant à contrer la COVID-19 – imposées pour sauver des vies et freiner la propagation de ce virus mortel – ont très durement éprouvé l’économie mondiale. Cette dernière connaît son repli le plus marqué et synchronisé depuis la Grande Dépression.
Mais nous en avons encore beaucoup à apprendre sur les conséquences de cette pandémie pour les entreprises canadiennes. Étant donné que la situation évolue rapidement et que les statistiques économiques officielles tardent à être publiées, EDC a mené son propre sondage en ligne en avril 2020 afin de recueillir des renseignements actuels auprès des exportateurs d’ici. Grâce aux 114 réponses reçues, nous avons pu brosser un portrait plus net des répercussions initiales sur les ventes enregistrées au pays comme à l’international, sur le déroulement des activités et sur les chaînes d’approvisionnement.
Voici 10 grandes conclusions du sondage :
1. Les effets de la COVID-19 se font sentir dans à peu près tous les secteurs.
Peu d’entreprises sont épargnées. Ce sont environ les trois quarts des répondants qui rapportent une incidence négative sur leurs ventes (à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières), tandis qu’une fraction bien plus petite fait état d’effets positifs.
2. La COVID-19 a des effets défavorables importants sur les ventes au Canada et à l’étranger.
Les réponses au sondage dénotent une baisse d’environ 15 % des ventes sur le marché intérieur et des ventes à l’exportation de janvier à la mi-avril. Les répercussions les plus lourdes se concentrent chez plus du tiers des répondants qui font état d’un recul de plus de 50 %.
3. On s’attend généralement à ce que les effets perdurent jusqu’à l’automne 2020, voire au-delà.
Si les estimations varient beaucoup, la plupart des répondants croient que leurs ventes seront touchées durant plus de trois mois, soit jusqu’à l’automne et peut-être même jusqu’à 2021.
4. Les besoins financiers sont criants pour bon nombre d’entreprises, et ils ne feront que s’aggraver au fil du confinement.
Près d’un répondant sur cinq affirme qu’il aura besoin de financement dans les 30 jours, et 58 % qu’ils en auront besoin d’ici juillet.
5. Les petites entreprises auront généralement besoin de fonds plus tôt que les autres.
Parmi les entreprises sondées, les plus petites (à savoir les « microentreprises » et les « petites entreprises », dont les ventes annuelles s’établissent respectivement en deçà de 2 M$, et entre 2 M$ et 10 M$) ont fait état des besoins financiers plus pressants que les grandes.
6. La survie des entreprises est un grand sujet d’inquiétude.
À la vue de ces réponses, il n’est pas étonnant qu’une personne sondée sur cinq considère la COVID-19 comme une menace existentielle, craignant sincèrement que son entreprise ne soit plus en activité dans six mois.
7. Les entreprises ont pris des mesures pour composer avec la COVID-19 et les consignes d’éloignement physique.
Entre autres mesures, notons l’interruption ou la diminution de la production et des heures travaillées; la mise à pied d’employés; et la réorientation vers des produits en ligne ou demandés. Vu les pressions financières, les entreprises sont déjà à la recherche de soutien. Près de la moitié des répondants (47 %) ont sollicité de l’aide pour atténuer les effets de la COVID-19 sur leur entreprise.
8. La COVID-19 transforme les chaînes d’approvisionnement.
L’exportation est mise à mal, entre autres, par les résiliations de contrats et les retards divers, les problèmes de trésorerie et les restrictions imposées sur les déplacements. Parmi les problèmes qui touchent les chaînes d’approvisionnement, les répondants mentionnent l’incertitude entourant les dates de livraison, le ralentissement des expéditions, la fermeture de fournisseurs et les retards de production. Un certain nombre de répondants avaient déjà changé de fournisseurs (6 % au pays; 9 % à l’étranger), et environ le double envisageaient de modifier leur chaîne d’approvisionnement.
9. L’éloignement physique et le confinement imposent le commerce en ligne, et certaines entreprises y sont mieux préparées que d’autres.
La plupart des entreprises peuvent réaliser au moins une partie de leurs ventes en ligne ou autrement qu’en personne, et un quart arrive à répondre à toutes les commandes de cette façon. À l’inverse, environ un répondant sur cinq n’est pas en mesure de conclure de ventes en ligne – ces entreprises sont beaucoup plus durement touchées que les autres. Celles dont les capacités Web sont bien développées ont pu atténuer leurs pertes.
10. Même les services essentiels ne sont pas épargnés.
Dans notre sondage, 56 % des répondants ont dit offrir des « services essentiels » selon la définition de leur province. Leurs réponses ne sont pourtant pas statistiquement très différentes des autres, ce qui porte à conclure que malgré le maintien des activités, la « nouvelle normalité » qu’est l’éloignement physique nuit considérablement aux affaires.
Précisions sur le sondage
Ce sondage en ligne mené auprès du Panel de recherche d’EDC a fourni un échantillon de 114 répondants volontaires, tous des décideurs qui connaissent bien les activités de leurs entreprises respectives, lesquelles reflètent la composition générale du bassin d’entreprises canadiennes sur les plans de la taille, de la région et des secteurs. Toutefois, étant donné la taille de l’échantillon, la marge d’erreur du sondage est plus grande qu’à l’habitude : +/- 9,1 %, assortie d’un intervalle de confiance de 95 %.
Le sondage a été mené du 9 mars au 17 avril 2020. À ce moment-là, diverses mesures étaient en place au Canada et dans le monde pour freiner la COVID-19, notamment : restrictions des activités commerciales non essentielles; avis de confinement; fermetures d’écoles; restriction des déplacements.