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24 janvier 2024
Il ne fait aucun doute que les entreprises québécoises ont une très bonne réputation à l’international. Aujourd’hui, notre animatrice, Marie-Josée Richer, s’entretient avec Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), à propos de ce que les entreprises québécoises peuvent faire pour s’imposer sur les marchés mondiaux ainsi que des programmes de soutien qui existent pour les entrepreneurs.
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[00:00:01.160] - Orateur 2
Bonjour, je suis Marie-Josée Richer. Bienvenue à l'Impact de l'exportation balado. Ce n'est pas un secret que les entreprises québécoises peuvent être confrontées à des défis d'exportation lorsqu'elles tentent.
[00:00:11.370] - Orateur 1
D'amener leurs idées partout dans le monde.
[00:00:13.780] - Orateur 2
Heureusement, de nombreux programmes et services ont été mis en place pour les aider à surmonter ces difficultés et à se rapprocher encore plus de la réussite internationale. C'est précisément ce que fait le MEQ. Meq, c'est quoi? C'est l'acronyme de Manufacturier et Exportateur du Québec. Et c'est une association qui travaille avec ces membres pour les aider à réaliser leurs ambitions d'exportation. Mais qu'est- ce que fait au juste MEQ et comment MEQ peut vous aider? J'aimerais aujourd'hui commencer par souligner que nous diffusons cet épisode depuis chez moi à Montréal, sur le territoire traditionnel non cédé des Kanien'kehá:ka, le peuple Mohawk. Nous tenons à prendre le temps d'honorer nos communautés autochtones, où que nous soyons, et nous rappeler notre dette commune envers les Premiers Peuples du Canada. Pour répondre à ces questions, je reçois aujourd'hui Véronique Koo, présidente de MEQ. Elle va nous expliquer ce qui rend les entreprises québécoises uniques et ce que son expérience lui a appris sur ce qu'elles peuvent faire pour s'imposer dans le monde et gagner. On espère que vous allez apprécier la discussion. Bonjour Véronique.
[00:01:16.210] - Orateur 1
Bonjour Marie-Josée.
[00:01:17.340] - Orateur 2
Merci d'être avec moi aujourd'hui. C'est un plaisir. On sait naviguer dans l'écosystème existant de tous les services commerciaux qui existent, qui est offert aux entreprises canadiennes, peut sembler un peu comme les douze travaux d'Asterix. Qu'est- ce que fait exactement le MEQ?
[00:01:36.310] - Orateur 1
Manufacturiers et Exportateurs du Québec, c'est une association d'affaires. Notre mission, c'est de favoriser la croissance des manufacturiers et des exportateurs. Tout ce qu'on vise à faire, c'est pour supporter les entreprises. Et je dis souvent qu'on est la voie des manufacturiers auprès du gouvernement fédéral et provincial pour qu'ils mettent en place des lois, des règlements, des mesures ou des programmes, par exemple, à l'exportation. Soit favorable à l'industrie. On représente des petites, des moyennes, des grandes entreprises manufacturières de partout à travers le Québec.
[00:02:07.570] - Orateur 2
Dans quels secteurs manufacturiers, par exemple, peux- tu nous donner des exemples concrets?
[00:02:11.630] - Orateur 1
Bien sûr. On a des gens dans l'aérospacial, comme Bombardier, comme Bombardier, comme Pratt & Whitney. On a des gens dans l'agroalimentaire comme Danone, comme AgroPur. Mais on a aussi des PME dans les produits de consommation, des PME qui sont dans le secteur du plastique, les portées fenêtres. On a vraiment des membres qui sont à l'image du tout industriel qu'on a au Québec.
[00:02:32.690] - Orateur 2
Comment MQ facilite l'exportation pour les entreprises québécoises? Tu as touché l'entrée du jeu à quelques points, mais comment spécifiquement vous facilitez ça?
[00:02:42.900] - Orateur 1
C'est une bonne question. Au niveau de l'exportation, on intervient directement beaucoup au niveau du commerce international. Quand on pense aux accords de libre échange, par exemple, quand le Canada veut négocier l'A léna avec les États-Unis, on était très présents auprès de l'équipe canadienne pour s'assurer que dans le cadre des négos, ils tiennent compte des besoins de la réalité des exportateurs québécois. Quand il y a eu les tarifs sur l'acier et de l'aluminium il y a quelques années, qui ont été imposés aux entreprises canadiennes, encore une fois, on était très présents, tant dans les médias qu' auprès du gouvernement, pour s'assurer que ces mesures- là et les contre- mesures aient le moins d'impact possible. On est vraiment allé au niveau des accords de libre échange, des conflits commerciaux, mais on reçoit effectivement beaucoup de demandes de petites moyennes entreprises au Québec qui commencent à exporter, qui veulent développer des nouveaux marchés. Et, Marjorie, si tu le disais en introduction, l'écosystème au Québec est très vaste d'organismes gouvernementaux, de consultants. Il y a beaucoup, beaucoup d'expertise. Alors, nous, on s'assure de rediriger ces entreprises- là vers les bons experts en fonction du stade où ils sont rendus à l'exportation.
[00:03:46.810] - Orateur 1
Donc, par exemple, un nouvel exportateur, on va le diriger vers ce qu'on appelle les Orpex, donc les organismes régionaux de promotion des exportations. Il y en a un dans chaque région du Québec qui sont vraiment là pour accompagner les entreprises qui commencent, qui réfléchissent, qui disent « Moi, j'ai un produit, je pense aux États-Unis, c'est-ce que tu réalises dans quel état? », etc. Mais ça peut aussi être une entreprise qui veut diversifier ses marchés d'exportation, sont bien implantés aux États-Unis, ils pensent à aller en France, mais là, on va regarder avec le service des délégués commerciaux du Québec et du Canada, par exemple. L'écosystème est très vaste et nous, on est là pour les aider à naviguer au travers de tout ça.
[00:04:22.510] - Orateur 2
Combien de membres vous avez?
[00:04:24.890] - Orateur 1
On a 1 100 entreprises membres au Québec, les petites, les moyennes, les grandes. Et je te dirais qu'on est là pour les appuyer, mais on reçoit beaucoup de demandes d'entreprises qui ne sont pas membres non plus, qu'on essaie d'accompagner ou de rediriger vers les bons vaisseaux.
[00:04:38.480] - Orateur 2
C'est certain que pour une entreprise qui veut exporter, ça peut devenir peut- être un peu mêlant. Moi, je dirais que j'apprends l'existence, littéralement, je m'en excuse, de MEQ et j'apprends même l'existence de Orpex. C'est tout des ressources qui existent, mais il faut savoir. Si on ne sait pas, on ne sait pas. C'est intéressant d'avoir ce point de contact, MEQ, qui nous redirige vers d'autres ressources.
[00:05:01.750] - Orateur 1
Absolument. Je te dirais que souvent, même une fois qu'on le sait, pour avoir accompagné beaucoup de chefs d'entreprise dans les PME, c'est bien de le savoir, mais il faut le savoir au bon moment. Si je t'en parle aujourd'hui, tu n'as pas de projet d'exportation, dans un an, deux ans, ça sera peut- être clair pour toi. C'est important pour nous, mais pour les autres organisations et pour le gouvernement aussi, de rappeler régulièrement ce qu'ils font, d'être capables, d'être au bon moment avec l'entrepreneur pour parler de son projet, rediriger vers les bonnes ressources. Ça fait partie des clés du succès.
[00:05:30.640] - Orateur 2
De ces 1 100 entreprises québécoises, c'est quoi les plus importantes préoccupations qui reviennent, selon toi, pour exporter?
[00:05:41.750] - Orateur 1
C'est des préoccupations qui nous amènent à l'exportation. Je m'exprime avec le défi numéro 1 au Québec pour les manufacturiers et exportateurs québécois, c'est le défi de main- d'œuvre. On parle beaucoup de pénurie de main- d'œuvre. Dans notre secteur d'activité au Québec, on n'est pas loin de 30 000 postes vacants. Nécessairement, quand tu n'as pas des travailleurs nécessaires pour faire rouler tes lignes de production, ce n'est pas en train de penser à exporter, à développer des nouveaux marchés. Quand tu gères 100, 150 employés, que tu t'occupes de la production des ressources humaines, de la finance, de l'exportation, un matin, tu te lèves, tu te manques cinq personnes sur ta ligne de production, ton défi est vraiment là. Ça, c'est le premier grand défi, la question de la pénurie de main- d'œuvre. Le deuxième, c'est la productivité et donc la compétitivité. Les grandes entreprises, pas parfaits, mais elles investissent quand même beaucoup parce qu'elles sont très exposées aux marchés internationaux. Elles exportent, elles ont des usines ailleurs, donc elles comprennent l'importance d'investir, puis elles ont les ressources nécessaires pour le faire. Dans la PME, puis on a fait un sondage récemment sur l'intégration de technologie 4.0 dans la PME manufacturière, il y a vraiment un retard considérable.
[00:06:50.590] - Orateur 1
Et ce que ça fait, c'est que moins on investit, moins on est productif. Donc ça nous prend plus de monde pour réussir à produire ce qu'on a à produire et ça nous coûte plus cher. Donc quand on arrive à l'export à l'exportation, on n'est pas compétitif. Je te dirais, c'est vraiment les deux défis en amont qui nous amènent à l'exportation. Et à l'exportation, je reprends mon exemple du chef d'entreprise qui gère 150 employés. Je viens de parler de ces défis- là. On lui dit « Il faudrait que tu exportes ou que tu exportes plus. »mais tu sais, je commence où? Je le fais comment? Ça implique quoi? Je ne connais pas les marchés, je n'ai pas l'expertise, je manque peut- être de l'argent. Alors, ce sont quand même des défis importants pour les PME québécoises.
[00:07:28.100] - Orateur 2
Oui, pour être une compagnie manufacturière, je comprends très bien ce défi- là, ça résonne à mes oreilles. Justement, dans ce défi- là de productivité, de compétitivité, beaucoup de gens parlent de l'automatisation. Quel rôle joue l'automatisation pour aider le Québec à être compétitif à l'échelle internationale, selon toi?
[00:07:51.320] - Orateur 1
L'automatisation, la robotisation, puis je vais parler de la numérisation de façon générale, ce sont des leviers essentiels. En fait, d'une part, ça va nous permettre de faire plus avec moins, comme je le disais. Donc, on va être plus compétitifs sur les marchés internationaux. Ça va nous permettre d'atténuer l'impact de la pénurie de main-d'œuvre parce que plus tu automatises, tu robotises, moins tu as besoin de postes d'entrée, tu as des tâches manuelles répétitives. Et c'est là où on a le plus grand défi en termes de pénurie de main-d'œuvre. Dans un contexte de rareté de main-d'œuvre, il y a de moins en moins de gens qui veulent ces postes- là, puis on le comprend. Troisièmement, ça te permet aussi, en renouvelant ton parc d'équipements, ça te permet de réduire ton empreinte environnementale TGAS. Fait que moi, j'ai souvent que c'est un trois dans un, donc l'automatisation est vraiment nécessaire. Par contre, dans les différents sondages qu'on a fait, puis je le vois régulièrement en parlant avec des PME à travers le Québec, c'est aussi un frein à l'investissement. Parce que qui doit investir 500 000, un million, deux millions, si tu n'as pas l'expertise pour faire ton projet de transformation technologique, si tu n'es pas certain d'avoir les ressources nécessaires en quantité et en qualité pour travailler avec tes nouveaux outils numériques.
[00:08:56.070] - Orateur 1
Alors, c'est à la fois une raison de le faire, mais à la fois un frein aussi, et et ça ressort très clairement dans les études, dans les sondages, puis dans les entretiens que l'on a.
[00:09:04.610] - Orateur 2
Quel est votre rôle, justement, au niveau de l'aide aux entreprises par rapport à l'automatisation, la numérisation, la robotisation? Est-ce que vous aidez, justement, à lever de l'argent pour ça? Comment vous aidez cette transition-là?
[00:09:21.190] - Orateur 1
Je vais dire, au départ, on est la voix des manufacturiers. Dans ce contexte-là, on fait des études, on fait des sondages pour être capables de mieux documenter la réalité. J'ai bien sûr ma réalité de terrain et les gens avec qui je parle, mais avec des études, des sondages, on est capable de mieux étoffer notre argumentaire. Et là, on s'assoit avec le gouvernement pour dire « Le gouvernement n'est pas la seule solution, mais il fait partie de la solution. Voici les enjeux rencontrés, voici les défis par secteur, voici ce que les entreprises nous disent. Moi, souvent, on va me dire Véronique, moi je fais du low volume high mix, donc des petits volumes, une grande variété de produits. Donc, je ne peux pas juste automatiser une ligne de production. La technologie n'existe pas. Puis, le résultat n'existe pas ou tu ne sais pas qu'elle existe. Puis nécessairement, quelqu'un qui a 150 employés, il n'y a pas le temps de faire une étude à l'international, de faire de la veille technologique. Donc, il y a un manque de temps, un manque d'expertise, de ressources. Et c'est là où on travaille avec le gouvernement pour dire oui, ça prend de l'argent, puis peut- être que le gouvernement pourrait donner un peu plus de subventions pour les PME, pour les inciter à passer à l'action, pour dérisquer l'opération, mais ont surtout besoin d'accompagnement pour les aider à faire le diagnostic, à faire le roadmap technologique.
[00:10:29.280] - Orateur 1
C'est vrai qu'en exportation, il y a un vaste écosystème, mais c'est aussi vrai au niveau de l'innovation, au niveau de l'investissement. Mais ça prend les bonnes personnes au bon moment pour accompagner ces chefs d'entreprises- là dans leurs projets de transition numérique.
[00:10:43.130] - Orateur 2
Vous êtes la voie vers les gouvernements de ces 1 100 membres-là, ces 1 100 entreprises-là, pour qu'il y ait des enveloppes qui soient données aux entrepreneurs.
[00:10:52.160] - Orateur 1
Exactement. On est vraiment là pour s'assurer que le gouvernement comprenne la réalité des manufacturiers et des exportateurs québécois, pour qu'ils mettent en place des programmes donc ça peut être des programmes de subventions, ça peut être des programmes d'accompagnement. Investissement Québec offre des mesures, des programmes financiers, mais il y a aussi de l'accompagnement qui se fait et s'assurer que l'écosystème soit en place pour vraiment supporter nos entreprises. Au Québec, on a plus ou moins trois et quinze mille entreprises manufacturières et il y en a seulement 1 000 qui ont plus de 100 employés. Donc, la grande majorité de nos entreprises ont moins de 100 employés et c'est vraiment là où on a un retard au niveau de la productivité. Ce sont ces entreprises- là qui sont le plus affectées par la pénurie de main- d'œuvre. Pourquoi? Parce qu'elles n'ont pas les moyens de payer les mêmes salaires que des grandes entreprises. Le recrutement international, c'est difficile pour elles. Il y a beaucoup d'enjeux, de défis dans cette taille d'entreprise- là, mais c'est quand même la grande majorité de nos entreprises au Québec. C'est pourquoi, nous, on dit que le gouvernement doit s'y attarder et doit mettre en place des programmes financiers d'accompagnement pour mieux les supporter dans leurs défis.
[00:11:54.060] - Orateur 2
Il y a comme une espèce de tension dans le sens où « je suis une entreprise, je vais exporter, ça va me prendre des moyens financiers pour le faire, ça va prendre des ressources pour le faire. Il va falloir que dans ma stratégie, je mette quand même un gros morceau de mes finances là. Mais d'un autre côté, il faut que j'arrive à produire. Si je veux m'automatiser, encore là, ça prend un portefeuille d'investissement. Pour l'automatisation, pour mes lignes de production et pour plus de main- d'œuvre. Je pense que des fois, les entreprises sont peut- être un peu pris dans « Je commence par où? J'augmente mes ventes à l'international et je m'automatise ou je m'automatise pour être prête pour les ventes à l'international?
[00:12:32.550] - Orateur 1
» Ça, c'est la réalité quotidienne que tu viens de décrire des chefs d'entreprise dans la PME. Je pense que c'est là que ça passe par la planification. Je veux dire planification stratégique. Ça n'a pas besoin d'être quelque chose de très complexe, mais ça a plein de planifications, une priorisation, puis après, on fait des choix. Moi, je te dirais que j'ai beaucoup accompagné d'entreprises sur les marchés internationaux. Celles qui réussissent, ce n'est pas nécessairement celles qui ont le meilleur produit, la meilleure stratégie marketing, mais c'est vraiment celles où il y a un engagement très ferme de la haute direction, puis une volonté, puis une persévérance à développer les marchés internationaux. En fonction des priorités qu'on se donne, on peut toujours se donner les moyens, faire des choix et ce sont ces entreprises- là que j'ai vu percer et persévérer sur les marchés internationaux.
[00:13:14.260] - Orateur 2
Vraiment intéressant. Côté, justement, du commerce international, est-ce que c'est vrai que les accords commerciaux peuvent finir par étouffer les opportunités commerciales au lieu de les encourager?
[00:13:25.420] - Orateur 1
C'est vrai si on n'augmente pas ou si on ne travaille pas sur notre productivité, puis notre compétitivité. Les accords internationaux sont là pour nous ouvrir des portes, mais encore faut- il qu'on soit compétitif quand on arrive à l'international. Et c'est là où je ramène à la distinction qui existe entre la grande entreprise puis la PME. La grande entreprise investit beaucoup, elle est exposée à l'international, comme je le mentionnais, donc elle comprend l'importance d'investir annuellement. La PME exporte peu, exporte moins, est moins confrontée à l'international, donc ça fait moins partie de son quotidien, elle voit moins l'importance de le faire ou l'urgence même de le faire.
[00:13:59.920] - Orateur 2
Ou peut- être qu'elle n'a pas les capacités, littéralement.
[00:14:02.510] - Orateur 1
Ce qui nous attend, le défi, puis je reviens à la productivité, une entreprise qui n'investit pas, puis on le voit, il y en a plusieurs qui n'investissent pas pour toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises, elle risque un jour de rencontrer le mur technologique ou de frapper le mur technologique. Le mur technologique, c'est quand tu te compares à tes concurrents, qu'ils soient locaux ou internationaux, si eux investissent année après année, toi, tu vas arriver à un moment donné, puis ça va juste te demander trop d'investissement, tu ne seras pas capable de le faire. Si ton intention, c'est de vendre ton entreprise, on comprend que tu vas être beaucoup moins attractif, parce que ça va nécessiter tellement d'investissement pour ceux qui vont t'acquérir. Donc, le risque avec le mur technologique, c'est que certaines entreprises soient appelées à disparaître ou à fermer. Donc, il y a vraiment une urgence de se dire « OK, je n'ai pas beaucoup de moyens, mais je fais quoi? Je le fais comment? » Parce que cette menace- là, cette réalité- là.
[00:14:48.550] - Orateur 2
Elle existe. Cette menace- là, dans le fond, ce que tu dis, c'est que tôt ou tard, elle va se réaliser. Donc, l'importance d'investir pour une entreprise année après année, pour ne pas être face devant ce mur- là, finalement, où on devient carrément plus compétitifs à l'échelle internationale et peut- être même locale.
[00:15:07.340] - Orateur 1
Et même local, exactement. Exactement. Puis quand on parle d'automatisation, robotisation, ça ne veut pas dire qu'il faut tout faire du jour au lendemain. Il faut y aller pas par pas. Souvent, l'éléphant, ça se mange par petites bouchées. C'est des petits projets. Si c'est vrai que vous faites du sur mesure, ça ne se fait pas sur votre ligne de production, mais on peut regarder d'autres processus. On peut regarder l'inventaire, on peut regarder le transport. Il y a plein de choses qui peuvent se faire, qui peuvent nous permettre d'augmenter notre productivité et encore une fois, notre compétitivité sur les marchés internationaux.
[00:15:34.590] - Orateur 2
Donc, dans sa planification stratégique, avoir vraiment de l'investissement année après année dans sa productivité?
[00:15:41.630] - Orateur 1
Absolument. C'est essentiel aujourd'hui. Essentiel, oui.
[00:15:45.110] - Orateur 2
C'est quoi les autres types de soutien qui sont disponibles pour aider les entreprises québécoises à prendre pied sur la scène internationale?
[00:15:52.490] - Orateur 1
Il y a vraiment un vaste écosystème, tant au niveau provincial que fédéral, non compris le gouvernement, mais aussi dans le secteur privé. Je parlais des Orpex au départ. Les Orpex, c'est vraiment, tu réfléchis à l'exportation, tu fais tes premiers pas à l'exportation, ils sont en région formation, sensibilisation, ils vont t'aider avec ton plan d'affaires, t'informer sur les ressources financières. Donc, ils sont vraiment là pour te guider au départ. Une fois que tu as fait tes devoirs, que tu es prêt, que tu veux commencer à explorer, tu peux travailler avec Investissement Québec International qui, lui, peut t'aider au niveau de l'analyse de marché, recherche, t'aider à prioriser, cibler des marchés. Eux sont en lien avec les bureaux du Québec à l'étranger. Quand tu es prêt à l'âme internationale, si on parle de la délégation du Québec à New York, par exemple, ce n'est pas un marché que je privilégierais quand on commence à exporter, mais disons que ce serait le cas, l'équipe là- bas est en mesure de te mettre en relation avec des clients, des partenaires, des distributeurs, des agents commerciaux. Ils ont un vaste réseau dans différents secteurs d'activité, ils sont là pour faciliter les mises en relation.
[00:16:51.580] - Orateur 1
On va retrouver un accompagnement similaire du côté fédéral avec les délégations, les ambassades du Canada à l'étranger. Ça, c'est bien sûr EDC, Exportation, Développement Canada, qui est là pour supporter au niveau du financement, mais qui ont aussi une mine de ressources, puis d'expertise et de données. Je peux te parler de la BDC, la Banque de développement du Canada, qui accompagne aussi, qui a des produits, des services pour les nouveaux exportateurs, des services conseil pour faire des études de marché, recherche d'être prémuteur à l'international. Donc, au niveau public, je dirais que l'écosystème est quand même très vaste. Après, tu as une multitude de consultants puis d'experts. Tu penses à être établis aux États-Unis et à ouvrir un bureau de banque? Tu peux travailler avec EY, un Estonien, au niveau de la fiscalité américaine. Tu peux travailler avec différents bureaux d'avocat. Par exemple, tu veux signer un contrat avec un agent manufacturier. Il y a une multitude d'organisations publiques, privées qui sont là. Et moi, je le dis souvent, je réfère souvent mes entreprises à d'autres chefs d'entreprise qui ont eu un projet similaire, faire que tu puisses échanger ensemble, partager la réalité. Et ça, ce n'est pas négligé.
[00:17:58.740] - Orateur 1
Parce qu'on peut beaucoup apprendre de de l'expérience des autres et aller chercher une bonne expertise à ce niveau- là.
[00:18:04.540] - Orateur 2
C'est ce qui fait un peu la force de votre association avec les différents membres. Non seulement vous dirigez vers les bonnes ressources, mais il y a aussi, j'imagine, du réseautage qui est fait pour partager les bons coûts. C'est peut- être les moins bons coûts.
[00:18:17.310] - Orateur 1
Les moins bons coûts, c'est ça qui est le plus intéressant, parce que les moins bons coûts, tu vois ce que l'autre a eu comme parcours, qu'est- ce qu'il a appris. Ça te permet d'apprendre aussi. Ces échanges sont très riches et très appréciés de la part des chefs d'entreprise.
[00:18:29.540] - Orateur 2
Tu parlais avant tout de marché à privilégier. Peut- être que New York, ce ne serait pas le premier. Est- ce que selon toi, il y en aurait un marché à privilégier si on veut exporter?
[00:18:38.700] - Orateur 1
Je vais dire non. Je vais dire non, même si 70% de nos exportations font du côté américain. Beaucoup d'entreprises se dirigent vers la région du Nord-Est américain quand ils commencent, compte tenu de la proximité. La culture d'affaires est relativement similaire à ce qu'on a à Boston, qui est un Nouvelle-Angleterre. C'est un marché qui est extrêmement privilégié pour les nouveaux exportateurs qui vont aux États-Unis. Mais si vous êtes dans le secteur des technologies de l'information, que vous avez développé une plateforme, un software, une technologie particulière, peut- être que les États-Unis n'est pas le bon marché. Peut- être que la France peut- être quelque chose pour vous en Asie. Alors moi, je dis tout le temps, une fois qu'on a passé l'étape d'évaluer notre capacité à l'exportation, puis qu'on sait qu'on est prêt, qu'on a le bon bagage, il faut faire une analyse des différents marchés pour voir lequel est le plus approprié pour vous en fonction de votre produit, de votre position, de vos ressources. Où est- ce que je vais aller chercher le meilleur retour sur investissement? » Trop souvent, les entreprises vont se diriger vers un marché parce qu'ils ont participé à une fois commerciale, puis pensent que ça sera un bon marché, parce que c'est les États-Unis, puis que c'est plus facile.
[00:19:41.900] - Orateur 1
Prenez le temps, faites un pas de recul. Prenez le temps de faire faire votre analyse de marché et voir quel serait le marché le plus intéressant, profitable pour vous. Pourquoi c'est important? Parce qu'une fois que tu commences à exporter, tu investis beaucoup d'argent. Beaucoup d'argent, puis ton retour sur investissement, il peut prendre plusieurs années.
[00:19:57.200] - Orateur 2
Et le risque est élevé.
[00:19:58.070] - Orateur 1
Le risque est élevé. Pour une PME, mais c'est un risque qui est encore plus élevé, j'ai envie de dire. Donc, on ne peut pas se tromper trop souvent dans ces investissements-là.
[00:20:06.240] - Orateur 2
Tout à fait. Selon ton expérience de terrain, quelle est la réputation du Québec sur les marchés étrangers en tant que partenaire commercial?
[00:20:16.690] - Orateur 1
On a une très bonne réputation. On n'est pas connus dans tous les secteurs d'activité. Je te parlais de l'aérospatiale, bien sûr, on est connus, mais on a une très bonne réputation en termes de fiabilité, en termes d'expertise dans certains secteurs d'activité et c'est sûr que souvent, ce sont les grands donneurs d'ordres, nos grands exportateurs qui vont mettre la tanne, puis qui vont créer, établir cette crédibilité, cette notoriété- là, mais ça sert par la suite à toute la chaîne d'approvisionnement.
[00:20:42.670] - Orateur 2
On a toujours une petite section conseil à la fin, t'as touché à quelques points tantôt. Selon toi, qu'est- ce qu'il faut pour qu'un exportateur réussisse?
[00:20:53.800] - Orateur 1
Les.
[00:20:54.920] - Orateur 2
Un, deux, trois ingrédients.
[00:20:56.850] - Orateur 1
Alors, dans un premier temps, ça prend un engagement de la haute direction. Ça prend vraiment un engagement ferme de dire on se lance à l'exportation, on fait nos devoirs, on est prêt à mettre l'argent, les ressources nécessaires. Donc l'engagement, la volonté, la persévérance. Parce qu'encore une fois, on ne commence pas à exporter du jour au lendemain, on s'en sort bien. Ça peut prendre plusieurs années avant d'avoir le retour sur investissement souhaité.
[00:21:19.380] - Orateur 2
La patience.
[00:21:20.630] - Orateur 1
La patience. Patience, persévérance. Un peu des deux. Le troisième, j'ai envie de dire de se donner des moyens. Pas juste de mettre l'argent, mais de se donner les moyens de faire nos devoirs, de prendre le temps de bien faire, justement, pour diminuer notre risque et avoir la chance de réussir. Et les entreprises qui réussissent, une fois qu'elles commencent à exporter, elles en veulent toujours plus. Il faut se donner cette chance- là de réussir, puis par la suite, on va être partis, puis on va être capables de poursuivre notre croissance à l'international.
[00:21:50.020] - Orateur 2
Je pense que se donner les moyens, ça veut aussi dire de bien s'entourer, de bien s'entourer de tout un réseau d'organismes qui peuvent un peu multiplier notre connaissance du marché, puis nous rediriger vers les bonnes ressources pour faire en sorte qu'on comprenne peut- être un peu plus des risques qui sont calculés. C'est vraiment intéressant, Véronique. Merci énormément d'avoir pris le temps aujourd'hui avec moi, avec nous. Je pense qu'on a beaucoup appris et je suis certaine que vous allez recevoir quelques appels suite à la diffusion de ce balado. Merci Véronique.
[00:22:23.150] - Orateur 1
Merci à toi. Au plaisir.
[00:22:25.220] - Orateur 2
Merci de nous avoir rejoint aujourd'hui sur L'Impact de l'exportation balado. Si vous avez apprécié l'épisode d'aujourd'hui, on serait ravis que vous vous abonniez, que vous nous notiez et que vous laissiez un commentaire sur votre plateforme.
[00:22:35.290] - Orateur 1
De diffusion préférée.
[00:22:36.430] - Orateur 2
Je vous dis à la prochaine.
Invitée
Présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)
Animatrice
Cofondatrice de PRANA et dragonne officielle de l’émission « Dans l’œil du dragon » de Radio-Canada
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