L’automne est dans l’air. Nous avons encore de belles journées d’été, mais les nuits se font plus fraîches. Ce changement de saison rime avec rentrée scolaire et intérêt renouvelé pour les activités commerciales. Alors que nous nous installons dans notre nouvelle routine, quels sont les principaux facteurs économiques à surveiller?

Le nombre d’infections trône au sommet du classement. L’augmentation des cas attribuable au variant Delta est le premier risque à la bonne conduite des affaires cet automne. À ce propos, on conseille aux exportateurs canadiens de garder un œil sur les taux d’infection dans les pays où ils s’approvisionnent ainsi que les économies et les régions où ils expédient leurs produits – tout particulièrement les États-Unis. Devant les résultats positifs obtenus dans la lutte contre la pandémie, l’accent a été mis sur les taux d’hospitalisation et de mortalité. Un reconfinement généralisé ne serait donc pas le moyen privilégié pour contrer des éclosions majeures. On miserait plutôt sur le maintien de la vaccination et la mise en place du passeport vaccinal pour abaisser le nombre de cas d’infection et d’hospitalisation. Espérons que tous ces efforts porteront leurs fruits.

Les chaînes d’approvisionnement suivent de près au deuxième rang du classement. Si on fait abstraction des données sur les infections, la relance reste robuste si bien que l’offre peine à suivre la cadence. De plus, les problèmes de capacité sont compliqués par l’incidence de la pandémie sur les installations – qui forment des maillons essentiels des chaînes d’approvisionnement. Et pour ne rien arranger, le transport maritime de marchandises – le secteur des navires tout comme celui les conteneurs – a du mal à suivre le rythme du commerce mondial de marchandises. Et il y a une capacité suffisante pour répondre à la demande actuelle; de fait, bon nombre d’entreprises s’efforcent encore de revenir au niveau d’activité d’avant la pandémie. Nous avons par conséquent les capacités nécessaires : il s’agit de mettre le tout en marche. 


L’inflation
continue d’être élevée. On constate que les tensions sur les biens disponibles culminent avant l’automne, une saison déterminante pour le secteur du détail. Les grands acheteurs ne prennent donc pas de risques : ils usent de leur pouvoir d’achat à leur avantage. À l’échelle du globe, les acheteurs de plus faible envergure devront se montrer créatifs pour que leurs commandes soient remplies et livrer à temps. En fait, tout est ici question de prix : un vaste éventail de produits revient au plus offrant, et cela ne touche pas seulement les intrants commerciaux en amont. Ces prix grimpent à une telle vitesse qu’ils pèsent depuis six mois consécutifs sur les prix à la consommation aux États-Unis. Et on observe la même situation en Europe, au Canada et dans d’autres économies.

Ce mouvement, qui s’impose de plus en plus, inquiète vu ses effets sur les salaires. Voilà pourquoi cet automne il sera primordial de surveiller l’évolution du marché du travail, notamment des salaires, alors que sévit une grave pénurie de main-d’œuvre. La pandémie ayant contribué à un virage vers le travail en ligne, il est de plus en plus difficile de retenir les employés de talent. Le chômage glisse à des niveaux déjà atteints, tandis que la mécanisation accentue le besoin de personnel hautement qualifié. Je le répète : les acteurs de moindre envergure devront relever des défis encore plus imposants.

Par chance, l’économie dispose d’abondantes liquidités. Les fonds publics de relance continuent d’être injectés. Comme l’idée d’un resserrement monétaire commence tout juste à être débattue, on semble loin d’un durcissement de la politique budgétaire. Rappelons que les entreprises et les consommateurs un peu partout sur la planète ont d’immenses liquidités à leur disposition. Aux États-Unis, ce pactole représente jusqu’à 17 % du produit national brut (PIB); au Canada, c’est plus de 13 % du PIB; et en Europe, les chiffres sont du même ordre. Si tous ces fonds inondent le marché au même moment – et cela pourrait se produire si les consommateurs et les entreprises sentent que la conjoncture est favorable –, la demande ainsi libérée minimiserait considérablement les contraintes actuelles. Voilà un beau problème, du moins à court terme. Les entreprises doivent prendre acte de la situation qui se profile tout en se dotant d’une stratégie pour garantir l’exécution de leurs commandes.

Une chose est sûre : après 18 mois de pandémie, nous savons que des aléas – ces événements imprévisibles – peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur nos plans et notre avenir. Pour le moment, il est impossible de dire si nous serons à nouveau confrontés à des défis de ce genre. Croisons-nous les doigts et espérons que sur ce front nous aurons d’autres sujets de préoccupation que la pandémie. 

Conclusion?

Nous connaissons cette célèbre citation de Yogi Berra : Si tu arrives à la croisée des chemins, n’hésite pas à changer de voie. Nous avons appris ces derniers mois que nous devons être prêts à composer avec ce qui se présente à nous. Pour y arriver, il sera crucial de faire preuve de souplesse, d’adaptabilité et de créativité.