L’Amérique du Sud, quatrième continent en superficie, compte 14 pays. Le Brésil, sa puissance économique, est l’un des principaux partenaires commerciaux du Canada, et le Chili est la première destination de nos investissements. Pour connaître les impacts de la COVID-19 sur ces pays, nous nous sommes entretenus avec les deux directeurs régionaux principaux d’EDC en Amérique du Sud : Christian Daroch, au Chili, et Monica Busch, au Brésil.
Quels sont les secteurs les plus touchés par la pandémie dans votre région?
Christian : Les secteurs les plus durement touchés par la COVID-19 sont le commerce de détail, le divertissement (cinémas, sports, hôtels, restaurants), les services-conseils (génie et autres) et les usines, car la plupart des projets sont ralentis ou sur pause. Les entreprises offrant des produits et services essentiels, comme le transport d’électricité, la distribution, l’eau, l’essence, les supermarchés et les pharmacies, sont moins touchées. Pour ce qui est de la taille, les entreprises les plus perturbées par ce choc à court terme sont les PME et les microentreprises, puisqu’elles ont moins de réserves financières.
Monica : Ce sont les compagnies aériennes, le tourisme, le divertissement, les PME et les entreprises très endettées en général. On remarque que les entreprises de TI et celles qui produisent des biens essentiels sont moins touchées ou ne le sont pas du tout – pour l’instant du moins – et que celles qui transportent des biens essentiels ou offrent des services essentiels se portent bien.
Quels sont les plus grands défis des entreprises canadiennes actives dans votre région?
Monica : Les principaux défis au Brésil sont :
- la volatilité des devises, surtout pour les exportateurs et les entreprises canadiennes présentes au Brésil, qui importent des pièces;
- le risque accru de défaut de paiement des acheteurs, qui peut rendre l’assurance nécessaire;
- la disponibilité du fonds de roulement pour les activités canadiennes en sol brésilien.
Christian : Pour les entreprises canadiennes actives au Chili, l’un des obstacles est la quarantaine imposée par le gouvernement dans plusieurs régions. Elles doivent assurer un fonctionnement minimal et mettre en place des capacités de télétravail et des mesures sanitaires – isolement ou cessation d’activités ou de projets – en cas de contamination dans leurs établissements. Les PME canadiennes sont aux prises avec un défi supplémentaire, soit de répondre aux besoins en liquidités pour payer les loyers des bureaux, refinancer des prêts (avec délais de grâce) et obtenir un fonds de roulement.
Quel est le sentiment général dans le monde des affaires de votre région?
Christian : La durée de la pandémie est très incertaine. La courbe épidémique du Chili grimpe chaque jour, et on ne sait pas quand elle atteindra son pic ni combien de personnes seront infectées. De nombreuses PME craignent l’insolvabilité, mais le gouvernement a créé un important fonds de 9 milliards de dollars américains pour alléger leur fardeau. Les grandes entreprises sont laissées à elles-mêmes, avec le seul soutien des banques et des marchés financiers, et font l’objet de primes de liquidité. Mais dans l’ensemble, le milieu des affaires fait preuve de collaboration.
Monica : Dans l’ensemble, on s’attend à une grave récession et à ce que l’économie mette du temps à s’en remettre. Les conséquences financières pour le Brésil seront lourdes vu les mesures d’urgence nécessaires qui ont été prises, surtout pour aider les particuliers, les microentreprises et les petites entreprises à maintenir un niveau minimal de revenu et d’emploi. Le chômage et le travail informel étaient déjà importants avant la crise de la COVID-19; c’est pourquoi il faut surveiller tout signe d’augmentation du risque de troubles sociaux.
Comment EDC aide-t-elle le marché?
Christian : Nous offrons aux PME canadiennes – exportateurs et entreprises ayant des investissements directs canadiens à l’étranger (IDCE) – des renseignements sur les marchés par secteurs, les coordonnées d’acheteurs pour promouvoir les affaires sous forme de réunions virtuelles et des stratégies d’accès aux marchés après la COVID‑19, entre autres choses. Nous dirigeons ceux ayant besoin d’une aide financière immédiate vers les banques chiliennes et les informons des multiples mesures prises par le gouvernement chilien pour atténuer les pressions financières, dont le report des impôts et les prêts garantis par l’État. En outre, nous nous coordonnons avec nos directeurs de comptes au Canada et assistons Affaires mondiales Canada dans ses activités consulaires au Chili, au besoin.
Monica : Nous donnons aux entreprises qui ont des activités et des employés au Brésil des renseignements sur les marchés et sur les programmes locaux offerts par l’État et les banques privées pour régler les problèmes de liquidités. Nous continuons de mettre en relation des fournisseurs canadiens avec des acheteurs locaux pour stimuler les exportations futures du Canada, et de discuter d’initiatives avec des entreprises souhaitant rencontrer des partenaires potentiels une fois l’urgence passée. Nous mettons aussi en contact virtuel des entreprises ayant des IDCE avec des partenaires et des acteurs importants, notamment des banques nationales et locales et le Service des délégués commerciaux (SDC). Enfin, nous parlons aux entreprises canadiennes du partenariat entre EDC et la Banque de développement du Canada (BDC) dans le cadre du Programme de crédit aux entreprises (PCE), et nous aiguillons celles qui souhaitent avoir des discussions plus ciblées vers leur directeur de comptes au Canada.
Pour savoir comment EDC vient en aide aux entreprises internationales pendant la pandémie de COVID-19, cliquez ici.