Prospère, riche en ressources naturelles et jouissant d’un climat ensoleillé, l’Australie s’est valu le nom de « pays de la chance ». Or, depuis 2019, elle fait plutôt les manchettes internationales en raison de la hausse des phénomènes climatiques : feux de brousse dévastateurs, sécheresses, inondations désastreuses.
Mais l’une des conséquences des changements climatiques dont on n’a pas beaucoup entendu parler devrait attirer l’attention du secteur canadien de l’énergie renouvelable. En juin 2022, l’Australian Energy Market Operator (AEMO) a annoncé qu’il envisageait de procéder à un délestage par rotation à l’échelle du pays, une mesure sans précédent, après avoir plafonné les prix de l’énergie sur le marché de gros pour stopper la hausse rapide des coûts.
Cette annonce est attribuable à de nombreux facteurs : la dépendance du pays envers ses centrales au charbon vieillissantes, les dégâts causés aux mines de charbon et aux voies de transport par les incendies et les inondations, les enjeux entourant l’approvisionnement en gaz et la guerre en Ukraine, pour ne donner que quelques exemples.
L’Australie continuera de dépendre de sources d’énergie polluantes à court terme. À l’heure actuelle, 70 % de sa production totale d’électricité provient de combustibles fossiles, dont le charbon. Le pays finance et soutient activement le développement de sources de remplacement, comme l’énergie éolienne et solaire ainsi que l’hydrogène, pour faciliter la transition énergétique.
Le nouveau projet de loi de 2022 sur les changements climatiques vise une réduction de 43 % des émissions d’ici 2030 et trace la voie vers la carboneutralité d’ici 2050. Pour faciliter l’atteinte de ces objectifs, le gouvernement australien a lancé une stratégie nationale sur l’hydrogène pour que le pays devienne une puissance dans la production et l’exportation d’énergie propre ou, comme le dirait le scientifique en chef Alan Finkel, « l’exportation de soleil », grâce à la création de grands pôles d’hydrogène.
Récemment, l’AEMO a aussi publié son plan pour un réseau d’électricité intégré, qui présente les mesures que doit prendre le pays pour réaliser cette importante transition. D’autres grands États d’Australie, dont la Nouvelle-Galles du Sud, Victoria, l’Australie-Méridionale et le Queensland, ont aussi élaboré leur plan tandis que le groupe de réflexion Infrastructure Partnerships Australia s’occupe des projets d’infrastructure, dont des projets d’énergie renouvelable partout sur le territoire.
C’est un changement de cap audacieux pour un pays qui n’a proposé aucun nouveau projet de loi sur les changements climatiques en dix ans. Ces objectifs sont certes ambitieux, mais la région ne sera pas seule dans sa quête pour les atteindre, souligne Diane Belliveau, représentante en chef d’EDC en Australie et en Nouvelle-Zélande.
« L’Australie est une terre bénie : ses ressources solaires et éoliennes la placent dans une catégorie à part et l’importance qu’elle accorde aux sources d’énergie renouvelable pourrait faire d’elle “la batterie du monde”. Beaucoup d’entreprises canadiennes pourraient contribuer aux solutions dont ce pays a besoin pour s’attaquer à ces enjeux cruciaux. Et EDC a sur place les connaissances et les outils pour appuyer celles qui souhaitent prendre part à cette formidable aventure », ajoute Mme Belliveau.
EDC a des représentants en Australie pour soutenir les exportateurs canadiens qui envisagent d’étendre leurs activités dans ce pays et en Nouvelle-Zélande en leur offrant des solutions financières et des conseils d’experts.
La distance et le décalage horaire n’ont pas empêché plusieurs entreprises canadiennes de faire de bonnes avancées en apportant leur expertise et leurs innovations dans le secteur australien de l’énergie propre et de profiter des nombreux débouchés qu’il offre.
Conquérir le soleil australien
L’Australie est l’un des marchés solaires dont la croissance est la plus rapide au monde. Elle compte de multiples centrales partout sur son territoire, dont certaines utilisent des technologies propres canadiennes.
PCL Construction, une société spécialisée dans les services d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction dont le siège social se trouve à Edmonton, est en pleine croissance en Australie. À ce jour, l’entreprise a réalisé des projets dans le Queensland et en Nouvelle-Galles du Sud, dont les centrales solaires de Woolooga et de West Wyalong en partenariat avec Lightsource bp, société internationale du domaine de l’énergie solaire, grâce au financement d’EDC.
Amp Energy, un promoteur de projets d’énergie renouvelable canadien présent en Australie depuis 2017, a réussi à stocker deux gigawatts (GW) d’énergie solaire hybride en plus d’avoir réalisé des projets liés à l’hydrogène vert et à l’ammoniac vert. Grâce au soutien d’EDC, Amp Australia a aussi construit la centrale solaire de Hillston, en Nouvelle-Galles du Sud.
« EDC est heureuse de participer aux opérations de financement de PCL et d’Amp Australia, deux entreprises à l’avant-garde des secteurs de l’énergie renouvelable et des technologies propres », se réjouit Sven List, premier vice-président du Groupe des grandes entreprises canadiennes et internationales.
« Le soutien offert aux entreprises canadiennes comme PCL et Amp Energy est primordial dans la transition mondiale vers une économie sobre en carbone et résiliente face aux changements climatiques. »
TransAlta, un autre producteur canadien d’énergie renouvelable, alimente lui aussi l’Australie en énergie solaire. Comptant parmi les plus importants producteurs d’énergie renouvelable en Amérique du Nord et spécialisée dans l’hydroélectricité, l’énergie éolienne et solaire ainsi que le stockage d’énergie dans des batteries, TransAlta travaille avec BHP Nickel West au développement d’une grande centrale solaire dotée d’un système de stockage sur batteries. Le projet de centrale solaire dans la région de Northern Goldfields donne à TransAlta la possibilité d’aider BHP Nickel West à atteindre ses cibles de réduction d’émissions de GES dans ses activités, de la mine au marché.
Transport d’hydrogène vert comprimé
Le chef de file des piles à combustible zéro émission Ballard, qui a son siège à Vancouver, mais dont la réputation et la portée sont d’envergure internationale, s’associe à Global Energy Ventures pour mettre au point un navire alimenté par un nouveau type de pile à combustible afin de transporter de l’hydrogène vert comprimé depuis l’Australie. Ce navire C-H2 innovant sera muni d’un système de confinement capable de contenir 430 tonnes d’hydrogène vert. Il sera donc à l’avant-garde du transport maritime zéro émission.
Chantier à Broken Hill
Broken Hill est une ville minière située dans la Nouvelle-Galles du Sud, aux abords de l’arrière-pays poussiéreux, dont l’histoire remonte aux années 1880. Reconnue comme l’un des plus importants gisements de plomb, de zinc et d’argent au monde, elle compte encore des mines en exploitation (il y a plus de camions et de feux de circulation sous terre qu’à la surface) malgré les fermetures. L’une de ces mines désaffectées revêt maintenant une importance particulière pour l’entreprise canadienne Hydrostor, qui s’est associée à l’entreprise australienne Transgrid pour y stocker de l’énergie sous forme d’air comprimé. Ce projet, auquel s’ajoute la production d’énergie solaire et éolienne, devrait devenir le plus important mini-réseau électrique au monde à sa mise en service, en 2026.
Pôle d’innovation en énergie propre en Australie-Occidentale
La société albertaine ATCO, présente en Australie depuis des dizaines d’années, est en train de se positionner à l’avant-plan de l’innovation dans le secteur de l’énergie de cette région grâce au pôle d’innovation en énergie propre de Jandakot, au parc d’innovation en énergie propre de la centrale éolienne de Warradarge (tous deux en Australie-Occidentale) et au projet d’hydroélectricité Central West Pumped Hydro, près de Bathurst (en Nouvelle-Galles du Sud).
Vous devriez également consulter
Lisez ce rapport des Services économiques d’EDC sur les défis et les débouchés de ce marché en plein essor.
Énergie propre, régimes de retraite et fonds d’investissement
Qu’il s’agisse d’autobus électriques ou de parcs éoliens, EDC appuie les grandes initiatives canado-australiennes en réalisant des acquisitions par l’intermédiaire de régimes de retraite et de fonds d’investissement, en collaboration avec des partenaires de financement clés en Australie, expose Mme Belliveau.
« Nous sommes un prêteur parmi un groupe de banques locales et nous offrons du financement par l’entremise de nos équipes responsables du financement d’entreprises et de projets. Nous avons pour mandat de soutenir les exportateurs et les investisseurs canadiens. C’est un bon moyen pour EDC d’aider les investisseurs canadiens qui ont besoin d’un capital important pour soutenir le secteur de l’énergie propre en Australie », ajoute-t-elle.
Ce pays, qui profite d’une économie stable et d’un système de justice solide et qui offre des possibilités de privatisation, représente un marché attrayant pour plusieurs régimes de retraite et fonds d’investissement canadiens actifs dans des industries clés, notamment le secteur en plein essor des énergies renouvelables. En 2018, par exemple, la société internationale d’investissement sur les marchés privés Northleaf Capital Partners a acheté une participation de 40 % dans le parc éolien de 60 turbines de Lal-Lal, près de Ballarat, dans l’État de Victoria. Cet investissement est très important pour l’État, dont 60 % de l’énergie provient du charbon.
Le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) a aussi investi dans la société australienne d’énergie renouvelable Fotowatio Renewable Ventures (FRV) Australia. FRV Australia est un promoteur de projets d’énergie solaire, un propriétaire d’actifs et une plateforme d’énergie renouvelable de premier plan en Australie. C’est aussi une pionnière du développement de la filière solaire dans ce marché. FRV Australia compte à son actif neuf centrales solaires en Australie et mène d’autres projets d’énergie renouvelable ailleurs au pays, qu’il s’agisse de batteries ou d’autres technologies.
L’OMERS et d’autres régimes de retraite et fonds d’investissement canadiens, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Brookfield Asset Management, l’Alberta Investment Management Corporation et le Healthcare of Ontario Pension Plan apportent aussi des capitaux et offrent du soutien à la gestion à de grandes sociétés énergétiques australiennes. Transgrid (transport d’électricité) et AusNet (distribution d’électricité) profitent toutes les deux des investissements canadiens dans le paysage en pleine évolution de l’approvisionnement énergétique.
EDC finance également l’électrification du transport en commun grâce à sa participation dans OPTrust, l’un des dix plus grands régimes de retraite au Canada et actionnaire majoritaire de Kinetic, une société qui administre le plus vaste réseau d’autobus d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Récemment, Kinetic a ouvert le premier dépôt d’autobus entièrement électriques alimentés par de l’énergie renouvelable du Queensland.
« Les projets d’énergie propre et de ressources renouvelables dans lesquels investit EDC contribuent grandement à la réalisation du mandat énergétique de l’Australie, qui s’inscrit dans un effort mondial de résilience climatique », fait valoir Mme Belliveau.
Nous sommes très heureux de constater que les exportateurs et les investisseurs canadiens s’intéressent de plus en plus au secteur de l’énergie renouvelable en Australie, un secteur essentiel en plein essor. Nous sommes ravis de les aider à s’établir et de croître dans ce pays et de participer à leur prospérité ici
Commerce bilatéral entre le Canada et l’Australie
- L’Australie représente une excellente destination d’investissement. S&P Global Ratings lui accorde la cote AAA en raison de la vigueur de son économie et des cours élevés des produits de base.
- Jusqu’en 2021, l’Australie était le seul pays au monde à avoir connu une croissance ininterrompue pendant 28 ans.
- Le commerce bilatéral de marchandises entre l’Australie et le Canada demeure vigoureux et s’établit à 4,5 milliards de dollars.
- La valeur des exportations canadiennes s’élève à 2,3 milliards de dollars. Nous exportons principalement de la machinerie, des aéronefs et des pièces d’aéronefs, des véhicules, des minéraux et des produits minéraux, de l’équipement électronique, des instruments scientifiques et de précision ainsi que des produits pharmaceutiques.
- En 2021, les échanges bilatéraux dans le secteur des services s’élevaient à environ 2,1 milliards de dollars; de ce montant, les exportations canadiennes comptaient pour 964 millions de dollars.
Où obtenir de l’aide?
EDC et beaucoup de ses partenaires offrent des services financiers et des conseils aux entreprises canadiennes qui souhaitent faire des affaires en Australie, notamment :
- Le Service des délégués commerciaux (SDC) peut vous aider à évaluer le potentiel du marché, à trouver des personnes-ressources qualifiées, à résoudre des problèmes et à établir des relations sur place.
- EDC peut vous aider à saisir les possibilités grâce à ses solutions de financement et d’assurance, à sa connaissance du marché et à son vaste réseau.
- Pour parler à un conseiller en exportation d’EDC, consultez notre Centre aide-export.
Diane Belliveau est une leader d’expérience dans le domaine des opérations bancaires internationales et du développement des affaires. Ses fonctions à EDC comprennent la souscription de transactions de financement, le développement des affaires en Afrique et la direction du bureau régional d’EDC à Québec. Elle occupe actuellement le poste de représentante en chef pour l’Océanie, supervisant les activités en Australie et en Nouvelle-Zélande. Dans le cadre de ses responsabilités, elle dirige le développement des affaires ainsi que l’octroi de prêts aux entreprises, principalement dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et de l’exploitation minière. Vous pouvez lui écrire à dbelliveau@edc.ca.