Au cours de la dernière décennie, l’Inde est discrètement devenue l’un des plus importants marchés d’exportation du Canada. En 2024, elle était la dixième destination en importance des exportations canadiennes de marchandises, que l’on évalue à 5,4 milliards de dollars. Mais lorsque les services sont inclus (alors qu’ils sont souvent négligés lors des discussions commerciales), l’Inde se hisse au cinquième rang dans l’ensemble.
Le Canada et l’Inde entretiennent des liens étroits et comptent plus de 75 ans de relations diplomatiques. En 2024, nos exportations de services en Inde ont totalisé 16,1 milliards de dollars, alors qu’elles ne s’élevaient qu’à un peu plus d’un milliard de dollars une décennie plus tôt. L’Inde est ainsi devenue la troisième destination en importance des exportations de services du Canada, derrière les États-Unis et l’Union européenne.
Cette croissance rapide soulève d’importantes questions : Qu’est-ce qui alimente cette demande considérable sans accord de libre-échange? Et cet élan peut-il se poursuivre dans un contexte d’incertitude commerciale mondiale croissante? Pour en savoir plus sur les conditions du marché et les possibilités commerciales, voir l’article Faire des affaires en Inde d’Exportation et développement Canada.
Les services liés aux voyages (personnels et professionnels) sont depuis longtemps une pierre angulaire des exportations de services du Canada. Selon le recensement de 2021 de Statistique Canada, l’Inde était le premier pays de naissance des immigrants récents (18,6 % de tous les nouveaux arrivants entre 2016 et 2021).
Compte tenu de ces liens personnels étroits, il n’est pas surprenant que les services de voyage dominent les exportations de services du Canada vers l’Inde. En 2023, les voyages représentaient 96 % de toutes les exportations de services vers l’Inde, en forte hausse par rapport à 60 % en 2013.
Une grande partie de cette croissance provient des voyages liés aux études. Sur les 13,5 milliards de dollars de services de voyage exportés en Inde en 2023, 88 % provenaient des dépenses d’étudiants étrangers indiens au Canada. Ces dépenses (qui comprennent les frais de scolarité, de logement et de subsistance) sont effectuées au Canada, mais elles sont comptabilisées comme des exportations parce que les étudiants sont des non-résidents.

En valeur nominale, les exportations de services de voyage liés aux études ont triplé depuis 2018 pour atteindre 36 milliards de dollars en 2024. Cette flambée est attribuable à la hausse des coûts et à la croissance marquée du nombre d’étudiants étrangers.
L’augmentation des frais de scolarité et de subsistance a fait grimper les dépenses des étudiants étrangers liées au logement, à la nourriture et aux autres biens essentiels. Pourtant, malgré ces coûts croissants, les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) révèlent une augmentation substantielle du nombre d’étudiants étrangers indiens, probablement liée aux changements apportés à la politique canadienne en matière d’immigration depuis 2020.

Depuis 2022, le gouvernement fédéral a apporté d’importantes modifications au programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et au Programme de mobilité internationale (PMI) afin d’attirer les étudiants étrangers. Il s’agissait notamment de hausser temporairement les plafonds des heures de travail hors campus et d’accroître le nombre de travailleurs étrangers temporaires à bas salaire que les employeurs pouvaient embaucher.
De 2019 à 2024, le Canada a connu une augmentation importante du nombre de détenteurs de permis d’études provenant de pays comme le Nigéria, les Philippines et le Népal. Mais l’Inde est restée de loin la plus grande source d’étudiants, leur nombre passant d’environ 138 600 en 2019 à plus de 278 000 en 2023, selon les données d’IRCC.
Les dernières données sur les demandeurs du PTET et du PMI indiquent que le nombre de détenteurs de permis de travail provenant de l’Inde a également bondi : il a plus que doublé depuis la pandémie, pour atteindre 209 000 à la fin de 2024. Les dépenses de ces résidents temporaires ont largement contribué à la demande de services de voyage.
Les exportations canado-indiennes liées aux études en perte de vitesse
Cependant, il n’est pas clair si cette croissance peut être soutenue. À l’automne 2024, le gouvernement fédéral a resserré les règles concernant les visas d’étudiants étrangers et les programmes pour les travailleurs étrangers temporaires. Les données d’IRCC indiquent une baisse de 30 % du nombre de tdétenteurs de visas d’étudiants indiens au premier trimestre de 2025 par rapport à la même période en 2024. Des baisses similaires se produisent dans d’autres pays.
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Alors que les voyages dominent les exportations de services du Canada vers l’Inde, les services commerciaux (comme les services financiers et relatifs aux télécommunications et à la culture) constituent la catégorie d’exportations la plus importante à l’échelle mondiale. Ils représentent plus des deux tiers des exportations de services du Canada vers les États-Unis et l’Union européenne, mais ne représentaient que 2 % des exportations de services vers l’Inde en 2023.
Bien que les exportations de services commerciaux vers l’Inde aient plus doublé au cours de la dernière décennie, passant de 171 millions de dollars en 2014 à 328 millions de dollars en 2023, la croissance a ralenti depuis 2022. Cela contraste fortement avec la place qu’occupe l’Inde sur la scène mondiale en tant que premier exportateur de services commerciaux.
Selon le Data Hub des Nations Unies pour le Commerce et le Développement, l’Inde se classe parmi les principales économies en développement dans le secteur des services commerciaux, tout juste derrière la Chine et Singapour, et possède des atouts dans les secteurs des télécommunications, de l’informatique et des services aux entreprises.
Les exportations de services du Canada vers l’Inde sont à un point d’inflexion. La croissance extraordinaire des dernières années, tirée en grande partie par les voyages liés aux études, devrait s’atténuer en raison des changements apportés aux politiques publiques. Pourtant, l’approfondissement des liens personnels et économiques entre le Canada et l’Inde offre des possibilités de diversification et d’expansion de nos relations commerciales.
Explorez la page Renseignements sur les marchés de l’Indo-Pacifique d’EDC afin de cerner les secteurs émergents et les débouchés stratégiques.
Remerciements
Nous tenons à remercier sincèrement Alec Forbes, de la Division du commerce et des comptes internationaux de Statistique Canada, pour son généreux soutien. Les données et les informations qu’il nous a fournies ont joué un rôle déterminant dans l’élaboration de cette analyse et nous ont permis de mieux comprendre l’évolution de la dynamique du secteur canadien des exportations de services.
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