Un homme portant le masque attend son train

1. Prolongation de la crise de la COVID-19 

La pandémie a, du jour au lendemain, porté un coup sans précédent à l’économie mondiale. Le retour durable aux niveaux d’activité d’économique d’avant cette crise sanitaire dépendra de divers facteurs : le rythme et l’efficacité des campagnes de vaccination, l’émergence de variants et de nouvelles vagues – les confinements qui en résultent – ainsi que la capacité à gérer les risques prolongés de transmission du virus. Il faudra surveiller l’arrivée de nouveaux variants posant un défi sanitaire et nécessitant une réponse économique de grande ampleur. Ce genre de scénario viendra plomber la croissance et retarder une reprise durable. Par ailleurs, la pandémie a fait planer le spectre d’autres menaces sanitaires à l’échelle du globe et pose la question de la coordination des efforts de grande ampleur pour lutter contre pareilles menaces.

 

 

Drapeau de la Chine flottant au-dessus d’une rivière.

2. L’ascension de la chine

Membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 20 ans, la Chine s’affirme comme l’un des principaux concurrents des États-Unis sur les fronts du commerce, de la géopolitique et de la sécurité. Cette dynamique pose des défis lorsque la résolution de certains problèmes exige une réponse mondiale coordonnée, notamment face au problème des changements climatiques, et accroît les retombées potentielles pour d’autres pays ou intérêts qui doivent composer avec les effets de ce réveil du dragon chinois. Par ailleurs, la résurgence du nationalisme chinois présente une menace pour les chaînes de production mondiales essentielles. Cette situation et la mainmise de la Chine sur une bonne partie de la chaîne d’approvisionnement technologique renforcent le mouvement de bascule de l’économie mondiale observée au 21e siècle. Les prêts accordés par la Chine au monde développé dépassent les 520 000 milliards d’USD, ce qui fait de ce pays un plus grand prêteur que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international. La signature du Partenariat régional économique mondial (PERG) couvre le double de la population visée par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) et le Partenariat transpacifique global est progressiste (PTPGP), et compte pour 30 % de l’économie mondiale.  Ce faisant, l’apport de la Chine est de plus en plus lié à la performance de l’économie mondiale. Les entreprises canadiennes doivent par conséquent suivre l’évolution de cette tendance afin de se prémunir contre de nouvelles menaces et tirer parti des occasions qui se font jour.

 

 

Femmes d’affaires affichant un air préoccupé alors qu’elle travaille à son ordinateur.

3. L’inflation et l’incidence de la politique monétaire

Au fil de la réouverture des économies et le déploiement des programmes de soutien publics –  dont les résultats se font sentir –, les tensions sur la demande s’accentuent compte tenu des difficultés persistantes accablant les chaînes d’approvisionnement. Malgré les capacités industrielles de l’économie, la mise à l’arrêt de l’activité a engendré une pénurie des intrants, tant du côté de la fabrication que des ressources. Cela pourrait prendre du temps avant que l’approvisionnement ne s’ajuste à la vivacité de la demande, en particulier en raison des inquiétudes continues entourant le variant Delta. La congestion dans les transports, les capacités portuaires limitées et la pénurie de conteneurs augmentent les retards accumulés par les chaînes d’approvisionnement. À cela s’ajoutent les répercussions de la pénurie de main-d’œuvre, qui alimente les tensions sur les salaires dans les secteurs névralgiques. Ces éléments et les tensions sur les prix touchent bien plus que les éléments plus volatils de l’indice des prix, car les prix des produits des catégories de base se sont aussi envolés. Mis à part l’effet perturbateur potentiel de l’inflation sur la relance économique, une inflation plus rapide que prévu exigera une intervention plus affirmée des banques centrales pour ce qui est du relèvement des taux d’intérêt. Or, hausser les taux ne sera pas sans conséquence. La capacité d’emprunter à de faibles taux permet aux gouvernements de dépenser; elle est aussi à l’origine d’une valorisation boursière et de l’abondance du crédit. Tout changement net des prévisions liées aux taux pourrait nuire aux marchés boursiers et financiers, rendre ces produits de base moins intéressants et jouer sur la stabilité des devises. Cette mesure exposerait les entreprises surendettées et inverserait le flux des capitaux vers les économies émergentes qui ont accumulé des déficits budgétaires plus importants et opté pour des politiques monétaires peu orthodoxes. Les effets ne seraient pas nécessairement de courte durée. 

 

 

Investisseurs jetant un regard inquiet à l’écran montrant les fluctuations des cours boursiers.

4. Augmentation rapide de la dette souveraine

De nombreux pays ont dû accroître considérablement leurs dépenses pour faire face à la pandémie. Vu les faibles taux d’intérêt, les gouvernements se sont endettés encore plus. Les économies avancées ont injecté l’équivalent de 28 % du produit intérieur brut (PIB) sous la forme de mesures de soutien budgétaires et monétaires pour amortir le choc de la crise sur leurs entreprises et leur population. Les pays ayant une économie diversifiée et gérant des devises de réserve (p. ex., le billet vert, l’euro et le yen) devraient pouvoir composer avec un fort endettement durant un intervalle suffisant pour mener à bien les programmes de vaccination et la relance. Si c’est le cas de la plupart des économies développées, des pays de l’Europe méridionale affligés par un niveau élevé d’endettement exposent davantage la zone euro à une hausse des coûts d’emprunt. Sur les marchés émergents, le risque demeure élevé étant donné que ces marchés attendent toujours que l’économie reprenne le chemin de la croissance et de la stabilité. Bon nombre de pays, en particulier ceux qui ont un accès limité aux marchés mondiaux des capitaux, sont tributaires du maintien des conditions financières accommodantes à l’échelle du globe. On s’attend à ce que la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale américaine amorcent le resserrement de leur politique monétaire respective au cours des prochaines années. En pareil cas, les économies émergentes pourraient assister à l’augmentation de leur coût du service de la dette, à la dépréciation de leur monnaie et à des sorties de capitaux.

 

 

Des machines construisent des véhicules dans une usine.

5. Quatrième révolution industrielle et montée de l’automatisation

Le choc économique  causé par la pandémie n’a pas été ressenti également entre les divers secteurs. Dans certains cas, ce choc a accéléré des tendances perturbatrices ayant commencé à prendre forme avant la crise. Une poignée de secteurs comme l’exploitation minière, l’agriculture et la fabrication échapperont au virage accéléré vers la numérisation et l’automatisation. Fondamentalement, chez les industries traditionnelles, l’automatisation a transformé la demande en main-d’œuvre, en capitaux et en technologies. Les nouvelles technologies comme l’impression 3D, la réalité augmentée et virtuelle, les capteurs, l’intelligence artificielle, les ordinateurs quantiques et la robotique sont également susceptibles d’ébranler des secteurs de l’économie. La compétitivité de ces entreprises sera déterminée par leur essor au cours des prochaines décennies.

 

 

Pompier combattant un incendie de forêt.

6. Les changements climatiques et les risques matériels

Vu la fréquence et l’intensité croissantes des événements météo extrêmes, le niveau de risques matériels s’accentuera. Cette situation touchera l’ensemble des régions, secteurs et systèmes et poserait un risque pour la santé, les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau, la sécurité des personnes et la croissance économique. Même si l’ampleur de ces répercussions sera mesurée par le degré du réchauffement de la planète, cette tendance devrait se maintenir à moins que les gouvernements du monde ne réussissent à respecter leurs engagements en matière de carboneutralité. La modélisation climatique montre que les mesures prises au cours des prochaines années seront déterminantes pour réduire l’augmentation des effets dévastateurs des événements climatiques extrêmes, dont le coût se chiffre en milliards, voire en milliers de milliards, de dollars. Ces effets sont bien visibles dans la filière agricole. En effet, la hausse des températures et les variations inhabituelles du climat pénalisent déjà les agriculteurs canadiens en réduisant leur capacité à produire des récoltes suffisantes pour nourrir leur bétail. Le maintien de ces tendances provoquerait des bouleversements majeurs à production agricole et à la sécurité alimentaire au Canada. Si les changements climatiques constituent un risque bien réel, ils recèlent aussi de riches possibilités. Selon Bloomberg, on investira au moins 5 000 milliards d’USD dans le développement de nouvelles capacités d’énergies renouvelables d’ici 2030.

 

 

Main tenant un globe en verre d’où un arbre grandit.

7. Transition vers la carboneutralité et autres priorités ESG

La reconnaissance à l’échelle internationale de la nécessité d’agir face au dérèglement climatique et de s’attaquer à d’autres défis liés au volet environnemental, social et de gouvernance (ESG) incite de plus en plus les gouvernements et les secteurs d’activité à prendre des engagements plus fermes sur ces fronts. La divulgation transparente proactive de la performance dans cette sphère devient la norme et est de plus en plus liée à la rémunération des hauts dirigeants. Souvent, ces engagements pris dans le cadre de programmes volontaires s’inscrivent désormais dans des exigences réglementaires, ce qui favorise la convergence des efforts liés aux normes et cibles ESG. Cette tendance augmente certes le coût lié à la conduite des affaires dans de multiples secteurs, mais elle ouvre aussi la possibilité d’accroître le rendement et d’accéder à du financement à moindre coût. À l’avenir, les résultats dans ces domaines procureront un avantage concurrentiel et excluront certains acteurs du marché. Il est possible que nombre d’entreprises ne soient pas prêtes pour opérer ce changement ou n’ont pas correctement pris en compte le coût de cette transition.

 

 

Femme portant le masque à la tête d’une manifestation.

8. Agitation sociale

Quelque 40 ans d’inégalités à l’échelle mondiale, exacerbées par de constants bouleversements démographiques, l’urbanisation, les changements climatiques et une profonde fracture dans la sphère politique ont accru l’agitation sociale partout sur le globe. La détérioration des conditions socioéconomiques et la diminution des possibilités dans l’économie, dans la foulée de l’une des pires crises économiques de l’histoire récente, ont dégradé la situation des plus vulnérables et poussé un nombre grandissant de personnes dans la pauvreté, tout en annulant plusieurs des gains ayant contribué à l’émergence de la classe moyenne. À l’origine, le terme « relance en forme de K »  décrivait une crise économique ayant fait des perdants et gagnants au sortir de la crise de la COVID-19. Les manifestations de masse dans de grandes capitales du monde sont plus fréquentes et plus vives, les citoyens étant de plus en plus frustrés de l’inefficacité des mesures prises par leurs gouvernements. La hausse du chômage et le repli de la croissance économique amplifient les tensions sociales dans certains pays déjà confrontés à une forte agitation sociale, ce qui augmente la violence et l’instabilité. Cette situation est plus prononcée dans les pays développés, mais les économies avancées ne sont pas à l’abri de cette tendance grandissante.

 

 

Image d’une clôture avec le quartier de Manhattan en arrière-plan.

9. Normalisation du  protectionisme

Face à d’importants chocs économiques, le protectionnisme n’est pas une réponse inhabituelle pour stimuler et protéger l’emploi au pays. La nouvelle vague protectionniste à l’échelle du globe, façonnée par les changements apportés au système mondial, de même que la rhétorique de plus en plus populiste sont des ripostes à la fois de nature politique et économique. L’expérience de la crise sanitaire étant fraîche à la mémoire, des pays s’emploient de plus en plus à protéger leurs secteurs stratégiques et à localiser leur production, ce qui cause une escalade entre acteurs commerciaux et des tensions diplomatiques, une situation pouvant perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales. Qui plus est, si l’information est la « nouvelle manne pétrolière », les entraves à la circulation de l’information entre pays viendront davantage freiner l’activité économique. De ce fait, la montée du protectionnisme se traduirait par un repli de la croissance générale du commerce et des entraves ciblant des secteurs névralgiques. Notre pays étant tributaire du commerce international, ce mouvement allant dans le sens opposé des acquis d’un demi-siècle de libéralisation croissante est une préoccupation de premier plan. 

 

 

Des pirates informatiques regardent une carte du monde affichée sur un écran.

10. Cyber-risques

Le virage vers le numérique est devenu un incontournable pour bien des entreprises, qui doivent aussi composer la présence éventuelle des cyber-risques. Dans son étude réalisée en 2020, le  Center for Strategic and International Studies, basé à Washington, D.C., conclut que le coût de la cybercriminalité sur l’économie mondiale dépasse chaque année 1 000 milliards d’USD, ou un peu plus de 1 % du PIB mondial. Ce coût devrait augmenter pour les entreprises et les gouvernements à mesure que les entreprises mondialisées poursuivent la numérisation de leurs activités, chaînes d’approvisionnement et transactions, et que les entités publiques et privées dépendent de plus en plus des technologies de l’information pour gérer des infrastructures essentielles.

 

 

Date de modification : 2021-10-13