Lors du compte à rebours vers la nouvelle année, les principales banques centrales ont donné à l'économie mondiale matière à célébrer. La bonne nouvelle : le resserrement incessant de la politique monétaire pendant près de deux ans serait parvenu à résorber l’inflation. Certes, la persistance des prix élevés met à rude épreuve les entreprises et les consommateurs aux quatre coins du globe. Toutefois, le rythme des hausses se rapproche de façon convaincante du seuil jugé acceptable par les banques centrales.
Parallèlement, plusieurs éléments – notamment des événements ponctuels, le relâchement des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et la résilience du consommateur américain – ont atténué l’incidence du relèvement des taux d’intérêt sur le marché de l’emploi et, du même coup, nourri l’espoir de l’atterrissage en douceur tant souhaité. La reprise économique postpandémique ayant désormais franchi une étape décisive, on veut s'assurer que le traitement administré n'est pas plus douloureux que les maux qui affligent le système économique.
Les marchés des capitaux ont le cœur à la fête après l’annonce concernant la politique monétaire à l’approche du passage à 2024. Ils s’attendent à une progression plus marquée du prix des actifs au fur et à mesure que les taux s’éloignent des niveaux restrictifs actuels. Cependant, la célébration pourrait être un peu prématurée pour l’économie réelle. Dans notre plus récente édition des Perspectives économiques mondiales, nous tablons sur une diminution des taux d’intérêt par les banques centrales. Cela étant dit, nous comptons suivre de très près l’évolution des tendances inflationnistes. La Banque du Canada, la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne commenceront à abaisser leur taux directeur cette année, mais ce n’est que plus tard en 2025 que ce dernier sera ramené à des niveaux neutres, c’est-à-dire ni favorables ou défavorables à l’activité économique.
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Les entreprises canadiennes font face à de nouveaux risques, sur fond de détente du marché de l’emploi national et de la demande mondiale. Grâce aux Perspectives économiques mondiales d’EDC et ses profils-pays, elles peuvent prendre des décisions d’affaires éclairées.
Aux États-Unis, la consommation gardera le cap, mais à une cadence plus modérée. En effet, la flambée des prix et des taux d’intérêt a eu comme conséquence d’engloutir le surplus d’économies des consommateurs, avec en toile de fond une demande comprimée qui s’évapore. L’envolée de l’inflation limite également les ressources financières des entreprises. Résultat : la création d’emplois et l’augmentation des salaires continueront de marquer le pas. Ainsi donc, la baisse de régime du côté de la consommation et la terne croissance de l’économie mondiale viendront assombrir les perspectives de l’économie américaine pour 2024 et freiner la croissance, qui s’établira à tout juste 1,2 %. Nous projetons néanmoins une remontée de l’activité pendant la seconde moitié de l’année, avec une croissance qui bondira à 1,8 %, soit plus près de la tendance en 2025.
Quant à l’économie canadienne, elle devrait croître à un taux inférieur à la tendance en première moitié d’année. Au troisième trimestre, les ménages canadiens ont affecté plus de 15 % de leur revenu disponible au paiement de leurs dettes, les répercussions des taux d’intérêt s’étant fait ressentir. Par ailleurs, le marché de l’emploi montre des signes de ralentissement. Dans ce contexte, il est possible que la Banque du Canada abaisse ses taux plus rapidement que la Fed, ce qui exercera des tensions sur le dollar canadien. Par conséquent, face au billet vert, le huard devrait s’échanger en moyenne à 74 cents en 2024, puis à 78 cents en 2025.
Le tassement de la demande aura un double effet : le premier, de pénaliser la consommation; le second, de grever les bénéfices et les investissements des entreprises. Même si l’économie restera fragile en début d’année, nous croyons qu’elle évitera la récession ou des pertes d’emploi généralisées grâce à une croissance annuelle de 0,8 %. Le dynamisme accru au deuxième semestre et la montée en puissance de l’économie mondiale porteront la croissance jusqu’à 2 % en 2025.
L'économie allemande a généré de la croissance durant seulement trois des huit derniers trimestres. La première économie de l’Europe a fait les frais du recul de la croissance chinoise et de la fin de l’énergie russe bon marché, qui continuent de peser sur sa production industrielle. Malgré les retombées positives du tourisme à l’approche des Jeux olympiques de Paris, la tenue décevante de l’économie allemande plombera la croissance de la zone euro, qui se fixera à tout juste 0,8 % en 2024 et à 1,4 % en 2025.
La Chine, pour sa part, compose toujours avec les effets persistants du repli de son marché immobilier, l’érosion de la confiance chez les entreprises et les consommateurs, un chômage record des jeunes et une demande extérieure battant de l’aile. Le gouvernement a pris des mesures pour relancer l’activité tandis que la banque centrale a assoupli les conditions financières. D’après nous, cela ne devrait pas suffire pour redorer les perspectives. Pour la Chine, nous projetons plutôt une croissance d’à peine 4,6 % en 2024 et de 4,4 % en 2025, alors que l’économie tente de surmonter ces difficultés et le gouvernement s’emploie à opérer le virage d’une économie dynamisée par la demande sur les fronts du crédit et de l’immobilier vers une économie davantage autosuffisante.
Conclusion?
Dans l’ensemble, la croissance de l’économie mondiale se limitera à seulement 2,8 % en 2024, avant de grimper à 3,3 % en 2025, soit à un taux correspondant davantage à ceux d’avant la pandémie. Les perspectives moins favorables et la faiblesse de la demande énoncées au début de nos prévisions pèseront sur les produits de base. Nous anticipons donc, en 2024, un léger fléchissement des cours du pétrole et du cuivre. En 2025, le cours du cuivre bénéficiera d’un regain de l’activité. Pour sa part, le marché de l’or noir continuera de se plier à de nouvelles réalités structurelles. Cette année, l’incertitude entourant la tenue d’élections dans plusieurs pays et l’instabilité géopolitique persistante – deux aléas qui soutiennent le cours de l’or – ainsi que les nouvelles perturbations touchant la chaîne d’approvisionnement resteront des risques majeurs à surveiller durant l’horizon prévisionnel.
Nous tenons à remercier chaleureusement Ross Prusakowski, directeur de l’Équipe des renseignements sur les secteurs et les pays à EDC, pour sa contribution à la présente édition.
N’oubliez pas que votre avis est très important pour les Services économiques d’EDC. Si vous avez des idées de sujets à nous proposer, n’hésitez pas à nous les communiquer à l’adresse economics@edc.ca, et nous ferons de notre mieux pour les traiter dans une édition future.