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21 février 2024
Notre invité pour cet épisode est Jocelyn Doucet, PDG et fondateur de Pyrowave, une entreprise qui développe des technologies de recyclage pour les déchets dangereux. Jocelyn raconte son parcours et sa vision pour l'entreprise, expliquant comment il a été inspiré par les problèmes de pollution qu'il a constatés et comment il a décidé de lancer Pyrowave. Il discute également des défis auxquels sont confrontées les entreprises de technologie verte, notamment le financement, la réglementation et la concurrence. Découvrez l’histoire de Pyrowave et ses aventures à l’international.
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[00:00:01.060] – Interlocuteur 1
J’aimerais aujourd’hui commencer par souligner que nous diffusons cet épisode depuis chez moi, à Montréal, sur le territoire traditionnel non cédé des Kanien'kehá:ka, le peuple mohawk. Nous tenons à TEprendre le temps d’honorer nos communautés autochtones, où que nous soyons, et nous rappeler notre dette commune envers les premiers peuples du Canada. Rebonjour. Bonjour. Mon invité aujourd’hui, Jocelyn Doucet, PDG et cofondateur de Pyrowave, un pionnier de l’électrification des procédés chimiques de recyclage des plastiques à faible empreinte carbone. Je suis certaine qu’on va vraiment en apprendre beaucoup aujourd’hui. Jocelyn est un ingénieur chimique et un entrepreneur passionné par le développement et la commercialisation d’innovation en lien avec la transition de l’utilisation de ressources non renouvelables vers un modèle d’économie circulaire. Bonjour Jocelyn.
[00:00:49.020] – Interlocuteur 2
Bonjour.
[00:00:50.870] – Interlocuteur 1
Ça va bien aujourd’hui?
[00:00:52.580] – Interlocuteur 2
Très bien, merci.
[00:00:54.710] – Interlocuteur 1
Pyrowave, c’est un leader mondial de l’économie circulaire des plastiques et du recyclage vraiment intéressant, du recyclage chimique. Pyrowave utilise une technologie apparemment unique pour recycler les déchets plastiques des micro-ondes. De l’intérieur des micro-ondes?
[00:01:10.710] – Interlocuteur 2
Oui, effectivement. L’enjeu des plastiques, c’est un enjeu mondial. Je pense qu’il n’y a pas une journée qu’on n’en entend pas parler. On voit des montagnes de plastique qui s’amoncellent un peu partout. C’est un projet qui a débuté il y a une dizaine d’années où on voulait finalement trouver une deuxième vie, une façon de donner une deuxième vie aux déchets plastiques. Puis effectivement, l’utilisation des micro-ondes, on s’est amusé avec des micro-ondes de maison au début. Et puis effectivement, on a montré qu’on était capable de redonner une deuxième vie à ces déchets mal aimés.
[00:01:39.150] – Interlocuteur 1
Si je comprends bien, dans le fond, vous vous êtes fondé sur la croyance que vous pouviez recycler les composants des micro-ondes? C’est comme ça que ça a parti?
[00:01:50.810] – Interlocuteur 2
Les plastiques, il faut comprendre que c’est un assemblage de produits chimiques. Quand on fait des plastiques, c’est un peu comme un collier de perles. On donne souvent cette image-là, un collier de perles, c’est plusieurs perles attachées ensemble. Quand on a terminé d’utiliser le collier de perles, puis qu’on veut faire quelque chose d’autre, l’approche que nous on apporte, c’est une approche qu’on appelle le recyclage chimique. Qu’est-ce qu’on fait? C’est qu’on découpe le collier pour récupérer les perles individuelles. Et une fois qu’on a les perles individuelles, par la suite, on peut refaire des bracelets. C’est un peu la même analogie. Les polymères, les plastiques, c’est une longue chaîne de molécules qu’on appelle des monomères. Et puis ces monomères-là, avec une technologie comme la nôtre, on est capable de couper les liens chimiques, de récupérer les monomères, les purifier, pour les ramener à une forme identique à des monomères d’origine fossile, mais avec une empreinte carbone beaucoup plus faible. Et puis ceux qu’on utilise en déchet, donc il y a un élément de circularité qui est super intéressant à ce sujet.
[00:02:48.610] – Interlocuteur 1
OK, donc juste pour être certain que je comprends bien. Concrètement, vous prenez des micro-ondes de maison, vous les amenez à votre usine, vous prenez les différentes composantes et vraiment, chacune des composantes, vous divisez ça de polymère en monomère et ces monomères sont remis à quoi ils servent? Qu’est-ce que vous faites? C’est quoi la finalité de ça?
[00:03:11.910] – Interlocuteur 2
Pour revenir à l’exemple du micro-ondes de la maison, on a commencé avec des micro-ondes comme ceux qu’on a dans la maison. C’est de là que ça a parti. On est parti avec de vrais micro-ondes à petite échelle. Maintenant, ce qu’on fait dans notre usine, c’est des gros micro-ondes industriels. On utilise des puissances 1 000 ou 10 000 fois plus grosses que des puissances qu’on a dans des micro-ondes de maison. Évidemment, on pourrait arriver à faire des quantités représentatives dans le domaine industriel, mais à la fin de la journée, quand les gens alimentent, quand le procédé alimente le plastique dans notre système innovant qu’on a développé avec les micro-ondes, ce qui en sort, c’est un monomère qui est utilisé par l’industrie chimique. Dans l’industrie chimique, il faut comprendre qu’il y a plusieurs... ce qu’on appelle des commodités chimiques. Le styrène en est un. Nous, on travaille avec du polystyrène pour donner du styrène. Le styrène, c’est une commodité chimique super connue qui sert à faire du polystyrène, mais aussi qui sert à faire toutes sortes de choses comme du caoutchouc synthétique, qui sert aussi à faire ce qu’on appelle de l’ABS. Par exemple, les briques Lego, c’est fait en ABS.
[00:04:19.130] – Interlocuteur 2
C’est des morceaux de la chimie moderne qui servent à faire toutes sortes de produits utiles à haute valeur ajoutée dans le marché.
[00:04:27.760] – Interlocuteur 1
Donc, au lieu que ces compagnies s’approvisionnent de nouveaux produits chimiques ou de monomères ou peu importe comme composantes chimiques, ça vient de la post-utilisation, finalement. Vous vendez après utilisation. Donc, il y a ça aussi. C’est pas si clair que...
[00:04:47.260] – Interlocuteur 2
C’est super bien qu’on ait cette discussion-là, parce que le domaine de la chimie industrielle, c’est pas quelque chose qui est super connu en général du public. De pouvoir en parler aujourd’hui, ça permet de mettre en valeur l’impact de cette industrie. Les trois plus gros émetteurs de CO₂, c’est d’abord la production d’acier, de ciment et de plastique. La production des plastiques, c’est un gros émetteur de gaz à effet de serre. Donc, d’être capable d’utiliser des ressources, des « chips », d’être capable de faire de nouveaux produits qui servent à faire des plastiques, ça réduit de manière considérable les impacts de CO₂. Donc, d’une part, il y a ça. Puis après ça, il y a le deuxième service rendu, c’est qu’on retire de la circulation des déchets qui automatiquement se ramasseraient soit à l’emplacement, soit dans la nature ou à l’incinération. Nous, on arrive avec une solution qui peut se mettre à l’échelle, qui permet de prendre un déchet, de le ramener ce débat sur le fait que le plastique est une forme identique à ce qui est utilisé dans tout l’écosystème industriel chimique existant, pour en faire des produits de qualité égale ou même supérieure à ce qui est fait avec des produits à plus lourde empreinte de carbone.
[00:05:59.350] – Interlocuteur 1
Parce que dans le fond, c’est ça. En tout cas, moi, de ce que j’avais compris en étudiant un peu le plastique, c’est vraiment la production du plastique qui est la plus « détrimentale » dans le fond, pour l’environnement. C’est son début de vie, finalement. Donc là, vous, il y a ce début de vie qui est moindre parce qu’il y a un recyclage. Vous êtes vraiment dans l’esprit d’économie circulaire? Peut-être vous pourriez nous expliquer un peu qu’est-ce que c’est l’économie circulaire? Pourquoi c’est si important du point de vue des ESG?
[00:06:30.430] – Interlocuteur 2
L’économie circulaire, il y a plusieurs personnes qui ont une définition différente, mais moi, j’aime bien me ramener à ce que la nature fait à la base. Quand on regarde la planète Terre, c’est un espace fermé. Il y a une quantité limitée de ressources. Ce qu’on fait depuis des milliards d’années, au fond, c’est toujours utiliser les mêmes ressources. On utilise de la nourriture, on la consomme, on produit des déchets. Les déchets sont utilisés par d’autres microorganismes, par exemple, par d’autres structures cellulaires, des plantes, etc. Et puis tout ça, c’est possible grâce à quoi? Grâce à l’énergie du soleil. C’est le soleil qui alimente, par son énergie ensuite, l’ovulaire, une fièvre d’encre amène, toutes ces activités circulaires. Donc, dans le fond, on essaie de créer une symbiose industrielle pour dire « Dans notre monde moderne, on a toujours un petit peu extrait les matières, les utiliser, puis ça s’arrête là. » Ça s’arrête là, mais il n’y a jamais eu de circulation, de circularisation des matières, ce qui fait qu’aujourd’hui, on consomme beaucoup d’énergie, on consomme beaucoup de ressources, mais on n’est jamais capable de les réintégrer dans l’écosystème industriel. Aujourd’hui, on voit beaucoup d’innovations qui adressent ce problème, dans le sens où on ne peut pas continuer éternellement à extraire des ressources, puis ne pas les réutiliser ou les transformer en quelque chose qui peut être utilisé par un autre organisme industriel pour aller faire d’autres produits.
[00:07:53.980] – Interlocuteur 2
Nous, c’est l’approche qu’on a prise pour les plastiques. On le fait bien avec ce qu’on appelle le polystyrène. On est capables de prendre le polystyrène en fin de vie avec l’énergie renouvelable électrique, on est capables de ramener ça sur une forme utilisable par une autre industrie qui refait d’autres produits avec elle. On respecte un peu cette image des écosystèmes naturels, mais on essaie de l’amener dans un écosystème industriel faible en carbone, efficace avec ses ressources.
[00:08:22.960] – Interlocuteur 1
Finalement, c’est de valoriser les déchets qui autrement seraient mis dans des dépotoirs ou qui n’ont aucune valeur, puis de les voir comme des ressources, un peu comme la nature le fait.
[00:08:34.700] – Interlocuteur 2
Exactement. C’est de dire aussi, il ne faut pas non plus... Parce que souvent, on entend que ça prend de l’énergie pour faire ça. Oui, c’est sûr, on prend des déchets. Évidemment, notre procédé de prendre de l’électricité, ça ne se fait pas gratuitement. Ce qu’on dit, c’est que ce n’est pas vraiment grave. En fait, c’est nécessaire de prendre de l’énergie pour réorganiser de la matière. La preuve, c’est que la nature le fait depuis des milliards d’années, sauf qu’elle le fait avec de l’énergie qui est renouvelable. Ce qu’on dit, ce n’est pas grave de prendre de l’énergie pour réorganiser de la matière. Ce qui est important, c’est le type d’énergie qu’on utilise. Être capable d’utiliser l’électricité de manière indirecte, potentiellement utiliser du renouvelable, c’est quand même quelque chose qui est nouveau dans l’industrie chimique. L’industrie chimique utilise depuis longtemps des carburants fossiles. La façon que l’industrie chimique s’est développée depuis les années 1910, c’est qu’on utilise les sous-produits de l’extraction du brut pour alimenter des opérations militaires qui permettent de tourner l’usine. Là, ce qu’on essaie de changer, c’est de dire « Au lieu d’utiliser des carburants puis des produits carbonés pour faire tourner l’outil industriel, on peut faire mieux aujourd’hui.
[00:09:49.510] – Interlocuteur 2
» J’utilise souvent l’analogie du train à vapeur, c’est ce que j’avais déjà fait dans une conférence, où pendant longtemps, on a utilisé le charbon, les machines à vapeur pour faire avancer les trains, mais aujourd’hui, si tu fais tout ce qu’on a fait, c’est des trains électriques. Il a fallu amener un ensemble d’innovations pour arriver à être plus rapide, plus propre, plus efficace que d’essayer d’optimiser l’automobile en vapeur.
[00:10:13.490] – Interlocuteur 1
Donc, tu as un avantage, en fait, à être situé au Québec parce que notre énergie provient de l’hydroélectricité.
[00:10:20.330] – Interlocuteur 2
Effectivement. Donc, c’est sûr que cette technologie électrique, toute cette nouvelle génération de technologie électrique au service de la chimie, ça marche bien, ça a de meilleurs impacts environnementaux si on les déploie dans des secteurs où il y a de l’énergie faible en carbone. Par exemple, nous, on fait des projets en France, c’est un parc nucléaire, donc il y a très peu d’émissions de carbone par rapport à ça. Au Québec aussi, il y a effectivement de l’hydroélectricité. Donc les juridictions, il y a des énergies faibles en carbone, c’est là où on a les meilleurs impacts au niveau des études de la sécurité.
[00:10:55.210] – Interlocuteur 1
Justement, ça m’amène à ma prochaine question. Vous avez remporté le Prix de la sensibilisation hors Québec lors du gala EnviroLys 2022. Ça, ça a été gagné en raison d’un projet intéressant avec Michelin en France. Peux-tu nous parler un peu de ce projet-là?
[00:11:12.260] – Interlocuteur 2
Tout à fait. Pyrowave, étrangement, ne fait pas de projet en Amérique du Nord, donc c’est pour ça qu’EDC, c’était dès le début un bon partenaire, parce qu’effectivement, ici, il y a des conditions de marché qui font en sorte que les projets d’économie circulaire sont plus difficiles à démarrer, entre autres à cause des normes et de la réglementation. En Europe, par exemple, ils ont un contexte réglementaire, la loi anti-gaspillage, par exemple, qui a été votée, donc il y a des lois qui obligent les entreprises à intégrer et de continuer à recycler dans leurs produits. Et puis, quand on a ce genre de contexte réglementaire qui favorise, on va dire, de manière concrète l’économie circulaire, combiné au fait qu’on a des énergies faibles en carbone, combiné au fait qu’on a aussi de gros acteurs de la chimie qui sont basés dans leur pays comme Michelin dans ce cas, les décisions se prennent beaucoup plus rapidement, puis les projets font plus de sens d’un point de vue économique pour ces acteurs-là. On a fait un premier projet avec Michelin, justement, où ils intègrent notre technologie dans le cadre de leurs opérations.
[00:12:11.390] – Interlocuteur 2
polystyrène, les décomposent en monomère de styrène. Le styrène sert à faire le caoutchouc synthétique dans les pneus. La bande de roulement de pneus est constituée de caoutchouc synthétique et ce caoutchouc synthétique, maintenant, il va être 100 % avec du styrène recyclé. Ça, c’est un exemple. On fait aussi un projet au Japon. C’est un peu le même concept. Au Japon, ils ont une infrastructure de collecte et de tri extrêmement sophistiquée pour tout ce qui est déchets, plastique, métal, etc. Donc l’accès aux gisements est beaucoup plus facile dans ce pays-là. Ils ont aussi des lois très strictes sur le recyclage. Ils ont aussi un contexte socioéconomique où ils n’ont pas accès à des ressources naturelles sur leur territoire aussi facilement que ça. Donc le fait d’avoir des technologies circulaires, ça remplit aussi un objectif d’indépendance au niveau des ressources. On est capable de faire ce genre de projet à l’étranger. Mais ici, c’est toujours un petit peu plus compliqué. C’est à cause du cadre réglementaire qui n’est pas tout à fait encore en place.
[00:13:15.060] – Interlocuteur 1
Est-ce que tu es en train de suggérer que les gouvernements devraient justement mieux encadrer ça pour motiver l’industrie, encourager fortement l’industrie vers plus d’économie circulaire?
[00:13:31.580] – Interlocuteur 2
Je veux dire, le modèle général, je pense que les auditeurs qui écoutent le « podcast », qui sont dans le domaine de l’innovation vont être d’accord avec moi, ce qui accélère l’adoption des innovations dans le marché, c’est beaucoup la réglementation. Si on voit un essor des voitures électriques, par exemple, c’est parce que quelque part, il y a des directives client qui ont été mises de l’avant avec des objectifs réels de transformer cette industrie de manière réelle d’ici 2030, 2035, etc. Ce qui force le statu quo à changer, c’est beaucoup les réglementations. Aujourd’hui, c’est ce qu’on voit en France, en Europe, de manière générale, les lois, les réglementations qui favorisent l’ajout de contenu recyclé ou qui pénalisent de ne pas ajouter de contenu recyclé dans les produits, c’est ça qui a le meilleur effet transformatif dans les postes du système. Ce n’est pas spécifique à l’économie circulaire, mais je pense que de manière générale, l’adoption des innovations, même si on arrive avec quelque chose qui est issu de produits de la même qualité, est au même prix, ce qui va forcer les gens à l’adopter éventuellement, c’est la réglementation. À partir de ça, évidemment, tout ce qui est pris du carbone, c’est quelque chose qui est très sensible pour nous parce que si on arrive à faire un produit qui est identique à un produit fossile, à une propriété mécanique, chimique, etc., mais que son seul avantage, c’est que aussi d’être faible en carbone et que ça n’apparaît pas au bilan d’une société, il y a aucun CFO de compagnie qui va accepter de changer de fournisseur juste parce que le produit est identique.
[00:15:11.650] – Interlocuteur 2
Exactement. Donc, il n’y a pas d’intérêt financier. C’est pour ça que c’est extrêmement important d’avoir ces leviers de prix du carbone, mais aussi de taxe carbone aux frontières. Quand on importe de la pollution, parce qu’on fait faire des produits à l’étranger, puis qu’on amène de la pollution ici, il faut d’une certaine manière arriver à avoir cet équilibre. En Europe, ils ont fait ce genre de loi-là aussi, qui est appelée le « carbon border tax », où ils arrivent à compenser ou à considérer au moins les émissions des produits qui sont importés sur le territoire.
[00:15:43.250] – Interlocuteur 1
C’est vraiment intéressant. J’attends définitivement plus d’encadrement, plus de lois gouvernementales pour nous motiver, mais aussi un support parce que c’est des enjeux complexes qui demandent de grands investissements, parce que des fois, on n’a même pas les technologies pour justement passer du polymère à des monomères, c’est quand même... C’est exhaustif comme travail. Dans le fond, pour moi, l’économie cellulaire, ça prend le problème à la base. C’est de la prévention. On investit à la base pour prévenir tout le reste à la fin. Mais c’est ça, il faut qu’il y ait un intérêt financier souvent, puis un accompagnement. Donc les réglementations aident à mon sens, à prévenir au lieu de guérir.
[00:16:30.090] – Interlocuteur 2
À un moment donné, en général, je pense qu’il faut avoir aussi tout un rapport à la consommation. Parce que c’est sûr, on peut toujours... Moi, je suis un ingénieur à la base, tous les problèmes sont techniques. Nous, ce qui nous stimule depuis 10, 15 ans, c’est comment on arrive à défaire le polymère, le ramener en monomère, on a réussi à le faire mieux que les autres. C’est super. Maintenant, on se rend compte qu’il y a des enjeux macro des marchés. Comment le marché répond à ce genre de technologie? Comment le statu quo accepte l’entrée de ce genre de nouvelles technos concurrentes sur le marché? Après ça, de manière plus générale, c’est moi qui me dit « Pourquoi il y a des déchets plastiques? ». C’est parce que notre mode de consommation a changé, parce qu’aujourd’hui, on achète beaucoup plus de plats préparés, donc les emballages... Moi, je regarde juste... Je n’ai pas de cheveux gris, mais je me rappelle que quand j’étais plus jeune, on avait des bouteilles de boisson qu’on retournait à l’épicerie. C’était des bouteilles de verre qui étaient remplies avec une consigne. Aujourd’hui, c’est tout jetable. Il y a des choses qui ont changé.
[00:17:30.270] – Interlocuteur 2
Je vois aussi des restaurants en Europe qui redécouvrent la vaisselle, puis ils voient ça comme une innovation. C’est la plus fantastique après le pain tranché. « Oui, mais la vaisselle, tu en as toujours eu. » Qu’est-ce qui est arrivé depuis, entre le moment où on avait de la vaisselle, puis on a utilisé des trucs jetables, puis on est revenu à la vaisselle, puis on se rend compte que finalement, le fait de mieux consommer, c’est quand même à la base... Oui, la prévention, pour revenir à ce que vous disiez, je pense que oui, le déchet évité est le meilleur moyen de le recycler d’une certaine manière. L’électron ou l’énergie qui n’est pas consommée, c’est la meilleure façon de la consommer, mais effectivement, je pense que de manière plus philosophique, il y a tout le rapport à notre consommation qui est effectivement interpellé par les enjeux de l’économie circulaire.
[00:18:15.790] – Interlocuteur 1
Avant le recyclage, il y a la réduction dans les trois R. Il y a la réutilisation, il y a la réduction définitivement, mais justement, on est extrêmement dépendants aux plastiques. Tu as touché vraiment à ce point-là, incluant mon industrie. J’ai souvent dit que c’était mon talon d’Achille. Dans le fond, je me demande, vous êtes dans ce recyclage de plastique, dans l’économie circulaire, mais comment Pyrowave s’attaque à ce défi mondial de la consommation de plastique?
[00:18:49.830] – Interlocuteur 2
L’enjeu numéro un de l’industrie du plastique, je pense que c’est la gestion de la fin de vie. Effectivement, on a parlé tantôt de l’impact de la production. Ça, c’est des impacts au niveau des émissions polluantes. Quand on produit du plastique, on utilise de l’énergie qui est intensive en carbone, donc on émet de la pollution. Mais par la suite, le problème, c’est que ces emballages se ramassent n’importe où parce qu’il n’y a personne... En fait, il n’y a pas de valeur à utiliser ce produit. Donc, il n’y a pas de marché. Il n’y a pas de marché pour reprendre ces matériaux. Aujourd’hui, je dirais depuis les années 50, les gens ont fait beaucoup de tri mécanique. On a atteint des niveaux de 5 à 7 % de circulation. On est capables, avec de la mécanique, de laver, on fait un tri optique. On est capable de séparer les différents polymères par type de semis, on les lave, on les remet sous forme, mais… il n’y a
[00:19:41.730] – Interlocuteur 1
Pas de marché. Il n’y a pas de « business ».
[00:19:44.510] – Interlocuteur 2
Ça répond à peu près à 7, 10 % du marché. Si on se dit que depuis 50 ans, on ne reçoit que 10 %, ça veut dire que quelque part, cette matière répond à 10 % du marché. Pour le reste, c’est sûr que quand on fait un tri mécanique, la qualité n’est pas identique aux vierges, on n’en aurait pas besoins. Ça prend un autre ensemble de technologies qui arrivent à dire « OK, on va mettre un petit peu plus d’énergie puis d’efforts dans cette matière là, mais au moins, on va ramener une valeur qui répond aux besoins du marché. » Ça, c’est ce qu’on fait nous pour le on peut le faire pour d’autres types de plastique. Ça, c’est ce qu’on appelle toutes les familles de recyclage chimique. C’est une autre famille de technologie qui... Le but, dans le fond, c’est de faire un gros « reset » sur la valeur et la qualité du produit. Tous les polymères ne sont pas égaux. Il y a des polymères qui sont plus difficiles à recycler chimiquement que d’autres. Ceux qui sont les plus faciles, je dirais aujourd’hui, c’est le polyester, le PET, les bouteilles, le textile, le polystyrène, assurément.
[00:20:51.680] – Interlocuteur 2
Certains autres polymères plus exotiques comme les acryliques. Mais le gros enjeu aujourd’hui, c’est tout ce qui a rapport aux polyoléfines, donc le polypropylène, c’est des...
[00:21:01.070] – Interlocuteur 1
Ça, avec le plastique.
[00:21:02.220] – Interlocuteur 2
Ça, le plastique, les adjuvants, le PE. C’est difficile parce que briser ces molécules-là, ça donne ce qu’on appelle des oléfines, c’est un petit peu plus difficile à manipuler, donc ça demande un petit peu plus de travail. On ne rentrera pas dans le détail de ça, mais au départ, le choix... C’est le choix des studios sont importants au départ.
[00:21:22.760] – Interlocuteur 1
Je le sais parce que ça fait plus de dix ans que je cherche une solution pour nos emballages plastiques et je suis entrée dans un monde qui est extrêmement complexe, avec un enjeu complexe. C’est un enjeu d’industrie, puis il n’y a pas de solution simple. C’est ce que j’ai découvert, en fait. Comme tu le dis, c’est extrêmement complexe, mais bon, naturellement, à votre part...
[00:21:45.000] – Interlocuteur 2
J’ai vu tout un ensemble de nouveaux emballages avec ce qu’on appelle des multicouches, des polymères. Ça rajoute encore plus de complexité, parce qu’on a plusieurs matériaux qui sont pris ensemble. Des fois, on a l’impression que c’est un peu le chat et la souris, c’est-à-dire qu’on arrive à solutionner un problème pour une résine, mais là, automatiquement, l’industrie arrive avec un produit encore plus compliqué. Pourquoi ça fonctionne? C’est nécessairement pour des raisons de coûts. Ce qu’on dit, nous, c’est que si ça ne coûte pas assez cher d’acheter... Si l’emballage est moins cher, mais qui est plus difficile à recycler, c’est parce qu’il y a un coût qui n’est pas capturé quelque part. Ça veut dire qu’il faut... C’est tout ce qu’ils appellent la responsabilité élargie des producteurs. Il faut sensibiliser les gens qui mettent ces emballages dans le marché, éventuellement, à se dire « Vous prenez un peu vos responsabilités », parce que si à l’époque vous aviez toute une logistique inverse pour ramener les bouteilles, laver les bouteilles, remettre les bouteilles de production, remplir les bouteilles, puis que vous avez décidé du jour au lendemain de mettre ça de côté, puis d’aller dans du jetable.
[00:22:45.700] – Interlocuteur 2
À quelque part, il y a un coût qui a été sauvé, mais qui n’a pas été remplacé à quelque part pour gérer la fin de vie des emballages. Donc, on a un petit peu vécu sur le temps, pendant une trentaine d’années, où on a envoyé tous les déchets dans la nature, puis là, on est pris avec leurs problèmes. Il n’y a personne qui veut payer pour. Donc là, il faut qu’on réussisse à s’habituer à payer un petit peu plus cher pour que l’emballage, au moins, soit remis dans la boucle, qu’on puisse le réutiliser.
[00:23:10.300] – Interlocuteur 1
Tout à fait. C’est extrêmement complexe. Prévenir au lieu de guérir. On est encore dans cet esprit qui est très, très simple, mais on dirait que l’humain... Des fois, on aime bien ça, guérir pour garder nos habitudes de vie.
[00:23:23.850] – Interlocuteur 2
On ne peut pas faire abstraction. Je m’excuse quand même de dire que ces matières ont quand même une fonction, puis ont quand même des avantages. On peut éviter le plus qu’on peut, mais après ça, il y a quand même une valeur d’utiliser ces produits dans certaines applications. Mais ce qu’on dit, c’est peut-être pour ceux qui n’ont pas de nécessaire de l’éviter, mais pour ceux qui ont des nécessaires, il faut trouver des solutions pour être capables de les circulariser après.
[00:23:45.590] – Interlocuteur 1
Très d’accord. Pyrowave est devenu un leader national bien établi dans l’économie circulaire des plastiques, mais EDC, je crois, vous aide à passer à l’étape suivante. Est-ce qu’il y a des partenaires commerciaux ou des programmes qui ont eu un impact sur la capacité de Pyrowave à croître ses ventes à l’international? Parce que dans le fond, vous êtes en taux que votre industrie est à l’international.
[00:24:08.200] – Interlocuteur 2
Oui, 100 % de nos ventes sont à l’international, donc on ne fait pas de « business » locale. EDC nous a beaucoup aidés sur plusieurs fronts. Évidemment, ils nous ont mis en contact avec des gens clés dans l’écosystème de financement de notre part. On est issu quand même de plusieurs organisations gouvernementales qu’ils ont financées pour arriver à développer ce genre de technologie. Sur 10 ans, ça prend de l’argent en gouvernementale, donc ça ne se fait pas tout seul. EDC, par la suite, ils nous ont mis en contact avec des investisseurs privés, entre autres, qui ont permis de financer l’entreprise, mais aussi, effectivement, il y a d’autres services comme les délégations et les commerciaux de vente à main qui nous ont permis d’explorer, au moins dans une phase initiale, les différentes opportunités sur différents marchés. EDC, j’ai une histoire particulière avec eux parce qu’ils m’ont sauvé plusieurs fois de problèmes de « cash flow ». À certains moments, on avait des commandes, on n’avait pas l’argent pour financer la commande. Avec leurs différents outils, ils ont permis de nous donner l’argent avant d’avoir les commandes, de garantir aussi certains clients. C’est sûr que quand on est une petite entreprise, aller chercher ce genre de garantie, ça peut nous aider au départ.
[00:25:19.850] – Interlocuteur 1
Vous faites tous la différence.
[00:25:22.470] – Interlocuteur 2
Surtout quand on va faire des affaires avec des entreprises qui sont de l’autre bord de la planète, de ce genre de services qui peuvent éviter de sérieux problèmes.
[00:25:32.130] – Interlocuteur 1
Donc du support financier et des délégués commerciaux pour évaluer les opportunités de marché à l’extérieur. À quoi ressemble aujourd’hui votre stratégie d’exportation? C’est quoi les marchés où vous êtes présents? Où est-ce que vous voulez aller justement à l’international? Est-ce que vous avez des objectifs aussi nationaux?
[00:25:51.180] – Interlocuteur 2
Notre stratégie internationale, c’est sûr que nous, ce qui détermine nos marchés cibles, c’est trois critères. On en a parlé brièvement tout à l’heure, mais est-ce qu’il y a des infrastructures? Est-ce que la matière première est disponible? Est-ce qu’elle est suffisamment organisée pour être utilisable par nos technologies? Deuxièmement, est-ce qu’il y a des réglementations qui favorisent plus notre technologie que d’autres technologies? Puis, est-ce qu’il y a des articles qui sortent de la chaîne de valeur présente qui peuvent bénéficier de notre techno? Aujourd’hui, nos marchés cibles, c’est vraiment l’Europe, le Japon, la Corée du Sud. C’est des marchés où il y a du gisement, il y a des réglementations et il y a tous les gros pouvoirs de la chimie qui sont présents. Et puis après ça, pour tout ce qui est attaqué, le segment asiatique, une fois qu’on travaille avec des gens, Japon, Corée du Sud, ces gens-là ont des dossiers d’empreintes assez extensifs en Asie. Donc, c’est un petit peu comme ça qu’on va se déployer. C’est comme ça que je le vois pour rentrer plus profondément en Asie. Le Canada, je pense, avec tout le leadership qui est pris au niveau des chartes plastiques, je pense, c’est un bon...
[00:26:56.810] – Interlocuteur 2
Maintenant, on commence à voir, par exemple, aux États-Unis, un mouvement plus sérieux parce qu’effectivement, il y a des directives qui deviennent de plus en plus claires. Le gouvernement Biden a émis certaines directives sur certains plastiques. Là, tout d’un coup, dans les six ou huit derniers mois, il y a eu beaucoup de demandes pour faire des projets ou faire des phases de tube. Ça nous montre clairement si c’est vraiment la réglementation, les directives qui font ça que les entreprises... Elles peuvent faire plus dans le flou. C’est ça, elles ne sont pas dans le flou, puis elles savent vers où ça en est? Ce que l’industrie impose, c’est être dans le flou, à ne pas savoir est-ce qu’il va y en avoir, est ce qu’il n’y en a pas. Là, à ce moment-là, c’est difficile de justifier des investissements, des décisions internes à faire des projets qui sont, on va le dire, ce n’est quand même pas des petits projets, c’est quand même des projets importants qui affectent à la fois la « supply chain » de leur société. On transforme complètement la « supply chain », on manque quand même des cap-ex qui ne sont quand même pas négligeables non plus pour ces sociétés.
[00:28:01.240] – Interlocuteur 1
Ce que tu dis finalement, c’est que la réglementation, pour vous, c’est un levier stratégique pour accélérer le passage à une économie circulaire. C’est un des éléments motivateurs pour l’industrie.
[00:28:14.730] – Interlocuteur 2
Oui, parce que comme je vous ai dit, la complexité... Tout le monde parle d’économie circulaire, on fait un beau rond, c’est facile. Le problème, c’est que les gens à bout de chaîne n’ont jamais fait affaire avec les gens au début de la chaîne. Les gens de pêches n’ont jamais rendu à l’industrie chimique. Il faut qu’on arrive à mettre des choses qu’on voit, nous, par exemple, faire juste une spécification de produits. Un gestionnaire de centre de territoire ou un gestionnaire de compagnie de déchets, c’est bien rare qu’il va y avoir une spécification avec des TPM dessus, c’est des parties par million. Eux, c’est des pourcentages de contaminants, mais l’industrie chimique dit « Nous, on veut tel PPM de tel contaminant. » C’est quand même un gros « clash » de cultures, d’arriver à faire parler des gens au bout de chaîne avec des gens au début de la chaîne. Ce n’est pas facile, ça demande des efforts considérables. Avant d’investir du temps et de l’argent à faire ça, les entreprises veulent être sûres que c’est ça qui va arriver. La visibilité sur la réglementation, les règles du jeu claires pour la suite des choses, je pense que c’est la solution d’assez.
[00:29:15.680] – Interlocuteur 2
Les conditions gagnantes pour mettre en place des filières innovantes comme l’économie circulaire.
[00:29:21.290] – Interlocuteur 1
Tu as touché à un point très important. Il faut que toutes les parties prenantes se parlent. Là, on travaille en silo, mais de ce que je vois, je comprends de l’économie circulaire, de ce que vous voulez faire, c’est que chacun des acteurs se parle et voit une opportunité chez son voisin, finalement.
[00:29:40.460] – Interlocuteur 2
C’est ça. La « supply chain » du plastique, c’est quand même assez complexe. Il y a beaucoup d’intervenants. Les parties prenantes dans la « supply chain » du plastique, ça part du pétrochimiste, mais il y a beaucoup d’acteurs le long de la chaîne de vente. Par exemple, si on a une entreprise, mettons l’automobile, une compagnie de tour, le manufacturier automobile, ils peuvent avoir des objectifs de régie fort sur l’environnement, sauf qu’ils ont à peu près une demi-douzaine, une bonne douzaine de pierres entre le producteur de plastique lui-même, puis le manufacturier automobile. Il y a beaucoup de gens avec des OEM entre eux puis le fournisseur, qui fait que même si cette compagnie veut mettre du contenu recyclé, il faut parler à bien du monde, donc ça devient compliqué de remonter la chaîne où moi, ma techno peut amener un avantage. Il ne faut pas non plus se cacher, c’est une industrie qui est énorme. On parle de 300 000, 400 000 millions de tonnes par année de plastique. C’est des compagnies qui sont gigantesques. Là, on arrive avec toute la problématique d’échelle aussi. Comment on arrive à fournir autant de plastique recyclé dans un secteur qui est mature, qui a fait 100 ans et pas plus que ça opère, c’est intégré, c’est optimisé, ça roule bien.
[00:31:01.310] – Interlocuteur 2
Puis on arrive avec de nouvelles technos qui sont beaucoup plus petites, qui ont besoin d’une vingtaine, trentaine d’années peut-être à devenir plus matures. Donc les gens veulent la solution tout de suite, puis on remplace 300 à 400 millions de tonnes par année. Mais 400 millions de tonnes par année, c’est du stock.
[00:31:16.610] – Interlocuteur 1
400 millions de tonnes, ça, c’est au Canada, en Europe. À l’échelle mondiale. 400 millions de tonnes de plastique sont produites à l’échelle mondiale par année.
[00:31:27.370] – Interlocuteur 2
Si on regarde l’évolution du plastique, c’est que c’est vraiment dans les 15, 20 dernières années que ça a beaucoup augmenté.
[00:31:33.450] - Interlocuteur 1
La consommation, la production, la consommation. De là, la Belle Île dans le Pacifique de plusieurs kilomètres carrés.
[00:31:42.000] – Interlocuteur 2
Oui, puis après ça, dans les... Je ne vais pas dans les rivières, il n’y a pas une journée que je ne vois pas sur les réseaux sociaux des images de rivières qui sont contaminées, remplies de plastique. Ça, c’est ce qu’on voit, mais il y a tout ce qui est écoulé dans le fond qu’on ne voit pas non plus.
[00:31:59.330] – Interlocuteur 1
Quel enjeu, mais ce qui est extraordinaire quand même, ça me laisse quand même une porte d’optimisme que vous faites partie de la solution. Vous avez répondu à un enjeu, puis je pense, avec une technologie qui est unique, c’est ça, je pense, qui a conduit à votre succès, puis qui a lui, de Pyrowave. Justement, cette technologie Pyrowave régénère les plastiques post-consommation, de ce que j’ai compris, post-industriel, en nouveaux plastiques. Donc, on récupère la pleine valeur de ces ressources-là. Ça a été un voyage de dix ans pour vous, du laboratoire jusqu’au stade de commercialisation. Qu’est-ce que tu as appris en cours de route? Qu’est-ce que tu as appris?
[00:32:40.850] – Interlocuteur 2
J’ai appris beaucoup de choses. On n’en a pas assez pour dire. D’abord, la technique, c’est une chose. Ce que j’ai appris, c’est que les problèmes ne sont pas juste techniques. La technique, c’est ce qui rend possible le « business ». C’est sûr que si on a une technologie qui ne fonctionne pas, ça peut être difficile. Mais après ça, quand on arrive avec des technologies nouvelles, il y a tout l’environnement d’affaires autour qui va changer. Le jour où tu arrives avec une nouvelle techno, l’affaire qu’on voit maintenant, c’est que le marché s’adapte, le marché change, le marché bouge. Il faut être prêt à ça. Quand on met une goutte d’eau dans l’eau, il y a une petite bague qui est faite quand même, donc ça, c’est un effet. Aussi, une autre chose que j’ai apprise, c’est qu’il faut bien s’entourer. Ça, ça a l’air d’un classique, mais c’est vrai. Si on est bien entouré, moi, je dis une bonne gouvernance, ça commence avec les bons actionnaires. Si on a des bons actionnaires qui comprennent exactement les enjeux, les difficultés que ça va être le long, ce ne sera pas un « easy ride », il va y avoir des difficultés.
[00:33:44.720] – Interlocuteur 2
On part sur des fondations qui sont beaucoup plus solides. Ces gens sont capables de remettre du capital dans le temps parce qu’ils croient à la mission, ils croient au projet, puis surtout, on les a embarqués avec des représentations qui sont vraies. Moi, ça a été difficile de trouver des investisseurs au début, parce que c’est sûr qu’à l’époque, il y avait plein d’autres cas vraiment intéressants qui étaient très à la mode, mais aujourd’hui, c’est un peu plus classique. Ce n’était pas vraiment à la mode dans ce temps-là. Mais on a réussi à quand même convaincre des gens qui voyaient que c’était important ce problème, qu’il fallait le régler. Je pense que bien s’entourer, c’est sûr que c’est garant de... ça peut pas nuire.
[00:34:23.510] - Interlocuteur 1
C’est certain. Puis, pas juste au niveau de son équipe immédiate, mais comme tu le dis, au niveau de ses actionnaires, au niveau de sa gouvernance, d’avoir un « fit » au niveau de la culture et de la mission.
[00:34:35.170] – Interlocuteur 2
Parce que c’est toujours facile. Il y a plein d’exemples récents qu’on a vus, entre autres aux États-Unis, où il y a des entreprises qui font à trois, toutes sortes de trucs. C’est facile à dire ce type de choses, mais après ça, il faut y tourner. Malheureusement, quand on est avec la science, on ne peut pas « amender » les lois de la science. Il faut qu’on arrive à réussir à répondre à la question. Donc, on ne peut pas, perpétuellement, faire croire que les trucs fonctionnent quand ils ne fonctionnent pas, parce qu’à un moment donné, on va bien voir que ça ne fonctionne pas. Je pense que l’honnêteté, la confiance, ça fait partie des valeurs chez nous, la confiance. C’est ce qui nous a toujours sauvés. Quand on a eu des moments difficiles, les gens se sont rappelé qu’on a toujours dit la même chose. Je ne sais pas si ça fait des discussions difficiles, mais au final, on est plus orienté solution par la suite que d’essayer de se blâmer puis trouver des coupables. Je pense que c’est une réponse.
[00:35:33.130] – Interlocuteur 1
Tu as touché à ce point-là, mais tu as déjà dit en entrevue, chez Pyrowave, nous pensons que le futur est électrique et que l’électricité est source de nombreuses innovations qui favorisent l’économie circulaire et la reproduction de matériaux durables. Tu as touché à ce point-là tantôt, mais pourquoi l’électrification est aussi importante pour l’économie circulaire?
[00:35:55.190] – Interlocuteur 2
L’électrification, ce n’est pas compliqué. C’est la manière d’utiliser de l’énergie qui est faible en carbone, mais renouvelable. D’utiliser l’électricité ou l’électron, ce qui est géré par la production d’électricité, c’est ça qui permet de s’affranchir de la combustion de produits fossiles. Dès qu’on est capable d’avoir des technologies électriques, ça veut dire qu’on peut s’accrocher à un électron qui est renouvelable. Aujourd’hui, c’est le cas dans le transport, on parle beaucoup d’électrification des transports, au fond, c’est quoi qu’on fait? Oui, c’est sûr qu’on peut recharger notre batterie avec une centrale, de l’électricité faite par une centrale au charbon, mais à terme, ce n’est pas ça l’idée. L’idée, c’est qu’on soit capable d’utiliser une éolienne ou un panneau solaire, etc. Par contre, on ne peut pas recharger une voiture, on ne peut pas faire le plein d’une voiture à essence avec une éolienne, ça ne marche pas. C’est pour ça qu’en utilisant des technologies qui permettent d’opérer avec l’énergie électrique, on est capable de directement se connecter à une éolienne ou à un panneau solaire, puis de le mettre au service de ce qu’on veut faire avec. Maintenant, faire des matériaux, comme j’ai dit, il y a quand même les trois plus importants matériaux qu’on utilise, c’est les plus « impactants »au niveau de l’environnement, l’acier, le ciment, le plastique.
[00:37:10.040] – Interlocuteur 2
Ce sont des procédés thermiques. C’est des procédés qui brûlent la matière pour arriver à mettre en forme des matériaux. Si on n’est pas capable de transformer cette industrie et d’arriver à utiliser l’électricité pour faire la même chose, on ne sera jamais capable de réduire les émissions de ces secteurs qui sont extrêmement « impactants ». Oui, à l’échelle individuelle, on ne voit pas vraiment l’impact, mais quand on regarde d’un point de vue microscopique au niveau de la Terre, c’est que quand même la production de ces matériaux qui sont les plus « impactants » aujourd’hui. Donc, il faut qu’on arrive avec de nouvelles solutions qui permettent d’utiliser, un peu comme la plante avec le sellier, qu’on soit capable d’utiliser de l’énergie gratuite, en tout cas faible en carbone, pour arriver à remettre en forme les matériaux dans un cycle quasiment infini.
[00:37:59.570] – Interlocuteur 1
Tu as touché à ça aussi tantôt. Tu disais que bien s’entourer, c’était un des éléments clés dans ton parcours. Est-ce que tu aurais d’autres conseils à donner aux entrepreneurs qui débutent, qui veulent exporter, surtout dans une industrie comme ça, on s’entend? La barrière est quand même assez haute. Quels conseils tu donnerais?
[00:38:19.670] – Interlocuteur 2
Moi, j’avais déjà dans un panel EDC, j’avais déjà eu cette question, puis j’avais déjà... Je vais redonner la même réponse que je l’avais trouvé sur « le fly ». De travailler sur un problème important, Je pense que c’est un bon point de départ. Ce que je veux dire par là, c’est que moi, à la blague, je pense que je l’ai dit, j’ai quasiment fait faillite une demi-douzaine, je ne sais pas une douzaine de fois. Quand on est entrepreneur, on est toujours au début surtout, on est toujours en train de courir après l’argent pour faire la prochaine paie. À un moment donné, je me suis dit « Mais il y a des investisseurs qui sont venus me voir ». Puis quand on était vraiment sur le bord de mourir, c’était important ce que tu fais. Il faut que des gens comme toi travaillent là-dessus, on va t’aider. Je pense que quand tu travailles sur quelque chose qui est important, on peut définir « important » de plein de manières, mais moi, je pense que l’environnement et sa protection, c’est important. Même si on n’est pas d’accord avec ma technologie, que ce ne soit pas des microns ou peu importe, mais je pense qu’au final, ma mission, c’est que je veux avoir un impact sur l’environnement.
[00:39:21.770] – Interlocuteur 2
J’essaie de mettre mon savoir, mon énergie à cette cause. Ça inspire des gens, il y a des gens qui disent « Moi, je pense que je dois t’aider. » Ça m’a toujours sauvé, il y a des sortes d’anecdotes qu’on pourrait raconter, mais ce qui fait que je pense que si on trèfle quelque chose d’important, qu’on le fait pour les bonnes raisons, je pense qu’au final, ça aide à attirer de bonnes personnes pour nous aider quand c’est difficile. Ça, c’est le conseil que je donnerais.
[00:39:51.000] – Interlocuteur 1
Oui, dans le fond, c’est un sujet qui te passionne. Puis, comme tu dis, au niveau macro, l’enjeu, il est important. Puis, si on n’est pas passionné à travers le parcours, il y a des hauts, il y a des bas, il y a des moments extrêmement difficiles. Puis, si on n’a pas ce feu à l’intérieur de vouloir changer les choses, c’est dur des fois au quotidien de passer les moments plus difficiles. Il y a quelqu’un qui disait, ce n’est pas Confucius, qui disait « Travaille dans ce qui te passionne, tu n’auras pas à travailler un jour de ta vie. » C’est un peu ça.
[00:40:30.600] – Interlocuteur 2
Finalement, on travaille un peu quand même.
[00:40:35.150] – Interlocuteur1
Légitimement. Merci en tout cas de faire partie de la solution. J’ai sincèrement hâte de voir les réglementations arriver ici en Amérique du Nord pour un peu changer le paradigme, puis le statu quo qui existe pour l’utilisation de nos ressources, puis motiver l’économie circulaire de toute industrie. Je pense qu’on a tous à gagner en tant qu’individu, puis en tant que société. Merci vraiment. Dans l’exploration du secteur canadien des technologies propres, Michael Burrish, analyste principal de DSI, examine en profondeur le secteur canadien des technologies environnementales et propres, et comment l’État de l’Ontario, qui compare les volumes d’exportation des biens et des services canadiens en matière de technologie propre, met en évidence les principales industries durables et offre un aperçu des principaux domaines de croissance et des défis pour les exportateurs canadiens. Comme on prévoit que le marché mondial dépassera 2,5 billions de dollars américains d’ici la fin 2022, les entreprises canadiennes de technologie propre doivent se tourner vers l’étranger pour trouver des occasions de prendre de l’extension et de réaliser leur potentiel. Bien que l’industrie soit prête à croître sa force à long terme, dépend des ventes à l’exportation, comme on l’a vu aujourd’hui. Exportation et développement Canada met en œuvre sa stratégie en matière de technologie propre depuis plus de 10 ans et grâce à cette expérience, est devenu l’un des principaux bailleurs de fonds et leader d’opinion de l’écosystème des technologies propres.
[00:42:03.210] – Interlocuteur 1
Au cours de la dernière décennie, nous avons appuyé les exportations de technologies propres d’une valeur de plus de 20 milliards de dollars canadiens pour plus de 300 entreprises canadiennes, je pense dont Pyrowave en fait partie, leur permettant ainsi de se lancer sur les marchés internationaux et d’avoir un impact sur le monde. Lisez le rapport d’EDC pour en savoir plus sur les tendances mondiales et sur la façon dont le gouvernement du Canada prévoit d’atteindre son objectif de 20 milliards de dollars en exportation de technologies propres d’ici 2025. Le monde en a besoin. Merci énormément, Jocelyn, de Pyrowave, pour ce que vous faites et comment vous faites.
[00:42:38.060] – Interlocuteur 2
Merci à vous.
[00:42:39.090] – Interlocuteur 1
Bonne journée.
Invité
PDG et fondateur de Pyrowave
Animatrice
Cofondatrice de PRANA et dragonne officielle de l’émission « Dans l’œil du dragon » de Radio-Canada
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Le secteur en forte croissance demeure résilient malgré des écueils importants.
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