Quand les entrepreneurs canadiens songent à exporter, la Colombie leur vient rarement à l’esprit. En effet, le pays traîne une réputation d’instabilité, héritage d’une longue histoire de troubles politiques – une réputation dont la Colombie veut vite se défaire.
Tous les liens sont disponibles en anglais seulement.
Dans la foulée des récents accords de paix avec les guérillas, le gouvernement colombien s’apprête à ouvrir plus de secteurs aux investisseurs étrangers, ce qui fera du pays l’un des plus intéressants à suivre dans les prochaines années. La création d’un climat favorable aux investisseurs, des réformes offrant aux propriétaires d’entreprises étrangères une meilleure protection juridique et l’amélioration du système fiscal contribueront toutes à montrer la Colombie sous un nouveau jour : celui d’une plaque tournante de l’investissement en Amérique latine.
La Colombie étant un marché en développement, le besoin d’infrastructures et de réseaux modernes s’y fait de plus en plus sentir. C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’électricité, qui doit se renouveler rapidement pour répondre à la demande croissante des consommateurs, surtout industriels (compagnies minières) et résidentiels. Voici quelques tendances notables dans ce secteur :
- Une volonté d’attirer plus d’investisseurs dans le secteur de l’électricité.
- L’augmentation des cibles et un resserrement de la réglementation pour stimuler le développement de sources renouvelables non classiques, comme l’énergie solaire, éolienne et géothermique, l’hydroélectricité (petites installations) et la biomasse.
- Les progrès dans l’intégration des réseaux régionaux, comme en témoignent les projets Colombia–Panama Electric Interconnection (opérationnel d’ici 2018) et Andean Electrical Interconnection System entre l’Équateur, le Pérou et le Chili (opérationnel d’ici 2022).
Voici un aperçu visuel du secteur.
Lois et réglementation favorisant l’énergie renouvelable en Colombie
Le secteur colombien de l’énergie étant dominé par les combustibles fossiles et l’hydroélectricité, le gouvernement s’efforce depuis peu d’encourager le développement des sources d’énergie renouvelable non classiques. Pour ce faire, il s’est donné comme objectif d’accroître la capacité de ces sources à 11,113 MW en 2018 (contre 9,893 MW en 2013) et a adopté, en mai 2014, la loi 1715, qui encadre l’intégration et la promotion de ces sources et favorise tant l’efficacité énergétique que les mesures visant à répondre à la demande.
La loi 1715 établit un cadre juridique et des mécanismes pour promouvoir l’utilisation des énergies non classiques et favoriser les investissements, la R-D dans les écotechnologies. Elle encourage aussi la production décentralisée, en permettant aux producteurs situés près des centres de consommation et branchés à un réseau de transport local d’acheminer directement leur électricité aux consommateurs. Néanmoins, même si l’adoption de la loi remonte à près de trois ans, très peu de ses dispositions ont pu être appliquées.
Les défis
En Colombie, l’énergie renouvelable a un potentiel considérable : le pays reçoit une insolation moyenne de 4,5 kWh/m2/jour. C’est plus qu’en Allemagne et au Canada, où elle varie entre 3 et 4 kWh/m2/jour. De même, la vitesse du vent y est élevée et atteint 9 m/s en moyenne. Toutefois, le développement de l’énergie renouvelable à l’échelle commerciale a été relativement lent, comparativement au Chili et au Brésil, deux pays voisins. Cette pénétration limitée s’explique par deux principaux facteurs :
- la dépendance à l’hydroélectricité, relativement abordable vu l’abondance d’eau (dépendance qui s’est toutefois traduite par des pannes pendant les années d’El Niño);
- le manque d’infrastructures de transport pour acheminer l’énergie renouvelable du Nord-Est du pays (région avec le plus grand potentiel de production) aux centres de demande.
De plus, le gouvernement ne subventionne pas les énergies renouvelables.
Les occasions
Le réseau de transport électrique du pays vieillit et n’est plus fiable : en effet, plusieurs régions doivent composer avec des pannes de plus de 20 heures chaque année. Ces problèmes limitent énormément l’intégration de nouvelles installations de production d’énergie renouvelable. Tant qu’on n’investira pas dans des réseaux de transport qui permettent le développement de l’énergie solaire et éolienne à l’échelle commerciale, le secteur de la production décentralisée restera la principale source de débouchés pour les entreprises d’énergie renouvelable au pays.
Il serait aussi possible de déployer des mini-réseaux dans les zones non interreliées du pays, soit la majeure partie de la forêt amazonienne et les régions andines difficiles d’accès. Les collectivités rurales et éloignées qui ne sont pas connectées au réseau principal de transport ont souvent moins de huit heures d’électricité par jour. Les gens consomment donc surtout du diesel, mais vu l’insolation élevée dans plusieurs de ces régions, les panneaux solaires photovoltaïques sont en voie de devenir une option plus abordable. C’est pourquoi la BID, par l’entremise de Bancóldex (banque nationale de développement), a approuvé en février 2016 un prêt de 9,3 millions de dollars américains pour encourager les investissements privés dans la production d’énergie renouvelable dans ces régions.
L’efficacité énergétique est un autre secteur plein d’avenir en Colombie. En effet, la consommation d’énergie n’est pas optimale dans certaines industries : par exemple, le secteur du transport compte pour 39 % de la demande totale en énergie du pays, comparativement à une moyenne mondiale de 31 %, et la réfrigération compte pour 70 % de la consommation d’énergie des petites entreprises colombiennes. Par conséquent, les entreprises qui proposent des gains d’efficience peuvent jouer un rôle vital dans le portefeuille énergétique du pays, grâce à son potentiel élevé, mais inexploité, de production d’électricité et de réduction des coûts.
Le contexte commercial
Depuis les années 1990, la Colombie tente de libéraliser l’ensemble de son économie pour favoriser l’investissement privé. Parmi les mesures adoptées en ce sens, notons des dispositions légales et constitutionnelles visant à créer un marché stable pour les investisseurs, une meilleure application de la règle de droit, l’aménagement d’un cadre juridique clair, l’établissement de règles de concurrence loyales et un accès simplifié aux marchés.
À l’heure actuelle, le gouvernement colombien encourage activement l’investissement direct étranger issu de pays comme le Canada. Les deux pays ont une solide relation, et les entreprises canadiennes ont bonne réputation en Colombie. En effet, les Colombiens s’intéressent vivement aux partenariats avec elles, car ils sont de plus en plus nombreux à voir le Canada comme une source de produits technologiques de qualité – une tendance qui s’accentue rapidement. Si le pays projette une telle image, c’est surtout grâce à l’excellente réputation et à l’envergure des entreprises canadiennes présentes en Colombie, comme Repsol, Nexen, la Banque Scotia, Continental Gold, McCain Foods, le Collège LaSalle, Brookfield Asset Management, SNC-Lavalin et Norton Rose Fulbright.
La Colombie est le cinquième partenaire commercial du Canada en Amérique latine et aux Antilles (si on exclut le Mexique), et sa cinquième destination d’investissement en Amérique centrale et du Sud. À la fin 2015, l’investissement direct canadien en Colombie frôlait les 2,5 milliards de dollars.
Que faut-il en conclure?
La Colombie est un marché émergent ouvert à l’innovation étrangère. Grâce à son énorme potentiel encore inexploité dans le secteur de l’énergie renouvelable, à la facilité d’y faire des affaires et à sa bonne relation avec le Canada, c’est un marché attrayant pour les écoentreprises canadiennes. Celles qui cherchent à percer à l’étranger feraient donc bien de s’y intéresser. Pour en savoir plus sur le réseau électrique colombien, le contexte commercial et les débouchés à l’exportation, veuillez télécharger le dernier rapport de l’AEC sur l’exportation en Colombie.