Marie-Josée Richer et Alon Farber ont lancé une initiative pour changer le monde grâce à des aliments certifiés biologiques. C’est ce qu’ils appellent « le mouvement snacktiviste ».
Le couple a fondé ensemble PRANA Biovégétaliens, une entreprise montréalaise de collation bio à base de plantes qui produit notamment des mélanges randonnée, des fruits séchés, des noix rôties et des graines de chanvre et de chia. Fiers défenseurs d’une alimentation saine, les cofondateurs affirment que les aliments font plus que simplement nous nourrir. Selon Marie-Josée Richer : « La nourriture rassemble les gens. Elle a un aspect social. Elle nourrit les cœurs et les âmes. »
Elle affirme aussi que c’est la mission de créer des collations saines, sans gluten et sans organismes génétiquement modifiés (OGM) dans un contexte respectueux de l’environnement qui anime la « famille PRANA », constituée d’environ 100 employés.
L’entreprise s’efforce continuellement de réduire ses retombées sur l’environnement, notamment en plantant des arbres, en s’approvisionnant auprès de sources durables et en réduisant considérablement la consommation d’eau et le gaspillage dans son usine.
Alon Farber explique : « Nous croyons en une économie socialement responsable, mue par des entreprises qui ont une culture forte. Nos activités peuvent servir de moteur de changement positif. »
L’histoire
Prana est un mot sanskrit qui signifie « énergie vitale », nous raconte Marie-Josée Richer, une mère de trois enfants qui a rencontré son mari il y a environ 20 ans lors d’un voyage en Inde. Tous les deux végétaliens, les amoureux partageaient une passion pour l’alimentation saine et le soutien aux agriculteurs locaux. Ils ont donc rapidement ouvert un petit restaurant de village où ils servaient des plats faits avec des légumes de saison.
« À l’époque, les végétaliens étaient perçus comme des extra-terrestres », décrit Marie-Josée Richer, qui au départ souhaitait aussi intégrer un centre de santé à son restaurant pour proposer des séances de yoga et de méditation.
Mais en 2005, le couple a finalement décidé de rentrer au Canada et de fonder au Québec une entreprise d’aliments biologiques. Avec 10 000 $ en poche, ils ont commencé à vendre des noix rôties et des petits plats préparés dans des marchés de producteurs et grâce au bouche-à-oreille.
« Dans ces années-là, les produits certifiés biologiques n’étaient pas très populaires, et il était difficile d’en trouver, se remémore Alon Farbe. Mais pour nous, manger sainement tout en respectant les cycles naturels et les écosystèmes, c’était important. »
De là est né le « mouvement snacktiviste ».
Décrit sur le site Web de PRANA comme un mouvement visant à « créer un système alimentaire plus durable », le snacktivisme « repose sur l’idée que les petites actions de chacun peuvent collectivement faire une grande différence ».
Exportant maintenant leurs produits aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, en France et bientôt en Chine et au Mexique, les entrepreneurs visionnaires ont des objectifs ambitieux : « Nous voulons changer le monde en réparant le système alimentaire. Nous voulons encourager les gens à devenir snacktivistes et à prendre position en faveur des vrais aliments. C’est un mouvement vers un mode de vie plus durable et plus sain. ».
En 2015, PRANA a reçu la certification B Corp, qui reconnaît l’effet positif des entreprises de tous les secteurs sur l’environnement ainsi que sur leurs clients, leurs employés et leur collectivité. PRANA s’est donc jointe à une communauté mondiale de plus de 2 000 entreprises dispersées dans 60 pays et 130 secteurs.
Marie-Josée Richer souligne que d’obtenir une telle certification, qui confirme qu’une entreprise est intègre, transparente et responsable sur les plans tant social qu’environnemental, a été une expérience aussi valorisante qu’inspirante.
« Avoir un effet positif est une de nos valeurs fondamentales. Nous sommes animés par cet objectif; nous avons cette intention quand nous préparons nos produits. »
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Voyez comment EDC a aidé les entreprises à s'adapter
Les défis de la COVID-19
En mars, quand le gouvernement a imposé un confinement et exigé la fermeture des ports et des usines dans le but de freiner la propagation du coronavirus, les ventes de PRANA ont dégringolé.
« Les consommateurs ont eu peur et sont passés en mode survie », commente Marie-Josée Richer au sujet des foules qui se sont ruées dans les magasins pour faire des réserves de papier de toilette, de savon antibactérien et d’essentiels pour le garde-manger. Les collations biologiques PRANA n’étaient pas en priorité sur les listes d’épicerie. « Nous avons été durement touchés dans les premières semaines, mais ensuite, la situation s’est stabilisée. »
Comme de nombreuses autres entreprises dans le monde, PRANA a dû s’adapter rapidement.
« Les consommateurs ont changé leurs habitudes d’achat. Le magasinage en ligne est devenu très populaire. Nous devions trouver une manière de servir cette clientèle. »
Des défis étaient aussi présents à l’interne : « Nous avons dû nous adapter à nos nouvelles conditions de travail et garder notre personnel motivé », tout en poursuivant la croissance de l’entreprise et en développant les projets sociaux et environnementaux. « Ce n’est pas de tout repos », affirme la cofondatrice.
L’aide d’EDC
En avril 2020, Exportation et développement Canada a mis en place le Programme d’investissement de contrepartie pour aider les entreprises canadiennes à poursuivre leur croissance commerciale et à surmonter les défis économiques sans précédent apportés par la COVID-19.
Dans le cadre du programme, EDC égalise, à hauteur d’au plus cinq millions de dollars, les nouveaux investissements réalisés par un fonds institutionnel de capital-risque, un fonds de capital-investissement ou un partenaire d’investissement.
Marie-Josée Richer souligne : « Durant la crise de la COVID-19, le Programme d’investissement de contrepartie d’EDC a permis à PRANA de maintenir ses plans à long terme en renforçant son flux de trésorerie et son bilan. Nous avons pu garder la tête froide et continuer d’innover et de nous concentrer sur le long terme. »
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Les défis d’une femme d’affaires
« Le monde du commerce s’ouvre de plus en plus aux femmes, mais elles ne sont toujours pas adéquatement représentées dans les conseils d’administration », déclare la cofondatrice de PRANA qui avoue que dans bon nombre de cas, les femmes entrepreneures « doivent encore choisir entre la carrière et la famille ».
Ayant eu elle-même trois enfants en cinq ans, Marie-Josée Richer confirme que de bâtir une petite entreprise et de la transformer en une société de plusieurs millions de dollars n’a pas été une mince affaire. Conjuguer les longues heures de travail et le besoin d’être une mère présente a été tout un défi.
Son conseil pour les autres mères dans sa situation : « Entourez-vous d’une équipe hors pair et en confiance. Ainsi vous pourrez passer plus de temps avec votre famille. »
Elle insiste aussi sur la collaboration et le bon travail d’équipe, qui sont des clés du succès : « La croissance d’une entreprise ne se voit pas dans les chiffres, mais plutôt dans ses employés. En travaillant ensemble, on peut accomplir tant de choses. »