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13 septembre 2023
Marie-Josée Richer reçoit Myriam Jean-Baptiste, cofondatrice de l'entreprise québécoise LS Cream Liqueur, pour discuter des obstacles juridiques qu'elle et son partenaire d’affaire (et mari), ont dû surmonter pour commercialiser ses produits au Canada et aux États-Unis. Nous aborderons également son expérience dans le secteur très concurrentiel des crèmes de liqueur, ses plans de se développer à travers le Canada, ainsi que son engagement social à rendre la pareille au peuple haïtien. Myriam et son mari Steven, tous deux d'origine haïtienne, ont lancé l'entreprise en 2013 après des années de recherche pour la crème de liqueur parfaite.
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[00:00:01.040] – Interlocuteur 2
J’aimerais aujourd’hui commencer par souligner que nous diffusons cet épisode depuis chez moi, à Montréal, sur le territoire traditionnel non cédé des Kanien'kehá:ka, le peuple mohawk. Nous tenons à prendre le temps d’honorer nos communautés autochtones, où que nous soyons, et nous rappeler notre dette commune envers les premiers peuples du Canada. Bonjour, je suis Marie-Josée Richer. Bienvenue au balado Export Impact, une série sur les entreprises qui prennent des risques, qui rêvent grand et qui ont un impact mondial. La vente d’un produit à l’échelle nationale ou internationale s’accompagne, c’est certain, d’une foule de variantes juridiques. Mais qu’en est-il lorsque ces règles changent d’une province ou d’un État à l’autre? Ma prochaine invitée a beaucoup d’expérience dans le domaine de la réglementation et elle est ici pour partager ce qu’elle a appris. Myriam Jean–Baptiste est la cofondatrice de LS Cream Liquor, une entreprise québécoise. La spécialité de son entreprise est une liqueur de crème unique et apparemment extrêmement délicieuse – je ne l’ai jamais goûtée, mais je me ferai un devoir d’aller la goûter – qui rend hommage à ses racines haïtiennes. On va examiner les obstacles juridiques qu’elle a dû surmonter pour vendre ses produits aux États–Unis.
[00:01:13.020] – Interlocuteur 2
On va aussi discuter de la manière dont elle est parvenue à se démarquer dans un secteur, on le sait, très concurrentiel et de son engagement à rendre la pareille, en particulier au peuple haïtien. J’espère que vous allez apprécier notre conversation. Bonjour Myriam.
[00:01:27.860] – Interlocuteur 1
Bonjour Marie Josée.
[00:01:29.350] – Interlocuteur 2
Ça va bien?
[00:01:30.080] – Interlocuteur 1
Très bien et toi?
[00:01:31.360] – Interlocuteur 2
Il nous manque une petite crème de liqueur pour rendre ça.
[00:01:34.460] – Interlocuteur 1
Vraiment « casual ». Non, mais vraiment, c’est « it's a shame », comme on dit. On aurait pu déguster ça en se parlant.
[00:01:42.330] – Interlocuteur 2
C’est la magie du virtuel, mais je me ferai un devoir d’aller à la SAQ. Dans le fond, toi et ton mari Stevens, qui est également cofondateur de l’entreprise, vous avez lancé ça en 2013, après des années passées à chercher la crème qui allait convaincre vos papilles gustatives. Parle-moi un peu de ton parcours. Qu’est–ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’alcool?
[00:02:08.180] – Interlocuteur 1
Oui, tout à fait. En fait, en 2013, ça paraît tellement si loin, mais c’est vraiment là que l’idée a commencé à germer. Donc, Stevens, c’est moi, on est tous les deux d’origine haïtienne. Puis, on est tous les deux nés au Québec, on a grandi ici. On est la première génération d’Haïtiens à être nés au Québec. Donc, nos parents ont émigré ici et ils nous ont toujours inculqué des valeurs haïtiennes. Donc, c’est la crémasse dont LS s’est inspiré. C’est vraiment une crème de liqueur qui fait partie de toutes nos célébrations, que ce soit les baptêmes, les communions, durant le temps des fêtes aussi, il y a toujours une bouteille de crémasse qui est sur la table et qui est faite de façon artisanale, souvent par les grand–mamans, les tantes. Tout le monde se met dans la cuisine pour quelques heures et concocte cette délicieuse boisson. Puis, si quelqu’un vous offre une bouteille de crémasse et qu’elle vous aime, c’est comme un « love language ». Donc, c’est vraiment en 2013 que lors d’une célébration de Noël, on était chez mes parents, puis quelqu’un m’a offert une bouteille de crémasse, faite artisanalement en cadeau.
[00:03:14.420] – Interlocuteur 1
Stevens et moi, on a commencé à se dire « C’est tellement bon. » Nos amis se mettent en ligne durant le temps des fêtes pour supplier les parents de faire des bouteilles. Comment est–ce que ça se fait qu’on ne soit pas encore capable de trouver cette crème de liqueur-là directement en magasin à la SAQ, à côté de toutes les autres crèmes de liqueur qu’on connaît? Puis on s’est dit « Il faut qu’on commence à voir ». Donc on a commencé à fouiller, à chercher comment est-ce qu’on se lance dans le monde de l’alcool. Parce que moi, je n’étais vraiment pas dans ce monde-là. Stevens, lui non plus. Il travaille dans le domaine bancaire. Moi, je travaillais pour une compagnie de... Je travaillais pour Imperial Tobacco à l’époque, donc je n’étais vraiment pas dans le domaine de l’alcool. Mais connexe. Oui, connexe. Alcool, cigarettes. C’est ça. Donc on a commencé à faire des recherches et tout. Puis on a décidé de se lancer. Donc on a pris la bouteille de crémasse qui avait été faite par la famille de Stevens. C’était une recette qui se passait traditionnellement vraiment de génération en génération.
[00:04:15.220] – Interlocuteur 1
La grand–mère de Stevens qui avait gardé ça dans un petit sac Ziploc écrite à la main et toutes les sœurs de la famille se la passaient, surtout durant le temps des fêtes, pour la concocter. Donc on a demandé à une des tantes de Stevens de nous faire une bouteille. C’est vraiment comme ça que ça a commencé. On voulait que ça puisse être commercialisé en bout de ligne. C’était vraiment ça qu’on avait en tête. On a amené ça dans un laboratoire. On l’a vraiment fait disséquer afin qu’elle soit parfaite, puis à notre goût. Donc, ce processus-là a été très long.
[00:04:49.780] – Interlocuteur 2
Je ne suis pas sûre que tout le monde sait c’est quoi de la crémasse. C’est quoi cette liqueur? Qu’est–ce qui la rend unique?
[00:04:56.080] – Interlocuteur 1
La crémasse, c’est fait à base de noix de coco, de vanille, de cannelle. La façon qu’elle est faite traditionnellement, c’est une crème de liqueur, mais un petit peu plus épaisse. Donc, il faut taper le fond de ton verre pour la boire ou certaines familles la font plus liquide. La recette en tant que telle, différente de famille en famille, mais à la base, c’est une crème de liqueur.
[00:05:21.680] – Interlocuteur 2
Qui est riche, qui est onctueuse, qui est épicée.
[00:05:24.620] – Interlocuteur 1
C’est vraiment à base d’alcool également.
[00:05:27.710] – Interlocuteur 2
À de.
[00:05:27.970] – Interlocuteur 1
L’alcool de noix de coco? Non, c’est vraiment de l’alcool de noix de coco. Alcool pur. Et ça,
[00:05:31.380] – Interlocuteur 2
c’est vraiment traditionnel au
[00:05:33.440] – Interlocuteur 1
peuple haïtien. Exactement. Dans les Caraïbes, chaque île a sa propre version d’une crème de liqueur. Chez nous, ça s’appelle la crémasse.
[00:05:42.100] – Interlocuteur 2
OK. Au départ, est–ce que vous avez tout de suite vendu dans les SAQ ou vous vous êtes diversifiée, puis vous avez vendu en ligne?
[00:05:50.980] – Interlocuteur 1
Non, pas du tout. L’alcool, c’est très légiféré, spécifiquement au Québec, on le sait. La SAQ a le monopole. Pour entrer à la SAQ, c’est vraiment un processus qui est quand même assez compliqué, c’est des appels d’offres et tout ça. Donc, en premier, on a essayé, ça n’a pas fonctionné. On est allé dans une compétition qui s’appelle la WSWA à Las Vegas. On a décidé de soumettre le produit là avant même qu’il soit vendu en magasin. On voulait juste voir un petit peu comment l’industrie allait recevoir le produit. Une fois que notre produit final a été fait, on s’est dit « OK, pourquoi pas essayer de rentrer dans la compétition? » On l’a fait vraiment comme ça, sans aucune attente. Le lendemain, on s’est réveillé avec une tonne d’appels sur nos téléphones. On avait remporté la médaille pour le goût et la qualité du produit. On a vraiment été surpris, mais on s’est dit « Écoute, c’est vraiment qu’est ce qui nous manquait pour ça? » On a eu l’approbation de la famille par rapport au goût de la recette qu’on avait faite. Maintenant, on avait vraiment l’approbation également de l’industrie de l’alcool parce que c’est une assez grosse compétition.
[00:07:00.080] – Interlocuteur 1
Donc, on s’est dit « OK, allez, on se lance » et c’est de là que tout a chamboulé, puis que par la suite, on a pu rentrer à la SAQ et qu’on a commencé notre cheminement sur les tablettes. On est rentrés sur les tablettes de la SAQ en 2015. Donc, voir que ça nous a pris quasiment deux ans pour que tout ça se passe.
[00:07:18.590] – Interlocuteur 2
Donc, parfois, on n’est pas prophète dans son pays, il faut aller avoir des attestations ailleurs. Est–ce que c’est un conseil que tu donnerais dans le fond? Des fois, il faut... Tu sais, quand on reçoit un non, il faut trouver des moyens peut–être un peu créatifs pour qu’en un certain laps de temps, ça devienne un oui.
[00:07:36.060] – Interlocuteur 1
Oui, absolument. Puis je pense que ce qu’il faut faire aussi, c’est ne pas s’arrêter à ce non-là. Si on s’était arrêté, on n’aurait pas eu l’idée de participer à la compétition, on n’aurait pas remporté ce prix. Puis ça nous a ouvert tellement de portes que c’est la preuve que ce n’est pas parce qu’une personne te dit non que c’est la fin de ton rêve, qu’il faut arrêter immédiatement. C’est simplement qu’il faut se « rerouter », puis trouver une.
[00:07:58.750] – Interlocuteur 2
Autre solution. Depuis 2015, vous êtes à la SAQ, mais je pense que vous vendez en ligne aussi.
[00:08:02.970] – Interlocuteur 1
On est à la SAQ au Québec, effectivement, puis aussi aux États–Unis. On est obligés de passer à travers la SAQ pour vendre de l’alcool. C’est pour ça qu’au Québec, si c’est en ligne, c’est à travers le réseau de la SAQ que c’est vendu en ligne. Mais de l’alcool, on ne peut pas vendre ça juste comme ça directement en ligne. Par contre, aux États–Unis, les lois sont différentes et on se retrouve dans 15 états américains en magasin, incluant des chaînes comme BevMo, Total Wine, tout ça, qui sont quand même des grosses chaînes, qui sont nationales aux États–Unis. On peut également vendre en ligne dans d’autres états, mais ça doit toujours passer à travers un distributeur. Donc c’est très, très, très légiféré comme domaine.
[00:08:47.420] – Interlocuteur 2
Est–ce que vous vendez aussi dans le reste du Canada?
[00:08:50.110] – Interlocuteur 1
Non, pas encore. Notre but, c’est d’aller avec la LCBO. Donc, de commencer après le Québec, ce sera justement la LCBO, puis ensuite les autres provinces.
[00:09:01.690] – Interlocuteur 2
Comment vous avez fait, justement, pour comprendre toutes les législations dans la création d’une boisson, dans la vente de la boisson? Vous êtes informée par vous–même? Vous avez eu un réseau, un consultant?
[00:09:15.440] – Interlocuteur 1
C’est beaucoup d’informations. Moi, c’est ce que je conseille vraiment à tout le monde, c’est qu’on s’est vraiment mis à l’intérieur de l’industrie. On a participé à plein de foires commerciales, à des justement, encore une fois, des compétitions, des choses comme ça qui faisaient en sorte qu’on n’avait pas le choix d’apprendre. C’est sûr que ça a été beaucoup d’essais et erreurs et je pense que c’est aussi des fois la meilleure façon d’apprendre. Mais par exemple, aux États–Unis, chaque État a sa propre loi par rapport à l’alcool. Donc, dès qu’on veut pénétrer un certain marché, il faut qu’on passe... Il y a des lois, il faut que tu fasses certaines choses spécifiques pour pouvoir être vendu dans cet État-là. Il faut que tu sois conforme. C’est vraiment comme ça qu’on a réussi à le faire. On l’a fait dans un premier État. On a commencé par la Floride, ensuite on est allé à New York, New Jersey, Connecticut, puis par la suite avec les distributeurs avec qui on fait affaire également, il y a une « checklist » justement qu’on doit respecter. C’est comme ça qu’on réussit justement à rentrer dans les marchés qu’on veut.
[00:10:24.120] – Interlocuteur 2
À quel moment vous vous êtes dit « C’est super le marché québécois, mais là, il faut aller ailleurs. » Et pourquoi avoir choisi le marché des États–Unis? Qu’est–ce qui vous attirait de ça? Qu’est–ce qui vous faisait peur peut-être de ce marché-là?
[00:10:39.880] – Interlocuteur 1
C’est sûr que de créer une boisson alcoolisée à la crème au Québec, ce n’est pas quelque chose que quand on a commencé, qui était ultra populaire. Les gens, on avait les grosses marques qu’on connaît, le Baileys, l’Amarula, tout ça qu’on connaissait, mais si on recule comme en 2013, 2014, il n’y avait pas toutes ces catégories de crèmes qui ont maintenant explosé au Québec, mais elles étaient beaucoup plus restreintes. Je te dirais que ça fait peut–être comme trois, quatre ans qu’on s’est dit qu’il faudrait qu’on commence à diversifier parce que la SAQ, c’est notre seul client. Si on reste au Québec, il y a le monopole. Des fois, nos marges de profit ne sont pas toujours celles qu’on espère avoir. Puis, on savait qu’aux États-Unis, il y avait une plus grande ouverture, puis il y avait des plus grosses marges également qui pouvaient être faites. On ne va pas se le cacher, si on est en affaires, c’est pour faire de l’argent également. Donc, il fallait qu’on diversifie la façon qu’on faisait des affaires. C’est vraiment la COVID, drôlement, qui a été un petit peu notre… comment on dit? Notre « blessing in disguise », parce qu’on a voulu vraiment se diversifier, puis on a vu qu’il y avait une grande ouverture par rapport à ça.
[00:11:54.660] – Interlocuteur 1
C’est pour ça qu’on a choisi.
[00:11:56.590] – Interlocuteur 2
Même avant l’Ontario, vous avez décidé d’aller stratégiquement aux États–Unis avant d’aller dans le reste du monde?
[00:12:03.470] – Interlocuteur 1
Oui, c’était de façon stratégique parce qu’il y avait une ouverture, justement, non seulement par rapport aux produits alcoolisés qui étaient détenus par des personnes issues de la diversité. Donc aux États–Unis, on sait tout ce qui s’est passé là–bas. Il y a eu une grande, grande explosion de support par rapport à des produits qui sont issus des communautés noires ou diversifiées, tout ça. Donc, on a vraiment décidé de faire ce saut-là à cause de la COVID et de l’ouverture qu’on voyait. Ça a été une porte d’ouverture.
[00:12:36.460] – Interlocuteur 2
Est–ce qu’il y avait des programmes spécifiques, justement, pour les communautés, pour entrer dans ce marché-là, pour une aide quelconque?
[00:12:45.380] – Interlocuteur 1
Oui, c’est sûr qu’il y a eu plusieurs facteurs qui sont venus juste accélérer notre décision. On était déjà tournés vers les États–Unis. On voulait garder notre présence au Québec parce que c’était important pour nous. On vient du Québec, que c’était important pour nous d’être présents. Donc, on voulait garder la SAQ, mais on savait que c’était important, justement, aussi de nous tourner vers les États–Unis. Quand tout ça, il y a eu cette ouverture, on s’est dit « Pourquoi pas? » Oui, tous les distributeurs aussi, il y a eu tout ce qui est diversité, inclusion auprès des distributeurs aussi qui, on ne va pas se le cacher, c’est une industrie qui est vraiment dominée souvent par des hommes, de un, puis, il n’y a pas beaucoup de personnes issues de la minorité visible qui sont dans cette industrie-là. Donc, on s’est dit « Allez, on saute, puis on y va. » Ça a été profitable. On a réussi à rentrer justement dans une quinzaine d’États en quelques mois.
[00:13:44.360] – Interlocuteur 2
Ça, vous l’avez fait état par état, de ce que j’ai compris, en commençant par la Floride, parce que chaque état a sa réglementation? Comment vous vous assurez de rester au courant? Est–ce que c’est à travers la collaboration avec le distributeur? Comment est–ce que vous êtes nées?
[00:14:00.780] – Interlocuteur 1
On est nées en Floride, mais de façon plus petite. Puis, par la suite, quand on a réussi à avoir une entente avec un distributeur qui est quand même assez reconnu dans l’industrie, on a réussi à rentrer dans plus d’états. On était déjà en Floride, à New York, New Jersey, au Connecticut, puis on s’est étendu justement à DC, au Maryland, en Géorgie également. On a commencé par ça, puis par la suite, justement, avec un distributeur, un autre distributeur, on a réussi à rentrer dans d’autres états. Mais oui, comme je l’ai dit, on est obligé de respecter les lois de l’État. Puis, le distributeur aussi s’assure que notre produit est hygiénique, vérifiable, il faut qu’on aille à l’expo, il faut qu’on fournisse les documents nécessaires, il faut qu’on s’assure que tout est vraiment conforme à l’État. C’est vraiment avec l’aide du distributeur qu’on réussit à s’assurer de ça.
[00:14:56.900] – Interlocuteur 2
Quel est le plus grand défi à vendre votre produit aux États–Unis?
[00:15:01.600] – Interlocuteur 1
Je pense que ça, ça demeure... Les lois demeurent, de un, quelque chose à suivre, mais en même temps, comme je dis, avec le distributeur, ça facilite la chose. Mais aussi, je pourrais dire la distribution. On est obligé d’avoir un distributeur pour pouvoir vendre. Donc, nous, on vend au distributeur et le distributeur, lui, vend au magasin, le magasin à ses clients. Donc, ce n’est pas une vente qui est directe. Donc, c’est que même si on a des distributeurs, il faut quand même que l’on continue à faire le travail. Oui, eux, ils ont une force de vente, mais ils ont des milliers de produits dans leur portfolio, incluant la compétition dans certains cas. Donc, c’est important qu’on ait des stratégies pour justement garder le « focus », que nous, on aille sur la route. Présentement, je suis à Boston, mon mari revient de la Floride, on s’est donné une tape dans les mains, puis on a « switché ».
[00:15:57.860] – Interlocuteur 2
Comment on fait justement pour que... C’est ça. Peut-être, comment on fait justement, parce que c’est une chose de le mettre sur la tablette. Comment on fait quand on est une marque, disons, québécoise, non reconnue, avec pas énormément de sous en marketing comme les grandes compagnies, la compétition, comment on fait pour que les gens achètent.
[00:16:18.270] – Interlocuteur 1
Notre produit? Mais en fait, je pense que c’est dans notre cas, c’est vraiment l’histoire derrière le produit, c’est l’héritage. De plus en plus, les gens veulent savoir qui est derrière le produit. Il y a beaucoup de supports par rapport aux marques qui sont moins connues. C’était important pour nous de faire connaître l’histoire. Par la suite, la deuxième chose qui est importante, c’est que oui, c’est bien que l’on connaît le produit sur les tablettes, mais c’est là que le vrai travail commence. Il faut que le produit sorte de la tablette. Donc, nous, on a réussi quand même à mettre une équipe en place. On avait des ambassadeurs dans chacun des États qu’on est. Donc, il y a des dégustations qui sont faites régulièrement en magasin pour pouvoir amener le produit aux lèvres des consommateurs.
[00:17:05.570] – Interlocuteur 2
Ce que je me demande, c’est certain que les gens veulent s’accrocher à une histoire, à des gens derrière, mais comment on fait dans un si grand marché pour raconter cette histoire?
[00:17:17.190] – Interlocuteur 2
Pour vous, ça passe vraiment par les dégustations, par les gens sur le terrain ou par des campagnes de relations publiques? Comment vous faites ça?
[00:17:26.250] – Interlocuteur 1
Je pense que c’est un petit mélange de tout ça. Oui, on a eu accès à des campagnes de relations publiques qui ont été super importantes pour nous. C’est quelque chose qui nous permet justement de pousser l’histoire pour que ça atteigne les consommateurs, mais on a également pris la route de la dégustation. Puis, vraiment d’être en magasin, d’avoir des partenaires stratégiques également. Je disais plutôt qu’on est dans plusieurs Total Wine, qui est une grande chaîne. C’est comme la SAQ aux États–Unis, mais il y en a dans tous les États, quasiment. Donc, pour nous, c’est ça qui a été important, c’est de faire ces dégustations-là, puis de faire en sorte que les consommateurs reviennent pour acheter le produit. Puis, de fil en aiguille, on a bâti nos réseaux sociaux de façon très authentique. Les gens nous suivent, on leur parle à travers ces médias sociaux, puis ça réussit à atteindre les sites qu’on veut, puis de faire connaître de plus en plus le produit.
[00:18:22.370] – Interlocuteur 2
C’est important. Vraiment, là, sur le terrain, on retient ça. Est–ce qu’au niveau financier, ça prend des sous pour passer la frontière. Est–ce qu’il y a des programmes ou des services publics qui vous ont aidés à financer l’exportation?
[00:18:37.670] – Interlocuteur 1
Oui, c’est sûr qu’il y a plusieurs programmes qui sont mis en ligne, donc EDC est l’un d’entre eux. Pour traverser les États–Unis, c’est sûr que c’est primordial, justement, de s’informer de ces programmes-là. Nous, on a aussi eu la chance d’avoir des partenaires stratégiques américains qui nous ont permis, justement, de rentrer en contact avec ces distributeurs là avec ce distributeur-là, avec qui vous faites déjà affaire, d’avoir ce premier contact-là qui est important pour justement rentrer dans la chaîne, parce qu’encore une fois, ce n’est pas quelque chose de simple à faire. Donc, c’est sûr que lorsque tu as des partenaires stratégiques qui ont déjà passé à travers tout ça, ça aide également.
[00:19:18.190] – Interlocuteur 2
Ces partenaires-là, excusez-moi, ils étaient en vente? Quel type de partenaire stratégique?
[00:19:24.800] – Interlocuteur 1
Nous, c’était super important d’aller avec des partenaires qui étaient vraiment dans le domaine de l’alcool. Donc, j’ai eu la chance de connecter avec une partenaire qui avait déjà sa propre marque d’alcool. Elle était en train de faire une tenue aux États–Unis. Et c’est justement de là que ça a commencé notre relation. C’était vraiment une forme de mentorat au départ qu’on avait. C’était une relation comme ça, elle m’aidait vraiment à naviguer à travers toute cette industrie-là. Puis, à un moment donné, on s’est parlé. Puis elle m’a dit « Écoute, je vais investir, je vais devenir partenaire. » Donc c’est comme ça que ça a commencé. Puis, par la suite, on a eu un autre partenaire avec qui elle faisait des affaires. Donc c’est vraiment le pouvoir des relations, c’est quelque chose de super important. Les relations, c’est ça qui a fait en sorte qu’on a pu avancer également. Oui, ça fait partie de notre parcours.
[00:20:19.170] – Interlocuteur 2
Parlons un peu de responsabilités sociales, environnementales. Un élément important de votre histoire, de l’histoire de LS Cream, c’est votre lien.
[00:20:30.330] – Interlocuteur 1
Avec.
[00:20:31.340] – Interlocuteur 2
l’Haïti, puis votre volonté de rendre service à votre population, à la population de ce pays–là. Parlez-nous un peu, parle-moi un peu de ta collaboration que vous faites avec Hope For Haiti.
[00:20:43.650] – Interlocuteur 1
Oui, absolument. Hope For Haiti, c’est une organisation qui fournit du matériel scolaire à des villages en Haïti, de l’eau potable, des systèmes de filtration d’eau potable. Ils font des choses incroyables dans le pays, puis on sait tout ce qui se passe là–bas. Ce n’est pas super évident. Pour Stevens, c’est moi, c’était vraiment important de trouver une façon de redonner à notre communauté. Je le dis tout le temps, sans nos racines à la scène, sans notre héritage, sur notre culture, il n’y aurait pas de crémasse, parce que c’est de là qu’est née toute cette idée et toute cette aventure. Donc, on s’est allié avec Hope For Haiti pour justement les aider à fournir ces outils et ces matériaux à des communautés dans le sud du pays. Et juste l’année dernière, justement, c’était vraiment agréable à voir parce qu’on a été super reconnaissants, d’une certaine façon, de voir ça. Ils nous ont envoyé des photos, justement, de tous les systèmes de filtration d’eau qu’on avait réussi à collaborer pour donner des fonds pour que justement ces familles puissent se procurer des systèmes de filtration d’eau. Donc, c’est quelque chose qu’on veut continuer à faire. C’est notre façon de redonner, c’est notre façon aussi de garder cette connexion-là, puis de s’assurer qu’on est capable de redonner justement à notre communauté.
[00:22:05.890] – Interlocuteur 2
Ça amène à un certain sens. Je n’ai pas demandé, qu’est–ce que ça veut dire LS?
[00:22:12.650] – Interlocuteur 1
LS, en fait, ce sont les initiales de la grand–mère de Stevens, parce que c’est sa recette qu’on a prise. Donc, c’est important pour nous de lui rendre hommage, avec les initiales mélangées justement de Stevens. C’est une façon pour nous juste de garder cette fondation, puis de savoir que l’on continue à lui rendre hommage.
[00:22:31.250] – Interlocuteur 2
On dit que les clients d’aujourd’hui sont attirés par des marques qui sont transparentes à propos de leur impact social. Est–ce que, d’après vous, c’est ce que dit votre expérience aussi? Est–ce que les gens veulent en savoir plus sur votre impact avec vous?
[00:22:46.720] – Interlocuteur 1
Oui, absolument. Je pense que souvent, même lorsqu’on fait affaire avec des distributeurs ou qu’on approche des distributeurs, c’est une question qu’on se fait poser souvent, c’est quoi votre impact social? Donc, au–delà de ça, nous, on faisait même avant que ça devienne, entre guillemets, à la mode. Cet impact social a toujours été important pour nous à cause, justement, des origines des produits, puis juste notre conscience en tant que telles. On voulait pouvoir redonner, puis faire quelque chose pour avoir un impact. Donc oui, absolument, je suis d’accord.
[00:23:22.370] – Interlocuteur 2
Est–ce que vous voyez un engouement de plus en plus marqué pour les produits alcoolisés plus ethniques?
[00:23:29.620] – Interlocuteur 1
Je pense que non, pas nécessairement. LS, c’est une crème de liqueur qui est inspirée d’une recette haïtienne, qui est fièrement inspirée d’une recette haïtienne. Oui, ce sont deux fondateurs haïtiens qui sont derrière le produit, mais vraiment, c’est pour tout le monde. On veut que tout le monde puisse y goûter. On veut partager une partie de notre héritage justement avec le monde entier. Je pense qu’on est là au même titre qu’un Baileys qui est une crème de liqueur irlandaise, que l’Amarula, que toutes ces crèmes de liqueur québécoises également qui sont sur le marché présentement. Je pense que les gens sont juste curieux par l’histoire qui est derrière le produit. C’est un produit qui est de qualité. On a gagné de nombreuses médailles également pour le goût et sa qualité. On est coté à 93 points sur Wine Enthusiast, qui est une très, très bonne cote pour le produit. Je pense que tous les éléments sont là, en plus de l’héritage qui est derrière tout ça, je pense que ça fait juste renchérir le produit.
[00:24:42.580] – Interlocuteur 2
Ma question allait dans le sens où on a vu au niveau de l’alimentation que les produits ethniques, que ce soit asiatiques ou du monde ou africains, prenaient vraiment de plus en plus d’ampleur, justement parce que le consommateur est plus curieux, il veut plus une diversité et tout ça. Les papilles, ils veulent aller goûter à autre chose. Je me demandais si dans l’alcool, c’était un peu ça. Le consommateur était un petit peu plus friand d’alcool, peut être différent ou un petit peu plus curieux à essayer des nouvelles choses. C’était vraiment dans ce sens.
[00:25:16.530] – Interlocuteur 1
Oui, absolument. Même, on l’a vu durant les dernières années, justement, tout le monde était à la maison. Les ventes d’alcool ont augmenté, ont explosé même. Oui, c’est ça. On faisait souvent des sessions « live » sur Instagram, par exemple, de cocktails, comment utiliser justement le LS dans différents cocktails et tout ça. Ça a connu du succès parce que, comme tu disais, les gens étaient curieux à savoir « OK, qu’est–ce que je peux utiliser de nouveau? » C’est juste que je connais déjà ces marques, qu’est–ce qu’il y a de nouveau sur le marché, puis comment est–ce que je peux les utiliser? » Donc, tout à fait.
[00:25:51.690] – Interlocuteur 2
Vous êtes la première entreprise de liqueur à la crème qui appartient à des Noirs. Qu’est–ce que ça signifie pour toi et Stevens, ton copain?
[00:25:59.300] – Interlocuteur 1
C’est pas super important, je crois, parce que comme j’ai mentionné, c’est une industrie où est ce qu’on ne voit pas beaucoup de personnes issues de la diversité. Je suis certaine qu’il y a plein de personnes de ma communauté ou des gens, justement, encore une fois, issues de la diversité qui ont peut–être essayé de pénétrer cette industrie-là, puis qui ont été arrêtés par toutes sortes d’obstacles ou quoi que ce soit. Donc, pour nous, c’est un devoir de continuer à surmonter ces obstacles, puis à ouvrir des portes pour tous ceux qui voudraient justement s’investir dans le domaine de l’alcool, dans l’industrie de l’alcool. C’est un petit peu mitigé parce que je trouve que oui, on est les premiers, mais je suis contente qu’on soit les premiers, mais je trouve que ça a peut–être pris un petit peu trop de temps. Mais c’est sur nous, c’est notre devoir, puis on le prend vraiment avec... On trouve que c’est quelque chose d’important, puis on se bat justement pour continuer puis que tout le monde qui veut rentrer dans cette industrie-là puisse le faire également sans trop d’obstacles.
[00:27:08.960] – Interlocuteur 2
C’est quoi la prochaine étape pour LS Cream?
[00:27:10.680] – Interlocuteur 1
Pour nous, c’est de continuer d’être au Canada, donc élargir notre distribution au Canada, de continuer la même chose parallèlement aux États–Unis, puis éventuellement de traverser quelques océans, puis de se rendre dans le niveau d’autres marchés.
[00:27:30.990] – Interlocuteur 2
Est–ce que vous êtes vendus en Haïti?
[00:27:32.580] – Interlocuteur 1
Non. On a commencé, il y avait des boutiques qui se sont retrouvées en Haïti au tout début. Par contre, ça a été un peu difficile par rapport aux suivis, puis la distribution, juste à cause un petit peu de l’instabilité. Mais ça reste à 100 % dans nos objectifs de ramener ça là–bas, puis de continuer à faire briller justement notre pays d’origine à travers ce produit, de le faire connaître à plusieurs personnes.
[00:27:57.980] – Interlocuteur 2
Est–ce que tu aurais des conseils à donner aux entrepreneurs qui veulent se développer à l’international?
[00:28:03.640] – Interlocuteur 1
De s’informer, de se tremper dedans, d’être vraiment à l’affût de tout ce qui se passe dans le marché qu’on veut pénétrer, puis, par la suite, de foncer parce qu’on ne sera jamais prêt à 100 %. Puis, si on attend à ce que tout soit parfait, on ne s’avancera jamais. C’est mes conseils.
[00:28:24.210] – Interlocuteur 2
Est–ce qu’il y a une histoire d’échec complet où vous avez essayé quelque chose, puis.
[00:28:29.680] – Interlocuteur 1
Ça n’a vraiment pas marché?
[00:28:32.210] – Interlocuteur 1
Je ne peux pas penser, non. Je pense qu’on a toujours réussi à tirer notre épingle du jeu, puis à trouver une façon positive de ressortir, de nous réaligner. Absolument, je ne peux pas penser nécessairement à quelque chose qui nous a vraiment été considéré comme un échec total. Au contraire, ça a juste été un apprentissage à chaque fois, puis ça nous a permis de juste continuer à apprendre.
[00:28:59.110] – Interlocuteur 2
Merci. En tout cas, je vous souhaite tout le succès que vous méritez. Je me fais un devoir d’aller acheter ça, de l’essayer. Je suis certaine que c’est délicieux. Merci vraiment pour cette belle conversation, Myriam.
[00:29:14.440] – Interlocuteur 1
Merci.
[00:29:15.270] – Interlocuteur 2
Je vous souhaite tout le succès. Merci de nous avoir rejoint aujourd’hui sur le balado Export Impact. Si vous voulez en savoir plus sur la manière de protéger votre entreprise contre les défis juridiques privés et publics, EDC est là pour vous accompagner. On a mis en lien notre dernier webinaire dans la description de cet épisode. Si vous avez apprécié l’épisode d’aujourd’hui, on serait ravis que vous vous abonniez, que vous nous notiez et que vous laissiez un commentaire sur votre plateforme de « streaming » préférée. C’est un rendez–vous dans quelques semaines.
Invité(e)
Cofondatrice et propriétaire, LS Liqueur
Animatrice
Cofondatrice de PRANA et dragon officielle de l’émission « Dans l’œil du dragon » de Radio-Canada
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