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11 octobre 2023
Notre animatrice, Marie-Josée Richer (PRANA), est accompagnée par Nicholas Chinappi, Directeur des contrats et de la gestion des risques chez IT International Telecom, l'une des douze entreprises au monde chargées de poser des câbles internet en fibre optique sous la mer. Découvrez comment l'accès à l'internet que nous considérons comme acquis est rendu possible par cette entreprise canadienne unique en son genre.
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[00:00:01.090] - Interlocuteur 1
J’aimerais aujourd’hui commencer par souligner que nous diffusons cet épisode depuis chez moi, à Montréal, sur le territoire traditionnel non cédé des Kanien'kehá:ka, le peuple mohawk. Nous tenons à prendre le temps d’honorer nos communautés autochtones, où que nous soyons, et nous rappeler notre dette commune envers les premiers peuples du Canada. Bonjour, je suis Marie-Josée Richer. Bienvenue au balado Export Impact, une série sur les entreprises qui prennent des risques, qui rêvent grands et qui ont un impact au-delà des frontières canadiennes, donc un impact mondial. On oublie souvent qu’on est tous reliés par un réseau de plus d’un million de kilomètres de câbles sous-marins posés au fond de l’océan. Ces câbles transmettent de grandes quantités de données à environ un tiers de la vitesse de la lumière. Selon l’endroit où vous vous trouvez, c’est peut-être grâce à ces systèmes que vous entendez ma voix en ce moment même. En fait, c’est sûrement grâce à ces systèmes. Mon prochain invité s’y connaît en matière de câbles Internet sous-marins. Nicholas Chinappi est directeur des contrats et de la gestion des risques chez IT International Telecom, l’une des quelques dizaines d’entreprises au monde à offrir ce type de services.
[00:01:08.690] - Interlocuteur 1
Leur travail s’étend sur près de 30 ans et a touché plus de 65 pays. Nick et moi parlons de défis en constante évolution auxquels sont confrontés les projets sous-marins, la manière de rester compétitifs sur la scène mondiale et de la recherche d’un équilibre entre la prospérité des entreprises et la santé du climat. J’espère que vous apprécierez. Avant de plonger littéralement dans le vif du sujet, j’aimerais comprendre ce que fait exactement IT International Telecom. Donc vous posez des câbles sous l’eau. Ce n’est pas une mince affaire. Expliquez-nous un peu comment ces câbles sont installés exactement? À quoi ressemble le processus, Nick?
[00:01:47.020] - Interlocuteur 2
Bonjour, c’est un plaisir d’être avec vous aujourd’hui. IT International Telecom, nous possédons trois navires câbliers qui installent et réparent des câbles à fibre optique sous-marins. Donc, le processus, dans le fond, le câble est directement posé du navire jusqu’au fond marin. Des fois, c’est installé sur le fond de l’océan ou c’est enfoui par une charrue. Comme vous avez dit, ces câbles sont responsables pour 90 à 98 % des échanges mondiaux de données. Donc, c’est peu connu parce que la pensée générale, c’est que toutes les communications se passent par satellite, mais c’est faux. Tout se passe dans l’eau.
[00:02:38.890] - Interlocuteur 1
Sous l’eau?
[00:02:39.560] - Interlocuteur 2
Sous l’eau, oui.
[00:02:40.300] - Interlocuteur 1
Donc, dans le fond, toutes les données bancaires, les réunions Zoom qu’on a, les réunions Teams, tout ça se passe grâce à vos câbles, entre autres.
[00:02:50.250] - Interlocuteur 2
Pas les nôtres, mais l’industrie de câbles sous-marins, oui, c’est bien ça. Donc, toutes les commandes en ligne, toutes les rencontres enlignes qui se font de nos jours, qui ont été accélérées par la pandémie, tous les échanges bancaires, tous les achats et les ventes d’actifs dans les échanges financiers se font grâce aux câbles à fibre optique sous-marins qui ont pour but d’échanger des données à très, très haute vitesse. Aussi responsables pour, primordialement, les télécommunications, mais aussi pour la télémédecine qui est très populaire de nos jours. Il y a des applications militaires sur les câbles, des applications éducationnelles. Vraiment, tout se passe par les câbles et ça démontre à quel point on est très dépendants des réseaux sous-marins à fibre optique. Si ce n’était pas pour ces réseaux, ça serait un très, très différent monde qu’on connaîtrait aujourd’hui.
[00:03:58.420] - Interlocuteur 1
Notre vie serait vraiment différente. C’est littéralement fascinant. L’entreprise fait aussi autre chose, je pense. Parlez-moi d’études marines.
[00:04:07.940] - Interlocuteur 2
Oui, effectivement. Pour installer un câble, il faut passer par diverses étapes. La première étape, c’est de faire une étude documentaire, ce qui est vraiment comme une étude de faisabilité qui se fait de nos bureaux. On fait des recherches et aussi on visite les sites d’atterrissage où le câble atterrit et joint les réseaux terrestres. Ça, c’est en premier lieu une étude documentaire. Après l’étude, qui a pour but de définir une route préliminaire de point A à B ou de point A à B, C, D, E, G, dépendant de combien de villes ou villages qui veulent se connecter. Après, on déploie un navire qui fait des recherches marines, qui collectionne de l’information sur le fond marin. Le but de ça, c’est de confirmer la route. La prochaine étape, lorsque la route est confirmée, quand je dis « la route est confirmée », c’est en théorie sur papier, donc il y a des coordonnées XYZ, quel type de câble, quelle longueur de câble, combien de couches de protection nous avons besoin dépendamment des régions, des géographies, comment le câble est à risque. Après ça, on passe par envoyer une commande aux fabricants parce que notre compagnie, on ne fabrique pas de câbles, mais on est des installateurs, donc on pose les commandes.
[00:05:41.320] - Interlocuteur 2
Ça peut prendre six mois à un an pour la fabrication de ces réseaux et par la suite, on installe les câbles. Ça passe par quatre étapes et entre tout ça, il y a la gestion globale des projets et il faut obtenir des permis de diverses autorités pour faire des études de fonds marins et aussi pour la pose et l’installation du câble.
[00:06:09.430] - Interlocuteur 1
J’imagine au niveau légal, il y a quand même des instances qui doivent agréer un peu la pose d’un câble. On ne peut pas aller poser son câble en plein milieu de l’océan comme ça, sans permis, j’imagine.
[00:06:23.120] - Interlocuteur 2
Exactement. C’est bien vrai, on ne peut pas poser les câbles n’importe où. Il faut... Je vais utiliser le Canada, par exemple. Il faut des approbations de Transport Canada, il faut des approbations d’Environnement Canada, le département de Pêches et Océans. Ça, c’est au côté fédéral, puis après, chaque province a son propre département qui est responsable d’émettre des permis. Ce processus peut prendre aussi d’un an, deux ans pour le temps qu’on soumet les applications jusqu’à l’obtention des permis, c’est tout un processus qui doit se faire.
[00:07:08.150] - Interlocuteur 1
Qui sont vos clients? En fait, c’est les grands de la télécommunication?
[00:07:11.870] - Interlocuteur 2
C’est bien ça. Les grands de la télécommunication, ils sont responsables pour une grande proportion de notre chiffre d’affaires. On fait beaucoup de travail pour les militaires partout dans le monde. La communauté scientifique aussi, parce qu’il y a des applications scientifiques, des applications marines pour écouter les mammifères marins ou aussi, pas prédire, mais pour détecter, par exemple, des tremblements de terre. Les câbles sous-marins à fibre optique peuvent faire ça aussi. Ce n’est pas uniquement de grandes compagnies télécom mondiales, mais aussi d’autres applications, comme j’ai dit, scientifiques, militaires, aussi les installations pétrolières en haute mer, eux aussi ont besoin de câbles en fibre optique pour communiquer avec leurs bureaux, parce que, comme vous savez, ces plateformes sont peut-être à 300, 500 kilomètres des côtes, donc il n’y a pas moyen qu’eux autres peuvent communiquer avec Internet haute vitesse sans nos câbles. C’est quatre ou cinq marchés qui sont responsables pour les demandes dans l’industrie. De nos jours, on voit, c’est assez nouveau. Ça fait dix ans que les gros géants de l’Internet comme Facebook, Google, Microsoft, Amazon, ils veulent dépendre de moins en moins des grandes sociétés de télécom et eux autres installent leur propre cable.
[00:08:52.110] - Interlocuteur 2
Pas avec leurs navires, donc ils engagent des compagnies comme nous autres et la concurrence, mais ils veulent leur propre câble et leur propre FIB. Ils ne veulent pas dépendre des compagnies, des géants de télécommunications. Donc ça aussi, c’est un nouveau marché. C’est là où ils sont responsables de nos jours pour des systèmes de grande envergure partout dans le monde. Ils sont en train de connecter l’Asie avec les Amériques, les Amériques avec l’Europe et l’Afrique, où ils sont responsables pour une grande proportion du marché global.
[00:09:34.380] - Interlocuteur 1
De ce que je comprends, vous touchez plusieurs secteurs, pas juste la télécommunication. Nous, on parle du secteur militaire, du secteur scientifique, du secteur marin, même de la détection des tremblements de terre qui peuvent avoir, on le sait, des effets quand même incroyables sur les populations, vraiment impressionnants. La société a été lancée en 1995. Comment votre secteur a-t-il évolué au cours des 30 dernières années?
[00:10:04.390] - Interlocuteur 2
C’est une bonne question. Heureusement, deux fondateurs sont toujours parmi nous ici, ils travaillent dans les opérations de jour à jour. Qu’est-ce qui a changé? C’est vraiment la demande pour nos services. Vous pouvez imaginer en 1995, il n’y avait pas beaucoup de cellulaires, le « smartphone » n’existait pas. C’était vraiment le début de l’Internet comme on le connaît. Et puis, il y a eu vraiment une explosion sur le côté de la demande de l’équateur, aussi avec plus de câbles dans le fond marin, il y a plus de bruit sur les réseaux. Ce qu’on fait aussi, on installe et on répare des câbles sous-marins aussi. Donc ça, c’est un gros changement. Aussi, on voit qu’avec le changement climatique, il y a de plus en plus d’événements dévastateurs. On a parlé déjà des tremblements de terre, mais aussi des ouragans. Les ouragans, pas en très haute mer, mais près des approches, près des côtes où c’est très peu profond, c’est des vagues de 30 pieds de hauteur, de 10 mètres de hauteur, ça cause les câbles qui sont posés ou même enfouis à bouger sur le fond. Ce qui fait, c’est ça cause de la friction, du frottement entre les cables et le fond marin.
[00:11:37.710] - Interlocuteur 2
Les fonds marins, ce n’est pas comme les plages aux Caraïbes, pas partout. Ça peut être très rocheux.
[00:11:45.330] - Interlocuteur 1
Ça va être maintenu par des robots ou des plongeurs, juste pour que je me figure un peu l’affaire.
[00:11:52.560] - Interlocuteur 2
Ça dépend sur l’environnement. Lorsqu’on fait nos études, on détermine s’il y aura un besoin d’enfouir les câbles ou les tons. Et si c’est déterminé qu’il faut enfouir à cause des considérations environnementales, parce qu’il y a beaucoup d’activités maritimes comme la pêche ou comme de grands navires de cargo, par exemple, où il y a des risques élevés d’ancrage, là, on détermine s’il faut bel et bien enfouir les câbles avec... On a des chariots, c’est des outils assez gigantesques qui peuvent pénétrer le fond marin d’un à deux mètres de profondeur. Ça, c’est un peu la science de la veuve, s’il faut enfouir le câble ou si c’est simplement poser sur le fond. Le processus de réparation, ça dépend. Si c’est très, très, très près des côtes, dans des eaux peu profondes, on peut récupérer ça avec des plongeurs. On coupe les câbles, on les remonte à la surface grâce à des plongeurs. Si c’est plus profond, disons de 20 pieds à 30 pieds, on déploie nos navires, on a des navires qui peuvent récupérer les câbles avec une ancre. Tu peux imaginer une ancre géante. Ça coupe. Le câble est déjà brisé, donc on déploie une ancre spéciale qui peut couper, récupérer le câble à la surface et on fusionne un câble nouveau.
[00:13:38.800] - Interlocuteur 1
De nouveaux permis.
[00:13:40.190] - Interlocuteur 2
Pour le réparer, oui. Avec plus de câbles dans le monde, il y a plus de demandes pour des réparations, il y en a avec plus de changements climatiques, il y a plus de bruit, il y a plus d’activités de pêche, on consomme de plus en plus de poissons, donc il y a de plus en plus de navires, de cargos. Pour répondre à votre question, tout un changement depuis 1995. La dynamique est très, très différente aujourd’hui.
[00:14:11.760] - Interlocuteur 1
J’imagine plus récemment, avec la pandémie, il y a peut-être eu justement soit des opportunités ou peut être des obstacles?
[00:14:18.570] - Interlocuteur 2
Oui, je dirais les deux. On va commencer par les défis. C’était pendant la pandémie, je dirais spécialement au début, pendant la première année, où il y avait beaucoup d’incertitudes au niveau gouvernemental. Toutes les restrictions dans les aéroports et dans les ports maritimes ont vraiment changé la façon d’entamer un projet, parce que notre équipage, par exemple, il travaille sur des... C’est périodique, donc, par exemple, il travaille quatre semaines sur les navires, puis après, il va à la maison pour quatre semaines. Ça, c’est un exemple. Les membres de l’équipage, ils prennent des vols pour rejoindre les navires dépendamment de la localisation du navire. Par exemple, on avait un projet au Chili, en Amérique du Sud, ce qui est approximativement 20 à 30 jours de navigation en mer pour le bateau. Donc, les membres d’équipage, il fallait qu’on fasse un changement d’équipage parce que les membres étaient à bord pour 30 jours, 40 jours. Les membres d’équipage ne pouvaient pas faire un échange aux ports de Chili parce que les ports, ils n’acceptaient pas l’étranger pour se rendre.
[00:15:37.040] - Interlocuteur 1
Tous ces gens-là sont Canadiens. C’est des gens qui viennent du Canada jusqu’au Chili.
[00:15:42.540] - Interlocuteur 2
On a une belle mixité. Il y a des Canadiens, il y a aussi des non-Canadiens à bord. Donc oui, tous ces membres, ils devraient rester sur les bateaux pour une autre 20 à 30 journées et ça, on a enlevé des coûts parce que pour déployer un bateau de, par exemple, Santiago, Chili jusqu’à un port maritime au Canada, c’est 30 jours de transit. Pour l’essence, ça prend beaucoup d’essence. C’était très, très, très difficile. Pour l’équipage, au niveau, je dirais, santé mentale. Déjà, il y a un défi familial pour tous ceux et celles qui travaillent dans le domaine maritime, c’est déjà très, très difficile de ne pas être à la maison pour de longues périodes de temps. Et ça, ça a ajouté une autre complexité au niveau de la compagnie pour nos autres projets, pour le moral de nos employés. Donc ça, c’était tout un défi pendant la pandémie. Il n’y avait pas de vol. Tous les avions, plus ou moins, ils ne pouvaient pas voler d’un pays à l’autre. C’était un vrai casse-tête et je dirais à un point, on parlait de la COVID à chaque jour au bureau et comment trouver des solutions pour progresser nos projets.
[00:17:18.030] - Interlocuteur 1
C’était peut-être au-delà de ce qu’on aurait pu prévoir dans notre modèle d’affaires, mais j’imagine aussi, vous avez parlé tantôt d’opportunités. J’imagine justement, grâce à tout le monde qui est devenu dans le fond en télétravail, les Zoom, etc., j’imagine que ça a créé une certaine demande.
[00:17:37.080] - Interlocuteur 2
Exactement. Plusieurs gouvernements à travers du monde, il y avait avant la COVID comme but de connecter, par exemple au Canada, tous les Canadiens et Canadiennes, de les connecter d’ici l’année 2030. Ça, c’était un but fédéral avant la pandémie. Il y avait déjà beaucoup d’investissements par les divers gouvernements. Le Canada n’est pas le seul. Aux États-Unis, ils ont les mêmes programmes objectifs aussi en Europe. Donc, ça a, dans le fond, accéléré les déploiements d’investissements. Ce que ça a fait aussi, c’est qu’il y avait presque un moment où tout le monde au niveau mondial a déterminé que comment on est dépendant sur les réseaux de télécommunication et comment c’est important que tout le monde soit connecté pour le travail, pour l’éducation, dans le fond, dans tous les domaines.
[00:18:41.400] - Interlocuteur 1
Parlons un peu d’exportation. IT a réalisé des travaux dans plus de 65 pays, quand même très impressionnants. Quel a été votre premier projet à l’étranger? Quand et où ça s’est passé?
[00:18:55.640] - Interlocuteur 2
C’est une bonne question. Je dois l’admettre que je ne sais pas, mais on a travaillé...
[00:19:02.760] - Interlocuteur 1
Vous avez connecté Montréal puis Laval?
[00:19:04.800] - Interlocuteur 2
Non, pas encore Montréal et Laval parce qu’on a des ponts, heureusement, mais je peux dire dans les cinq dernières années, on a travaillé au Maroc, à Guyane, en Amérique du Sud, en Alaska, Grenade, Saint Vincent, Colombie, en Europe, en Grande-Bretagne, France. On travaille vraiment partout dans le marché international.
[00:19:34.620] - Interlocuteur 1
Compte tenu de votre portée mondiale, justement, puis du fait que vous opérez dans des pays qui ont des politiques, des pratiques commerciales différentes, c’est quoi les facteurs juridiques, les facteurs de risque qui entrent en ligne de compte? J’imagine que les formalités administratives ne doivent pas être du pareil au même d’un pays à l’autre. Vous êtes dans la gestion de risque. J’imagine que ça, ça n’est peut-être pas un risque, mais quelque chose à prendre en compte. Comment vous négociez avec ça? Comment vous faites?
[00:20:03.780] - Interlocuteur 2
C’est une bonne question et ça rend le travail intéressant parce qu’il n’y a pas deux projets qui sont le même. On travaille dans différents pays, on connecte de différents villes, villages, pays et régions, provinces, donc il y a toujours un aspect différent d’un projet à l’autre. Comme j’ai dit tantôt, au Canada, il faut des approbations de différentes autorités. C’est le même principe ailleurs dans le monde. Il faut une grande considération sur les risques politiques aussi.
[00:20:42.200] - Interlocuteur 1
Donne-moi un exemple peut-être d’un risque politique, par exemple, juste pour bien comprendre.
[00:20:48.310] - Interlocuteur 2
Un risque politique, par exemple, si c’est un projet où les fonds, c’est une initiative gouvernementale, par exemple, et le gouvernement n’est pas connu pour être très, très stable. Et il y a une élection dans la prochaine année ou deux, donc l’élection peut changer la donne sur le projet.
[00:21:11.740] - Interlocuteur 1
Le projet peut tomber à l’eau.
[00:21:14.170] - Interlocuteur 2
Effectivement, ça peut tomber à l’eau et de nos coûts, gestion des risques, ça peut coûter des millions, des dizaines de millions de dollars. Ça, c’est un risque politique que je dirais, c’est un risque assez élevé. Donc avant qu’on signe un projet, durant la phase de négociation, il faut vraiment faire nos études. Et il y a des produits qu’on peut acheter, des produits d’assurance qui sont disponibles sur le marché. EDC nous aide beaucoup avec ses produits de crédit et d’assurance. Ça nous permet d’assurer nos comptes recevables. Et peut-être sans cette assurance, sans cette couche d’assurance.
[00:22:06.110] - Interlocuteur 1
De plus.
[00:22:07.310] - Interlocuteur 2
De sécurité, peut-être on ne signerait pas autant de contrats. Comme vous le savez, pas de risque, pas de croissance. Donc, EDC nous supporte dans ce contexte-là énormément avec leurs produits d’assurance-crédit. Mais oui, pour revenir aux questions initiales, comment est-ce qu’on gère ça? C’est du cas par cas. Il faut compter sur notre expérience et sur notre gestion d’affaires pour vraiment assurer qu’on est couvert.
[00:22:43.040] - Interlocuteur 1
Vous êtes une dizaine d’entreprises dans votre secteur. Est-ce qu’il existe des programmes ou des services sur lesquels vous comptez pour maintenir votre compétitivité à l’échelle mondiale?
[00:22:51.750] - Interlocuteur 2
Le domaine, parce qu’on est seulement une dizaine, peut-être une vingtaine si on compte les marchés asiatiques au Moyen-Orient, la concurrence est très forte. On est plus ou moins plus petits que les autres compagnies, donc on a une certaine flexibilité. On est une société avec des actionnaires privés, donc on prend des décisions très, très rapidement. Ou est ce que notre concurrents sont plus larges comme société, donc plus d’étapes ou de niveaux pour recevoir des approbations? Je dirais ça aussi, on prend des décisions assez rapidement, on est flexible et on est comme une boutique et non une grosse boîte. Donc ça, on a une petite niche dans le marché.
[00:23:52.650] - Interlocuteur 1
Est-ce que ça fonctionne par appel d’offres, j’imagine, puis vous, vous payez finalement?
[00:23:57.940] - Interlocuteur 2
Oui, ça dépend. C’est soit des appels d’offres ou on travaille avec des plus petites entreprises comme des « starts up » qui veulent connecter une petite île, par exemple, une petite île touristique. Avec ces plus petites compagnies, on travaille avec eux comme partenariat, mais oui, je dirais la plupart parce que c’est des gros investissements. C’est souvent
[00:24:27.610] - Interlocuteur 1
Par appel d’offres. Ce n’est pas n’importe qui qui peut s’inventer dans votre secteur. Ça prend énormément, j’imagine, une énorme quantité d’équipements. Les équipements, en tout cas, semblent extrêmement coûteux. Comment vous équilibrez le financement de ces équipements?
[00:24:46.000] - Interlocuteur 2
On utilise la plupart du temps nos profits à l’interne pour investir constamment dans nos équipements. Et aussi, on déploie comme toutes les entreprises, ce n’est pas unique à notre industrie, mais sur nos partenaires financiers comme les grandes banques ou comme EDC. C’est un autre produit qu’on a avec EDC, c’est le financement. Mais c’est très important parce que si, par exemple, on fait une dizaine de projets par année, on peut passer ça à des projets de construction d’infrastructures. Si notre équipement ne fonctionne pas pour, par exemple, un ou deux projets, ça rend l’année très, très difficile. Donc, il n’y a pas question de ne pas investir. Il faut toujours investir dans nos équipements. On achète toujours des pièces de rechange. On fait toujours des « upgrades » dans nos équipements.
[00:25:47.310] - Interlocuteur 1
Sur une échelle de temps, un projet de ce type prend à peu près six mois, un an?
[00:25:53.730] - Interlocuteur 2
Si le financement est en place, puis le client... On signe un contrat, mais je dirais en moyenne, ça prend de l’étape d’étude jusqu’au produit final, ça prend deux ans en moyenne. Ce qu’on ne voit pas de notre côté, c’est le financement du projet du côté client. Donc le client, par exemple, une des grandes compagnies télécom au Canada, eux autres, ils se disent « OK, on doit combler une demande de point A à point B. » Eux autres, ils font leur propre étude avec le réseau terrestre peut-être et ils déterminent s’ils ont un cas pour effectivement construire un câble de fibre optique. Leur financement, ça peut prendre du temps aussi, ça dépend de la société, mais de notre part, dès qu’on signe un contrat, ça prend en moyenne deux ans.
[00:26:54.410] - Interlocuteur 1
Parlons de responsabilités sociales, environnementales. Les préoccupations environnementales, c’est un élément dont toute entreprise doit tenir compte aujourd’hui en 2023, mais je pense que c’est particulièrement vrai pour une entreprise comme IT International, dont la majeure partie du travail concerne les océans, les voies navigables. Par exemple, vous avez un projet qui se déroule dans l’Arctique cet été. J’imagine qu’il y a une très courte période pendant laquelle les travaux peuvent se réaliser dans le Grand Nord. Est-ce que vous pouvez me parler un peu plus de ce projet et de l’aspect environnemental qui est tenu en compte dans la réalisation de ce projet?
[00:27:33.790] - Interlocuteur 2
Oui. Le projet est dans l’Arctique canadien, ici au Québec. Ça consiste à connecter six à sept communautés dans la région Nunavik, au nord du Québec. C’est très sensible côté environnemental, là comme partout dans le monde. Rien ne se passe sans des permis. On comprend qu’on ne va pas nous pointer sur les lieux d’atterrissage et dire « On est ici, on va poser votre câble. » Il y a beaucoup de processus en avant-plan qui se font avec l’environnement, avec les autorités d’Environnement Canada, du département des pêches et océans, ce qui est aussi une autorité fédérale, qui sont responsables pour tout ce qui est de la faune, la flore, les mammifères. Il faut des approbations de ce côté-là. La plupart du temps, ces approbations, c’est au niveau client, mais on ne peut pas installer ou faire aucuns travaux sans ces permis-là. De notre côté, avec les navires, il faut que les navires, les obligations de nos assureur, des autorités qui sont responsables pour la navigation de nos bateaux. Donc, tout doit être, comme on dit en anglais, « in class » par les diverses autorités qui sont responsables de dire si oui ou non le bateau.
[00:29:19.790] - Interlocuteur 1
Peut naviguer. Là, le client, juste pour comprendre, c’est le gouvernement québécois ou c’est les communautés du Grand Nord?
[00:29:26.450] - Interlocuteur 2
C’est les communautés du.
[00:29:28.250] - Interlocuteur 1
Grand Nord. Le câble va passer de où à où?
[00:29:31.910] - Interlocuteur 2
Ça va connecter six à sept communautés dans le Grand Nord, donc c’est dans la région Nunavik.
[00:29:39.210] - Interlocuteur 1
Ça va les connecter entre elles?
[00:29:41.130] - Interlocuteur 2
Entre elles, exactement.
[00:29:42.940] - Interlocuteur 1
Quand vous avez un projet, est-ce qu’il y a justement une phase où on réfléchit sur comment atténuer votre impact sur l’environnement?
[00:29:52.410] - Interlocuteur 2
Oui, c’est pendant la phase des permis avec Environnement Canada et Pêches et Océans. Par exemple, on a fait une étude du fond marin en 2021 dans le fleuve du Saint-Laurent. Et puis, une des mesures d’atténuation recommandées par les autorités était d’installer un petit système qui permet d’écouter le fond marin ou écouter les mammifères. Et ça, c’est opéré par des spécialistes, des biologistes marins qui sont à bord du navire et qui écoutent avec l’équipement spécialisé, qui peuvent écouter sous l’eau pour voir si oui ou non il y a des espèces marines en proximité du navire.
[00:30:41.310] - Interlocuteur 1
Parce que le câble de fibre optique émet certaines ondes?
[00:30:46.560] - Interlocuteur 2
Ce n’est pas le câble, c’est le navire qui peut émettre des bruits, des vibrations. Aussi l’équipement, quand on fait des recherches marines, l’équipement émet ses sons. Les fréquences sont peut-être trop hautes ou trop basses.
[00:31:05.330] - Interlocuteur 2
L’autre secteur. Exactement. Dans le permis qu’on a obtenu, il y a eu des mesures d’atténuation qui étaient une condition pour entreprendre les travaux. Et puis, les conditions étaient comme j’ai dit, il fallait installer des équipements spécialisés pour écouter la mer dans le fond et voir s’il y avait quelque chose à proximité. Et aussi, une autre condition, c’était d’avoir des spécialistes à bord qui avaient pour but de voir s’il y avait des baleines à proximité.
[00:31:53.080] - Interlocuteur 1
Parlant, justement, de conditions, au niveau des conditions de travail, comment vous assurez qu’à bord de vos navires, les gens sont en sécurité?
[00:32:05.620] - Interlocuteur 2
Il y a beaucoup de mesures de sécurité. On a un grand département de sécurité, de santé, de qualité pendant le projet, il faut...
[00:32:22.520] - Interlocuteur 1
Ils sont combien à peu près sur le navire?
[00:32:24.860] - Interlocuteur 2
Ça dépend. Notre navire, l’Intrepid, qui mesure 115 mètres de longueur, a en tout temps entre 60 et 80 membres d’équipage.
[00:32:37.340] - Interlocuteur 1
Un petit village.
[00:32:38.660] - Interlocuteur 2
Un petit village, oui, effectivement. Et puis, notre plus petit, entre 30 à 40 en tout temps. Donc oui, c’est des petits villages, il faut que l’équipage mange, il faut qu’ils soient confortable, il faut les équiper avec de l’Internet pour qu’ils puissent communiquer avec leurs familles.
[00:33:05.280] - Interlocuteur 1
Est-ce que vous êtes déjà allés sur un des navires?
[00:33:07.810] - Interlocuteur 2
Non, pas encore. Je n’ai pas eu le temps d’y aller. J’étais supposé d’y aller dans le mois d’août en 2018, mais il y a eu la naissance de mon premier petit gars, donc ça a brouillé les plans, mais c’est quelque chose que je dois faire.
[00:33:28.140] - Interlocuteur 1
En tout cas, c’est réellement fascinant ce que vous faites. J’en ai appris énormément aujourd’hui, puis je comprends à quel point nous sommes tous dépendants et interdépendants du système que vous mettez en place dans les océans. C’est vraiment fabuleux et fascinant. Merci vraiment beaucoup, Nick, pour cette conversation. Merci aussi de nous avoir rejoint aujourd’hui sur le balado sur l’impact des exportations. Si vous avez apprécié l’épisode d’aujourd’hui, abonnez-vous, notez-nous, laissez-nous un commentaire sur votre plateforme de diffusion préférée. On se revoit dans deux semaines.
[00:34:05.560] - Interlocuteur 3 – Avis de non-responsabilité
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Invité(e)
Directeur des contrats et de la gestion des risques, IT International Telecom
Animatrice
Cofondatrice de PRANA et dragon officielle de l’émission « Dans l’œil du dragon » de Radio-Canada
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