Si le Canada vise à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, la collaboration avec les entreprises autochtones est essentielle, déclare Todd Evans, responsable national des entreprises exportatrices dirigées par des Autochtones à Exportation et développement Canada (EDC), lors d’un récent webinaire.
« Comme l’a si bien exprimé la Coalition de Premières Nations pour les grands projets, la seule voie vers la carboneutralité passe par les territoires autochtones », observe M. Evans lors du webinaire Vers la carboneutralité : des avantages pour les entreprises autochtones qu’il animait. Les intervenants de l’événement virtuel ont discuté du parcours du Canada vers la carboneutralité, que le pays tente d’atteindre d’ici 2050, et offert des conseils aux entreprises autochtones sur la façon d’aider les gouvernements et les entreprises à atteindre cet objectif ambitieux.
« L’atteinte de la carboneutralité est un projet énorme et complexe qui nécessitera toute une série de solutions énergétiques propres et renouvelables comme le solaire, l’éolien, les petits réacteurs nucléaires modulaires, la biomasse et l’hydroélectricité, explique-t-il. La façon dont nous produisons et consommons l’énergie, notamment le pétrole et le gaz traditionnels, jouera un rôle dans cette transition. » Comme il le souligne, bon nombre de ces projets seront situés sur des territoires autochtones, ce qui nécessitera le consentement et la collaboration des Autochtones.
La transition vers la carboneutralité nécessite davantage de véhicules électriques, de même que de ressources et d’infrastructures pour favoriser leur utilisation. Ajoutons à cela un secteur entier consacré à l’extraction des métaux nécessaires à ces activités, comme le cuivre, le graphite, le nickel, le lithium, le manganèse, le chrome et le zinc, pour ne nommer que ceux-là.
« Et il n’y a pas que le Canada qui aura besoin de ces minéraux critiques; le monde entier en aura besoin, déclare M. Evans. Le Canada dispose de réserves abondantes de nombreux minéraux qui sont parmi les plus recherchés. »
Les sociétés minières qui fournissent ces minéraux critiques cherchent également des moyens plus propres de mener leurs activités, tout comme d’autres sociétés d’exploitation de ressources dans les secteurs de l’énergie, de la foresterie et de l’agriculture. Ces projets nécessitent de gros investissements dans les infrastructures, que ce soit pour les bâtiments, la construction de routes ou la préparation de sites, de même que dans les services nécessaires à la réalisation des projets.
« En additionnant tout cela, on constate l’ampleur des possibilités, souligne M. Evans. Et les entreprises autochtones sont particulièrement bien placées pour en profiter. La question que vous devez vous poser est la suivante : comment votre entreprise peut-elle tirer le meilleur parti de ces possibilités? »
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Approvisionnement autochtone et carboneutralité
Se préparer aux partenariats et à l’approvisionnement
Les entreprises autochtones qui ont le plus à gagner appartiennent ou sont associées à des sociétés de développement économique autochtones qui investissent leurs profits dans leur communauté en créant des emplois, des infrastructures, des débouchés pour les jeunes et des occasions d’acquérir une indépendance économique.
Mais elles doivent se préparer et avoir en main des états financiers vérifiés, un dossier de sécurité et un bilan des travaux et contrats de l’entreprise (à jour), ainsi qu’un plan d’affaires clair. Elles doivent également tenir compte des besoins particuliers des partenaires potentiels.
La société Cameco, l’un des plus grands fournisseurs mondiaux d’uranium, une source de combustible qui peut contribuer à améliorer la qualité de l’air grâce à des émissions réduites, appuie activement les partenariats à long terme qui favorisent le développement durable.
« En 2023, Cameco a fait appel à des entreprises du Nord pour 74 % de ses dépenses totales en services », déclare Kristin Cuddington, directrice de la mobilisation communautaire et autochtone de l’entreprise, lors du webinaire. Elle conseille aux soumissionnaires potentiels de s’assurer qu’ils comprennent bien ce que les services d’approvisionnement recherchent en matière de biens ou de services, ainsi que l’étendue du travail.
Si une entreprise n’a pas la capacité d’exécuter le travail, elle lui suggère de trouver un partenaire capable de le faire. La collaboration avec d’autres fournisseurs est souvent une stratégie efficace pour obtenir de nouveaux contrats, surtout lorsque ces partenaires peuvent chacun apporter leur propre valeur ajoutée.
Dans d’autres situations, Cameco peut combler des lacunes.
En effet, elle a appuyé une entreprise autochtone qui n’avait pas la capacité de prendre en charge certains des projets qu’elle se proposait de réaliser en lui envoyant ses propres gestionnaires de projet et spécialistes des ressources humaines.
« Aujourd’hui, c’est cette même entreprise qui a la plupart des contrats d’entretien des routes sur nos sites miniers, mentionne Mme Cuddington. Le mentorat d’entreprise est essentiel. Si vous êtes prêt à travailler fort et à développer des compétences, beaucoup de portes peuvent s’ouvrir. »
De même, Rio Tinto, la plus grande entreprise minière et métallurgique en exploitation au Canada, travaille avec des entreprises autochtones dans plusieurs domaines, notamment la foresterie, l’excavation, les produits chimiques, les services informatiques, l’entretien de routes et le développement d’infrastructures.
Sylvain Lemay, gestionnaire général de l’approvisionnement à Rio Tinto, affirme que son entreprise a dépensé quelque 200 millions de dollars pour se procurer des services auprès de fournisseurs autochtones en 2023.
Il explique que l’équipe d’approvisionnement de Rio Tinto évalue la capacité concurrentielle des fournisseurs, la sécurité, les moyens techniques, la durabilité et les aspects commerciaux des propositions.
« Nous visons davantage à établir des partenariats à long terme que des ententes ponctuelles avec des entreprises autochtones et nous essayons d’accroître leur participation à nos projets et de les aider à grandir avec nous en même temps », déclare M. Lemay.
Sur son site Web, Rio Tinto a également mis en place un portail destiné aux fournisseurs autochtones, après avoir reçu des commentaires disant qu’il était difficile d’accéder aux systèmes d’approvisionnement des grandes entreprises, comme Rio Tinto, et de s’y retrouver.
« C’est probablement le meilleur outil que l’équipe ait conçu au cours de la dernière année », soutient‑il, ajoutant que les relations de l’entreprise avec les communautés autochtones sont fondées sur la confiance et que des équipes autochtones locales se consacrent entièrement à l’établissement de ces relations.
Son meilleur conseil pour les entreprises autochtones qui veulent faire affaire avec Rio Tinto : s’inscrire par l’entremise de son portail, où il est possible de consulter les projets à venir au cours de la prochaine année et les besoins de l’entreprise.
Des avantages pour les acheteurs et pour les vendeurs
Pour les grands acteurs qui préparent le parcours du Canada vers la carboneutralité, il y a des avantages inhérents à travailler avec les entreprises autochtones, notamment la réconciliation économique.
Pour faire croître la capacité et les capitaux propres de votre entreprise autochtone, il est primordial d’avoir des états financiers audités, indique Jaimie Lickers, première vice-présidente, Marchés autochtones à CIBC. Elle mentionne aussi qu’il faut un plan d’affaires ou de projet et que les renseignements fournis doivent être complets, fiables, à jour et bien documentés.
Grâce à des données financières transparentes et un plan d’affaires étoffé, vos créanciers, acheteurs et autres associés auront beaucoup plus confiance en votre capacité à respecter vos engagements, dit-elle.
Elle ajoute qu’elle a été témoin de nombreux partenariats fructueux entre des entreprises autochtones et non autochtones qui ont entraîné des avantages considérables pour les deux parties.
Vous pouvez visionner le webinaire dans son intégralité ici. Si vous avez des questions, vous pouvez composer le 1-800-229-0575 et parler à l’un des conseillers en commerce d’EDC.