Un ingénieur travaille sur des pièces métalliques de voiture en usine.

Le secteur automobile et les exportations au Mexique selon un expert

Voici le premier d’une série d’articles mettant en lumière les principales tendances du secteur canadien de l’automobile, les occasions d’affaires clés pour l’exportation de véhicules, de pièces automobiles et d’outils de fabrication automobile vers divers pays et la façon dont Exportation et développement Canada (EDC) peut aider à atténuer les risques liés au marché. Aujourd’hui, nous commençons par les exportations de produits automobiles vers le Mexique.

En tant que membre clé de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), le Mexique est un important partenaire commercial dans toutes les industries, mais surtout dans le secteur automobile.

Grâce à l’ancien Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et maintenant à l’ACEUM, de même qu’à d’autres accords de libre-échange auxquels participe le Canada, y compris l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), le Mexique est le septième pays en importance en ce qui concerne l’assemblage lié aux véhicules de promenade pour les équipementiers.

Pour cette raison, de nombreuses entreprises canadiennes du secteur automobile sont déjà présentes au Mexique ou explorent les occasions d’affaires dans ce marché. Exportation et développement Canada (EDC) communique régulièrement avec ces entreprises. Je dirige ces démarches depuis plus de deux décennies et c’est à ce titre que je vous livre ici quelques-unes de mes observations.

Types d’entreprises du secteur automobile

Avant de parler des exportations canadiennes vers le Mexique dans ce secteur, définissons les acteurs du milieu :

  • Équipementiers : Les équipementiers de l’industrie automobile comprennent les constructeurs automobiles, comme General Motors, Toyota et Volkswagen.
  • Fabricants de niveau 1 : Un fabricant de pièces automobiles de niveau 1 fournit des composants ou des assemblages directement aux équipementiers.
  • Fabricants de niveau 2 : Un fabricant de pièces automobiles de niveau 2 fournit des composants aux fournisseurs de niveau 1, lesquels intègrent ces composants dans des assemblages plus gros pour les équipementiers.

Renseignements d’EDC sur les marchés et tendances

Voici les trois principales tendances que j’observe dans le secteur de la fabrication automobile au Mexique :

  • La délocalisation de proximité;
  • La production en tant que service;
  • Le service de fabrication externalisé.

La délocalisation de proximité

Les entreprises déplacent une plus grande part de leur production vers le Mexique pour éviter les effets des divers droits de douane et des taxes. Elles peuvent ainsi profiter de l’ACEUM et satisfaire aux exigences en matière de règles d’origine des accords de libre-échange. Étant donné que plus de fabricants (tant les équipementiers que les fabricants de niveau 1) s’établissent au Mexique ou y augmentent leurs activités, la base d’approvisionnement devra prendre de l’expansion et gagner en maturité afin de maintenir la production, tant sur le plan du volume que de la qualité.

Selon Jorge Rave, le vice-président régional d’EDC pour l’Amérique latine et les Antilles, le Mexique est sorti gagnant de la pandémie et de la crise des chaînes d’approvisionnement qui en a découlé alors que la tendance à la délocalisation de proximité a pris de l’ampleur.

« L’idée de la délocalisation de proximité existe depuis 10 ou 15 ans, mais c’est la première fois que des entreprises canadiennes exerçant des activités dans d’autres parties du monde reviennent en Amérique du Nord. Elles veulent vraiment jouer un rôle essentiel dans l’établissement d’une chaîne d’approvisionnement régionale », explique M. Rave, qui est basé au Mexique.

Cette tendance s’applique tant aux chaînes d’approvisionnement des véhicules électriques (VÉ) qu’aux chaînes traditionnelles, mais l’accroissement de l’espace consacré aux VÉ est particulièrement notable, en raison des droits de douane favorables au Mexique.

Inversement, les tensions géopolitiques entourant la présence chinoise croissante au Mexique et les intentions d’exportation de produits chinois aux États-Unis et au Canada posent des défis potentiels.

La production en tant que service

Certains fabricants de pièces ont commencé à faire passer leurs modèles d’affaires vers des modèles axés sur les services plutôt que sur la vente de pièces, c’est-à-dire qu’ils facturent non plus des pièces, mais des services de fabrication de pièces.

Cette façon de faire s’est avérée généralement efficace pour réduire les risques ou les effets des cours variables des produits de base : les exploitants n’ont ainsi pas à s’adapter aux variations de prix des intrants.

Fabrication externalisée ou maquiladora

« Maquiladora » et « maquila » sont des termes espagnols qui désignent des usines basées au Mexique, mais appartenant à des étrangers et qui sont largement libres de droits de douane ou exonérées de taxes. Ces usines allient la main-d’œuvre mexicaine à la technologie, aux composants et aux capitaux étrangers pour assembler et produire une variété de produits finis prêts pour l’exportation.

Voici un exemple : une entreprise canadienne signe un contrat par l’entremise d’une filiale basée aux États-Unis, puis externalise le travail vers une autre de ses filiales au Mexique. Le contrat est détenu par la filiale américaine, mais l’entreprise profite toujours des coûts réduits de fabrication du Mexique.

Risques de marché

Bien que le marché de l’exportation de véhicules, de pièces automobiles et d’outils pour les construire du Canada vers le Mexique représente un débouché majeur, il y a tout de même certains risques. Deux des risques les plus importants sont la sursaturation du marché et la construction de nouvelles installations dans des zones vertes (terrains qui n’ont pas été exploités ou pollués auparavant).

Un marché sursaturé

Alors que de plus en plus d’équipementiers ouvrent des usines de fabrication au Mexique pour profiter des possibilités présentées par l’ACEUM, l’industrie nord-américaine est caractérisée par l’offre d’un nombre record de modèles et de marques. Étant donné que la demande pour les véhicules neufs dans la région visée par l’ACEUM est relativement stable en glissement annuel (bien que la tendance soit à la hausse), on peut en déduire qu’un plus grand nombre d’équipementiers se disputent la même part de marché.

Par conséquent, les niveaux de production risquent d’être plus faibles que prévu. Les fabricants de pièces automobiles qui amortissent leurs dépenses en immobilisations en fonction du coût de production à la pièce pourraient donc essuyer des pertes, puisque l’amortissement est calculé selon les projections des équipementiers.

Nouvelles installations

L’urgence de bâtir de nouvelles installations et des parcs d’approvisionnement connexes exerce de la pression sur les secteurs de la construction et des infrastructures, alors que de nouveaux parcs industriels sont planifiés à moyen et à long termes au Mexique.

Ce risque retarde l’ouverture des usines, ce qui pourrait influencer les échéanciers de production. La construction à grande échelle de nouvelles installations présente aussi divers risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) touchant les environnements locaux et les populations autochtones.

Voici quelques exemples de risques ESG :

  • Déplacement de populations autochtones;
  • Évaluations environnementales et énoncé des incidences (construction dans des écosystèmes fragiles);
  • Risques de corruption liés à l’obtention de permis (construction dans certaines zones ou selon des échéanciers serrés).

Les débouchés sur le marché mexicain pour les exportateurs canadien du secteur automobile

Il existe plusieurs façons pour les fabricants canadiens d’automobiles et de pièces automobiles de pénétrer le marché mexicain, y compris les suivantes :

L’investissement direct à l’étranger

Des entreprises internationales investissent au Mexique afin de tirer parti de ses 15 accords de libre-échange englobant 50 pays et voient le Mexique comme un tremplin vers les marchés de l’Amérique latine. Elles chercheront donc à mettre en place des chaînes d’approvisionnement locales qui les aideront à s’implanter, à croître et à prospérer au pays.

Le programme Maquiladora du Mexique (IMMEX)

Le gouvernement mexicain a temporairement permis l’importation de machineries et d’équipements pour les processus de fabrication, de transformation et de réparation en franchise de taxes et de certains droits compensatoires. Les entreprises canadiennes peuvent en profiter pour augmenter leur compétitivité sur le marché.

La fabrication de nouveaux outils

La plupart des nombreuses entreprises canadiennes d’outillage, de matrices et de moules qui se sont installées au Mexique mettent l’accent sur la réparation et l’entretien d’outils. Cette façon de faire est depuis longtemps considérée comme une solide stratégie de pénétration de marché, puisqu’elle permet de bénéficier des faibles coûts de main-d’œuvre et de la proximité des clients.

Il reste toutefois un écart important dans les capacités de fabrication de nouveaux outils au Mexique, puisque la plupart des grandes usines externalisent leur outillage vers des entreprises établies d’outils, de matrices et de moules au Canada et aux États-Unis. Une entreprise qui investirait dans des technologies pertinentes et dans la formation du personnel sur place pourrait donc se tailler une place dans ce marché.

L’estampage

Les fabricants mondiaux de pièces de niveau 1 poussent leurs fournisseurs d’estampage de métal de niveau 2 à implanter des usines au Mexique afin d’appuyer leur expansion au pays. Les fabricants de niveau 1 veulent travailler avec des fournisseurs qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance, et privilégieront sans doute leurs fournisseurs qui s’installent au Mexique.

Comment EDC peut vous aider

« Les exportateurs canadiens peuvent profiter de notre connaissance pratique de la façon de faire des affaires dans différents marchés, et faire appel à nos employés compétents et à leur solide réseau de relations », explique M. Rave.

Le Mexique représente un vaste marché d’exportation pour les entreprises canadiennes et tout spécialement celles du secteur automobile. En fait :

  • le Mexique est le cinquième partenaire d’exportation du Canada;
  • le Mexique est le deuxième marché d’exportation du secteur automobile du Canada (plus de 1,9 milliard de dollars en 2023);

Vous voulez en savoir plus sur la croissance des débouchés dans le secteur automobile au Mexique? Communiquez avec Mike Brownhill, notre spécialiste de l’exportation dans ce secteur.

     

   

                                               

Date de modification : 2024-09-10